MONOGRAPHIE BAS-ALPINE Itte
terrarum mihi praeter omnesAngulus ridet. TABLE DES MATIERES
TOME II CHAPITRE Ier
CHAPITRE II
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
CHAPITRE VI
CHAPITRE VII
CINQUIEME PARTIE
DESCRIPTION PHYSIQUE, PRODUCTIONS. CHAPITRE II
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
CHAPITRE VI
CHAPITRE VII
HISTOIRE D'ALLOS
depuis
les temps les plus reculés jusqu'à nos jours
par
L'Abbé J.-E. PELLISSIER
Vicaire général de Mgr. l'Evêque de Digne
Plus que tout autre ce petit coin
de terre a pour moi des charmes.
(Horace.)
Et pius patriae facta referre labor.
Redire le passé de son pays est
une oeuvre de piété filiale.
(Ovide.)
QUATRIEME PARTIE
DEPUIS LE TRAITE D'UTRECHT,EN 1713,JUSQU'A NOS JOURS
1.-Notre réunion à la Provence et le duc de Berwick.
2.-Frontières naturelles rétablies, depuis les sources d'Ubaye jusqu'à celles du Var.
3.-Le chemin de Preinier et le passage des troupes.
4.-Déclarations royales de 1714 et de 1716; grenier à sel établi à Allos.
5.-Elections municipales de 1718 et de 1719.
6.-Inféodation d'Allos.
7.-Incendie de 1718.
8.-Peste de 1720; comment Allos en fut préservé.
9.-La dîme; différend entre l'évêque de Senez et la communauté d'Allos.
10.-Exemption du service militaire.
(1713-1730.)
1.-Réparation de la voûte de l'église d'Allos; revendication du chemin de ronde
2.-Vente définitive de la montagne de Preinier
3.-Entretien des chemins
4.-Contributions et exactions, pendant les guerres de la succession d'Autriche; les Austro-Sardes à Castellane; transport du foin d'Allos à Digne
5.-Incendie d'Allos et de Notre-Dame de Valvert
6.-Une tour des remparts transformée en clocher; acquisition d'une horloge
7.-Réouverture de la plâtrière du Laus
8.-Un nouvel impôt
9.-Période de paix; revendication de la Chalenche et du Laus
10.-Suspension des élections consulaires; nouvelle loi municipale; élection restreinte
11.-Location d'une maison de ville; encore le transport des fournitures militaires; reboisement des montagnes
(1730-1767.)
1.-Croix plantées sur les sommets de Valgelaye, pour guider les voyageurs; visite de Mgr d'Amat à Allos.
2.-Incendie d'un quartier d'Allos; nouveau projet d'annexion au Dauphiné.
3.-La pêche dans les eaux du lac d'Allos; construction d'une barque.
4.-Le Villard veut être érigé en paroisse; le chaperon des consuls d'Allos.
5.-Avènement de Louis XVI; messe de l'aurore; réfection des cadastres.
6.-La bravade; les pouvoirs du premier consul.
7.-Draps fabriqués à Allos; incendie du Seignus.
8.-Payement des fournitures de guerre; maintien des privilèges.
9.Fondation d'une mission; suppression du bailliage.
10.-Cahier des doléances; menace des brigands; confédération de la vallée du Verdon.
(1767-1789.)
1.-La révolution française; nouvelle organisation municipale; suppression du consulat.
2.-Projet de séparer le hameau de la Foux de la commune d'Allos.
3.-Les prêtres d'Allos prêtent serment à la constitution civile du clergé; rétractation et exil du curé d'Allos.
4.-Accueil fait aux prêtres constitutionnels par les femmes d'Allos;Tante Trésor..
5.-Nouvelle et éphémère division de notre territoire.
6.-La garde nationale; plantation de l'arbre de la liberté; millésime et calendrier républicain.
(1789-1793.)
1.-La circonscription militaire et le tirage au sort; les hommes d'Allos gardent les passages du Laus et de Rochecline; ceux de Clignon, le col de Champ.
2.-La garnison de Colmars arrête les muletiers d'Allos.
3.-Le régime de la terreur; les suspects aux arrêts; les églises fermées; les cloches et les vases sacrés brisés; tout acte religieux interdit.
4.-Prêtres réfugiés au Villard-Haut, à Baumes, aux Foulons.
5.-Les émigrés d'Allos.
6.-Les cultivateurs privés de leur liberté; saisie des pailles et foins; emprunt forcé.
7.-Mort de Robespierre; ouverture momentanée des églises.
(1789-1793.)
1.-Continuation de la persécution et des fêtes révolutionnaires; prêtres cachés au quartier du Foreston.
2.-Les habitants d'Allos obligés de porter du foin et de la paille à Barcelonnette et à Colmars.
3.-Un piquet de dix hommes à la cabane du Laus ; un poste de cinq hommes à Valgelaye ; appel aux armes contre les Barbets.
4.-Concordat de 1801 ; rétablissement du culte catholique ; joie des habitants d'Allos.
5.-Suppression de l'évêche de Senez ; Pierre Bès, curé d'Allos.
6.-Hyacinthe Gariel, maire ; son administration ; le hameau de Champrichard détruit par une avalanche ; entretien des routes et du collège de Barcelonnette.
7.-Allos veut un bureau d'enregistrement et repousse le projet d'annexion à Castellane.
8.-Un piéton-courrier d'Allos à Colmars ; un piéton-messager d'Allos à Barcelonnette.
(1796-1815.)
1.Incendie d'Allos en 1833.
2.La commune propriétaire du bois d'Autapie et du Pré du Saint-Esprit..
3.Allos depuis 1833 jusqu'en 1848; la zone des douanes.
4.L'Iscle du Verdon; menaces d'une visionnaire; achat d'une pompe à incendie.
5.Fondation d'un bureau de bienfaisance à Allos.
6.Incendie de la Foux en 1878.
7.Progrès de la vie chrétienne, après les derniers vestiges du jansénisme; progrès matériel.
8.Routes; bureau des postes; fontaines; reboisement des montagnes.
(1833-1899.)
COURS D'EAU, LACS ET GLACIERS.
ETUDE GEOLOGIQUE DES TERRAINS. - FAUNE ET FLORE.
HOMMES REMARQUABLES.- EGLISES ET CHAPELLES.
ANCIENNES FORTIFICATIONS.
ROUTES, POSTES ET TELEGRAPHES, INSTRUCTION PUBLIQUE.
DAMES DE CHARITE, BUREAU DE BIENFAISANCE.
LANGUE ET RELIGION.
CHAPITRE Ier
1.-Topographie d'Allos; cirque formé par les montagnes.
2.-Pâturages; anciens troupeaux transhumants; vente des montagnes; le reboisement.
3.-Culture et production des vallées; élevage des bêtes à laine.
4.-Cours d'eau; canaux d'irrigation.
5.-Le lac d'Allos; ses dimensions, son déversoir; projet d'en faire un étang; barque et cabane du pêcheur.
1.-Glaciers de la Durance, de l'Ubaye, de la vallée de Seyne et de la haute vallée du Verdon.
dépôts glaciaires à Poussendriou, au Fanguet, à la Rouine, au Bruisset et à Vacheresse;
moraines à Chaumie.
2.-Etude des terrains; le jurassique supérieur au hameau de Bouchiers, à Clignon, entre Allos et Seyne.
3.-La carrière de pierres à tailler, au pied de la Côte-Haute, Saint-Pierre, etc.., appartiennent au crétacé inférieur aptien; la mer occupait alors nos contrées.
Le fond des vallées du Verdon, de Chadoulin, de Bouchiers et les versants inférieurs de ces vallées sont des roches calcaires.
Rochegrand, Rochecline, etc.., des escarpements du crétacé supérieur.
4.-Roches de l'ère tertiaire à Montgros, au Cheval-de-Bois, à Talon, au Vallonnet, au mont Pelat, à Monier; grès d'Annot au fond du lac; il forme deux îlots.
5.-Soulèvement des Alpes; retrait de la mer.
.6.-Moyen de connaître les sous-sols des terres arables.
1.-Faune ancienne d'Allos : Ammonites, Bélemnites, Nummulites, etc.
2.-Faune actuelle : poissons, animaux domestiques.animaux sauvages mammifères.
3.-Oiseaux de proie.oiseaux qui émigrent et ceux qui n'émigrent pas.petits oiseaux; reptiles.
4.-Flore de la vallée du Verdon.Les forêts de Lambruisse, de Chamatte, de Monier.Les éléments floristiques méditerranéens plus fréquents dans la vallée du Verdon que dans celles de la Bléone et de l'Ubaye.
5.-Flore spéciale d'Allos.Les forêts de Vacheresse, du Villard, etc...On trouve toutes les espèces alpines dans le bassin de Chadoulin.Liste générale des espèces de la région du lac.Utilité du reboisement.
1.-Alexandre Piny, religieux dominicain, auteur de nombreux ouvrages.
2.-Pascalis, de la Sestrière, son frère et ses deux fils.
3.-Jacques Arvel, de la Foux, chef de bataillon.
4.-Hyacinthe Gariel, conseiller à la Cour de Grenoble.
5.-Simon-Jude Honnorat, savant naturaliste et lexicographe.
6.-Alphonse Guieu, avocat à la Cour d'appel d'Aix.
7.-Le général Pellissier, député de Saône-et-Loire à l'Assemblée nationale.
1.-Notre-Dame de Valvert, église paroissiale d'Allos.
Pourquoi a-t-elle été bâtie hors du bourg ?
2.-Elle est classée parmi les monuments historiques.
Elle remonte au XI° siècle.
Ecole d'architecture à laquelle elle appartient.
Ce qui la caractérise et la distingue des édifices religieux de la Provence.
3.-Sa toiture primitive et son ancien clocher.
4.-Sa restauration à la fin du XIX° siècle.
5.-Notre-Dame de Valvert était un prieuré-cure administré par un vicaire perpétuel.
6.-Eglises succursales de la Foux, de Bouchiers et de la Beaumelle.
7.-Chapelles et chapellenies.
1.-Les remparts d'Allos. Les tours du Portail-Bas, du Portail-Bouchiers, du Portail du Nord. La citadelle.
2.-Forts de la Côte-Haute et de Peyroni. Tours de la Colette et de Vacheresse.
3.-Anciens chemins établis et entretenus aux frais de la communauté.
Organisation de l'administration des ponts et chaussées. Suppression de l'impôts communal pour les chemins.
4.-Construction des routes du Détroit à Allos et d'Allos à Barcelonnette.
5.-Traîneux chasse-neige. Cables porteurs.
6.-Organisation tardive du service des postes.
7.-Une brigade de gendarmerie remplace celle des douanes.
1.-Il y avait autrefois des écoles temporaires jusque dans les petits hameaux.
2.-Allos a eu pendant longtemps une école de latin.
3.-Association de Dames de Charité établie par les évêques de Senez.
4.-Legs faits aux pauvres. Projet d'établir un hôpital. Etablissement d'un bureau de bienfaisance.
5.-Langue vulgaire. Spécimen du provençal tel qu'on le parlait à Allos. Particularités qui le distinguent.
6.-La foi chrétienne, prêchée dans la vallée du Verdon par trois missions successives, n'a jamais cessé d'y être vivante.
APPENDICE
DIGNE
IMPRIMERIE CHASPOUL ET Vve. BARBAROUX
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20, Place de l'Evêché, 20
1901Choix de Lecture
Depuis le traité d'Utrecht, en 1713, jusqu'à nos jours.
CHAPITRE Ier
Sélectionnez dans ce Chapitre (1713-1730.)
1.-Notre réunion à la Provence et le duc de Berwick Ce traité donna la Sicile et le titre de roi à Victor-Amédée, lui restitua ce que les Français occupaient en Savoie, en Piémont, etc.., et nous rendit à la France dans des circonstances mémorables. 2-Frontières naturelles rétablies, depuis les sources d'Ubaye jusqu'à celles du Var. La fixation des nouvelles limites, entre nos pays et le Piémont, demanda un temps considérable et n'eut pas lieu sans difficultés. Cependant notre réunion définitive à la France était un fait accompli, et chacune des parties contractantes avait pris possession des territoires qui étaient cédés et évacué les pays qui avaient cessé de lui appartenir. Chose singulière ! Les registres des délibérations de la communauté, où l'on trouve l'histoire d'Allos, sans interruption, depuis 1709, sont muets sur cet évènement si heureux pour nous ! Il paraît que les dépenses occasionnées par le logement des troupes françaises depuis 1690, les contributions de guerre. En effet, les douze compagnies du régiment, commandé par le colonel Blansac, envoyées à Allos en 1712, y étaient encore, en quartier d'hiver, au printemps de 1713, lorsqu'on signa le traité d'Utrecht. Toutes ces affaires furent traitées dans le conseil du 6 novembre 1712,assemblé dans la chapelle de Saint-Joseph, près du portail bas, dit portail Brayon,et l'importante délibération de ce jour se termina par l'adoption de quelques moyens pratiques pour empêcher désormais tout différend entre la Ville et les hameaux d'Allos, comme entre cette communauté et celles d'Entraunes et Saint-Martin.
3.-Le chemin de Preinier et le passage des troupes. 4.-Déclarations royales de 1714 et de 1716; grenier à sel établi à Allos. Les habitants d'Allos, satisfaits d'une concession matérielle qui les intéressait beaucoup, en témoignèrent aussitôt à leur nouveau souverain la plus vive reconnaissance, en ces termes : Le conseil de la communauté d'Allos décida, enconséquence, que les particuliers convaincus d'avoir vendu du sel à des étrangers seraient contraints au payement de trois cents livres d'amende aux dénonciateurs. Il paraît que ce système de repression, qui aurait pu facilement devenir un encouragement à la délation, rendait la faux-saunerie ou contrebande du sel difficile et presque impossible, parce que les habitants étaient intéressés à la combattre et à la dénoncer. Les ducs de Savoie le leur livraient, de temps immémorial, à six livres le minot
Après le traité d'Utrecht, on eut le projet d'élever le prix du sel à dix francs le minot, mais M. de Granval, qui avait parcouru la vallée, pour étudier ce projet, déclara que les troupeaux, surtout ceux que l'on nourrit, pendant l'hiver, de fourrages secs, en consommaient une quantité considérable, qu'en le vendant à un prix plus élevé on ruinerait les habitants du pays et on écarterait de nos montagnes les bergers de basse Provence. Pour que ce privilège considérable ne fût pas une occasion d'abus, on ajouta, dans la délibération, les dispositions suivantes : Pour en finir avec la question du sel, je dois dire encore ici, par anticipation, dans quelles conditions l'ont acheté nos pères, depuis 1716 jusqu'à aujourd'hui. La guerre de la succession d'Espagne ayant fait augmenter les frais de transport en Provence,l'administration que nous appelons aujourd'hui les contributions indirectes demanda, en 1744, une augmentation du prix du sel. Il y a à Allos, depuis 1895, un entrepôt de sel dénaturé. Dans sa déclaration de 1714, qui nous réunit à la Provence, le roi de France s'exprime en ces termes: Le danger qui, après le traité d'Utrecht, comme autrefois sous François Ier, effrayait les populations du haut comté de Nice, fut donc de nouveau conjuré: La deuxième déclaration (21 février 1716 ) règle la juridiction de la vallée et de ses dépendances. Si l'on veut se reporter aux chartes de Reymond-Béranger et de Balthazard de Spinellis, dont j'ai parlé plus haut, avec quelques développements, on comprendra sans peine ce que Louis XIV a conservé de ces anciennes chartes, pour tout ce qui regarde la justice, l'administration civile, la police, les impôts, etc., Voici huit articles de la déclaration de 1716 : "Art. 2.- Les consuls continueront de connaître en première instance, sauf l'appel à la juridiction du préfet, de la police, observation des statuts municipaux, des tutelles, curatelles et des inventaires. "Art. 3.- Les consuls de Barcelonnette, les bailes des autres communautés de ladite vallée connaîtront en première instance de toutes matières réglées, personnelles et mixtes, à la charge de l'appel par devant le préfet. "Art. 4.- Le juge ordinaire de la vallée connaîtra des mêmes matières , concurremment avec les consuls de Barcelonnette et les bailes des communautés. "Art. 5.- Nous nous réservons la nomination du préfet, qui sera renouvelé tous les trois ans et ne pourra être originaire de ladite vallée, suivant l'usage observé jusqu'à présent. "Art. 6.- Le préfet connaîtra par appel de toutes les causes dont la connaissance a été ci-dessus réservée au juge ordinaire, aux consuls, aux bailes, en matière civile, et concurremment avec ledit juge en première instance des matières criminelles, à la charge de l'appel au Parlement de Provence.... "Art. 8.- Le préfet, outre le logement qui lui est affecté dans le lieu de Barcelonnette, jouira de huit cents livres par an, qui lui seront payées par les communautés de ladite vallée, suivant la répartition qui en sera faite entre elles et à proportion de la force de chaque communauté. "Art. 12.- Les communautés de la vallée nommeront à l'ordinaire leurs trésoriers particuliers ou receveurs, pour le recouvrement des tailles et autres impositions, lesquels seront tenus d'en porter les deniers, sans aucun divertissement, à la caisse du receveur des terres adjacentes ; et ceux des droits d'albergue, cavalcades et commis, au receveur des domaines, à la déduction de cinquante livres pour les flambeaux qu'on a accoutumé de donner aux officiers de justice pour la procession du Saint Sacrement."
5.-Elections municipales de 1718 et de 1719. Les quatre consuls, les deux défenseurs, les conseillers, ainsi que les chefs de famille, réunis en conseil général, au nombre cent neuf, Les électeurs ont alors fait serment, entre les mains du baile, de faire choix des officiers municipaux selon Dieu et la conscience, et ils se sont, à leur tour, retirés par quartiers, pour préparer leurs bulletins de vote. Lorsqu'ils sont revenus au milieu du conseil général, les bulletins de la section du Seignus ont été mis dans un sac et on les a fait tirer par la main d'un enfant. La nomination du baile et des défenseurs a été faite à part, après les quatre autres, 6.-Inféodation d'Allos. Joseph Pascalis, député à ce conseil, rendit compte de son mandat, à son retour de Barcelonnette. Les consuls, après avoir entendu la relation de Joseph Pascalis, reçurent une nouvelle assignation, portant expressément que le maréchal de Villars avait obtenu l'investiture de cette vallée et que, de ce chef, les habitants devaient lui payer annuellement la somme de six mille francs. La personnalité du seigneur imposé à nos vallées et les bienfaits dont elles lui étaient redevables avaient donc subitement diminué les craintes que l'inféodation inspirait à nos pères, et ils substituaient eux-mêmes un projet de transaction à la vive opposition de la première heure. Cependant cette opposition existait encore et ses partisans firent des démarches, à Aix, pour empêcher l'enregistrement de l'arrêt du conseil du roi, ordonnant le payement, par les douze communautés de la vallée de Barcelonnette, des six mille francs attribués au maréchal de Villars. La communauté d'Allos, par délibération du 26 septembre 1717, promit de payer son contingent, si les autres communautés entraient, comme elle, dans cette voie d'accommodement. Et, en effet, le 17 juillet 1718, elle paya les trois annuités échues. 7.-Incendie de 1718. Tous les incendiés offrirent généreusement "la somme de 2000 livres à prendre sur le total de 7500 livres accordées par sa Majesté, pour être employées au rétablissement de la chapelle de Saint-Sébastien, aussi détruite par l'incendie, La répartition générale du 13 octobre fut présidée par le sieur Saint-Jean, délégué de l'intendant du roi dans nos contrées.
8.-Peste de 1720 : comment Allos en fut préservé. Dès le 11 août, à Allos, comme à Barrême, il était défendu de recevoir personne, sans billet de santé. "Les hommes commandés pour garder les postes de Siolane, Auriac, Valdemars, Autapie et les Sagnes ne laisseront absolument passer aucune personne par lesdits chemins obliques, soit que ceux qui s'y présenteront aient des billets de santé ou non, et cela par la raison qu'il n'est pas possible que lesdits gardes puissent d'eux-mêmes vérifier si les certificats sont véritables ou faux."Note (12) Les consuls demandèrent des fusils, de la poudre et des balles, pour armer les hommes chargés de garder les postes. L'année 1720 s'acheva ainsi dans les alarmes, qui ne manquèrent pas de se renouveler l'année suivante et jusqu'au mois de juin 1722. Le 12 janvier 1721, le conseil, voyant qu'il y avait toujours lieu de craindre que la maladie ne se communiquât dans cette communauté, organisa " huit compagnies, composées d'un major, de huit capitaines en chef, de huit en second, de vingt-quatre sergents, de la quantité de caporaux qui sera trouvée nécessaire et de la huitième de tous les hommes et garçons propres à monter la garde". Le 9 février, le conseil défendit absolument " à toutes les femmes et filles de cette communauté d'en sortir et aux étrangères d'y entrer (même avec des billets de santé), parce que la bienséance défend de les faire fouiller dans les corps de garde". Ajoutons enfin, que le 28 juin 1722, la communauté procéda à l'élection de ses officiers; et que cette élection eut lieu d'une manière très restreinte, à cause de la contagion dont elle est avoisinée et assiégée. C'étaient les dernières nouvelles alarmantes que recevaient les habitants : 9.-La dîme; différend entre l'évêque de Senez et la communauté d'Allos. Les habitants de Bouchiers s'opposèrent formellement à ce projet, parce qu'il ne limitait pas suffisamment les obligations qu'ils allaient contracter, en signant la transaction. Après cet accord, la transaction fut signée, le 11 février de la même année; mais elle n'empêcha pas les nouvelles contestations qui ne tardèrent pas à se produire. Enfin, nous lisons, dans la délibération du 12 janvier 1730, que, " pour éviter à la communauté et aux habitants des trois paroisses succursales les frais de la poursuite d'un procès, les membres dudit conseil avaient fait présenter par Me. Jean-Dominique Pascalis Le chef-lieu était donc alors en procès avec la Foux, la Beaumelle et Bouchiers, pour la répartition de la partie de la dîme qui devait être employée au traitement des prêtres et à l'entretien des églises et des presbytères ou maisons claustrales. Ajoutons par anticipation, comment la dîme fut perçue et employée chez nous jusqu'au jour où, vers la fin de ce siècle, elle fut abolie, comme tant d'autres choses, par la Révolution française. Le 4 mars 1770, eut lieu, pour neuf ans, l'arrentement de la dîme de tout le territoire d'Allos, à percevoir selon l'usage, tant en grains qu'en agneaux, etc. 10.-Exemption du service militaire. Dans le conseil du 13 octobre 1726, les consuls déclarent que plusieurs étrangers, ayant des différends avec les habitants du pays, s'adressent aux juges circonvoisins, lorsque le baile, ou juge ordinaire d'Allos, est absent ou empêché.  
(1) Mémoires du maréchal de Berwick, t.II, pp. 159-160. (2) Annexe au traité de Turin de 1760, n° 7. (3) Le commandant des troupes françaises dans la vallée de Barcelonnette faisait plus d'une fois ce qu'on appelait, à cette époque, des exécutions militaires.Pour faire payer les contributions de guerre, il envoyait par exemple vingt soldats à Allos, et ils y demeuraient, aux frais du pays, jusqu'à ce que les habitants eussent payé ces contributions (4) Délibération de la communauté d'Allos du 10 juin 1716. (5) Le minot contenait la moitié d'une mine, et la mine un demi-setier. (7) Les consuls d'Aix portaient aussi le chaperon; mais, s'il est facile de prouver l'existence de ce privilège, puisqu'il est dit, dans les procès-verbaux des évêques de Senez, que nos consuls les recevaient en chaperon, il est bien difficile d'en préciser l'origine. (9) Dès l'année 1697, Victor-Amédée, duc de Savoie, avait fait un essai d'inféodation. Pour subvenir à des besoins urgents d'argent, il voulut inféoder et aliéner les terres et juridictions de la vallée. Déjà, il avait disposé des pays de Larche, de Meyronnes et de Jausiers. Les peuples de la vallée invoquèrent les traités, les concessions solennellement confirmées par tous les princes à qui ils avaient successivement appartenus. Par un édit de 1700, le duc de Savoie reconnut et confirma les privilèges de la vallée. (Cahier des doléances de la ville et des communautés de Barcelonnette.) (10) La voûte de la chapelle de Saint-Sébastien ne fut reconstruite qu'en 1727. On employa à cette reconstruction le produit d'une amende imposée à trois particuliers qui avaient fait des dégâts dans les forêts de la communauté. (11) Délibération du conseil du 1er.octobre et répartition du 13 octobre 1719. (12) Délibération du conseil de la communauté d'Allos du 25 août 1720.p.25. (13) L'abbé de Saléon était vicaire général de Mgr. Soanen. Il devint administrateur du diocèse de Senez, après la condamnation de son évêque. Soanen fut condamné par le Concile d'Embrun, le 20 septembre 1727, à cause de ses erreurs, et interné par ordre du roi à la Chaise-Dieu, le 11 octobre suivant. Le pape approuva le jugement du Concile d'Embrun. (14) Le cardinal Fleury, évêque de Fréjus, ministre de Louis XV ( 1726-17443 ). (15) Le premier secondaire était vicaire à Allos; les trois autres, desservants des paroises succursales. QUATRIEME PARTIE
Depuis le traité d'Utrecht, en 1713, jusqu'à nos jours.
CHAPITRE II
Sélectionnez dans ce Chapitre (1730-1767.)
1.-Réparation de la voûte de l'église d'Allos; revendication du chemin de ronde. Dans le cours des visites pastorales que Mgr.Soanen fit à Allos, en 1699 et en 1712, il ordonna de réparer cette voûte, dont le triste état pouvait causer la ruine de l'édifice, et décida qu'on emploierait à cette réparation les reliquats de comptes des confréries, les arriérés des services à la charge des chapelains et les offrandes des fidèles. Conformément à l'ordonnance de leur évêque, les consuls d'Allos, de concert avec les notables de l'endroit, Malheureusement, dans les temps troublés, la bonne volonté est souvent impuissante à faire ce que réclame le bien public. En même temps, on achevait de démolir l'ancienne tour, pour édifier sur ses fondations la sacristie actuelle, qui n'est séparée que par un chemin de ronde d'une proprété appelée, alors comme aujourd'hui, le clocher. Le vicaire perpétuel d'Allos se plaignait en outre, devant le conseil, de Marc-Antoine Augier, La communauté revendiqua la possession du terrain qui servait au chemin de ronde et fit couvrir provisoirement la sacristie inachevée, en attaendant la construction de la toiture définitive qui ne fut décidée que dans la réunion du 30 mai 1737.
2-Vente définitive de la montagne de Preinier. Malgré cela, la vente fut annulée par un arrêt de la souveraine Cour du Parlement de Provence, le 13 du mois de juin 1735, et la communauté condamnée au dépens. Le Parlement de Provence ordonnait, en même temps, de mettre aux enchères la montagne de Preinier, ses quartiers et ses dépendances, avec la mise à prix de 6000 francs, offerte par le sieur Louis Jacques. En exécution de cet ordre, le conseil fixa la vente au 25 juin 1737 et décida qu'elle aurait lieu selon les formes ordinaires, au plus offrant, en présence du baile, des consuls et des défenseurs. 3.-Entretien des chemins. Le conseil du 4 octobre 1746 décida enfin, sur l'ordre de l'autorité militaire, de faire réparer le chemin royal, "depuis le détroit jusqu'au sommet de la montagne", et de planter des pieux sur ladite montagne. 4.-Contributions et exactions, pendant les guerres de la succession d'Autriche; les Austro-Sardes à Castellane .-. transport du foin d'Allos à Digne. Le 22 juillet 1745, Leteiller, commissaire de guerre, ordonna aux habitants d'Allos de porter à Barcelonnette " six cents quintaux de foin et cent quatre vingt cinq mesures d'avoine, ' dans trois semaines pour tout délai ' ." Afin d'éviter les exactions militaires et civiles, on vota, quelques jours après (29 août) , "-une taille de cinq livres par once cadastrale : =1° les deniers royaux échus et les six mois de l'an prochain; =2° tous les intérêts des créanciers de la communauté; =3° les honoraires du commandant, du préfet, du commissaire de guerre et autres débitures fixes." Les impositions en argent et en nature furent bientôt suivies de l'impôt du sang. Les consuls essayèrent, mais sans succès, d'obtenir que ces deux compagnies fussent chargées de la défense de la communauté d'Allos, "exposée autant que celle de Larche aux incursions des ennemis et si éloignée des autres communes de la vallée qu'elle ne pourrait les avertir à temps." La sollicitude paternelle de Mgr. de Vocance, nouvel évêque de Senez (1741-1756) , faillit devenir funeste aux habitants d'Allos. Dans l'intérêt de ces diocésains, Mgr. de Vocance ne s'éloigna pas de Castellane, où résidait le général ennemi. Mais tel ne fut pas l'avis de M. de Latour, intendant de la province. "Les consuls d'Allos demandent à emprunter pour payer des contributions à l'ennemi de l'Etat, au cas qu'il pénètre jusque dans ce village... Il devenait impossible d'obéir à toutes les prescriptions de l'autorité militaire. Les communautés de la vallée, après avoir fourni, pendant l'automne de 1746, les huit mille quintaux de foin exigés par le maréchal de Bellisle, commandant de l'armée du roi en Provence, reçurent, dans les premiers jours du mois de janvier 1747, du marquis de Chevert, commandant les troupes entre le Verdon et la Durance, l'ordre de porter dans les magasins de Digne tous les foins et avoines, excepté ce qui serait nécessaire pour la nourriture des bestiaux destinés à la culture. Pascalis de la Sestrière, originaire d'Allos, comme son nom l'indique, n'eut jamais, en sa qualité de commissaire de guerre, de mission plus douloureuse à remplir que lorsqu'il communiqua cet ordre inhumain à ses compatriotes. Afin d'obtenir plus de régularité dans le transport des fourrages, l'intendance fit établir, en 1747, à Allos, ainsi que dans les autres communautés, Lorsque le magasin de Barcelonnette fut suffisamment pourvu, le foin et l'avoine de notre vallée furent emmagasinés à Allos et à la Foux. En même temps, on complétait l'organisation des deux compagnies bourgeoises La communauté fournit, en outre, "vingt hommes, pour travailler aux chemins, depuis les Gleizolles, Maison-Méane, la redoute, jusqu'à Mélezen." La réparation de la route, en ces différents endroits, était urgente, parce que les Franco-Espagnols voulaient envahir le Piémont par le Col de la Madeleine et faire passer par là quarante grosses pièces de canon qu'ils avaient au plan de Fazzy. La campagne de 1748 fut la dernière de cette guerre.La paix fut signée à Aix-la-Chapelle, le 18 octobre de la même année. 5.-Incendie d'Allos et de Notre-Dame de Valvert. Lorsque le commissaire de guerre eut fait préparer l'évaluation des pertes considérables subies par les incendiés, son frère, messire Pascalis, prieur de Moulanès, se rendit à Paris. Le roi enjoignit ensuite au sieur de Latour, premier président du Parlement, intendant de justice, de police et finance en Provence, de tenir la main à l'exécution de cet arrêté. Ce don vraiment royal fut distribué à soixante et quatorze propriétaires et à quatre locataires. On n'oublia ni l'église, ni les chapelles du chef-lieu. Pour hâter la reconstruction de la chapelle de Saint-Sébastien, le conseil municipal promit d'anticiper le payement de deux annuités de l'indemnité de Louis XV, et il délibéra sur le projet de faire refondre la cloche qui avait été brisée pendant l'incendie.
Trois autres projets étaient, en même temps, l'objet de la sollicitude de la communauté : Dès le 28 avril 1748, elle ordonnait aux consuls de se procurer le bois nécessaire pour la rédection du toit de Notre-Dame de Valvert, et, le 9 juin suivant, elle suppliait Mgr. l'évêque de Senez de ne pas exiger la reconstruction d'une muraille de cette église, avant qu'on eût replace le couvert.
6.-Une tour des remparts transformée en clocher; acquisition d'une horloge. On lit encore dans la délibération du 3 novembre 1748, que je viens de citer, Un maçon suisse, nommé Bouffe, construisit le nouveau clocher, moyennant 1150 francs et la fourniture de la chaux par la municipalité. 7.-Réouverture de la plâtrière du Laus La situation était, en effet, tellement grave que le commissaire de guerre avait défendu aux habitants dont les cheminées étaient en mauvais état de faire du feu dans leurs maisons ! 8.-Un nouvel impôt. Cette manière de percevoir le nouvel impôt le rendit bientôt impopulaire. Au produit de la taille, qui s'élevait alors à Allos, à 1968 fr. 15 c., et à celui de la capitation ou impôt par tête, qui était de 713 fr.18 c., il fallut donc ajouter le vingtième du revenu des terres . 9.-Période de paix; revendication de la Chalenche et du Laus Sur la demande motivée des habitants de Montgros, l'autorité communale mit en défense, à l'instar du défend de Vacheresse et sous les peines portées dans les statuts municipaux, le quartier nommé l'Ubac de Montgros. En 1757 et 1757, la communauté revendiqua la propriété de la Chalenche et s'occupa du rachat de la montagne du Laus et de ses autres dépendances. Son droit sur le quartier de la Chalenche ne paraissant pas douteux, elle déclara à la veuve Gariel, qui le détenait, que ces terres vagues étaient occupées indûment depuis trente-huit ans Le projet de recouvrer la montagne du Laus fut proposé et pour ainsi dire imposé par l'abbé Bourrillon. 10.-Suspension des élections consulaires .-. nouvelle loi municipale .-. élection restreinte. La nomination des consuls par le roi, pendant dix ans, faisait pressentir un changement dans cette élection. Voici textuellement la partie historique de ce document : " Art.Ier. L'élection des officiers municipaux de toutes les communautés qui composent la vallée se fera, à l'avenir, le troisième dimanche du mois d'octobre de chaque année, et les officiers élus seront installés le 1er janvier suivant; après néanmoins, pour ce qui regarde la communauté de Barcelonnette, que le roi aura approuvé ladite élection, ainsi que cela a été pratiqué jusqu'à présent. "Art. II. Le conseil ordinaire de la communauté de Barcelonnette sera composé, à l'avenir, des quatre consuls et des deux défenseurs en place, des quatre consuls et des deux défenseurs de l'année précédente et de dix-huit conseillers. " Art. III. Les conseils ordinaires des communautés d'Allos, Saint-Paul et Jausiers seront composés des quatre consuls, des deux défenseurs en exercice et des quatre consuls et deux défenseurs sortant de charge et de dix-huit conseillers. " Art. IV. Ceux des communautés de Larche, Meyronnes, Méolans, et Châtelard seront composés de deux consuls et des deux défenseurs en place, de deux consuls et deux défenseurs sortant de charge et de dix conseillers. " Art. V. Les consuls et les défenseurs seront pris et choisis comme ils l'ont été jusqu'à aujourd'hui, et les conseillers, savoir, la moitié parmi les plus imposés et l'autre parmi les taillables indifféremment, pourvu toutefois que leur cote soit de la valeur de six cent livres tournois pour la communauté de Barcelonnette et de trois cent livres pour les autres... "Art. X. En cas d'absence d'un ou de plusieurs membres qui doivent composer les conseils desdites communautés, celui de la ville de Barcelonnette pourra délibérer au nombre de vingt-deux; " Art. XI. Le conseil général de la vallée continuera d'être composé comme il l'a été jusqu'à présent." Cet arrêt fut approuvé par le roi, en ces termes : Le 20 octobre suivant, le commissaire des guerres déclara qu'il y avait lieu de le mettre à exécution pour la première fois, mais les membres du conseil se contentèrent de confirmer dans leurs fonctions les consuls et les défenseurs actuels. Ce ne fut pas sans regret que l'on vit substituer cette élection restreinte à l'élection en assemblée générale, qui permettait à toute la communauté de nommer, chaque année, ses administrateurs et ses juges.
11.-Location d'une maison de ville .-. encore le transport des fournitures militaires .-. reboisement des montagnes. Dès lors, cessa d'exister, à Allos, un des vestiges les plus remarquables des temps passés : Le 8 février 1767, Me.Laurens, subdélégué de l'intendant de Provence à Barcelonnette, envoya à Allos une circulaire dont les consuls donnèrent aussitôt connaissance au conseil. " Art. 7. Les régiments ne seront plus tenus de payer les voitures qui leur seront fournies en route; ils donneront seulement leur reçu aux officiers municipaux ou chefs des communautés. " Art. 8. Les intendants des provinces feront payer aux chefs des communautés le prix desdites voitures par le trésorier de l'extraordinaire des guerres servant près de chacun d'eux." Nos pères apprirent avec satisfaction ce changement dans le mode de paiement des moyens de transport fournis aux militaires, car ils réclamaient en vain, depuis vingt ans, l'indemnité qui leur était due de ce chef, depuis la guerre de la succession d'Autriche (1742- 1748). Le conseil général des députés de toutes les municipalités, réunis à Barcelonnette, le 15 novembre 1766, avait chargé l'abbé Pascalis, prieur de Moulanès, originaire d'Allos, l'abbé Laugier et Spitalier, de Barcelonnette, de poursuivre le payement de cette somme, On faisait alors des règlements aussi utiles que sévères pour empêcher le déboisement, et, si l'autorité compétente les avait fait observer jusqu'à nos jours, on ne serait pas obligé actuellement de faire des dépenses si considérables et de gêner les populations pour le reboisement des terrains en montagne. M. de Montclar écrivait d'Aix, à ce sujet, le 10 décembre 1767, aux consuls d'Allos : " La déclaration du roi du 12 avril 1767 n'autorise les défrichements des terrains montueux et penchants qu'autant que les possesseurs desdits terrains en auront obtenu la permission de la Chambre des eaux et forêts, laquelle ne leur sera accordée qu'à la charge d'y faire une muraille ou haie vive plantée d'arbustes pour soutenir le terrain, à chaque toise de pente.  
Notes : 14 notes dans ce chapitre. (1) On appelait ainsi le sanctuaire parce que c'est dans cette partie de l'église que les prêtres ont leur place, pendant la messe et les autres cérémonies religieuses. (2) On arrivait donc par une porte particulière au cimetière des enfants morts sans baptême, qui était tout à fait séparé du cimetière proprement dit. (3) Registre des délibérations de la communauté d'Allos, 1746-1748. (4)Les opérations militaires dans les Alpes et les Apennins, pendant la guerre de la succession d'Autriche (1742-1748), in-8° publié, en 1886, par M. Henri Moris, archiviste des Alpes-Maritimes. (5) Il est dit, dans la délibération du 5 février 1747, qu'à cette époque les habitants avaient, presque tous, des juments poulinières.. (6) Ce mot était alors synonyme de transport d'objets matériels. (7) Le 11 juin 1747, le conseil fit payer douze livres à Honoré Chaix, d'Allos, qui était allé chercher à Digne deux tambours pour les compagnies bourgeoises. (8) Opérations militaires dans les Alpes et les Apennins,par M. Henri Moris. (9) On n'osa pas réparer la chapelle de Saint-Joseph parce qu'elle tombait en ruine. (10) Le conseil déclara que cette chapelle, étant au centre du chef-lieu, était nécessaire surtout pour la prochaine mission. (11) La contestation relative à cette parcelle de montagne, appelée gastaille dans quelques anciens actes, a continué jusqu'à nos jours entre les nouveaux propriétaires du Laus et la commune d'Allos. (12) L'abbé Bourrillon était un prêtre instruit, mais insuffisamment pondéré. (13) Cette date des lettres patentes de Louis XV, confirmant l'arrêt de son Conseil d'Etat, est devenue celle de cet arrêt, rendu le 2 juin 1764. (14) L'élection municipale annuelle, qui avait lieu jusqu'alors sur la place des aires, ou ailleurs, se fit également dans cet appartement.
QUATRIEME PARTIE
Depuis le traité d'Utrecht, en 1713, jusqu'à nos jours.
CHAPITRE III
Sélectionnez dans ce Chapitre (1767-1789.) 1.-Croix plantées sur les sommets de Valgelaye, pour guider les voyageurs .-. visite de Mgr d'Amat à Allos. Pour ne pas s'exposer au danger des avalanches, les voyageurs suivent quelquefois les sommets de la montagne, où les pieux solidement fixés de distance en distance et portant des numéros lisibles au toucher servent de point de repaire. En 1767, un habitant du hameau de Morjuan, nommé Antoine Jaubert, voulant atténuer ce danger, planta des croix dont les bras se voyaient de plus loin et permettaient, "par ce moyen, de se rendre plus facilement à Barcelonnette, dans la plus mauvaise saison".
Mgr d'Amat de Volx, évêque de Senez (1757-1771), visita Allos en 1768. Les consuls, les membres du conseil communal et les notables rivalisèrent avec la jeunesse pour lui faire une réception digne de leur foi et de sa haute dignité. 2-Incendie d'un quartier d'Allos .-. nouveau projet d'annexion au Dauphiné. Le conseil de la communauté envoya en députation à Senez Mes. Guirand et Pascalis de Valplane, notaires, chargés de remettre à Mgr l'évêque "deux rapports des dommages causés par la grêle et par l'incendie" et de solliciter son intervention pour obtenir une indemnité du roi. Le projet de réunir la vallée de Barcelonnette au Dauphiné, dont nous avons déjà parlé, fut repris en 1769. Les craintes de la vallée étaient fondées. 3.-La pêche dans les eaux du lac d'Allos; construction d'une barque. D'après les anciens usages, nul ne pouvait pêcher dans ce lac, sans l'autorisation formelle des consuls, ni avec des filets à mailles assez étroites pour prendre les truites pesant moins d'une livre. Les articles de cette réglementation étant tombés en désuétude, surtout pendant les guerres de 1742 à 1748, furent remis en vigueur, avec quelques modifications, par une délibération de 1752 et surtout par le conseil du 30 janvier 1773. Désormais, le droit de pêcher les truites du lac fut mis aux enchères et délivré au plus offrant. Cependant Marc-Antoine Amelly, originaire d'Allos, demeurant à Salon, obtint, en 1778, l'autorisation de pêcher dans le lac de son pays. 4.-Le Villard veut être érigé en paroisse .-. le chaperon des consuls d'Allos. Les consuls, en exposant ce projet, au conseil du 1er août 1773, s'y opposèrent ouvertement. Il s'éleva à ce sujet un procès entre Mgr l'évêque de Senez et les habitants du Villard, par devant l'official de Seyne. En reproduisant plusieurs articles de la déclaration de Louis XIV qui régla la juridiction de la vallée, j'ai dit plus haut (chapitre Ier, IV° partie) que les consuls d'Allos, comme ceux de Barcelonnette, avaient le droit de porter le chaperon. En effet, les membres du conseil du 8 août 1773 en parlent comme d'un privilège déjà ancien : Le chaperon était l'insigne de l'autorité, comme aujourd'hui l'écharpe tricolore des maires. 5.-Avènement de Louis XVI .-. messe de l'aurore .-. réfection des cadastres. Déjà, dit un historien de Nice,
Les consuls représentent au conseil, assemblé le 13 août 1775, que, de temps immémorial, on a eu chaque jour, dans la chapelle des pénitents, une messe à l'aurore, depuis le 1er mai jusqu'au 1er octobre, pour les ouvriers de la campagne, les voyageurs et autres personnes à portée de l'entendre...; Le conseil après avoir entendu Marc-Antoine Pascalis, chargé d'assurer la fondation, et l'abbé Bourrillon, secondaire de la paroisse, qui devait dire la messe à l'aurore, reconnut que les honoraires de cette messe étaient insuffisants et ordonna, dès le lendemain, un acte de sommation pour les augmenter. En attendant le résultat de cette sommation, les consuls firent rechercher l'acte de fondation qui était du 31 octobre 1714. Les consuls d'Allos s'occupaient avec le même dévouement des intérêts matériels du pays. Le conseil, par l'intermédiaire de Joseph Guieu, premier consul, et de Me Guirand, notaire, confia cette importante entreprise à Me. Léautaud, avocat à Castellane, et André Fabre, notaire à Barrême. Léautaud et Fabre commencèrent les opérations sur le terrain, le 7 mai, et les continuèrent pendant l'été de 1779. 6.-La bravade; les pouvoirs du premier consul. Les consuls se plaignaient, en même temps, d'un procédé qui leur paraissait blessant. En 1777, un arrêt du Parlement de Provence apporta un changement notable dans l'exercice du pouvoir consulaire. C'est la concentration des principales attributions du consulat entre les mains d'un seul, au détriment des trois autres. La communauté, n'ayant pu empêcher l'exécution de cet arrêt, essaya habilement d'en neutraliser les effets, en faisant élire le premier consul alternativement dans chaque quartier. Voici, à ce sujet, un court exposé de ce qu'il y avait à faire et de ce qui fut fait : " Dans la communauté du Châtelard, la Condamine s'étant aussi arrogé le droit d'avoir annuellement le premier consul et le premier défenseur, au préjudice de l'autre quartier, Sa Majesté, par lettres patentes, registrées au Parlement, vient de décider que le premier consul serait alternativement dans chaque quartier. "Lesdites lettres patentes rendues pour le Châtelard doivent également décider pour cette communauté." L'équité recouvra enfin une partie de ses droits, et, à partir de 1779, le chef-lieu renonça à son privilège d'avoir toujours le premier consul. 7.-Draps fabriqués à Allos .-. incendie du Seignus. En vertu des lettres patentes et des arrêts du conseil du roi de l'année 1780, sur la police des draps fabriqués dans notre région, on établit à Barcelonnette un bureau composé d'un inspecteur royal des manufactures, d'un plombeur
A cause de la distance et de la montagne qui nous séparent de Barcelonnette, l'administration provençale eut le projet d'annexer Allos au bureau de Colmars, pour la vérification et le plombage des étoffes; mais nos pères protestèrent énergiquement contre ce projet, car, outre la dépense occasionnée par le transport des draps à Colmars, chaque particulier aurait eu à payer " un billet ou acquit-à-caution, comme étant sur les quatre lieues de la frontière." Pendant que ce fonctionnaire étudiait cette affaire, on comprit, chez nous, que l'intendance voulait envoyer un simple préposé chargé de plomber sur les lieux et de rapporter son registre aux gardes jurés de Colmars. Ces droits finirent par être reconnus : Le hameau du Seignus-Bas fut victime d'un incendie en 1782. Nous connaissons ce sinistre événement par un détail de comptabilité
Dans moins de trois quarts de siècle, notre pays fut donc affligé de cinq incendies, dont trois au chef-lieu, 8.-Payement des fournitures de guerre; maintien des privilèges. Enfin, par un édit du 9 février 1784, Louis XVI fixa à 180.000 livres le prix de ces fournitures, Les habitants de la vallée veillaient sur le maintien de leurs privilèges. En 1784, ils faisaient des recherches sur l'exemption de la milice accordée à leurs ancêtres et sur les moyens à prendre pour faire revivre cette faveur. On préparait en même temps une réunion des douze communautés de la vallée, à Barcelonnette, Les membres du conseil communal d'Allos n'étaient pas moins catégoriques dans les instructions qu'ils donnaient à Me Maurin, leur délégué au conseil général de la vallée : 9.-Fondation d'une mission .-. suppression du bailliage. Il avait affecté à cette oeuvre pie le revenu annuel d'un quartier de la montagne de Poussendriou. Par lettres patentes du 17 novembre 1787, Louis XVI supprima les bailliages des communautés de la vallée de Barcelonnette, et ces lettres furent notifiées officiellement au conseil de la communauté d'Allos, le 24 mars 1788. Les assistants à ce conseil comprirent qu'une brèche irréparable était faite à leurs privilèges séculaires. 10.-Cahier des doléances; menace des brigands .-. confédération de la vallée du Verdon. Le 25 mars de la même année, eut lieu, à l'issue des offices, sur la place du Portail-Bas, Les habitants d'Allos se réunissaient de nouveau en assemblée générale, le 2 du mois d'août suivant, devant la maison de ville, par l'ordre des consuls et à la réquisition des défenseurs, afin de pourvoir à la défense du pays menacé d'une invasion de brigands. Le danger, signalé par les consuls de Barcelonnette, de Digne, de Colmars, de Seyne et de Bellafaire, paraissait réel et imminent. Un plan de défense bien organisé s'imposait. Ce projet fut accepté sans discussion par toutes les communes intéressées et enregistré le 10 septembre 1789. "Chaque troupe sera toujours commandée par son chef particulier; mais, comme en cas de jonction il est important que ces compagnies réunies soient commandées par un seul chef, on choisira dans les cinq communautés une personne en état de conduire les opérations. "Comme il paraît essentiel, au moment des récoltes, de ne pas enlever les meilleurs bras à leurs foyers..., " A la moindre alerte, la communauté attaquée dépêchera tout de suite aux communautés confédérées, et la compagnie des volontaires (jeunes gens ) de chacune marchera tout de suite à son secours. Le commandant de Colmars ayant envoyé les fusils que les habitants d'Allos lui avaient demandés, nos consuls les firent réparer, avec ceux qu'ils avaient, moyennant la somme de 30 livres, payée à Antoine Michel et à Joseph Augier, maréchaux serruriers.  
Notes : ( 16 notes dans ce Chapitre.)
(2) Louis XV avait accordé 7500 francs aux incendiés de 1718 et 43000 francs après l'incendie de 1748, que les habitants d'Allos appellent encore aujourd'hui :lou gran fua . (3) Délibération du conseil de la communauté d'Allos, 4 mars 1770. (4) Seyne appartenait au diocèse d'Embrun.L'officialité de cette localité était censée plus indépendante pour juger un procès qui intéressait l'évêque de Senez. (5) C'était, dit le docteur Honnorat, "un ornement que portaient sur l'épaule gauche les consuls des villes, les docteurs et certains magistrats, avant la révolution de 1789."(Dictionnaire provençal-français.) (7) L'administration savoyarde, en se retirant de la vallée de Barcelonnette, emporta donc même des actes passés devant notaire, un an après le traité d'Utrecht. (8) "Sapiteur, terme de droit, personne qui connaît les localités et que les experts sont autorisés à consulter." (Dictionnaire des Dictionnaires.) (9) D'après la délibération du 11 novembre 1781, le nouveau cadastre fut envoyé à Castellane, et la personne chargée de le rapporter à Allos eut " à payer 143 livres, savoir : 90 livres à Colombet, maître écrivain, pour mise au net; 45 livres pour le prix de trente mains de papier, employées audit cadastre, à raison de trente sols l'une; 5 livres pour le port dudit papier d'Aix à castellane, et 3 livres pour la façon d'une caisse, pour porter le registre.". (11) Employé chargé d'appliquer un petit sceau de plomb sur les étoffes, pour en marquer la provenance, l'aunage et la qualité. (13) Délibération du 24 novembre 1782, autorisant le payement de 27 livres 8 sols, pour trois coups de vin fourni, par ordre des consuls, à l'occasion de l'incendie du Seignus-Bas. (14) Une maison fut, en effet, brulée dans ce quartier. (15) Délibération du 12 avril 1784. (16) Mgr de Castellane, qui mourut le 7 novembre 1788.
QUATRIEME PARTIE
Depuis le traité d'Utrecht, en 1713, jusqu'à nos jours.
CHAPITRE IV
Sélectionnez dans ce Chapitre (1789-1793.)
1.-La révolution française; nouvelle organisation municipale; suppression du consulat. "L'une de leurs premières opérations fut l'abolition de tous les privilèges et droits féodaux. "La prise de la Bastille (14 juillet 1789) avait donné naissance à l'ère de la liberté et, par suite, à la création des gardes nationales dans toute la France."
Celle d'Allos prêta serment le 13 septembre suivant. Les droits féodaux ayant disparu à Allos depuis longtemps, leur abolition n'y produit aucun effet. Cependant Louis XVI jugea à propos de suspendre les élections consulaires, pour donner à l'Assemblée nationale le temps de voter la réorganisation municipale qu'elle préparait. La nouvelle loi municipale fut promulguée au commencement de l'année 1790. 2-Projet de séparer le hameau de la Foux de la commune d'Allos.. La municipalité et le conseil des notables d'Allos protestèrent énergiquement contre ce projet, qu'ils considéraient comme illégal, ruineux et impraticable. Les événements qui se produisirent à Paris, (surtout depuis) le 14 juillet, le 10 août, le 2 novembre 1789, excitèrent une vive agitation partout. Allos, comme les autres municipalités de la vallée, voulut être représentée à la fête de la fédération qui eut lieu à Paris le 14 juillet 1790, jour anniversaire de la prise de la Bastille.
3.-Les prêtres d'Allos prêtent serment à la constitution civile du clergé; rétractation et exil du curé d'Allos. Parmi les trois cents ecclésiatiques qui faisaient partie de l'Assemblée constituante, presque tous les évêques et la plupart des prêtres refusèrent de prêter serment. Les prêtres d'Allos, Le pape Pie VI condamna la constitution civile du clergé, interdit le serment exigé par le gouvernement Mirabeau lui-même comprit que la constitution civile était un effet de l'anarchie et qu'elle produirait un schisme : Les habitants d'Allos supportèrent ou plutôt subirent, pendant un an, un prêtre assermenté, ancien secondaire de la paroisse, qui eut le titre de pro-curé; mais ils obligèrent les curés constitutionnels, envoyés par l'évêque du département, à se retirer. Au premier signal du danger qui menaçait les prêtres et les fidèles, Mgr Jean-Baptiste Ruffo de Bonneval, évêque de Senez, parcourut son diocèse, dont Allos faisait partie, pour tracer à ses diocésains la ligne de conduite à suivre pendant les mauvais jours qui se préparaient. Obligé de s'éloigner de sa paroisse et de son pays, pour avoir obéi à sa conscience et à sa foi, Alexandre Guieu fixa son séjour au delà de la frontière, à Estenc, village d'Italie le plus rapproché d'Allos. Ouncle Lima appartenait à la famille de J.-Joseph Augier, forgeron. Cependant un curé constitutionnel, originaire, dit-on, du hameau du Seignus-Bas, remplissait les fonctions de pro-curé depuis le départ d'Alexandre Guieu. 4.-Accueil fait aux prêtres constitutionnels par les femmes d'Allos;Tante Trésor. Vaincu sur le terrain du droit canonique, le curé constitutionnel essaya vainement de défendre sa cause en parlant de son dévouement, de son désir de faire du bien aux âmes, etc.; les femmes lui signifièrent qu'on ne le voulait pas, qu'il n'avait qu'à se retirer et que, s'il ne partait pas, dès le lendemain matin, elles ne répondaient pas de lui. André Garcin, vicaire à Revel, qui vint le remplacer, ne fut guère plus heureux. Mais ni cette prise de possession irrégulière, ni le certificat que lui délivra le maire, Jean Honnorat, pour ne pas se compromettre, ne le rendirent maître de la situation : l'église était fermée pour lui. Après maintes démarches demeurées sans résultat, il adressa à Alexandre Pellissier, qui avait remplacé à la mairie Jean Honnorat, un comparant ou sommation, en vertu des décrets de l'Assemblée constituante, pour obtenir les clefs de l'église, les registres des baptêmes, des mariages et des enterrements. La résistance changea alors d'attitude et employa d'autres armes : Cette courageuse femme "s'appelait Marie-Madeleine Chaix, mais elle était mieux connue sous le nom devenu populaire de "Cette mesure de précaution n'était peut-être pas inutile, car, au jour fixé, la population entourait le prétoire, remplissait la rue et avait même envahi la toiture d'un hangar situé au midi de la Placette. "Tante Trésor était une petite femme, simplement vêtue et coiffée d'un chapeau de feutre à larges bords. "Le juge était dans un cruel embarras; il voyait devant lui une intépide femme et il n'osait pas la faire conduire en prison, dans les circonstances où il se trouvait. "En effet, après avoir confessé sa foi au prétoire, elle la confessa même dans les rues, ayant fait attacher au haut de son chapeau de feutre ces paroles si dignes de sa constance et de notre admiration : Etant tombée malade quelques temps après, elle appela auprès de son lit une personne de son entourage, qui avait toute sa confiance, et la pria d'aller chez le prêtre constitutionnel et de lui dire que, s'il ne cessait pas de remplir les fonctions de curé, Tante Trésor ferait un dernier effort pour quitter son lit et irait elle-même le faire descendre de l'autel pendant la messe. 5.-Nouvelle et éphémère division de notre territoire. Conformément aux décrets de l'Assemblée constituante, la municipalité procéda, le 24 janvier 1790, à la division du territoire d'Allos en trois sections, appelées section du Lac, du Verdon et de Valsibière. "La première prend son commencement au rif du détroit, aboutit au pont de Verdon, d'où il tirera sur Barre-Nègre, au pied de Rochegrand, sur la pointe de Roche-Pichonne, Charquech, jusqu'à Valgelaye, terroir de Barcelonnette." "La deuxième commence au pont de Verdon ", comprend toute la rive gauche de cette rivière, jusqu'à sa source, et la rive droite en amont du rif de Célette. "La troisième prend au rif de la Célette et suit ( en aval ) toute la rive droite du Verdon..., jusqu'au terroir de Colmars." Ce changement , né du désir immodéré de tout réformer, fut bientôt emporté par l'épreuve du temps. Après avoir imposé les biens du clergé, des églises, des confréries, etc, on finit par s'en emparer, en les déclarant biens nationaux. 6.-La garde nationale; plantation de l'arbre de la liberté; millésime et calendrier républicain. C'est ce que firent à leur tour les habitants d'Allos, le 14 juillet 1792, et voici en quels termes nous le dit une délibération de ce jour : On associait donc encore la religion aux manifestations patriotiques; mais, en même temps, on montrait de la méfiance au clergé même assermenté, en exigeant de lui de nouveaux serments. On lit dans la délibération du 14 octobre 1792 : Pendant un an (du 14 octobre 1792 au 8 octobre 1793 ), on trouve, dans toutes les délibérations, ce millésime ajouté au millésime ordinaire. Le calendrier républicain, établi par un décret de la Convention daté du 5 octobre 1793, a donc été en usage, chez nous, pendant treize ans et quelques mois; voici comment il faut fixer le commencement et la fin de cette période. Cependant, au milieu des fêtes publiques établies par la Convention nationale pour remplacer et faire oublier les fêtes chrétiennes, retentissait le bruit des armes. Le conseil municipal traite, en 1793, avec un entrepreneur pour la fabrication de soixante piques et " il donne pouvoir au citoyen Jaubert, administrateur, de solliciter auprès de son frère, curé de Saint-Laurent, à Marseille, envoi de quatre-vingts fusils, au prix déterminé de 42 livres pour chaque fusil." La communauté paie, la même année, 320 livres à Honoré Aubert, armurier, du Fugeret, pour réparation d'armes, en vertu d'un arrêté du directoire du département.  
(1) Histoire de Barrême, pp. 88-89. (2) "Alexandre Guieu, curé d'Allos; Ambroise Pellissier, son secondaire ; Dominique Pellissier, vicaire, desservant la succursale de Bouchiers; Hyacinthe Gravier, vicaire , desservant celle de la Beaumelle; Pierre-Jacques Millou, desservant celle de la Foux; Jean-Joseph Roux, prêtre chapelain, desservant la chapelle de Notre-Dame et Saint-Michel, et Jean-Dominique Augier, prêtre de cette ville, non employé." (3) Outre ce serment, qui était appelé serment civique, il y eut le serment de liberté et d'égalité, ainsi formulé : (4) Taine, la Révolution, t. I, p. 239. (5) Cette maison, dont le mur du levant est bâti sur les remparts touchait, au nord-est, l'ancien portail appelé Pourtaou Bouchier. (6) Les femmes seulement prirent part à cette manifestation, parce qu'elles étaient moins exposées que les hommes à être poursuivies et condamnées par les tribunaux révolutionnaires. (7) Ils étaient réunis à la mairie le 14 décembre 1792. (9) Ce hangar a été démoli pour agrandir la Placette et y établir une fontaine, en 1882. (10) Cette page extraite de la Semaine religieuse de Digne, pour laquelle je l'avais écrite en 1885, a été reproduite par la Semaine religieuse du diocèse de Cambrai, le 16 mai de la même année. (11) C'est l'avant dernière fois qu'on parle de la messe dans les délibérations du conseil, pendant la période révolutionnaire. (12) Les mois de ce calendrier ont tous également trente jours,et les jours complémentaires, qui suivent le dernier mois, sont au nombre de 5 ou 6, suivant que l'année doit avoir 365 ou 366 jours...
QUATRIEME PARTIE
Depuis le traité d'Utrecht, en 1713, jusqu'à nos jours.
CHAPITRE V
Sélectionnez dans ce Chapitre (1793 - 1796.)
1.-La circonscription militaire et le tirage au sort.-. les hommes d'Allos gardent les passages du Laus et de Rochecline.-. ceux de Clignon, le col de Champ.
Pour faire face à tant d'ennemis, cette assemblée avait crée des régiments de volontaires, décrété la levée de trois cent mille hommes, établi la conscription militaire et le tirage au sort. Le comité de salut public, qui dominait la Convention, alla plus loin : Voici comment cet appel aux armes fut entendu par la communauté d'Allos : "Peu de temps après, Saint-Etienne et Saint-Dalmas ayant évacués, les Piémontais se montrèrent sur nos montagnes, aux environs desquelles ils enlevèrent même plusieurs troupeaux; et, sur les observations qui furent faites au chef de légion du danger imminent, où cette commune se trouvait, d'une incursion par la gorge du lac, le chef permit à la compagnie d'Allos de se retirer dans sa commune, pour y faire le service qu'exigeaient les circonstances. "Cette compagnie, en réquisition permanente pour la garde de la gorge du lac, fit un service très pénible, avec un petit détachement tiré d'une seule compagnie du bataillon de la Drôme, qui reste dans cette commune." "Cette délibération nous apprend aussi " les fréquentes apparitions, du côté du lac, de la part des brigands et les chocs journaliers de nos patrouilles avec celles des Piémontais, sur le col de Champ, limitrophe de notre térritoire." C'est sans doute à cette époque que de nombreux mannequins de paille furent placés sur les hauteurs qui dominent le lac, pour faire croire aux troupes ennemies que ces lieux étaient gardés par des forces considérables. Non seulement notre petite force armée surveillait le passage de col de Champ, mais elle faisait même des reconnaissances dans la haute vallée du Var. Le gouvernement demandait souvent des contributions pour frais de guerre. Le maire d'Allos allait acheter, à Colmars et au Villard, des étoffes, de la toile et d'autres objets pour l'équipement des volontaires. Aux frais d'armement, d'équipement et de provisions de bouche, il fallait encore ajouter les réquisitions de chevaux et de mulets. On lit, à ce sujet, dans les registres du directoire du district de Barcelonnette: "Lesquels veilleront à ce que chaque canton fournisse son contingent, d'après les bases déterminées par la loi du 18 germinal. "Cette levée sera faite dans le délai de trois jours qui suivra immédiatement la réception du présent, et le contingent de chaque canton sera rendu, avec tous les ustensiles militaires déterminés par ladite loi, le quatrième jour, au chef-lieu du district, pour se rendre ensuite au chef-lieu du département." Le directoire ajoute que les municipalités et les administrateurs ou commissaires négligents seront dénoncés au Comité de salut public, dont le seul nom répandait l'effroi, et qu'ils sont expressément chargés d'accompagner l'envoi de chevaux et mulets.
2-La garnison de Colmars arrête les muletiers d'Allos. Sur la plainte des muletiers, le maire de Colmars intervint entre la troupe et les voituriers. 3.-Le régime de la terreur.-. les suspects aux arrêts.-. les églises fermées, les cloches et les vases sacrés brisés, tout acte religieux interdit. On donne ce nom à l'époque de la Révolution française pendant laquelle le tribunal révolutionnaire et l'échafaud étaient en permanence.
"L'invention, l'organisation, l'application de la terreur, dit Taine, "Une centaine de représentants, envoyés par le Comité de salut public, vont et se succèdent en province, avec des pouvoirs illimités, pour établir, appliquer ou aggraver le gouvernement révolutionnaire............ "Le représentant arrive en poste au chef-lieu, présente ses pouvoirs; à l'instant, toutes les autorités s'inclinent jusqu'à terre... Ce député disposait de tous les pouvoirs administratifs et judiciaires. Il remplaça ainsi, par un simple arrêté, le maire, les officiers municipaux, le procureur, les notables ou conseillers, le juge de paix et son greffier. A côté des comités révolutionnaires installés par les représentants du peuple, s'établissaient partout des comités de surveillance; c'était l'armée de la terreur chargée d'enrôler les exaltés et de frapper les suspects. Sur un simple soupçon, on privait les citoyens de leur liberté; tantôt en les condamnant, séance tenante; tantôt en les ajournant, c'est-à-dire en laissant l'ordre d'arrestation suspendu sur leur tête; tantôt en les consignant dans le territoire de la commune ou dans leur habitation, avec ou sans gardes. C'est sur le terrain religieux surtout que le terrorisme exerça ses violences dans nos montagnes. Après le bannissement des pasteurs légitimes et la confiscation de leurs biens, les prêtres constitutionnels ne jouirent pas longtemps de la tranquillité acquise par leur serment schismatique. Les cloches furent fondues et transformées en canons; les fêtes religieuses supprimées; la messe Pendant cette période néfaste de notre histoire, les délibérations du conseil municipal d'Allos, si riches depuis 1713, sont muettes pour ce qui a rapport à la religion, parce qu'elles étaient rédigées alors sous le regard inquisiteur des agents révolutionnaires. "Les officiers publics de la Beaumelle, de la Foux et de Bouchiers n'ayant pas de maison publique pour leurs opérations ", L'église paroissiale du chef-lieu était devenue un magasin à fourrage pour l'armée des Alpes et d'Italie. Elle en était tellement remplie qu'on faisiat passer les trousses (appelées barrions à Allos ) sur la barre du Christ, poutre transversale placée à la naissance de la voûte, au-dessus de la sainte table. La profanation des églises et la défense absolue de faire aucun acte public de religion imposaient aux âmes chrétiennes les plus douloureuses privations. J'ai recueilli, en 1855, des lèvres d'une honorable mère de famille, Suzanne Guirand, née Augier, le récit des impressions de nos ancêtres lorsqu'ils furent témoins, pour la première fois, d'un enterrement sans aucune cérémonie religieuse. Cependant on priait avec ferveur dans les familles; on recevait les sacrements de la pénitence et de l'eucharistie, quand un prêtre pouvait les administrer, au péril de sa vie : En ce temps désastreux, l'esprit du mal trouvait, même dans les meilleurs pays, des hommes pervers, capables d'exécuter tous les ordres du comité de salut public. A Allos, l'un d'eux porta sa haine contre les vases sacrés; il brisa notamment l'ostensoir à l'aide d'une clef, dont chaque coup faisait tomber, dit-on, un rayon de cet objet sacré.
4.-Prêtres réfugiés au Villard-Haut, à Baumes, aux Foulons Le principal théâtre de leurs exploits fut le Villard-Haut, où s'étaient retirés trois prêtres, oncles du célèbre docteur Honnorat et originaires, comme lui, de ce petit village. On logea d'abord les dignes prêtres dans un petit local contigu à l'écurie de la maison Michel, afin de les soustraire par ce moyen à tous les regards du dehors. Outre ce réduit, il y en avit un autre plus isolé et plus sûr. Mais l'air était humide et malsain en cet endroit. Un jour, les prêtres proscrits étaient dans la maison, avec leurs parents et leurs amis, lorsqu'ils virent venir les sans-culottes. L'effroi causé par cette visite durait encore lorsqu'un messager ami, arrivé au déclin de l'un des jours suivants, annonça les mauvais desseins que les brigands se proposaient de réaliser, dès le lendemain. La famille Michel conseilla à ses hôtes de se réfugier dans une maison qu'elle possédait à Baumes, et elle promit de les suivre de près, car elle se croyait menacée comme eux. Le départ s'effectua nuitamment et au milieu des alarmes. Le séjour des prêtres de la famille Honnorat à Baumes leur sauva la vie; ils avaient là d'excellents voisins, et personne ne supposa qu'ils eussent demandé la sécurité à ce quartier isolé et presque sauvage. En même temps, les hommes de ces différents quartiers étaient toujours soumis aux exigences d'un service militaire pénible et dangereux. Nous devons l'exposé circonstancié de ces différents événements à une femme recommandable, nommée Marie Michel, mieux connue sous le nom de Tante Marion , qui faisait faire à ses nièces et à ses neveux de longues prières pour obtenir du bon Dieu de ne jamais voir des jours semblables à ceux de la Terreur !
5.-Les émigrés d'Allos. Nous lisons dans le catalogue des émigrés du département des Basses-Alpes les noms et prénoms de nos compatriotes : Les archives municipales confirment cet arrêté, et, dans la réunion du conseil du 25 brumaire an IV, Alexandre Pellissier, officier municipal, déclare, conformément à la loi du 1er floréal, contre les émigrés, que son beau-frère, Jean-Jacques Arnaud, prêtre habitué au chapitre de Toulon, fait peut-être (!) partie de l'émigration, et il en informe l'administration du département pour avoir son avis. Le 2 frimaire suivant, le même conseil avait pris indirectement la défense des émigrés d'Allos, contre leurs créanciers, en certifiant qu'aucun d'eux n'était insolvable, ni en faillite.
6.-Les cultivateurs privés de leur liberté, saisie des pailles et foins, emprunt forcé. A Allos, comme partout ailleurs, en vertu d'une réquisition du Comité de salut public, tout possesseur d'avoine devait, dans le délai de huit jours, en faire le versement dans le magasin du district. Le conseil général de la commune nomma dix commissaires chargés de faire le recensement des foins et pailles existant actuellement dans les différents hameaux. En exécution de la loi de la Convention nationale du 23 septembre 1793, un arrêté du district de Barcelonnette, parvenu à Allos le 26 octobre de la même année, établit, en quatre-vingt-onze articles, un tableau du plus haut prix des marchandises et denrées de première nécessité." Pendant le cours de l'an IV, le conseil d'Allos délibéra souvent sur un emprunt forcé. 7.-Mort de Robespierre.-. ouverture momentanée des églises. Comme le chef-lieu, les sections de la Foux, de la Beaumelle et de Bouchiers firent leur déclaration pour le choix d'une église, dès qu'elles eurent connaissance de la loi qui leur permettait, dans une certaine mesure, le rétablissement du culte. L'empressement avec lequel les différentes sections d'Allos se réunirent, en cette circonstance, nous dit hautement que la religion était toujours vivante dans les âmes, malgré le long et violent orage révolutionnaire qui semblait l'avoir anéantie.   (3) La tradition a conservé un souvenir très exact de ce que le conseil appelle des patrouilles. (4) Délibération du 9 juin 1793. (5) Le commandant s'oublia jusqu'à menacer les voituriers de les faire arrêter et de les f;;;;;; au fort . (8) Notes historiques de Juste Guieu, avocat à Castellane et, plus tard, à Aix. (10) Cette baraque et ces guérites, construites à la réquisition du commandant de la vingtième demi-brigade, en garnison à Allos, coûtèrent 181 livres à la municipalité. (12) Les habitants d'Allos, du Villard, etc., ne choisirent pas Notre-Dame de Valvert parce qu'elle était devenue un magasin militaire rempli de foin et de paille. Table des Matières
QUATRIEME PARTIE
Depuis le traité d'Utrecht, en 1713, jusqu'à nos jours.
CHAPITRE VI
Sélectionnez dans ce Chapitre (1796-1815.)
1.-Continuation de la persécution et des fêtes révolutionnaires.-.prêtres cachés au quartier du Foreston. Les presbytères de Bouchiers, de la Foux et de la Beaumelle étaient devenus des annexes de la maison commune ou maison de ville; ils servaient à la confection des actes de l'état civil. Les lois contre les émigrés et les prêtres étaient toujours en vigueur, et nous trouvons dans les délibérations municipales des arrêtés peu différents de ceux de la Terreur : "Tout ministre du culte qui, après avoir fait la déclaration (serment) l'aura rétractée ou modifiée ou aura fait des protestations et restrictions contraires, sera banni à perpétuité du territoire de la République." Et ces dispositions plus que sévères n'étaient point de vaines menaces. La municipalité fut, en outre, mise en demeure, par le commissaire du directoire, d'opérer D'un autre côté, les fêtes révolutionnaires destinées, dans la pensée de ceux qui les avaient établies, à remplacer et à faire oublier les fêtes de la religion, étaient maintenues ou rétablies. "L'administration départementale autorisa la fête de la punition du dernier des rois français." Un arrêté de l'administration centrale fixa au 30 nivôse la fête de la paix, pour la célébration de laquelle on réunissait au chef-lieu, dans l'enceinte à ce destinée, On célébrait aussi les fêtes des époux, des vieillards, de la fondation de la République, de la souveraineté du peuple, etc... Etaient invités à cette dernière fête, " particulièrement, trente-six vieillards, les instituteurs et les personnes qui savaient jouer d'un instrument". La municipalité d'Allos essaya, La situation religieuse était donc toujours lamentable. Les prêtres fidèles à leur devoir ne pouvaient administrer les sacrements, sans s'exposer aux plus graves peines. La tradition, qui nous aconservé ces édifiants détails, ajoute que deux prêtres étaient cachés au quartier du Foreston et qu'ils y demeurèrent assez longtemps.
2-Les habitants d'Allos obligés de porter du foin et de la paille à Barcelonnette et à Colmars. En effet, les registres des délibérations du conseil ne parlent pas de réquisitions de foin, de paille ou d'avoine, pendant quelques années. Mais, l'an VIII, les réquisitions de cette nature recommencent, pendant la guerre d'Italie (1799- 1803). Ils en fournissaient également au commandant de place de Colmars, qui, ayant une faible garnison sous ses ordres, chargea la garde nationale d'Allos de surveiller l'ennemi du côté du lac.
3.-Un piquet de dix hommes à la cabane du Laus .-. un poste de cinq hommes à Valgelaye .-. appel aux armes contre les Barbets. Le danger était partout sur nos frontières alpines, et un ordre du préfet des Basses-Alpes, portant appel aux armes, fut publié, le 24 floréal, dans tout le département. Trois jours après, nos pères répondirent à cet ordre préfectoral par le quadruple arrêté suivant : Un mois s'était à peine écoulé, lorsque les sous-préfet de Barcelonnette annonça qu'une invasion des ennemis appelés Barbets était imminente. Le jour même de l'arrivée de la lettre du sous-préfet, l'administration d'Allos, considérant que la situationde la commune, "Les chasseurs du pays sont invités à se réunir, pour former une compagnie de bons tireurs, qui sera dirigée, autant que possible, par des militaires retirés, habitués au feu." On envoyait, en outre, des courriers au commandant de Colmars, pour avoir connaissance des démarches des Barbets, et à l'agent de Thorame-Haute, pour le tenir en garde. En même temps, on faisait la "guerre au dimanche et à l'ancien calendrier, et le chômage obligatoire du décadi, sous peine d'amende et de prison, continuait !... " Le directoire s'était attribué le droit de déporter, par arrêté individuel motivé, tout ecclésiastique qui troublait la tranquilité publique, c'est-à-dire qui exerçait son ministère et prêchait sa foi." 4.-Concordat de 1801 .-. rétablissement du culte catholique .-. joie des habitants d'Allos. Voici en quels termes Alexandre Pellissier, maire d'Allos, annoça cette heureuse nouvelle à son conseil municipal, le 26 nivôse de la même année : " Mais cet heureux événement, après lequel nous soupirions tous, impose à chaque commune l'obligation sacrée de pourvoir au logement des ministres et aux frais d'achat des ornements nécessaires pour l'exercice matériel du culte." Le conseil, n'ayant rien tant à coeur que de concourir de tout son pouvoir au maintien de la religion, de son culte et de ses ministres, délibéra qu'il y avait dans la paroisse d'Allos deux églises absolument nécessaires : "A Allos, ajoutèrent les membres dudit conseil, il n'a jamais existé de presbytère, et le curé et le vicaire ont, depuis notre souvenir, reçu en argent le prix de leur logement." 5.-Suppression de l'évêche de Senez .-. Pierre Bès, curé d'Allos. Mgr de Bonneval, dernier évêque de Senez, était alors à Rome, où il donna la démission de son siège entre les mains du pape. Mgr Dessoles, nommé évêque de Digne le 29 avril 1802, fut sacré le 11 juillet suivant. Le premier curé de la paroisse d'Allos, après le rétablissement du culte catholique, fut André-Pierre Bès, ancien religieux dominicain, originaire de Rioclar, canton du Lauzet. Le vicariat d'Allos ne fut pas rétabli.
6.-Hyacinthe Gariel, maire ; son administration ; le hameau de Champrichard détruit par une avalanche ; entretien des routes et du collège de Barcelonnette. Nommé maire vers la fin de l'année 1804, à l'âge de vingt-six ans, il consacra généreusement son talent, son savoir et son dévouement au service de ses concitoyens. Le passé était désastreux, l'avenir effrayant ! La gestion de Hyacinthe Gariel ne se prolongea pas au delà d'une année, car il fut nommé juge du tribunal de Barcelonnette avant la fin de 1805. C'est pendant l'hiver de cette année que le hameau de Champrichard fut en partie détruit par une avalanche. En 1807, la municipalité fut informée par le sous-préfet de Barcelonnette que la somme qu'elle avait payée pour les routes serait employée " à l'entretien de la route d'Allos à Barcelonnette, depuis la Goutette jusqu'au rif de Chancelaye" ; "Les jeunes gens d'Allos, dit-elle, ne vont pas au collège de cette ville, qui existait avant la Révolution, ni à l'école secondaire qui y est établie depuis quelques années; 7.-Allos veut un bureau d'enregistrement et repousse le projet d'annexion à Castellane. " De tout temps, avant la Révolution, dirent-ils au ministre de l'empereur, les actes de la justice royale établie en ce canton et ceux des notaires officiels ministériels et de police avaient reçu la formalité du contrôle à Colmars. " Après l'établissement des justices de paix, un bureau d'enregistrement fut établi dans ce canton (Allos) et y exista jusqu'au mois de mars 1797, où il fut de nouveau réuni à celui de Colmars. " Ce dernier état de choses a subsisté jusqu'au 1er octobre 1809, lorsqu'une décision de la régie de l'enregistrement déclara que, à l'avenir, ce canton ferait partie de celui de Barcelonnette." Cette question fut souvent l'objet des délibérations du conseil municipal et elle agita le pays, surtout à l'occasion d'un mémoire relatif à l'annexion du canton d'Allos à l'arrondissement de Castellane, qui fut adressé au ministre de l'intérieur en 1829. Le conseil, dès qu'il en eut connaissance, protesta énergiquement contre 8.-Un piéton-courrier d'Allos à Colmars ; un piéton-messager d'Allos à Barcelonnette. L'année suivante, lorsque Napoléon fut revenu de l'île d'Elbe, elle se voyait imposer par le préfet du département une contribution de guerre Le conseil supplia le préfet de ne pas exiger de la commune Le même conseil vota ensuite " un emprunt volontaire pour la solde de la garde nationale mobile " et désigna, Sous le règne de Louis XVIII et de Charles X, la municipalité s'occupa souvent de l'entretien et de l'amélioration des chemins publics et des chemins vicinaux. Elle appelait chemin public la route de Colmars à Barcelonnette, et chemins vicinaux les voies de communication entre le chef-lieu et les villages ou hameaux. Elle était chargée de l'entretien de l'un et des autres, mais avec une différence, car le premier n'était pas toujours à sa charge. Elle disposait pour cela des journées de prestation, d'une somme de 288 francs portée annuellement au budget et des secours accordés par l'administration départementale. Le piétonnage se faisait aussi aux frais de la commune; elle fournissait un modeste traitement au courrier à Colmars, appelé piéton-courrier;  
Notes : ( 13 notes dans ce chapitre )
(1) La chapelle de Saint-Sébastien, sans doute, où l'on se réunissait pour le club, mais que l'on n'ose pas nommer parce qu'elle porte le nom d'un saint. (2) La marque distinctive des officiers municipaux et des fonctionnaires était " un chapeau rond, orné d'une écharpe, surmonté d'une plume panachée aux trois couleurs". (6) Délibération du conseil d'Allos, 8 brumaire an VIII. (8) Il voulait entourer certaines forêts d'une cloture, pour les protéger contre les troupeaux. (9) L'état de répartition existe encore; il est annexé au procès-verbal de la délibération du conseil municipal du 27 avril 1806. (10) Délibération du 13 décembre 1840 et du 14 mai 1841. (11) Délibération du 3 octobre 1814. (12) Voici les noms et prénoms de ces gardes nationaux, dont les familles existent encore aujourd'hui : (13) On avait un ingénieux procédé pour secourir les pauvres qui pouvaient travailler. QUATRIEME PARTIE
Depuis le traité d'Utrecht, en 1713, jusqu'à nos jours.
CHAPITRE VI
Sélectionnez dans ce Chapitre (1833-1899.)
1.-Incendie d'Allos en 1833.
L'incendie commença au centre du bourg et s'étendit avec une telle violence que, le lendemain, quatre-vingt-quatre maisons étaient réduites en cendres. La voûte de la chapelle de Saint-Sébastien fut endommagée; la cloche, complètement fondue; le clocher paroissial, qui est une tour des anciens remparts, eut la toiture brûlée. Neuf cents personnes se trouvèrent sans abri, sans provisions, en plein hiver; grains, farines, mobilier, fourrages, tout avait été dévoré par les flammes. Pendant ce temps, la municipalité faisait connaître la triste situation au gouvernement et adressait un appel à la générosité du roi, de la reine et du prince royal, le duc d'Orléans. Les libéralités de la famille royale et l'hiver exceptionnellement doux de 1834 permirent aux incendiés de travailler, dès la première heure, à la préparation des matériaux nécessaires pour la reconstruction de leurs habitations. Ils entreprirent ensuite, avec confiance, de faire renaître les maisons d'Allos de leurs cendres ! Les toitures de la chapelle de Saint-Sébastien et du clocher ne purent être refaites qu'après le printemps de 1835. 2-La commune propriétaire du bois d'Autapie et du Pré du Saint-Esprit.. Ce différend fut ensuite soumis à la décision de la justice, et le tribunal de Barcelonnette, par un jugement du 15 juillet 1840, déclara que : Jacques du Vallon, de Barcelonnette, et Marie Pinoncély, veuve Eyssautier, de Saint-Paul, propriétaires d'Autapie, interjetèrent appel, sans succès, devant la Cour d'Aix. La commune d'Allos était, à la même époque, propriétaire d'un pré appelé Pré du Saint-Esprit, dont il est fait mention dans une série de délibérations municipales, à partir du 22 octobre 1839. 3.-Allos depuis 1833 jusqu'en 1848; la zone des douanes. Après l'incendie de 1833, le conseil municipal adressa, avons-nous dit, une requête non seulement au roi et à la reine de France, mais au duc d'Orléans. Le conseil qui lui succéda n'oublia oas, neuf après, lorsque ce prince fut enlevé par une mort tragique, d'adresser à Louis-Philippe une lettre de respectueuse condoléance. L'année suivante, il envoya sa modeste offrande pour le monument élevé à Gassendi, dans le chef-lieu du département, et il souscrivit pour doter la mairie d'un exemplaire du Les événements politiques de 1848 firent sortir de la poussière les fusils de la garde nationale que la rouille rongeait à la mairie. Un cultivateur doué d'un remarquable bon sens, mais qui n'avait certainement pas lu Le conseil municipal délibéra, en 1835, sur le projet de modifier la zone des douanes, dans le terroir du canton d'Allos. Ces prohibitions gênantes vexaient les habitants " de la zone extérieure, formée par l'espace compris entre la frontière et la première ligne des bureaux et des postes douaniers". L'administration des douanes se proposait de tranférer ce dernier poste à la Foux, Le conseil municipal prévoyant que le projet de l'administration aurait pour effet d'étendre la zone extérieure et d'y faire entrer plus de trente habitants, qui se trouvaient au nord du bureau d'Allos et du côté de l'intérieur, Les bureaux d'Allos et le poste de Bouchiers furent maintenus jusqu'à l'annexion de Nice et de la Savoie à la France, en 1860. 4.-L'Iscle du Verdon; menaces d'une visionnaire; achat d'une pompe à incendie. La commune répondit qu'elle avait exercé un droit, au lieu de faire un empiétement. L'année suivante, le conseil municipal eut à délibérer, dans sa session ordinaire du mois de mai 1862, sur Aussitôt, la scène changea; l'effroi succéda à l'indifférence, et les habitants furent dans de continuelles alarmes pendant plus d'un mois. 5.-Fondation d'un bureau de bienfaisance à Allos. L'hôpital ne put donc pas être fondé, et la commune demanda l'autorisation de distribuer, chaque année, aux pauvres une partie du produit des rentes de cette succession. Déjà, en 1860, elle avait accepté pour les pauvres un legs de 1000 francs fait par François Michel, fabricant de draps à Vienne, originaire du Haut-Villard d'Allos. C'étaient des pierres d'attente pour l'établissement d'un bureau de bienfaisance. En effet, ce bureau fut établi par un décret du président de la République du 17 août 1885, en deux articles qui en caractérisent l'origine : 6.-Incendie de la Foux en 1878. 7.-Progrès de la vie chrétienne, après les derniers vestiges du jansénisme; progrès matériel. "Avant cette époque, me disait, il y a quarante ans, un de mes compatriotes, on nous prêchait une doctrine qui nous inspirait la crainte des choses les plus saintes de la religion, au lieu de nous en inspirer le désir et l'amour. La sage et bonne direction de ces excellents prêtres a fait vivre les habitants de notre modeste coin de terre, ille terrarum angulus, de la vie chrétienne, comme aux meilleurs temps de l'Eglise, les associant d'une manière intime à ses épreuves, à ses joies, à ses triomphes. La vie chrétienne se manifestait aussi par l'édification de nouveaux édifices consacrés au culte divin et par la restauration des anciens. Le 25 novembre 1862, on inaugurait la nouvelle église et le nouveau prebytère de la paroisse de Bouchiers, construits à l'endroit le plus agréable du pays. On reconstruisait ensuite l'église de la Beaumelle, et une addition utile était faite au presbytère de cette paroisse. On s'occupait donc en même temps des temples spirituels et des temples matériels, et, si le chef-lieu semblait en retard, en ne pas faisant exécuter les travaux prévus à l'église paroissiale, nous ne devons pas le regretter, puisque, en sachant attendre, on a obtenu du ministère des beaux-arts et de celui des cultes la restauration complète et selon le style primitif de ce beau monument historique. En même temps, la plupart des habitants d'Allos jouissaient d'un bien-être relatif satisfaisant. Le produit de l'élevage et du nourrissage des bestiaux, sans les enrichir, leur rendait la vie plus facile, les attachait davantage à leurs foyers et au sol natal, et c'est ce qui explique la rareté des émigrations parmi nos cultivateurs. Malheureusement, ce progrès matériel subit actuellement un temps d'arrêt, et il subira peut-être bientôt une crise dangereuse, si on ne trouve pas un moyen de protéger les éleveurs bas-alpins contre les éleveurs étrangers, africains ou autres, qui, grâce au libre-échange, leur font une concurrence désastreuse sur les marchés des principales villes de Provence.
8.-Routes; bureau des postes; fontaines; reboisement des montagnes. Trois nouvelles fontaines ont été construites en 1882. Ce n'est pas sans regret qu'on a vu disparaître ce souvenir d'un des événements les plus remarquables de l'histoire d'Allos. L'administration du reboisement possède la montagne du Laus et ses dépendances depuis 1894, et elle vient de faire l'acquisition de la plupart des autres montagnes de notre territoire.   Notes : ( 6 notes dans ce chapitre )
(1) Voici comment on put faire face à cette dépense : (2) Les habitants de la Colette-Haute, de la Colette-Basse, des Gays, des Granets, des Cloutets et autres, dépendant de la succursale de Bouchiers seraient entrés dans la zone extérieure. (3) Délibération du 15 juin 1835. (4) Voici la teneur de ce testament, dans ses parties principales : (5) Délibération du 11 août 1878. (6) MM. Ebrard, de Barcelonnette; Barbaroux, de Thorame-Haute, devenu ensuite vicaire général; Signoret, des Serennes, mort à Castellane en 1897; Caire, du Châtelard, plus tard curé de Barcelonnette; Reynaud, de la Condamine, actuellement curé de Barcelonnette, etc... CINQUIEME PARTIE
Description physique, Productions. CHAPITRE Ier DESCRIPTION PHYSIQUE , PRODUCTIONS.
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1.-Topographie d'Allos; cirque formé par les montagnes. Ses limites au nord, du côté de Barcelonnette, sont les contre-forts méridionaux de Siolane, Valgelaye, le Cheval-de-Bois et Talon; à l'est, du côté du Haut Var, le mont Pelat, les Tours du Lac, la Tête de Valplane et Rochecline; à l'ouest, le pic des Trois-Evêchés, Valdemars et Autapie, qui le séparent des vallées de Seyne et de Prads; au midi, le détroit qui unit Allos à Colmars. Cette chaîne de montagnes qui entourent le territoire de toutes parts, excepté du côté de Colmars, lui donne l'aspect d'un immense cirque à amphithéâtre.
Ces montagnes, autrefois presque entièrement gazonnées et boisées, ont été ravagées par le temps et par la hache des bûcherons. Rochers, âpres sommets, vieux autels de granit, 2.-Pâturages; anciens troupeaux transhumants; vente des montagnes; le reboisement. Ce passé n'est plus; l'Etat a acheté les montagnes du Laus, de Valdemars, etc.., et, dès 1895, des chantiers du reboisement ont remplacé les bergers et les troupeaux transhumants. Il est vrai que l'administration des forêts s'efforce d'arrêter les effets désastreux du déboisement et de rétablir la vie végétative, qui avait disparu en maints endroits. Mais, si l'administration du reboisement promet de rendre la vie à nos montagnes dénudées, en les gazonnant et en y rétablissant les forêts qui ont été détruites, elle peut donner la mort au pays, en le dépossédant des terrains communaux, qui sont une de ses ressources vitales. La commune possède, en effet, des terrains vagues ou d'un difficile accès, où l'on fait paître le menu bétail, et de belles forêts de mélèzes, dont les herbages sont réservés aux troupeaux de vaches et d'autres gros bestiaux. Les propriétaires des prés de montagnes seront également habiles et prévoyants en ne pas les aliénant, même dans des conditions avantageuses, car l'hiver est long dans les pays montagneux, et il faut d'abondantes provisions de foin pour nourrir les troupeaux. 3.-Culture et production des vallées; élevage des bêtes à laine. On y récolte du froment, du blé de trois mois ou froment de Russie, du méteil (mélange de froment et de seigle) , de l'orge, de l'avoine, La culture de l'avoine est moins rémunératrice qu'autrefois, parce qu'on la cultive même dans les pays chauds et à cause de la diminution du nombre des chevaux de trait, depuis l'établissement des chemins de fer. On a cessé de cultiver le lin, depuis quelques années, et la source d'eau chaude au-dessous des Plans, où on le portait pour le faire rouir, est abandonnée. L'élevage et l'engraissage des bêtes à laine est toujours la principale ressource des habitants d'Allos, qui, par conséquent, ne sauraient avoir trop de sollicitude pour l'amélioration de leurs prés naturels et le renouvellement périodique des prés artificiels. M. Flahault, professeur à la Faculté des Sciences de Montpellier, botaniste distingué, qui a visité les vallées de l'Ubaye et du Haut Verdon, va plus loin : "L'insuffisance des prairies fauchées et des cultures fourragères, dit-il, détermine les possesseurs de troupeaux à demander du fourrage aux arbres. "Multiplier les prairies arrosées, cultiver des fourrages en quantité suffisante pour assurer un bon hivernage des troupeaux, c'est le seul moyen d'élever plus de bétail, qui fournira plus d'engrais pour l'amélioration du sol. 4.-Cours d'eau; canaux d'irrigation. Le Verdon prend sa source dans la montagne de la Sestrière, à environ 2500 mètres d'altitude, au sud de Siolane et au sud-est du pic des Trois-Evêchés. Le Verdon n'alimente chez nous aucun canal d'irrigation proprement dit; il faudrait élever ses eaux par des machines hydrauliques dont la petite propriété rurale ne peut faire l'acquisition, pour qu'il pût arroser les propriétés situées sur ses rives, tandis qu'il arrose le territoire de Colmars même par un canal qui remonte du côté d'Autapie jusqu'à l'oseraie ou iscle du Verdon, en face de la source des Eaux-Chaudes. Ses deux principaux affluents sont Bouchiers et Chadoulin, deux torrents de la même importance et presque parallèles, dont le premier est en amont et le deuxième en aval d'Allos. Bouchiers naît dans la montagne de Talon, au nord-ouest de la pyramide du Cimet (3022 mètres). Il y avait autrefois un canal dérivé du torrent de Bouchiers et qui arrosait un quartier d'Allos, appelé le Bruisset. Bouchiers arrose les terrains inférieurs du Bruisset, les Charrières, etc.., Chadoulin sort du lac par une issue souterraine, du côté du nord. Il serpente d'abord lentement, à travers le tapis de verdure, autrefois beaucoup plus étendu, du plan du Laus; puis il se précipite de rocher en rocher et de cascade en cascade, en amont de Champrichard. Chadoulin alimente trois canaux d'irrigation sur sa rive droite et trois autres sur sa rive gauche. Ajoutons, pour ne rien oublier relativement à l'irrigation, qu'un canal dérivé du torrent impétueux de Ribions, qui descend de Rochecline, arrose la partie inférieure des terrains du plateau de Sainte-Brigite, tandis que la partie haute est arrosée par le canal supérieur de la rive gauche de Chadoulin. Ribions et le torrent d'Autapie, qui coule à l'opposite, du côté du Seignus, ont leur lit presque à sec en temps ordinaire, mais ils sont redoutables par leurs débordements. 5.-Le lac d'Allos; ses dimensions, son déversoir; projet d'en faire un étang; barque et cabane du pêcheur. Son altitude, qui est de 2173 mètres , et le cirque de hautes montagnes qui l'entourent, excepté du côté du nord, en font un lac particulièrement remarquable. C'est au pied des Grandes-Tours, qui se dressent à l'est et au fond du cirque, à assises régulières grisâtres et noires, d'un aspect sévère et imposant, que se trouve le bassin du lac. Sa plus grande profondeur est de 53 mètres, et sa superficie de 62 hectares. Il résulte de ces variations que les îlots qui émergent en deux ou trois endroits, lorsque les eaux sont à la hauteur moyenne, disparaissent quand elles s'élèvent plus haut. Le lac est alimenté par la fonte des neiges et les eaux pluviales. L'écoulement a lieu par un souterrain, à travers le bourrelet ou ressaut de plus de 500 mètres de largeur qui contient ses eaux du côté du nord. Plusieurs fois, dans la seconde moitié de ce siècle, on a eu le projet de fermer ce déversoir intérieur, pour faire du lac un grand réservoir. En 1863, l'ingénieur en chef des Basses-Alpes, M. Grandchamp, proposait de faire étudier la construction d'un canal d'arrosage pour les plaines de Valensole, avec aménagement du lac d'Allos en réservoir d'alimentation. Cependant le radeau qui avait été construit aux frais de l'administration des ponts et chaussées, pour faciliter les études, suggéra à un pêcheur l'idée de faire l'acquisition d'une barque dans laquelle les visiteurs peuvent maintenant faire la traversée du lac. L'achat des eaux de Fontaine-l'Evêque, dans le canton d'Aups, fait par le département du Var en 1898, appela de nouveau l'attention sur le lac d'Allos; le 16 février de la même année, M. le Préfet des Basses-Alpes prescrivit une enquête publique sur ce projet, qui consistait à emmagasiner dans notre lac 41 millions de mètres cubes d'eau, pour suppléer à la perte que ferait le Verdon, le jour où il ne recevrait plus les eaux de Fontaine-l'Evêque. En attendant, l'administration du reboisement a fait améliorer le chemin muletier d'Allos, surtout de Champ-Richard au Laus, a établi autour du lac une route que l'on pourra parcourir en voiture, le jour où les voitures iront au lac. Il y a, en outre, dans la commune d'Allos et dans la montagne du Laus et de ses dépendances, quelques petits lacs qui sont comme les satellites du lac principal. Les deux plus petits sont ceux de la Cayolle, Le lac du Cimet, dans la montagne de ce nom, est un rectangle, mesurant environ 250 mètres de longueur et 60 de largeur. Enfin, j'ajoute à cette énumération le lac de l'Encombret,   (1) En 1885, j'ai été témoin, à Allos, d'un phénomène d'acoustique qu'il y a lieu de rappeler ici. (3) Guide de l'Alpiniste dans la vallée de l'Ubaye, 1898. (4) On pourrait même dire, à cause de la rigueur du climat, car la neige, qui couvre la terre pendant près de la moitié de l'année, contribue à sa fertilité. (5) L'avoine offre plusieurs avantages appréciables : (6) Notice sur la Flore de la vallée de l'Ubaye. (7) Papon dit que le lac d'Allos est le plus grand lac de Provence. (8) "La région dans laquelle se trouve ce bassin naturel est caractérisée par le plissement intense des assises constitutives du sol; celles-ci sont ployées en une série de plis aigus, tous plus ou moins déversés à l'ouest, c'est-à-dire isoclinaux. (9) Voici ce que dit M. Kilian de cet écoulement : (10) Rapport de M. Périer, ingénieur en chef du département du Var, en date du 10 février 1898. (11) Bulletin de la Société scientifique et littéraire des Basses-Alpes, t.VI, p. 509. CINQUIEME PARTIE
Description physique, productions. CHAPITRE II Cours d'eau, lacs et glaciers.-Etude géologique des terrains. Sélectionnez dans ce Chapitre
1.-Glaciers de la Durance, de l'Ubaye, de la vallée de Seyne et de la haute vallée du Verdon. "Les dépôts de l'ancien glacier de la Durance, dit M. Haug, prennent, à la hauteur de Gap, une extension énorme; ils s'étendent sur une largeur de plus de 30 kilomètres depuis la vallée du Drac jusqu'aux environs de Gigors et de Turriers... "Les dépôts erratiques de la Bréole et de Pontis doivent être sans doute rapportés au glacier de l'Ubaye qui se déversait dans celui de la Durance... "Les flancs de la vallée de la Blanche, aux environs de Seyne, sont plaqués de puissants dépôts de graviers à gros éléments non calibrés, d'argiles à blocaux, de boues glaciaires... "Le massif des Trois-Evêchés porte encore, à l'heure actuelle, sur son flanc septentrional, dans le haut de la vallée du Laverq, un glacier, réduit il est vrai à sa plus simple expression. Les études géologiques faites en ces derniers temps à Allos, par M. Kilian, ont constaté l'existence de dépôts glaciaires en aval de la Sestrière, au premier tournant de la route nationale qui s'élève en serpentant jusqu'au col d'Allos; aux quartiers du Fanguet et de la Rouine, près du Seignus-Bas; au Bruisset et sur les plateaux supérieurs de la forêt de Vacheresse, jusqu'au pied de Prachastel. Ces dépôts sont évidemment les restes des moraines déposées par les anciens glaciers qui remplissaient la haute vallée du Verdon et les vallons de Bouchiers et de Chadoulin. M. Kilian m'écrivait, en 1899 : Il y a eu également des glaciers à Bouchiers et dans le haut Verdon. Le glacier de Bouchiers a pu joindre ses moraines avec celles du glacier de Chadoulin, sur le dos d'âne de Vacheresse. Enfin nous avons des vestiges du glacier du Verdon : Ces masses énormes, mises en mouvement par la fusion de leur partie inférieure et par leur propre poids, descendaient comme les glaciers du bassin de la haute vallée de la Durance, qui ne s'arrêtèrent qu'à Sisteron, et comme descendent encore aujourd'hui ceux de Suisse. 2.-Etude des terrains; le jurassique supérieur au hameau de Bouchiers, à Clignon, entre Allos et Seyne. Indépendamment de l'intérêt historique qu'offre cette étude, elle fournit aux habitants des renseignements utiles sur la salubrité ou l'insalubrité du sol et des habitations, sur l'agriculture, etc.. "Les explorations que j'ai faites cette année, disait en 1896 M. Kilian, professeur de géologie à l'Université de Grenoble, Les divers terrains sédimentaires qui forment le sol et le sous-sol du territoire d'Allos se sont formés pendant les périodes secondaires et tertiaires des ères géologiques. Les explorations scientifiques de M. Kilian ont classé ces terrains dans les systèmes ou périodes jurassique et crétacé de l'ère secondaire et dans les systèmes éocène et oligocène de l'ère tertiaire. Le terrain jurassique est le plus ancien des terrains secondaires de notre vallée, et ses assisses sont les plus profondes que l'on connaisse dans les environs d'Allos, mais l'espace qu'il y occupe a peu d'étendue. Il affleure en amont du hameau de Bouchiers sous forme de calcaire jurassique supérieur, correspondant aux étages kiméridgien et séquanien, et de marno-calcaires et marnes, représentant les groupes rauracien et oxfordien. Ces étages, formés des terrains de même âge que ceux de l'ancienne Sequanie , bassin de la Seine; de Kimmeridje et d'Oxford, villes d'Angleterre, etc.., appartiennent à la série oolithique, ainsi nommée à cause des petits grains calcaires à couches concentriques semblables extérieurement, dit Focillon, à de petits oeufs de homard, qu'elle renferme fréquemment dans le bassin anglo-parisien, mais qui font ici défaut. "Au milieu de cette région à structure isoclinale, l'érosion a mis à nu plusieurs bombements ou dômes isolés (ravin de Bouchiers , Clignon ) d'allure très tranquille. "La région est limitée à l'ouest par une crête continue de calcaires jurassiques supérieurs. ( Crête des Dourbes, du Vernet, de Seyne, etc..)" L'auteur des Chaines subalpines C'est à Bouchiers qu'affleure l'Oxfordien, sous forme marno-schisteuse, en amont de l'endroit appelé l'Abéouraïré, sur la rive droite du cours d'eau qui a donné son nom au hameau. 3.-La carrière de pierres à tailler, au pied de la Côte-Haute, Saint-Pierre, etc.., Les terrains secondaires du système crétacé, superposés à ceux du système jurassique, occupent un espace beaucoup plus étendu. En effet, les versants inférieurs et le fond des vallées du Verdon, de Bouchiers et de Chadoulin, ainsi que les principaux massifs de nos montagnes, sont formés de roches calcaires et marno-calcaires. Le Crétacé inférieur est représenté par ses étages : Le Barrémien est bien caractérisé dans les calcaires gris marneux, entre le Fanguet et la Vallaou et sur la rive droite de Bouchiers, entre ce cours d'eau et le bois de Vacheresse. L'Aptien est assez développé à Bouchiers, à la chapelle de Saint-Pierre, au pied de Rochegrand et surtout à la carrière de pierres, à l'est de la route d'Allos à Colmars, entre Notre-Dame de Valvert et la Bastide. Le Néocomien se fait remarquer par les roches fossilifères contenant des traces de mollusques céphalopodes; Ammonites et Bélemnites. "Il est aussi puissant et aussi complet dans l'est du département (Seyne, Mariaud, Colmars, Allos, etc..) que dans les contrées classiques de Barrême et de Sisteron...... "Les dépôts néocomiens sont particulièrement uniformes dans les environs d'Allos et de Colmars, où les divers étages, du Valanginien à l'Aptien, ne peuvent être distingués que par la présence de rares céphalopodes." (M. Kilian.) Il y a du Valanginien sur le versant oriental du Verdon, entre Allos et Clignon, au quartier de la Chapellenie. Enfin le même auteur, après avoir fait remarquer le type vaseux et marno-calcaire, ainsi que la teinte foncée des formations crétacées de Seyne à Saint-Vincent, à Ubaye et à Pontis, conclut en ces termes, et l'importance de sa conclusion n'échappera pas à mes lecteurs : Rochegrand, Rochecline et autres roches dures sont des escarpements en calcaire du Crétacé supérieur, surmontés au sommet par du calcaire à Nummulite et du Flysch gréseux; le mont Pelat, le Cheval-de-Bois, Valdemars et autres roches plus ou moins friables sont formés de Flysch argilo-calcaire. Le Crétacé supérieur est représenté par presque tous ses étages : Il y a du Sénonien à Valplane, dans les forêts du Seignus, aux Gays et sur les bords du Verdon, en aval de la Foux. On reconnaît le Cénomanien à la Baume et dans les marno-calcaires du sud du plan de Montgros.
4.-Roches de l'ère tertiaire à Montgros, au Cheval-de-Bois, à Talon, au Vallonnet, au mont Pelat, à Monier; Le terrain éocène, se montre : "L'étage est réduit à des conglomérats grossiers à petites Nummulites et très nombreux galets de Felsophires que surmonte au mont Pelat, une série de schistes et de dalles gréso-calcaires, à Chondrites Targionii Brongn, etc.." (M.Kilian.) Presque toujours, à côté ou au-dessus du terrain nummulitique, se trouve le Flysch calcaire qui affleure à Tête-Noire, à Valboyère, à Valdemars, à Autapie et aux environs de la Foux, où il est noir et constitué par des schistes feuillettes, intercalés entre des couches marno-calcaires et les grès d'Annot. Dans les terrains tertiaires qui surmontent le Crétacé, il y a des Nummulites, que nous avons remarquées au sommet de Rochegrand, de Rochecline, etc.. Dans la vallée du Verdon, comme dans la vallée de l'Ubaye, on ne distingue parfois que très difficilement le Flysch calcaire du Flysch gréseux (silex et argile), qui se fait remarquer, au col d'Allos, à la Sestrière, etc.. " par la douceur des pentes et la fertilité des vallons". (Elisée Reclus.) M. Kilian nous fait connaître les terrains oligocènes de notre région dans quelques récentes publications, "L'Oligocène est représenté dans une grande partie de la région par les Grès d'Annot, véritables poudingues ( à Allos)..." "Les Grès d'Annot sont très developpés tout autour du lac d'Allos : "Les terrains que nous venons de décrire offrent, dans la région du lac, la disposition suivante : 5.-Soulèvement des Alpes; retrait de la mer. Le soulèvement des Alpes a lieu après celui des Pyrénées. 6.-Moyen de connaître les sous-sols des terres arables. "On comprend, en effet, que ce sous-sol, suivant qu'il est de même nature ou d'une nature différente du sol, qu'il est perméable ou imperméable, peut augmenter ou corriger les qualités et les défauts de la couche arable qu'il supporte". (Joigneaux.) Or, la terre végétale et le sous-sol qui la supporte sont presque toujours le résultat de l'effritement et de la décomposition des roches environnantes. Ainsi les terrains situés près du Riou, en amont du Villaes-Bas, et ceux du quartier des Bayles sont très argileux, surtout dans leurs parties concaves et au bord des ravins; leur surface est dure, et la charrue y soulève beaucoup de mottes que la herse est impuissante à briser, parce que ces terrains sont formés par l'effritement de la colline argileuse des Becs.   (1) Chaines subalpines, par M. Haug , pp. 146 et 148. (2) En 1843, deux intrépides explorateurs, Agassiz et Desor, reconnurent que le glacier de l'Aar, canton de Berne, à 2700 mètres d'altitude, descendait en moyenne de 75 mètres par an; mais la descente est beaucoup moins lente, à une altitude inférieure. (3) C'est grâce à l'obligeance de ce savant professeur que j'ai pu étudier les terrains d'Allos au point de vue géologique, et je lui en exprime ici toute ma reconnaissance. (4) Les géologues n'ont pas trouvé, chez nous, des terrains appartenant à l'ère primaire. (6) M. Haug, maître de conférences de géologie à la Faculté des sciences de Paris. (7) Bulletin de la Société géologique de France, III° série , t. 23 , pp. 771-772. (8) Il y a donc à Allos, des terrains de même âge que ceux de Sens ( Senones ), du Mans (Cenomanum ). (9) Les terrains qui se trouvent aux alentours de la cuvette lacustre sont les suivants, d'après leur ancienneté : (10) Ces marnes sont quelquefois surchargées de carbonate de chaux et elles deviennent alors des calcaires plus ou moins durs. (11) Documents pour servir à la Géologie des Alpes françaises. (12) M. Léon Bertrand est arrivé à la même conclusion pour la région des Alpes-Maritimes. (13) Les Pyrénées, dit M. Cartailhac, surgirent à la fin de l'éocène; les Alpes, à la fin du miocène. CINQUIEME PARTIE
Description physique, productions. CHAPITRE III FAUNE ET FLORE.
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1.-Faune ancienne d'Allos : Ammonites, Bélemnites, Nummulites, etc. "Ces fossiles ou pétrifications sont si abondantes dans notre département que, sous ce rapport, il peut être considéré comme un des plus riches."
La haute vallée du Verdon n'est pas très riche en fossiles, il est vrai, comme Castellane, On trouve des Mollusques céphalopodes dans les dépôts de terrains néocomiens des environs d'Allos et de Colmars. Les coquillages fossiles nommés Ammonites, à cause de leurs spirales, qui ressemblent aux cornes de Jupiter Ammon, faux dieu des Egyptiens, et les Bélemnites, ainsi appelées parce qu'elles ont la forme d'un trait, se trouvent dans les terrains néocomiens d'Allos, de Colmars, de Mariaud, de Seyne, etc.; mais M. Kilian fait remarquer qu'ils y sont plus rares que dans les contrées classiques de Barrême et de Sisteron. Enfin, les fossiles connus sous le nom de Nummulites, parce que la carapace ou cuirasse qui les recouvre ressemble à une pièce de monnaie appelée en latin nummus, existent dans les terrains tertiaires en maints endroits de notre territoire, aux alentours du lac, où elles sont de petite dimension, près du mont Pelat, sur Rochecline et Roche-grand. "Les montagnes entourant la vallée du Verdon sont, pour la plupart, coiffées d'une calotte de nummulitiques, témoin d'un recouvrement général. "Dans les environs de Colmars et d'Allos, le nummulitique repose le plus souvent sur les calcaires à Inocérames Sénoniens ; mais, en d'autres points, il repose sur le Cénomanien et sur l'Aptien, ainsi que M. Kilian et moi nous avons pu nous en assurer en septembre 1888." Enfin, les mêmes géologues ont constaté l'existence, dans notre territoire et en quelques autres régions montagneuses, de Nummulites très rares dans les Alpes. Tels sont les fossiles que l'on trouve à Allos, précieux vestiges de notre ancienne Faune,rares témoins des ères géologiques, que le docteur Honnorat appelle dates, inscriptions et chartes des siècles qui ont précédé l'histoire écrite et la création de l'homme.
2.-Faune actuelle : poissons, animaux domestiques. Animaux sauvages mammifères. Il ajoute que, "dans le lac d'Allos, il existe, sinon des espèces particulières de Truites, du moins des variétés fort remarquables qui diffèrent beaucoup de celles du lac du Lauzanier et de celles des rivières." On pêche les unes et les autres à la ligne, au fusil et avec différents filets. Sur les bords du Verdon, nous trouvons la Loutre, Luria, que l'on a appelée un représentant aquatique de la famille des Martres, des Belettes, etc. La Loutre se nourrit surtout de poissons, et sa chair est un mets maigre. Les animaux domestiques, que je me contente de nommer, sont les Chevaux, les Mules et Mulets, les Poules, etc. Parmi les animaux sauvages mammifères, on remarque : Le Chamois est semblable à la Chèvre, mais ses jambes sont plus longues et il est d'une agilité extraordinaire. Le Renard, que l'on pourrait nommer Chien sauvage, est l'emblème de la ruse et de la finesse. La Marmotte, en espagnol et en provençal Marmota , est de la famille des rongeurs. Le Blaireau ou Tesson a quelque ressemblance avec l'Ours et le Cochon. Le Lièvre est timide et inoffensif. L'écureuil est un petit rongeur, très commun dans nos montagnes, qui construit son nid au sommet d'un arbre élevé, et si ingénieusement qu'il préserve ses petits de la pluie. ( Docteur Honnorat.) La Martre et la Fouine ne diffèrent que par la couleur du poil qu'elles ont sous la gorge. La Belette, au contraire, détruit le Mulot et autres animaux nuisibles. La Taupe dévore également beaucoup de petits insectes nuisibles. 3.-Oiseaux de proie. Oiseaux qui émigrent et ceux qui n'émigrent pas. Petits oiseaux. Reptiles. L'Aigle établit son nid dans les anfractuosités des rochers de nos plus hautes montagnes, où, malgré sa vigilance et la puissance de ses serres, des chasseurs s'emparent quelquefois de ses petits. Il est, avec le Faucon, la terreur des Poules, qui, en les voyant fondre sur elles, jettent un cri d'effroi et se cachent dans les buissons. L'Epervier est également rapace, mais plus petit, puisqu'on donne en général ce nom à toutes les petites espèces du genre Faucon. La Pie, comparable à l'Epervier par sa voracité, fait de tout sa nourriture. Le Geai, criard comme la Pie, se nourrit surtout de graines, d'insectes et de baies de fruits. Le Corbeau, solitaire et vorace, se nourrit de fruits et de petis animaux nuisibles ou utiles jusqu'à la grosseur des Levrauts (Joigneaux) ; mais sa nourriture de prédilection est la chair des cadavres. Le Faisan, que l'on trouve dans les forêts d'Allos, particulièrement à Valsibière, n'est pas le Faisan proprement dit que les Grecs, revenant de la conquête de la Toison d'Or, rapportèrent des bords du Phase, d'où vient le nom de Faisan qu'il faudrait orthographier autrement; c'est le Coq de bruyère ou petit Tetras, nommé Faisan de montagne dans la Haute Provence. La Perdrix blanche ou Lagopède, que l'on rencontre à Allos, à Colmars, à Barles, à la Colle-Saint-Michel, porte le nom de Gealabra, parce que ce gallinacé habite les montagnes les plus froides. Le Pivert ou Pic-Vert, en provençal Picatas, est un oiseau à plumage vert et jaune, dont la langue longue et visqueuse saisit facilement dans les troncs d'arbres les insectes qui y sont cachés. Le Pigeon ramier (Pigeon favart) vit dans nos bois à l'état sauvage. Disons enfin que la tribu nombreuse des petits oiseaux, comme les appelle M. Joigneaux Les Hirondelles, dit-il et les Gobe-Mouches font pendant le jour, autour de nos habitations, la même chasse incessante que les Chauve-Souris pendant la nuit.... "La grande division des oiseaux appelés Becs-fins détruisent une quantité incroyable d'insectes. "Ces innocents petits oiseaux purgent nos jardins, nos près et nos bois des ennemis de nos cultures et remplissent nos bosquets de leur chant gracieux et varié. "Les Alouettes, quoiqu'en partie granivores, sont très friandes d'insectes. "Il faut encore recommander comme grands destructeurs de larves deux oiseaux plus grands, la Huppe et le Coucou. "Les petits oiseaux nommés en général Gros-Becs et granivores vivent, la plupart, de semences, de plantes sauvages ou de graines cultivées tombées à terre qui, sans eux, resteraient sans emploi, et ces oiseaux sont presque exclusivement insectivores dans leur jeune âge. "Les Moineaux, qui sont partout les compagnons de l'homme, sont sans doute incommodes lorsqu'ils dévalisent nos cerisiers, nos petits pois ou les céréales semées trop près des habitations; mais, d'un autre côté, on a constaté le nombre étonnant de chenilles et autres insectes nuisibles qu'un Moineau porte à ses petits, pendant les trois ou quatre couvées qu'il élève dans l'année.... "L'Etourneau est un oiseau précieux, grand amateur de chenilles, de vers et de limaçons. Parmi les reptiles, la Vipère est le seul venimeux que l'on rencontre à Allos et que l'on doive détruire, par conséquent. Les Couleuvres et les Crapauds sont éminemment uitles pour préserver les jardins des larves et des limaçons.
4.-Flore de la vallée du Verdon. Les forêts de Lambruisse, de Chamatte, de Monier. Les éléments floristiques méditerranéens plus fréquents dans la vallée du Verdon que dans celles de la Bléone et de l'Ubaye. M.Zürcher a bien montré comment s'est formé le relief de la région à travers laquelle les eaux du Verdon ont dû se frayer un lit; Les cours d'eau venant des grands massifs, pour se frayer une voie vers la mer, ont emprunté successivement des dépressions d'origine diverse; elles étaient mal raccordées ou ne se raccordaient pas; c'est après un long travail et très varié, suivant la zone qu'ils avaient à traverser, qu'ils ont fini par établir leur cours actuel. Aucun ne présente, à cet égard, plus de variété que le Verdon. C'est à Saint-André de Méouilles que le Verdon sort de la zone des Grands Massifs, pour s'insinuer dans la zone disloquée où nous ne le suivrons pas. En amont de Thorame-Haute, la vallée appartient définitivement au type le plus simple; c'est une vallée synclinale comprise entre la chaîne du Cheval-Blanc, à l'Ouest, et la chaîne à laquelle appartiennent le Cheval-de-Bois (2841 mètres), le Pelat (3053 mètres), les Grandes-Tours (2745 mètres) et la Tête-de-l'Encombrette (2682 mètres). Cette même portion du cours de la rivière offre aux études du botaniste des conditions comparables. Le noeud orographique du bassin du Verdon est le massif de Siolane; plus exactement, c'est la fourche comprise entre le pic des Trois-Evêchés et la Sestrière. C'est bien encore aux Alpes méditerranéennes ou maritimes que la flore rattache la vallée supérieure du Verdon; mais le caractère méditerranéen y est moins accusé déjà que dans la vallée du Var. Les personnes les moins familiarisées avec la géographie botanique reconnaissent sans effort que la végétation varie beaucoup avec l'altitude. Aux environs de Saint-André et et dans tous les vallons qui aboutissent au Verdon non loin de ce bourg, la flore appartient évidemment à l'association florale du Chêne rouvre (Quercus sessiliflora var. pubescens) ; mais le chêne y est rare comme tous les arbres feuillus; le Noisetier, le Cerisier Mahaleb, l'Amélanchier sont rares en bien des points, par suite de la dénudation occasionnée par les abus d'exploitation et de pâturages. Que le Chêne existe ou non, c'est bien l'association du Chêne rouvre qui occupe le fond de la vallée. La forêt de la Mure (960-1370 mètres) nous donne une bonne idée de l'association du Chêne rouvre dans la vallée; l'Erable champêtre, l'Erable à feuilles d'Obier, le Genêt cendré, le Cerisier Mahaleb, l'Alisier blanc, l'Amélanchier, le Groseillier épineux, le Viorne flexible, le Buis et le Genévrier commun forment les sous-bois. Parmi les espèces moins exigeantes au point de vue de la lumière, signalons seulement les plus remarquables : Sur l'autre rive du Verdon, en face et un peu en amont de la Mure, une forêt de Chênes en bon état, en mélange avec le Hêtre, le Pin sylvestre et le Noisetier, permet d'ajouter à cette liste quelques espèces : La montagne de la Chamatte nous fournit l'occasion d'étudier la zone du Hêtre; elle y occupe surtout le versant exposé au levant et l'ubac des bois d'Allons, mais aussi, à une altitude bien plus élevée, l'adrech de la Chamatte, de 1350 à 1670 mètres. Le sommet de la Mure, de 1650 à 1775 mètres, et celui de Chamatte, de 1650 à 1880 mètres, sont occupés par des prairies d'aspect alpin et qu'un oeil peu exercé prendrait pour des prairies alpines fauchables. La Chamatte nous en fournit, du reste, une démonstration éclatante. D'ailleurs, les prairies pseudo-alpines de Chamatte, de la Mure, de Lambruisse, de Cordoeil comprennent une majorité d'espèces de la zone du Hêtre avec un nombre relativement faible d'espèces alpines; ce sont à Chamatte : L'ubac de la forêt communale de Lambruisse possède une belle forêt de Sapins (Abies pectinata) ; au plus près du village, des abus d'exploitation d'ancienne date ont mis le Pin sylvestre à la place du Sapin. Revenons à la vallée principale, pour nous engager dans sa partie supérieure entre les deux chaînes alpines. Dès qu'on s'élève un peu au-dessus de Colmars, à l'ubac surtout, on est dans la zone des forêts subalpines.
La paix fut établie par le traité d'Utrecht, conclu entre la France (11 avril 1713) et l'Espagne (13 juillet) d'une part, et, d'autre part, l'Angleterre, le Portugal, la Savoie, la Prusse et la Hollande.
Le duc de Berwick survint pendant les dernières délibérations et plaida notre cause :
"A mon arrivée, dit-il, je trouvai que les articles de paix étaient sur le point d'être réglés...Je conseillai de demander la vallée de Barcelonnette, qui nous était d'un si grand avantage pour défendre l'entrée de la Provence et du Dauphiné.
Le roi et ses ministres n'avaient nulle envie de faire la proposition, de crainte qu'elle ne retardât la conclusion de la paix, mais enfin j'insistai si fort qu'on y consentit.
Le duc de Savoie, qui, de son côté , craignait que, s'il faisait le difficile, les autres alliés ne signassent sans lui et qui, de plus, ne connaissait pas l'importance de ce qu'on lui demandait, ne fit aucune difficulté; et de cette manière la France a gagné une vallée abondante et composée de douze communautés."
Note (1)
Nous devons donc notre retour à la France, en 1713, à l'intervention d'un militaire diplomate, connaissant par expérience les avantages qu'offre la vallée de l'Ubaye au point de vue stratégique, et à l'ignorance de Victor-Amédée, à ce sujet.
Le 30 décembre 1714, Louis XIV réunit la vallée de Barcelonnette et ses dépendances à la Provence, dont elles faisaient partie autrefois et à laquelle elles revenaient, comme à leur origine et à leur principe.
Une autre déclaration du roi du 21 février 1716 et un arrêté de son conseil d'Etat du 11 janvier de la même année réglèrent la juridiction de la vallée de Barcelonnette.
Les commissaires spéciaux, nommés par les gouvernements de France et de Savoie, devaient établir la ligne de frontière des Alpes de manière à éviter, à l'avenir, tout prétexte de guerre.
Leur mission était, en conséquence, aussi importante que difficile, car, selon un historien de nos jours, Il n'est pas de ville en Provence qui ait plus souffert que Barcelonnette des guerres de frontières, et les communautés de son district ont naturellement partagé ses épreuves.
La convention de 1713 ne put en résoudre toutes les difficultés, et le traité conclu à Turin, le 24 mars 1760, s'en occupait encore en ces termes :
"Pour ce qui concerne la limitation établie par le traité d'Utrecht et par la convention de 1718, entre le Piémont et le Dauphiné et, successivement, entre la vallée de Barcelonnette et d'Entraunes, les neiges qui couvrent cette frontière ne nous ayant pas permis de la parcourir, dès que cet obstacle sera levé, nous nous réservons de donner des dispositions convenables."
Note (2)
Note (3) et la misère des habitants paralysaient l'enthousiasme et empêchaient les réjouissances populaires.
Le colonel avait exigé du bois pour la construction d'un corps de garde; il avait placé les chevaux de ses éqipages jusque dans les hameaux et demandé des mules aux habitants pour le transport du pain de munition de Colmars à Allos.
Ajoutons que le quartier dit de Ville était en procès avec le Seignus, Bouchiers-Villard et la Foux, à cause des logements militaires, depuis la guerre de 1690 à 1696.
Les délibérations de 1713 et des années suivantes, jusqu'en 1716, ont en général pour objet des difficultés financières que la communauté s'efforçait de résoudre, tantôt par des impositions, tantôt par des emprunts.
Contentons-nous de mentionner celle du 6 juillet 1714,où l'on s'occupa de la réparation du pont de l'Abrau qui menaçait ruine, et du chemin de Preinier, qui avait été agrandi afin que les troupes y pussent commodément passer.
Les contingents militaires qui étaient envoyés chez nous ne suivaient donc alors ni le chemin du lieutenant de Lesdiguières, venant faire le siège d'Allos, ni celui de Bachasse.
L'évènement le plus important pour nous, de l'année 1716, fut la promulgation de la déclaration de Louis XIV et l'arrêté de son conseil d'Etat, pour l'organisation de l'administration française dans la vallée de Barcelonnette, d'Allos et du haut-Var.
"Le roi ayant fait la grâce à cette vallée de Barcelonnette de lui accorder du sel pour l'usage de ses habitants à seize deniers la livre et, en particulier, à cette communauté de lui accorder un gabelier, sur le lieu, pour la commodité des peuples, pour estre la montagne de Barcelonnette impraticable pendant huit mois de l'année, les habitantsd'Allos, pour mériter la continuation des grâces de Sa Majesté, doivent, non seulement se donner garde d'en mal user, en versant (portant) ledit sel sur la frontière,mais encore prendre toutes les mesures imaginables pour que les faux-sauniers du Piémont et comté de Nice, etc.., ne continuent de passer dans ce territoire, pour introduire leur sel en Provence,ce qui pourrait attirer à cette communauté une augmentation du prix du sel, qui ruinerait entièrement les habitantset les obligerait à abandonner leurs biens."
Note (4)
Il confirma, en outre, une autre amende de deux cents livres portée, la même année, par le conseil du 13 du mois d'avril prochain passé , contre quiconque aurait aubergé et donné retraite, secours, assistance à quelque faux-saunier piémontais du comté de Nice, etc.
La communauté elle-même était obligée, sauf recours aux délinquants, de payer ces amendes aux dénonciateurs, dès qu'ils avaient constaté le délit par des preuves suffisantes.
En effet, ils étaient possesseurs de troupeaux nombreux, et comment auraient-ils pu pourvoir à leur alimentation, si l'Etat avait cessé de leur procurer le sel à un prix modéré ?
Note (5) et il y en avait, à ce prix, un dépôt chez nous, en 1654.
Noble Jean-Ange Pascalis avait promis, devant un juge ducal nommé Balthazard Furno, d'accomplir et d'observer ce qui serait nécessaire pour la conduite et la distribution des sels au banc d'Allos.
Lorsque en 1696 Victor-Amédée voulut augmenter le prix du sel, dans la partie méridionale du comté de Nice, il le diminua, au contraire, d'un liard, dans la vallée de Barcelonnette et son district.
L'avis de M. de Granval prévalut :
Louis XIV, par l'article 14 de sa déclaration du 21 février 1716, maintint l'ancien privilège et accorda à Barcelonnette et à Allos un grenier de sel.
"Ordonnons, dit-il, qu'à la diligence de Paul Mainet, fermier général des fermes-unies, il sera incessamment établi un grenier à sel dans la ville de Barcelonnette, et un autre dans le lieu d'Allos, avec le nombre d'employés et officiers nécessaires pour la distribution du sel, qui y sera vendu et livré aux habitants de la dite vallée, à raison de seize deniers la livre, poids et monnaie de France; leur faisant défense d'user d'autre sel, pour leur pot, salière et grosses salaisons, de le verser en Dauphiné et Provence, à peine d'être punis suivant la rigueur des ordonnances."
" Les consuls de chaque communauté de la dite vallée remettront sans frais aux receveurs des dits greniers, chacun en ce qui les concerne, au 1er octobre et au 1er avril de chaque année, un état signé et certifié d'eux, contenant les noms, qualités et emplois de chaque habitant et le nombre de personnes dont la famille sera composée; ensemble la quantité de bétail, à peine de vingt francs d'amende."
Cette première augmentation fut suivie de plusieurs autres, de telle sorte que, dans la vallée de Barcelonnette, à Allos, etc.;le prix du sel était doublé en 1789, et qu'il s'élevait jusqu'à vingt-cinq francs le minot, en 1849.
On supprima alors les droits, et le commerce vend aujourd'hui le sel à vingt francs les cent kilos, ou soit à dix francs le minot.
"Nous déclarons et ordonnons que la vallée de Barcelonnetteet ses dépendances soit et demeure réunie à notre pays et Comté de Provence et au ressort de nos cours de parlement, comptes, aides et finances, à Aix.
"Voulons que les habitants desdites vallées jouissent des mêmes privilèges, immunités, franchises et libertés dont jouit notre dit pays et comté...à la charge qu'ils n'auront point d'entrée dans les assemblées des communautés de Provence et qu'ils payeront séparément leurs impositions, comme terres adjacentes.
"Donné à Versailles, le 30 décembre de l'an de grâce 1714 et de notre règne le 72eme.
Signé: Louis."
nos pays ne furent pas annexés au Dauphiné, et voici, d'après les cahiers des doléances de la ville et des communautés de Barcelonnette, dans quel régime ou gouvernement particulier elles furent maintenues :
"La déclaration du 30 décembre 1714 unit cette vallée à la Provence; mais, par ses dispositions, elle continue de l'en séparer, puisqu'elle porte qu'elle n'aura point entrée dans les assemblées des communautés de la Provence et qu'elle payera ses impositions comme les terres adjacentes.
L'intérêt et la localité (la situation particulière du pays ) furent les motifs qui déterminèrent Sa Majesté à cette séparation partielle."
Note (6)
"Art.1er.- Les communautés de Barcelonnette, Allos, Jausiers, Meyronnes, Larche, Saint-Paul, Méolans, Revel, Chatelard, Lauzet, Entraunes et Saint-Martin, qui composent ladite vallée, continueront, dans l'usage où elles sont, d'élire et nommer, chaque année, des consuls, des bailes et autres officiers municipaux, et les consuls de Barcelonnette porteront le chaperon, à l'instar des autres villes royales de Provence."
Note (7)
Il sera payé aussi par lesdites communautés la somme de cent soixante livres, annuellement, pour les gages de deux soldats de justice, dont l'un est chargé de la garde des prisons....
......
Les registres des délibérations de la communauté d'Allos nous ont conservé un récit intéressant des élections du baile, des consuls, des défenseurs et des auditeurs, en 1718 et en 1719.
" ont tous unanimement délibéré de procéder à la nouvelle création des officiers de communauté, suivant l'usage du lieu et la disposition des règlements.
A ces fins, les quartiers qui composent cette communauté se sont tous quatre séparés, pour faire choix de leurs électeurs, et, s'étant après réunis en conseil,
"ils ont proclamé les noms de seize électeurs, dont quatre pour chaque quartier.
"Laquelle élection ainsi faite a été généralement approuvée par tous les assistants."
Note (8)
La proclamation des noms a fait connaître le consul, le trésorier et les deux auditeurs de cette section.
La même opération a eu lieu pour Bouchiers et le Villard, la Foux et la Ville.
" et lesdits consuls et défenseurs nouvellement crées ont juré, entre les mains du sieur baile, d'exercer fidèlement leur charge et d'avoir en recommandation le service de Dieu, celui du souverain et le bien public."
Le projet d'inféoder le haut comté de Nice fut annoncé officiellement à Allos par des lettres d'assignation, lues dans le conseil du 13 septembre 1716
Note (9), invitant la communauté à se faire représenter, le lendemain, au conseil général de Barcelonnette.
"Il a été délibéré, dit-il, de s'opposer vivement à l'inféodation et de prendre tous les expédients convenables pour soutenir les privilèges de cette vallée et la conserver dans l'indépendance des seigneurs particuliers et unie au direct domaine du roi."
Le conseil se réunit immédiatement pour délibérer sur ce grave évènement, et voici la remarquable conclusion de sa délibération du 20 septembre 1716 :
Le sentiment de cette communauté n'est pas d'entrer dans aucune contestation avec Mgr. le maréchal de Villars, s'il est vrai qu'il ait obtenu l'investiture, mais, au contraire, de lui donner des marques de notre reconnaissance et de tâcher de mériter la continuation de sa puissante protection...;
de lui présenter humblement les justes raisons que cette communauté a de s'opposer à une inféodation à laquelle elle n'a jamais été soumise, de lui envoyer copie de tous (ses) privilèges et concessions...
et lui offrir en même temps notre consentement , aux conditions que ledit seigneur et ses successeurs laisseront jouir, à perpétuité, les habitants de tous les droits, libertés et franchises dont ils ont joui jusqu'à aujourd'hui, tant pour la justice, nomination des juges, qu'autres...;
que ledit seigneur ne pourra faire lever aucune imposition ni droits, etc.;
mais qu'elle restera toujours attachée à sa famille, et sous les autres conditions à exprimer dans une transaction en forme, qui précède (précèdera) l'exécution de ladite inféodation."
L'inféodation était donc un fait accompli, mais dans des conditions qui ne promettaient pas une longue durée.
Le 13 octobre 1718, les habitants d'Allos furent victimes d'un incendie.
Louis XV leur accorda un secours de 7500 francs, qui ne fut distribué que le 13 octobre de l'année suivante, dans des circonstances qui font honneur à la religion, à la reconnaissance et à la charité de nos ancêtres.
Note (10) aux conditions que la communauté les tiendra acquittés du prix du bois qui leur a été ci-devant fourni et qu'elle leur fournira suffisamment pour se rétablir, et à condition finalement que les frères pénitents blancs, qui font leurs offices dans ladite chapelle, feront célébrer perpétuellement, tous les ans, une messe le 1er dimanche de juillet, et feront, le même jour, leurs prières ordinaires....
pour le roi et ses successeurs."
Avec la même générosité, les victimes de l'incendie donnèrent 11 livres pour habiller un pauvre mendiant étranger, nommé Pierre, qui se trouvait alors à Allos.
Note (11)
La peste a souvent ravagé la Provence.
Nous l'avons vu régner, dit Papon, plus de dix fois dans moins de cinquante ans.
Mais celle qui dépeupla Marseille, en 1720, dépassa toutes les autres calamités.
La nouvelle de ce fléau se répandit jusque chez nous, dans les premiers jours du mois d'août, et les populations furent saisies d'effroi, comme avant 1630.
Des milices improvisées " gardaient le Verdon, avec munitions, pelles, pioches,haches, etc.,
afin d'expulser les fugitifs, ou les arrêter, leur faire faire quarantaine à leurs frais et dépens." ( Histoire de Barrême.)
"Les gardes, pour le poste du détroit ou de Saint-Roch, auront attention de faire arrêter, à vingt pas loin de leur poste, tous ceux qui s'y présenteront, et, s'ils n'ont pas de certificats visés à Colmars, il les arrêteront à leur poste jusqu'à ce que lesdits gardes soient venus avertir les consuls et qu'ils aient reçu leurs ordres."
Il fallait donc, pour arriver à Allos, passer par les chemins royaux de Barcelonnette ou de Colmars et avoir un certificat visé dans l'une ou l'autre de ces deux villes.
le fléau avait cessé de ravager la Provence, et chacun recouvrait la liberté et la tranquilité.
Le conseil général d'Allos s'occupa, en 1726, d'un projet de transaction entre la communauté et Mgr. l'évêque de Senez, relativement à la dîme.
Voici quel était ce projet, d'après la délibération du 29 janvier :
"Les habitants des paroisses de la Ville, de la Foux, Bouchiers et la Beaumelle s'obligent de payer :
celle de la Ville, la rétribution du secondaire de ladite paroisse, par imposition sur les chefs de famille, sans pouvoir la rejeter sur la taille, au préjudice des habitants des paroisses susdites; et les habitants de la Foux, la Beaumelle et Bouchiers s'obligent pareillement à payer, comme ils ont fait par le passé, les gages ou rétribution de leurs curés respectivement, comme ils y sont obligés par leur sentenière d'érection de leurs cures et à tenir le corps de la communauté en général garanti et déchargé , tant desdits gages et rétribution que de l'entretien de leurs églises et maisons claustrales (presbytères ), pendant tout le temps que le corps de la communauté restera saisi de la dîme en espèces, au moyen d'une pension annuelle de 800 francs qu'elle payera au seigneur évêque."
Pour triompher de leur opposition, le conseil général se contenta d'un engagement plus restreint, qui est résumé en ces termes dans la délibération du 5 février 1726 :
"Ils se sont tous volontairement obligés de payer à Hyéronime Chaix, curé actuel de Bouchiers, la somme de 200 livres et trente-quatre charges de bois par an, ou soit une charge de bois pour chaque habitant, payables, les 200 francs et le bois, la moitié à Pâques et l'autre moitié à la Toussaint.
Moyennant quoi, et les autres droits casuels accoutumés et l'entretien convenable de son habitation, le R. Hyéronime Chaix ne pourrait autre chose demander, pour ses droits:
sauf recours à (pour) la communauté, au cas qu'elle soit obligée de faire ledit payement, de lever les droits décimaux sur ladite paroisse, suivant le pouvoir qui lui en sera conféré par Mgr. l'évêque dans la transaction."
En effet, le 26 novembre 1727, le conseil de la communauté envoya à Castellane Jean-Hyacinthe Pascalis, auprès de M. l'abbé de Saléon, vicaire général du diocèse,
Note (13) afin de conférer avec lui sur les moyens à prendre pour faire cesser ces dissensions.
Le 5 juillet 1728 et le 15 septembre 1729, il délibéra sur le procès qu'il soutenait contre Hyéronime Chaix, curé de Bouchiers.
un mémoire à Mgr. le Cardinal, premier ministre,
Note (14) et supplié Son Eminence de nous accorder le sursis du jugement du procès jusqu'à ce qu'il y ait un évêque, dans le diocèse, en état de soutenir ses droits, qui sont unis à ceux de la communauté en général et à ceux des particuliers d'icelle, paroissiens desdites succusales.
Ces facheuses divisions n'offrent qu'un avantage, c'est de nous faire connaître, sous le rapport financier, l'administration communale et l'administration paroissiale, à cette époque.
Mgr. d'Amat de Volx, évêque de Senez (1757-1771 ), chargea Jean-Jacques Guirand, notaire, Jean-Hyacinthe Gariel, notaire, et Joseph Guirand, médecin, d'exiger la partie des produits appelés décimaux et tous les revenus des terres appartenant au prieuré nouvellement délaissées par l'option du curé d'Allos, et de faire, chaque année, les payements suivants, savoir :
500 livres à M. le curé d'Allos;
800 livres, aux quatre secondaires;
Note (15)
90 livres, pour le prédicateur, et 1800 livres, au seigneur évêque.
Les fermiers de la dîme pourvoyaient, en outre, à l'entretien de la lampe du Saint Sacrement et laissaient jouir le clerc-sonneur de la terre qui lui est affectée pour son service.
La communauté d'Allos avait en même temps à défendre des intérêts encore plus importants :
ses privilèges relatifs à la justice et à la milice.
L'assemblée proteste unanimement contre cet abus, disant que la communauté nomme chaque année son baile, que celui-ci nomme à son tour un ou plusieurs suppléants appelés ses lieutenants, auxquels il communique sa juridiction pour le remplacer quand il y a lieu, en vertu des privilèges et des anciens usages du pays et de la déclaration du roi, réglant la juridiction de la vallée de Barcelonnette (21 février 1716.).
Elle charge les consuls d'envoyer à son procureur, à Digne et à Aix, les pièces nécessaires pour soutenir à ce sujet, les droits de la communauté.
Notes : Ci-dessous les 15 notes de ce chapitre.
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Nous avons dit que, pendant les guerres de 1690 à 1696, le clocher de Notre-Dame de Valvert avait été démoli et que sa chute avait ébranlé la voûte du sanctuaire.
"firent rendre compte aux marguilliers du Saint-Sacrement et de Notre-Dame de Valvert.
Ils recueillirent par ce moyen une somme d'argent assez considérable pour payer la dépense et s'entendirent avec un maître-maçon,nommé Joseph Classe, qui s'obligea moyennant la somme de 270 francs, pour son travail seulement, à faire la réparation", dont l'urgence était manifeste.
En effet, la voûte du presbytère
Note (1) était entr'ouverte; la pluie et la neige tombaient à côté du maître-autel, et c'est pourquoi, dans le conseil du 7 avril 1707, le prix fait convenu entre les consuls et le maître-maçon fut approuvé, malgré la multiplicité des affaires que la communauté avait journellement, à cause de la guerre.
L'église d'Allos était encore dans ce triste état en 1727.
C'est ce que nous apprend une délibération du 15 juin de cette année :
"La prorogation obtenue par la communauté pour l'interdit de l'église paroissiale étant bien près d'expirer, il est nécessaire de faire procéder aux réparations prescrites par Mgr. l'Evêque, afin d'éviter l'interdit."
On parvint enfin à reconstruire la partie de la voûte et des murailles du chevet de l'église les plus endommagées; mais cette reconstruction fut faite en grossière maçonnerie, et des pierres informes remplacèrent les colonnettes et les arceaux gracieux qui, heureusement, ont été rétablis de nos jours (1895) dans leur forme primitive.
Cette construction fut difficile à entreprendre et laborieuse dans son exécution, soit à cause de la mauvaise récolte de 1729, soit par suite d'autres malheurs publics.
Chose singulière, elle portait toujours le nom de clocher.
Le 2 septembre 1736, Joseph Guieu, vicaire perpétuel, disait au conseil de la communauté :
"Les murailles du clocher nouvellement construites souffrent beaucoup, à cause de la pluie, de la neige, etc., étant à découvert, outre qu'il est absolument nécessaire de faire la voûte qui doit former la sacristie, au bas dudit clocher."
" qui s'était approprié le chemin qui a été de tout temps autour de l'église, qui servait au passage de la procession paroissiale (dominicale) et au chemin royal, ainsi qu'au cimetière des enfants non baptisés."
Note (2)
La communauté d'Allos avait, en même temps, à traiter une autre affaire importante, l'aliénation de la montagne de Preinier et de ses dépendances.
Cette montagne avait été vendue, le 17 avril 1716, à Pierre-Louis Laurens, au prix de 4000 francs.
Jean-Baptiste Spitalier et Louis Jacques, de Barcelonnette, firent une campagne contre cette vente, disant qu'elle avait été faite sans formalités, sans enchères et à un prix dérisoire.
Jean-Baptiste Gariel, consul, et Jean-Dominique Gariel, défenseur, leur répondirent, dans le conseil du 26 septembre 1734, que Laurens l'avait achetée pour Jean-Hyacinthe Pascalis et que le prix en fut réglé à cette somme modique pour indemniser le sieur Pascalis des dépenses considérables qu'il avait faites pendant son voyage et un séjour de quatre ans à Paris, pour solliciter la réunion de la vallée de Barcelonnette et de cette communauté à la Provence.
Elle produisit 9000 francs, par conséquent un bénéfice de 5000 fr. pour la communauté.
Il parait qu'à cette époque les rapports commerciaux entre la vallée de l'Ubaye et celle du Verdon étaient relativement considérables.
Nous lisons, à ce sujet, dans la délibération du 11 octobre 1739, que les membres du conseil appelèrent en ces termes l'attention de l'intendance de Barcelonnette sur l'état des chemins, entre Allos et Barcelonnette:
"Les chemins ont un besoin absolu de réparations, afin que tant les habitants que les voituriers de la haute Provence puissent continuer leur commerce, interrompu par la 'déformosité' desdits chemins."
Les consuls proposèrent cette réparation, après avoir reçu avis de leurs collègues d'Entrevaux de l'arrivée de dix compagnies d'un bataillon qui devait avoir étape à la Foux.
Cependant l'Europe entière avait pris les armes pour disputer ou pour défendre l'héritage de Marie-Thérèse.
C'étaient les guerres de la succession d'Autriche, dont nos ancêtres eurent à souffrir depuis 1742 jusqu'en 1748.
Cet ordre n'ayant pas eu assez tôt sa pleine et entière exécution, on envoya à Allos, dès le 22 août suivant, quatre grenadiers de contrainte pour défaut de fourniture.
-quarante cinq sols à percevoir dès le lendemain;
-trente sols, dès le 1er octobre prochain,
-et trente sols, dès le 8 du mois de juin aussi prochain.
De quoi tout, il sera payé :
Par ordre du comte de Lautrec, lieutenant général, commandant l'armée des frontières du Piémont, la communauté dut fournir, sans délai, deux compagnies de miliciens qui devaient se rendre incessamment à Larche.
Note (3)
Il fit recommander aux communautés de son diocèse de mettre en réserve l'argent nécessaire pour payer les contributions de guerre qu'exigerait l'ennemi, en cas d'invasion.
Et, en effet, un corps d'armée austro-sarde, commandé par le général d'Orméa, arriva à Castellane, avant le 20 décembre 1746.
"Les vigueries de Barrême, d'Annot, de Moustiers et de Digne étaient envahies.
Ordre fut donné aux consuls des communes comprises dans leur ressort de se rendre à Castellane, pour y régler les contributions en argent et en subsistances qui devaient être fournies à l'armée."
Note (4)
Le bon prélat craignait, non sans raison, qu'en présence d'un refus de contribution, motivé même par la privation de toutes ressources, l'armée ennemie ne se portât à de terribles excès, et il essaya de les prévenir.
Le 18 décembre 1746, il écrivait à Pascalis de la Sestrière, commissaire de guerre, son subdélégué dans la vallée :
Une pareille conduite est très répréhensible.
Je vous prie de témoigner aux consuls combien je suis mécontent."
"Signé : LA TOUR DE GLENE."
Cet ordre leur fut notifié par le subdélégué du général Chevert, Pascalis de la Sestrière, commissaire de guerre de la vallée, qui, pour accélérer le transport, réquisitionna non seulement les bestiaux des habitants, mais les habitants eux-mêmes, hommes, femmes, garçons et filles !
Les membres du conseil de la communauté donnèrent, en cette circonstance critique, une preuve non équivoque de leur habileté, en se contentant de mettre à la disposition de l'autorité militaire les mulets dont ils pouvaient disposer
Note (5) et en s'adressant aux consuls de Barcelonnette et de Colmars pour gagner du temps et agir de concert avec eux.
"une brigade de six ou sept conducteurs et de vingt mules ou mulets propres à soutenir une longue voiture."
Note (6)
Mais l'établissement de ces brigades n'ayant pas produit le résultat qu'on en attendait, l'intendant de Latour prescrivit une autre organisation:
" A l'avenir, dit-il, le transport des foins, pailles et avoines sera payé, à raison de six sols par quintal et par lieue; au moyen de quoi, les muletiers seront tenus de nourrir les mulets, ne seront plus assujettis aux brigades et ils seront assurés d'être payés exactement, à chaque voyage, dans les magasins où ils verseront les matières."
Par ordre du commissaire de guerre et de M. de Crupol, commandant les troupes de Barcelonnette, ces nouveaux magasins devaient contenir trois mille cinq cents quintaux de foin.
Note (7) que M. de Rignac, commandant le fort de Saint-Vincent, avait soumises à l'autorité de M. de Sabran, major de Colmars, lorsque la défense de la vallée du Verdon l'exigerait.
Sur l'ordre du même commandant, le conseil municipal fit construire un baracon ou cabanon au Laus, et le chemin d'Allos à cette montagne fut réparé, parce qu'on craignait d'être surpris par l'ennemi, de ce côté.
Elle mit pour condition qu'ils seraient remplacés de huit jours en huit jours.
Note (8)
Mais, lorsque cet heureux événement fut connu de nos pères, ils souffraient des ravages d'un autre fléau, l'incendie du chef-lieu de leur communauté.
Cet incendie eut lieu le 15 novembre 1747.
Il fut si violent que l'église paroissiale, malgré son isolement devint la proie des flammes.
C'est ce que répondirent les consuls au commandant de Crupol, qui voulait emmagasiner beaucoup de foin à Allos, en 1748 :
Il n'y a plus dans la ville, dirent-ils, ni église, ni chapelle, ni granges, pour emplacer le foin, attendu l'incendie générale (sic), arrivée (sic) le 15 novembre dernier."
Il plaida si bien la cause de ses infortunés compatriotes que Louis XV, par arrêt de son conseil du 4 juillet 1748, accorda un secours extraordinaire de 43000 livres.
Voici, d'après les registres du conseil d'Etat, ledit arrêt en sa forme et teneur :
"Le roi ayant été informé de l'incendie arrivé dans la ville d'Allos, vallée de Barcelonnette, la nuit du 15 au 16 novembre 1747, et voulant procurer un soulagement aux habitants de ladite ville qui ont souffert de cet accident et leur procurer le moyen de rétablir leurs habitations... Sa Majesté a ordonné et ordonne que, pendant treize années consécutives, à commencer la présente année 1748, le produit du tax de la capitation et du dixième, qui s'imposent annuellement sur les habitants de ladite ville, leur soit distribué...A la charge par lesdits habitants de continuer leur résidence à Allos et d'y rétablir leurs maisons incendiées."
Le seigneur de Latour donna ses ordres à Jean-Dominique Pascalis de la Sestrière, son subdélégué à Barcelonnette, et ce dernier se transporta à Allos, où, le 3 novembre 1748, il régla, en présence des officiers municipaux, la répartition de l'indemnité royale de 43000 livres 14 sols, payable, chaque année, au moyen du produit des impositions de la communauté.
Il égala les deux tiers des dommages causés par l'incendie.
L'état de répartition portait 1504 livres pour les réparations à faire au sanctuaire et à la nef de Notre-Dame de Valvert, et 1358 livres pour les chapelles de Saint-Sébastien et de Saint-Joseph.
Conformément à l'avis unanime des incendiés, cette dernière somme fut intégralement employée à Saint-Sébastien,
Note (9)" à condition que la confrérie des pénitents blancs ferait célébrer, chaque année et à perpétuité, une grand'messe, le 15 novembre, pour le roi et la famille royale, et qu'on supplierait Mgr. l'évêque de permettre qu'on donne, en ce jour, la bénédiction du Saint Sacrement."
Note (10)
la réparation de l'église paroissiale, la construction d'un clocher et l'acquisition d'une horloge.
On se préoccupait surtout " de la construction d'un clocher, pour mettre les cloches à l'abri des injures de l'air et les placer de manière que leur son fût facilement entendu de tous les habitants de la paroisse..., et, Jean-Baptiste Paulet ayant consenti que le clocher fût placé sur la tour qu'il possède, dans la partie orientale de son jardin, à la condition neanmoins qu'il continuera de jouir de rez-de-chaussée de ladite tour, les assistants ont promis de lui payer, avant le 1er décembre prochain, la somme de cinquante livres."
" que les 685 livres 8 sols 6 deniers provenant de l'indemnité accordée pour la perte du foin consummé par les flammes, dans la chapelle Saint-Joseph, ont été destinés à l'achat d'une horloge et à la construction d'un clocher".
Enfin les incendiés réunis déclarent qu'ils ajoutent à cette somme 584 livres.
En même temps, Joseph Guirandy, maître horloger à Digne, préparait l'horloge tant désirée par la population.
Elle coûta 550 francs, non compris les frais de transport.
Lorsqu'on commença à réparer les désastres de l'incendie de 1747, le conseil municipal délibéra, à différentes reprises, sur les plâtrières de la montagne du Laus.
Il paraît que les habitants du hameau de Champrichard, qui avaient contracté, à prix fait, l'obligation de tenir l'une de ces carrières ouverte, étaient infidèles à leurs engagements.
Le conseil du 14 juillet 1748 chargea les consuls de les mettre en demeure de remplir leurs obligations incessamment, et, en cas de refus, de les poursuivre en justice, sans perdre un moment.
Afin de mettre un terme à cet état de chose, le conseil se réunit de nouveau, le 28 octobre suivant, pour examiner si le prix fait consenti par les habitants de Champrichard les obligeait encore ou non; lorsque l'un d'entre eux, Jean Rebattu,
" se présenta pour prévenir toute contestation.Il s'obligea à ouvrir la plâtrière, à la tenir ouverte pendant six ans, à partir du prochain mois de juin et à fournir du plâtre cuit à 7 sols le quintal ou le setier, au choix des habitants.
La communauté lui accorda quarante-cinq livres pour ouvrir ladite carrière et l'autorisa à prendre du bois à la forêt de Maunier."
Le 28 décembre 1749, les consuls d'Allos présentèrent au conseil de la communauté l'édit du roi qui établissait un impôt du vingtième sur tous les biens, dont le produit devait être versé dans une caisse générale pour l'extinction des dettes de l'Etat.
Ce nouvel impôt remplaçait celui du dixième établi par Louis XIV, pour les besoins de la guerre.
Il fut perçu en espèces par des agents royaux qui ne voulaient s'en tenir ni aux évaluations des affouagements, ni aux indications des cadastres sur le revenu des propriétés.
Les communautés de Provence en demandèrent la transformation, par leurs remontrances de 1749 et de 1750, et il leur fut permis de faire percevoir le vingtième par leurs trésoriers, comme les autres impôts.
A partir de cette époque jusqu'en 1789, il n'y eut plus de changements notables dans les impositions payées par la communauté.
Après l'incendie de 1747 et le traité d'Aix-la-Chapelle (1748), nos ancêtres purent enfin jouir des bienfaits de la paix.
"La vallée se trouve sans troupes",
disaient-ils dans la délibération du 2 février 1759.
La guerre de sept ans, il est vrai, n'était pas terminée; mais le théâtre de cette guerre était loin de nos contrées, et, s'il y est fait allusion dans nos archives, c'est à l'occasion des réjouissances publiques ordonnées par le duc de Villars, après la victoire remportée par l'armée française en 1757.
Cette période de tranquillité permit à la communauté de s'occuper avec soin de l'administration intérieure et de réaliser des projets très utiles.
Si cette mesure avait produit le résultat qu'en attendait la municipalité, les habitants du quartier auraient aujourd'hui des pâturages pour les gros bestiaux et du bois de construction sur place.
Note (11)
Ce prêtre promit d'obtenir de la Cour d'Aix un arrêt autorisant la municipalité à racheter cette montagne par le remboursement des 16000 fr. payés par le premier acquéreur.
Il demanda pour cela 1000 francs, payables après l'obtention de l'arrêt.
Cette proposition troubla profondément le conseil, réuni pour l'entendre; les possesseurs des montagnes refusèrent de prendre part à la délibération, et Alexandre Pascalis, du Laus, attaqua violemment l'abbé Bourillon.
Il craignait qu'on l'envoyât à Aix comme député, pour provoquer l'arrêt qu'il avait promis.
Le conseil décida cependant, malgré ce violent orage, de soumettre le projet à deux avocats du Parlement.
Note (12)
Mais cette consultation demeura sans résultat pratique, et la communauté d'Allos n'a jamais pu recouvrer les montagnes qu'elle avait aliénées dans un temps de calamité publique.
Le 10 novembre 1747, Pascalis de la Sestrière, commissaire ordinaire des guerres et subdélégué de l'intendant de Provence, était à Allos.
Il fit comparaître devant lui les consuls existants :
Jean-Dominique Pellissier et Jean-Antoine Chaix ( les deux autres consuls étaient morts ),
pour leur donner des successeurs d'après leurs indications, et il annonça que cette manière de procéder au renouvellement de la cour consulaire serait maintenue jusqu'à ce qu'il plût au roi de rétablir la liberté de l'élection.
Cette liberté ne leur fut rendue que dix ans après.
Et, en effet, le 10 juin 1764, par un arrêt de son Conseil d'Etat, Louis XV fixa la forme des conseils municipaux et la manière de procéder aux élections municipales dans la vallée de Barcelonnette.
" Vu par le roi, étant en son conseil, les règlements particuliers ou capitulations des dix communautés qui composent la vallée de Barcelonnette, et Sa Majesté ayant reconnu que les assemblées des conseils municipaux étaient sujettes à beaucoup d'inconvénients, attendu que tous les habitants peuvent y assister à la fois, ce qui les rend tumultueuses et contraires au bien de l'administration; à quoi Sa Majesté voulant pourvoir, elle a ordonné ce qui suit :
..........
..........
ceux d'Allos, Saint-Paul et Jausiers, au nombre de quinze,
et ceux de Larche, Meyronnes, Méolans, Revel, le Lauzet et Châtelard, au nombre de douze,
à l'exception néanmoins des conseils qui se tiendront pour l'élection des officiers municipaux.
Note (13)" Nous l'avons autorisé et autorisons par les présentes lignes de notre main et nous mandons de le faire lire, publier, registrer et observer."
Il fut lu par le baile d'Allos et enregistré au conseil du 4 août 1765.
En fin, ledit arrêt fut observé, dans toute sa teneur, à partir du 19 octobre 1766, avec cette particularité que chaque consul, défenseur et conseiller désignait son successeur, qui n'était définitivement nommé que par l'approbation du conseil.
Depuis longtemps, la communauté avait le projet de faire construire une maison de ville pour en faire le lieu des assemblées du conseil, le prétoire du baile-juge et des consuls et le dépôt des archives.
En 1745, les circonstances paraissaient favorables à la réalisation de ce projet, et on voulait ménager dans la maison à construire le logement du secondaire de la paroisse, qui était en location aux frais de la municipalité; mais les contributions de guerre et le passage des troupes avaient absorbé toutes les ressources du pays.
Le 20 janvier 1766, le conseil, réuni dans la maison de Joseph Guieu, vicaire perpétuel, délibéra de nouveau à ce sujet et chargea les consuls
" de louer un appartement convenable pour les assemblées du conseil, les audiences du baile et des consuls et les papiers de la communauté."
Note (14)
l'usage de traiter les affaires communales sur la place publique, de rendre la justice aux portes de la modeste cité, sous un arbre ou sur un banc de pierre, comme faisaient les Hébreux, saint Louis, roi de France, sous le chêne de Vincennes, et les anciens juges de Barcelonnette, déclarant que le banc sur lequel ils étaient assis était leur tribunal.
C'était une ampliation des articles 7 et 8 de l'instruction du 15 décembre 1766, relative à la comptabilité des régiments en marche :
Cette indemnité s'élevait, pour eux et pour les autres communautés de la vallée, à la somme de trois cent soixante et dix mille livres.
"moyennant l'abandon de dix pour cent, pour les cent mille premières livres; vingt cinq pour les secondes cent mille livres, et trente-cinq pour cent, pour les soixante et dix mille livres restantes, qu'ils ne pourront retenir qu'après que le payement du tout aura été dûment ordonnancé ".
" Il vous était enjoint par divers arrêts du règlement de la Chambre des eaux et forêts, notamment par celui du 31 mai 1763, de veiller à ce qu'il ne soit fait aucun défrichement aux lieux penchants et ardus, ni au bord des rivières, ravins, torrents, et de dresser annuellement, dans le mois d'octobre, procès-verbal de ceux qui auront été faits.
La même déclaration prononce condamnation de trois mille livres d'amende contre ceux qui défricheront des terrains ardus sans avoir la permission, ou sans avoir observé les susdites conditions."
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Il défendit Soanen, au concile d'Embrun, avec tant d'ardeur qu'on l'accusa d'être lui-même janséniste.
Afin de n'être pas condamné, il quitta immédiatement Embrun et se réfugia à Paris.
Dans les dernières années de sa vie, il était curé de Clignon, où il mourut.
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Cependant l'installation des nouveaux officiers, fixée au 1er janvier, devait être faite devant la chapelle de Saint-Sébastien, en présence du baile, qui les déclarait consuls et défenseurs de la communauté, recevait leur serment et ordonnait à tous les habitants de leur obéir, pour le fait de leur charge et sous toutes les peines de droit.
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Les communications entre Allos et Barcelonnette ont toujours été difficiles, pendant l'hiver.
Mais on voit difficilement ces pieux, lorsque le jour est obscurci par des tourmentes de neige aussi redoutables que les bourrasques de la mer.
Note (1)
La croix, signe d'espérance et de salut, fut donc désormais le guide des voyageurs, en ces lieux escarpés, et la communauté d'Allos témoigna sa reconnaissance à Antoine Jaubert en lui faisant remettre une modeste somme d'argent, "quoiqu'il n'eût rien demandé".
Le prélat trouva toute la population réunie sur le chemin de Colmars, non loin de l'église paroissiale d'Allos, et il put lire sur tous les fronts la joie la plus pure.
Les jeunes hommes, qui étaient sous les armes, le saluèrent par une décharge de mousqueterie.
"On dépensa huit livres de poudre, pour la bravade; vingt quatre sols, pour chaque homme, pendant deux jours; trente-six livres données aux domestiques du Seigneur Evêque et six livres pour les violons qui ont accompagné la jeunesse à la suite de Monseigneur."
Cette note, empruntée à la délibération du 10 juillet 1768, nous dit, avec une agréable naïveté, comment, à cette époque, on recevait les évêques, en cours de visite pastorale dans nos montagnes.
En 1769, un nouvel incendie détruisit les maisons d'un quartier d'Allos.
C'était pour la troisième fois, durant l'espace de cinquante ans, que les habitants du chef-lieu avaient à souffrir de ce fléau.
Un désastreux orage anéantit presque en même temps la récolte et amena une année de disette générale dans le pays.
Par un arrêt de son conseil d'Etat du 22 septembre 1771, Louis XV accorda aux victimes de l'incendie et de l'orage de 1769 le produit des impositions de 1771 et de 1772, dont la somme totale s'éleva à six mille deux cents francs.
Note (2)
Une réunion des députés des douze communautés eut lieu à ce sujet, à Barcelonnette, le 12 du mois de décembre.
Il fut décidé qu'à cause de la gravité et de l'urgence de cette affaire il y avait lieu d'adjoindre un collègue à M. Caire, avocat à la Cour, député de la vallée, et on choisit pour cette importante mission messire Pascalis d'Allos, prieur de Moulanès, dont le dévouement et le talent étaient bien connus.
Le duc de Choiseul, premier ministre de Louis XV (1758-1770), écrivait, en effet, à M. de Figeac, commandant des troupes de la vallée, qu'on voulait démembrer nos pays de la Provence.
Note (3)
On savait, d'ailleurs, que le gouvernement français cherchait alors à rentrer en possession du Comtat-Venaissin et que la cession de la vallée de Barcelonnette au Dauphiné "était subordonnée, disaient les consuls d'Allos au conseil du mois de juillet 1770, à l'arrangement qui devait être pris entre la cour de France et celle de Rome", au sujet de la reddition de la ville d'Avignon et du Comtat à la France.
Cette combinaison ne produisit pas le résultat attendu :
le Comtat-Venaissin ne fut annexé à la France qu'en 1791, et nos ancêtres furent heureux de rester unis à la Provence.
La communauté d'Allos disposait du droit de pêche dans les eaux du lac de la montagne du Laus, même après la vente de cette montagne.
Le poisson ne pouvait être vendu hors du pays qu'après avoir été mis en vente, à quatre sous la livre, devant la chapelle de Saint-Sébastien, à Allos, le vendredi, depuis neuf heures du matin jusqu'à midi.
Enfin, les pêcheurs devaient offrir un repas aux consuls, à titre honorifique !
Les consuls fixaient, avant chaque enchère, le prix du poisson, le jour et l'heure de la vente à Allos, et les pêcheurs devaient leur offrir douze livres de truites, au lieu d'un repas.
Il fit construire une barque à ses frais et il accepta les conditions qui lui furent imposées par un règlement en dix articles, préalablement soumis à l'intendant de la Provence.
La communauté, de son côté, promit de "se départir de son droit de pêche dans le lac, avec bateau, et de l'accorder exclusivement audit Amelly et à ses ayants-droits"; mais elle stipula, en même temps, que les habitants d'Allos pourraient toujours pêcher sans bateau, "en été, à la ligne, au feu et à l'hameçon, et, avec filets, pendant l'hiver".
Les habitants du Villard faisaient alors des démarches pour faire ériger leur hameau en paroisse.
"Si cette érection avait lieu, disaient-ils, à l'exemple des habitants du Villard, ceux du Seignus et autres hameaux feraient la même demande, ce qui anéantirait totalement le chef-lieu."
Note (4)
Le conseil de la communauté déclara judicieusement qu'il ne délibérerait sur cette affaire qu'après le dénouement du procès, et le projet des habitants du Villard fut, plus tard, complètement abandonné.
Note (5)
"Attendu, disent-ils, que les chaperons sont en très mauvais état et hors de service, les assistants au présent conseil ont délibéré qu'à la diligence des consuls il sera pourvu à des nouveaux, en velours, à l'instar de ceux de Barcelonnette."
Et, le 19 décembre de la même année, ils ordonnent au trésorier de payer " aux sieurs Matheron et Arnaud, marchands à Barcelonnette, deux cent quarante-six livres douze sols, montant des chaperons qu'ils ont faits pour la communauté d'Allos."
Les consuls de Barrême, qui ne l'avaient pas encore en 1749, le demandèrent au Parlement d'Aix.
La Cour le leur accorda, comme un moyen de se faire reconnaître et respecter dans les fréquents passages de troupes, etc.
Louis XV mourut en 1774, après avoir régné cinquante-neuf ans.
Son petit-fils, qui n'avait pas vingt ans, lui succéda et prit le nom de Louis XVI.
Un de ses frères, qui monta sur le trône en 1814, sous le nom de Louis XVIII, portait le nom de comte de Provence, et Clotilde, l'aînée de ses soeurs, épousa Charles-Emmanuel, roi de Sardaigne, lorsque nos ancêtres, avec tous les habitants de la vallée de Barcelonnette, sollicitaient de ce prince un édit leur permettant, dans ses Etats, la vente des draps qu'ils fabriquaient.
Note (6)"les événements couraient vers la grande révolution";
mais, avant d'arriver à cette période tumultueuse de notre histoire, même dans les pays les plus calmes et les plus reculés, relatons encore une série d'actes et de faits où se reflète, comme dans un miroir, la véritable physionomie d'une population et d'une époque.
que la rétribution de cette messe a toujours été payée par Me Pascalis du Laus, avocat en la cour, ou par ses auteurs; que cette messe a été absolument négligée, cette année, etc."
On le trouva à Turin,
Note (7) et, l'extrait légal en fut signifié à Me Pascalis.
La communauté le mit en demeure de " faire acquitter la messe de l'aube au taux que devait fixer Mgr l'évêque de Senez."
Le 20 avril 1777, ils "représentaient au conseil que les cadastre et livre terrier de la communauté doivent être refaits de vingt ans en vingt ans, pour connaître la valeur des fonds, qui varie toujours, pendant cet espace de temps...;
que la commune ne peut donc pas différer de faire procéder à de nouveaux cadastres."
La convention fut signée le 18 mars 1778.
Les deux experts s'obligèrent à refaire les cadastres, selon les conditions établies par la communauté, et celle-ci s'engagea à leur payer 3300 livres et promit de choisir, dans chaque quartier du territoire, des sapiteurs
Note (8) capables de les renseigner.
Empruntons au catalogue de ces honorables sapiteurs ou indicateurs quelques noms et prénoms, parmi lesquels les habitants actuels d'Allos pourront reconnaître leurs aïeux.
Pour le chef-lieu, André Guirand, ùaître chirurgien, et Honoré Sicard; au quartier du Villard, Pierre Guieu et Jean-Ange Michel; à Bouchiers, Jean-Baptiste Honorat et Laurent Pellissier, de Vacheresse; au Seignus, Jean Guirand et Jean-Pierre Gay; à la Foux, Jean-Jacques Arvel et Dominique Pascal, etc.
Ils furent un moment arrêtés par l'inertie et l'opposition des propriétaires des montagnes, qui refusaient de produire leurs baux, tant anciens que nouveaux; mais les membres du conseil, par une sommation énergique, triomphèrent de cet obstacle, et le nouveau cadastre était terminé, après un an de travaux, le 7 mai 1780.
Pour la première fois, la communauté consentit, à regret, que les biens fonds des chapelles, des confréries, etc..., fussent encadastrés.
Note (9)
La jeunesse d'Allos s'organisait alors militairement, à l'occasion des fêtes patronales, comme elle le fait encore quelquefois aujourd'hui.
"A l'honneur de la fête de saint Pierre, titulaire de la paroisse, lisons-nous dans la délibération du 20 août 1780, il a été formé une compagnie qui a fait une bravade , ledit jour de saint Pierre et le jour de Notre-Dame d'août, qui est la vogue du lieu, à l'occasion de laquelle on a dépensé, en poudre, la somme de quinze livres."
Le conseil de la communauté paya cette modeste somme,
" la jeunesse s'étant constituée en une dépense assez considérable, en uniformes."
Ils reprochaient aux marguilliers du Saint-Sacrement de leur avoir refusé les cierges qu'on avait coutume de leur offrir les jours de fête, pendant la messe et la bénédiction.
Les marguilliers répondirent " qu'il n'était point dû de torche, quand les consuls se trouvaient au banc destiné pour la magistrature, sans avoir les chaperons."
Note (10)
Mais cette justification ne parut pas suffisante à la cour consulaire et, par conséquent, ne termina pas le différend.
Il y est statué que, "sur la requête présentée à la Cour par le procureur général du roi...,
le premier consul a seul le droit de convoquer les assemblées municipales et d'y faire les propositions...
Il est fait inhibition et défense aux seconds consuls de convoquer les conseils et de faire les propositions, à peine de cinq cents livres d'amende."
"Jamais, dirent nos pères, dans la délibération du 24 août 1777, le premier consul n'a eu ce droit dans la communauté."
La plupart des conseillers, de concert avec les consuls, (le premier excepté ) délibérèrent et firent des démarches pour faire retarder l'enregistrement de l'arrêt du 15 février 1777.
C'est ce qui explique pourquoi on ne le trouve dans nos registres qu'après la délibération du 15 mars 1778.
"Depuis quelques temps, disait J.Jacques Girard, de la Foux, défenseur, le quartier de la Ville s'est injustement arrogé le droit d'élire annuellement le premier consul et le premier défenseur, contre l'ancien usage qui est observé dans la vallée de Barcelonnette....
Mais il n'en fut pas ainsi pour le premier défenseur :
le préfet de Barcelonnette déclara que celui du quartier de la Ville devait précéder ceux des autres quartiers.
A cette époque, on fabriquait, chaque année à Allos, plus de douze cents pièces de drap.
Ce travail se faisait en grande partie à la main et pendant l'hiver.
C'était après l'élevage et le commerce des bestiaux, la principale industrie des vallées du Verdon et de l'Ubaye.
Note (11)
et de deux gardes jurés.
Ils firent ensuite présenter au gouvernement un placet que le ministre renvoya à l'intendant de la Provence, à Aix, et celui-ci à Me Giraud, son subdélégué à Colmars.
La communauté renouvela aussitôt ses instances et ses protestations, déclarant
" qu'elle ne devait pas se détacher des prérogatives de la vallée de Barcelonnette, pour se joindre à la viguerie de Colmars, qui ne jouissait pas des mêmes privilèges."
Allos et Colmars, ajouta-t-elle, ont un commerce séparé et qu'on ne peut pas unir.
"Les étoffes de la viguerie de Colmars passent presque toutes dans les pays étrangers; celles de la vallée se vendent, la plupart, dans le Lyonnais et autres provinces du royaume, et il n'en passe presque point en Piémont...
Cette communauté (d'Allos) a un intérêt essentiel d'être séparée d'avec celle de Colmars et de conserver les droits qui lui sont acquis, comme membre de la vallée."
Note (12)
un bureau de plombage des étoffes fut établi à Allos, en 1782.
Jean-Jacques Arvel et Alexandre Pellissier en furent les premiers gardes jurés et ils entrèrent en fonction dès qu'ils furent munis des coins et des plombs nécessaires et qu'ils eurent prêté serment.
Le conseil ne pouvait les nommer que pour un an.
Leur bureau était à la maison de ville.
Note (13)
et une demande de secours adressée à la municipalité.
" A l'occasion de l'incendie arrivé le 30 septembre dernier, Marie-Rose Pascal,veuve de Dominique Guirand, une des incendiées, a été des plus maltraitées, au point qu'elle a perdu généralement tous ses effets et denrées, et même les murailles de sa maison se sont écroulées en plus grande partie; de manière que, cela joint à son triste état de veuve, elle est dans l'impossibilité de rebâtir sa maison, si la communauté ne la seconde de quelques secours."
un à la Foux
Note (14) et le cinquième au Seignus.
Depuis longtemps, Allos et les autres communautés de Barcelonnette réclamaient à l'Etat le payement des fournitures qu'elles avaient faites à l'armée française, pendant les guerres de la succession d'Autriche.
Elles avaient reçu, il est vrai, vers 1751, un acompte de 18.000 livres, mais il leur en était dû 370.000, d'après la délibération du 26 décembre 1766.
"en payements annuels de 10.000 livres, à prendre sur les deniers royaux, applicables, savoir :
le premier payement, en faveur des pauvres, et le restant en réparation des chemins et autres utilités communales".
Sur les 10.000 livres de la première annuité, les pauvres d'Allos ne reçurent que 550 livres, malgré la protestation des consuls, qui trouvaient cette répartition peu équitable.
Le 8 février de la même année, la communauté d'Allos voulut se joindre au reste de la vallée pour le recouvrement d'un privilège important.
" à l'effet de délibérer sur les moyens à prendre pour empêcher une nouvelle confirmation du préfet, absolument destructive des privilèges de cette vallée".
"Il demandera, de concert avec les autres communautés, à Mgr le prince de Beauveau, à ce qu'il lui plaise, à l'avenir, n'accorder aucune confirmation de préfet, si elle ne lui est demandée par une délibération unanime des communautés de la vallée, qui seront convoquées, à cet effet, la dernière année de l'exercice.
Note (15)
Hyacinthe Pascalis de la Sestrière, père du commissaire des guerres, avit fondé une mission qui devait avoir lieu, à Allos, tous les dix ans.
Aux termes de son testament, cette parcelle de montagne pastorale était cédée à la maison des Religieux Capucins de Riez, chargés d'envoyer cinq Pères Missionnaires pour chaque mission; mais, en réalité, les officiers de la municipalité en percevaient le revenu annuel, qui était de 30 francs et, la dixième année, payaient 300 francs aux Capucins.
Ils s'occupaient même de tous les détails matériels de la mission.
Le 8 mai 1785, ils annoncèrent au conseil de la communauté qu'ils avaient déjà trouvé un logement pour trois missionnaires et le mobilier indispensable.
La mission commença le 11 du même mois et dura un mois.
En effet, le baile rendait la justice sur les lieux; il était nommé par eux comme les consuls et les autres officiers municipaux.
La suppression de ce juge les mettait dans l'impossibilité d'obtenir justice, pendant la plus grande partie de l'année, ou de ne l'obtenir que moyennant des frais considérables de déplacement, dans les cas où la présence du juge sur les lieux est nécessaire.
"La communauté d'Allos, disaient ils, dans la délibération du 6 avril 1788, se trouve dans une position bien différente de celle des autres communautés de la vallée, par la montagne qui nous sépare et les neiges et les glaces qui interrompent toute communication pendant sept mois de l'année."
Ils supplièrent, en conséquence, le chancelier, l'intendant de la province et l'évêque de Senez
Note (16)
de faire rétablir, par leurs instances auprès du roi, le juge de la communauté ou de transmettre aux consuls en exercice le pouvoir du baile, comme la reconnaissance des tailles, les contestations parmi voisins sur les limites des propriétés, etc..., etc.,
Mais toutes ces démarches furent inutiles :
la juridiction des bailes disparut avec eux.
Par une circulaire du 2 janvier 1789, les consuls de Barcelonnette informaient leurs collègues d'Allos des démarches qu'il y avait lieu de faire afin d'avoir un député aux Etats généraux, pour y faire valoir les droits de la vallée.
Nos consuls répondirent que la communauté considérait ces démarches comme inutiles, dans ce moment, jusqu'à ce que la forme des Etats généraux fût réglée.
Cette assemblée n'inspirait donc pas une entière confiance à tout le monde, dans nos montagnes.
(dit Portail de France, lorsque nous appartenions à la Savoie)
l'assemblée générale pour la rédaction du cahier de doléances, plaintes et remontrances de la communauté.
Il fut coté et signé par les consuls, ainsi que par Alexandre Pellissier, Clément Pellat, J-Joseph Michel et Jean-Hyacinthe Guirand, nommés à cet effet par l'assemblée, et ensuite confié à Jean Honorat, premier consul, et à J-Pierre Jaubert, notaire royal, qui acceptèrent la mission de le présenter, le 31 dudit mois, au conseil de la vallée de Barcelonnette.
La vallée de Barcelonnette craignait d'être saccagée par une troupe nombreuse d'ennemis qui campainet sous les murs de Gap.
La place de Colmars venait de recevoir, par un porteur de Saint-André, une lettre des consuls de Digne, demandant du secours en hommes et en armes.
Allos demanda des fusils au commandant de Colmars, des balles et de la poudre à Barcelonnette.
Sur la proposition de Pascalis de la Sestrière, on forma immédiatement deux compagnies, dont les capitaines, Pellissier et Jaubert, furent choisis à l'unanimité des voix, et on rédigea, séance tenante, un projet de confédération avec les communautés de Colmars, de Beauvezer, de Thorame-Haute et de Thorame-Basse.
En voici les principaux article :
"Les compagnies d'Allos sont composées :
la première, des jeunes gens les plus alertes et de meilleure volonté, pour se rendre où besoin sera.
La seconde, dans laquelle on a compris les hommes moins jeunes et moins actifs, est destinée à se tenir en garde, au chef-lieu, et à servir de troupe auxilaire, au besoin.
La confiance que la communauté d'Allos a en la personne de M. l'avocat Giraud lui font désirer que les suffrages de Colmars, de Beauvezer, de Thorame-Haute et de Thorame-Basse se réunissent en sa faveur.
il suffit que la communauté de Thorame-Basse établisse une vedette pour garder le défilé par où on peut la surprendre.
Colmars veillera sur le passage de Chasse, et Allos sur ceux de la Foux, Preinier et Valdemars.
Les tocsins et un coup de canon de Colmars pourront accélérer la jonction des milices bourgeoises."
La compagnie des volontaires et celle des auxiliaires purent donc être armées tant bien que mal, à l'occasion de la menace des brigands , qui heureusement ne se réalisa point.
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Son successeur, Mgr de Bonneval, n'arriva à Senez que le dimanche des Rameaux de l\'année 1789.
Dans l\'intervalle, M. Reynard, vicaire général, administrait le diocèse.
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"Les Etats-Généraux, convoqués à Paris, pour le 7 mai 1789, ouvrirent leurs séances le 9 du même mois et se tranformèrent, de leur propre autorité, le 23 juin, en Assemblée constituante.
Elle s'exécuta dans la nuit du 4 au 5 août, aux applaudissements de la noblesse elle-même, et la France entière l'accueillit avec des transports d'allégresse.
.Si la Révolution eût voulu se borner à détruire les abus, son oeuvre, ce semble, était achevée du premier coup; mais elle en voulait aussi aux institutions....
Note (1)
Elle se réunit, pour cela, "dans la basse-cour de Pascalis, commissaire des guerres, de cette ville; après avoir assisté aux saints offices de ce jour, sous les armes".
Les chefs et les soldats promirent de défendre les citoyens contre les perturbateurs et de maintenir la paix.
Mais il n'en fut pas ainsi pour la suppression des privilèges des biens des chapelles et vicairies, que le conseil municipal fit exécuter le 2 novembre, en prescrivant à son greffier de porter les impositions de ces biens au rôle du trésorier.
L'ordonnance royale envoyée à ce sujet, à Allos, par Med'André, est datée du 20 novembre 1789 et conçue en ces termes :
"Sa Majesté a ordonné et ordonne que, provisoirement, il sera sursis à toute élection de consuls et autres officiers municipaux, dans toutes les villes et communautés de Provence."
Elle abolissait le consulat, remplaçait le premier consul par un maire, lui donnait pour aides ou assesseurs quelques officiers, établissait un procureur de la commune, donnait le nom de notables aux conseillers municipaux, etc.
Les électeurs, réunis en assemblée générale, le 21 février 1790, nommèrent donc un maire, cinq officiers municipaux, un procureur et douze notables.
Dans les élections annuelles ultérieures, ils renouvelaient, par moitié seulement, les officiers municipaux et les conseillers dits notables.
En 1790, Joseph Pascal, Michel-Ange Pin, de la Foux, et André Pellat, de la Beaumelle,
se disant la généralité des habitants de la paroisse, communauté de campagne de la Foux et de ses dépendances,
déclarèrent par écrit, le 31 mars, à la municipalité d'Allos,
qu'en exécution du décret de l'Assemblée nationale du 12 novembre dernier, sanctionné par le roi,
ils se proposaient d'avoir leur municipalité dans leur campagne et dépendances, et qu'en conséquence ils procèderont sous peu de jours à l'établissement d'icelle.
Nous trouvons, dans les délibérations du conseil, des discours qui nous font connaître l'effervescence des esprits, même dans les pays les plus calmes, surtout à l'occasion des contributions patriotiques, dites volontaires par euphémisme, mais en réalité exigées par l'Assemblée nationale et perçues, en son nom, par les municipalités.
L'Assemblée constituante multipliait ses décrets, avec une activité dévorante.
Le 15 janvier 1790, elle divisait la France en quatre-vingt-trois départements.
Le 15 février, elle abolissait les voeux monastiques et les ordres religieux.
Le 12 juillet, elle décrétait la constitution civile du clergé, qui supprimait un grand nombre d'évêchés, entre autres celui de Senez, et bouleversait toute la hiérarchie ecclésiastique.
Les évêques de Riez, de Sisteron, de Digne, de Senez et de Glandèves suivirent leur exemple.
Note (2)induits en erreur par la formule du serment et l'acceptation de Louis XVI, et n'ayant pas encore reçu, à ce sujet, les instructions de leur évêque, jurèrent, le 27 février 1791, à l'issue de la messe paroissiale, en présence des fidèles assemblés, de remplir leurs fonctions avec exactitude, d'être fidèles à la nation, à la loi et au roi, et de maintenir de tout leur pouvoir la constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le roi.
Note (3)et déclara que les évêques et les prêtres élus dans les formes prescrites par ladite constitution encourraient les plus graves peines, s'ils osaient exercer les fonctions épiscopales et sacerdotales.
(Brefs du 10 mars et du 13 avril.)
"Nous rangeons, disait-il, le schisme religieux à côté du schisme politique....;
c'est de quoi amener la fin de tout, si l'Assemblée ne se lasse pas de suivre l'anarchie."
Et Taine constate en ces termes comment les catholiques de France la réprouvèrent :
"Autour de l'ancien curé sont rangés tous ceux qui sont ou redeviennent croyants, tous ceux qui tiennent aux sacrements, etc.
Le nouveau (le curé constitutionnel) n'a pour auditeurs que des sceptiques, des déistes, des indifférents, gens de club, membres de l'administration, qui viennent à l'église comme à l'hôtel de ville ou à la société populaire, non par zèle religieux, mais par zèle politique, et qui soutiennent l'intrus pour soutenir la constitution."
Note (4)
On montre encore à Thorame-Haute la maison où il logea pendant sa dernière visite pastorale.
A Allos, Alexandre Guieu, curé ou vicaire perpétuel, comme on disait alors, pressé par les événements, avait, ainsi que ses vicaires, prêté le serment civique.
Après les explications données par son évêque, il comprit qu'il s'était trompé et il engagea ses vicaires à aller avec lui à Barcelonnette pour retirer leur serment.
Ces dernièrs, cédant à la crainte, eurent la faiblesse de laisser seul leur digne chef, dans l'accomplissement de ce périlleux devoir.
De ce lieu, situé dans la haute vallée du Var, il continuait selon son pouvoir de diriger sa paroisse, grâce au dévouement sans bornes d'un homme communément appelé dans le pays Ouncle Lima , qui, messager volontaire et intrépide, entretenait régulièrement des rapports entre le pasteur exilé et son troupeau.
Son zèle pour l'accomplissement de ses devoirs religieux était tel qu'il partait d'Allos pendant la nuit du samedi au dimanche, traversait la montagne du Laus et allait entendre la messe à Estenc, après une marche de six heures.
Il était logé dans la maison Pascalis, de Valplane, aujourd'hui la caserne de gendarmerie, et c'est chez lui que descendit le prêtre constitutionnel envoyé par l'évêque de Digne.
Lorsque les femmes eurent appris son arrivée, elles se présentèrent dans la maison où il était et en si grand nombre que non seulement la salle spacieuse du premier du premier étage, mais l'escalier même et le corridor étaient remplis.
Note (5)
L'une d'elles, portant la parole, lui demanda qui il était et qui l'avait envoyé.
Il répondit qu'il était leur nouveau curé et qu'il était envoyé par l'évêque de Digne.
Les femmes répliquèrent que cet évêque n'ayant pas été envoyé par le Pape, mais par le gouvernement seulement, n'était pas un véritable évêque et que les curés qu'il nommait n'étaient pas de véritables curés.
Note (6)
Il comprit que la situation n'était pas tenable et il partit.
Elu par le district de Barcelonnette, le 25 novembre 1792, il reçut ses lettres de provision de l'évêque du département, le 29 du même mois, et, le dimanche 2 du mois de décembre suivant, il s'installa à Allos, par surprise, malgré la municipalité et la population.
Le nouveau maire et les officiers municipaux,
Note (7)
"Voyant la rumeur populaire et ne voulant pas se mettre en compromis avec les paroissiens", se déclarèrent prudemment incompétents, en soumettant le cas du demandeur aux administrateurs du directoire du département.
Le directoire de Digne déclara
"la prise de possession du citoyen Garcin légale",
et son arrêté fut transcrit dans les registres de la municipalité d'Allos, le 28 décembre 1792.
la nouveau curé fut chansonné.
Mais l'honneur d'éloigner ce prêtre, dont la seule présence violentait les consciences, revient à une femme dont la foi intrépide, disait la Semaine religieuse de Cambrai en 1855,
"est un des faits les plus touchants de résistance à l'intrusion du clergé constitutionnel, pendant la période révolutionnaire".
"Tante Trésor .
Chaque matin, lorsqu'elle n'était pas empêchée par son travail, on la voyait se diriger vers la chapelle de Saint-Pierre,
Note (8)
sur le chemin de Bouchiers,et, dans ce modeste sanctuaire, édifié par nos pères en l'honneur du Prince des Apôtres, elle priait pendant une demi-heure, en union avec le pape régnant, car elle savait l'heure à laquelle il célébrait la messe à Rome.
Cet acte de foi et de liberté condamnait énergiquement le culte constitutionnel imposé par les décrets de 1790, et il attira l'attention sur elle :
elle fut dénoncée comme rebelle à la loi, et, pour avoir raison de son obstination, il fut décidé qu'on lui ferait subir un interrogatoire public par le juge du lieu.
Soit afin que cet interrogatoire fût plus imposant, soit pour procurer au besoin main-forte au juge, on fit arriver un détachement de soldats de la garnison de Colmars.
Note (9) ...
Il ne manquait plus que l'inculpée, que l'on alla chercher dans son jardin, au quartier de la Rochette.
Elle traversa la foule d'un pas ferme et franchit le seuil de la mairie, où se trouvait le prétoire, avec l'assurance d'une âme qui ne craint que Dieu.
Elle écouta sans rien dire l'acte d'accusation porté contre elle, et, quand le magistrat chargé de l'interroger et de la juger lui eut dit que, pour faire oublier sa résistance à la loi, il fallait faire un acte public de soumission et dire à haute voix :
ça ira,
elle répondit avec énergie :
"Non, ça n'ira pas !"
Il eut recours à un expédient digne de Pilate, en renvoyant l'accusée, mais après l'avoir fait huer par l'assistance, dans le tribunal même et au dehors, autant qu'il le pouvait.
Il y avait dans l'âme de l'héroïque chrétienne quelque chose de la légitime fierté des apôtres, lorsqu'ils sortirent du tribunal juif où ils avaient été maltraités pour Jésus-Christ, et elle revint chez elle plus ferme que jamais.
Je m'appelle Marie-Madeleine; je suis catholique, apostolique et romaine.
Elle finit par triompher.
Cette personne promit, mais elle avoua, quelques jours après, qu'elle n'avait pas osé, malgré sa promesse, remplir cette difficile commission.
Sur les nouvelles instances de la malade, elle alla enfin au presbytère et dit à celui qui l'habitait indûment tout ce que Tante Trésor l'avait chargée de lui signifier.
On ne sait pas ce qui fut répondu; mais, ce qui est certain, c'est qu'André Garcin n'exerça plus aucune fonction sacerdotale dans la paroisse d'Allos."
Note (10)
Reprenons maintenant, dans les archives municipales, la série des faits qui précédèrent la terreur .
Les administrateurs du directoire du département n'ayant pas pu obtenir de l'Assemblée nationale, malgré leurs instances réitérées, que la vente de ces biens se fît dans les lieux où ils étaient situés, la commune d'Allos nomma Joseph Guieu et Jean-Pierre Jaubert, notaires, pour la représenter à Barcelonnette, le jour des enchères.
La nomination de ces deux commissaires eut lieu le 25 avril 1791, mais le jour de la vente n'était pas encore désigné.
"De toutes parts, on se mit à planter des arbres de la liberté et de la fraternité", dit l'historien de Barrême.
"La généralité des citoyens du canton et la garde nationale, réunis à l'heure de midi, sur la place publique, après avoir assisté à la messe, solennellement célébrée à ce sujet...,
Note (11)
ont juré d'être fidèles à la nation, à la loi et au roi, de défendre jusqu'au dernier soupir la constitution et les décrets de l'Assemblée nationale."
Toute l'assemblée prêta ensuite son concours pour la plantation de l'arbre de la liberté, et la fête se clotura par des acclamations et des farandoles.
En effet, pendant les mois de septembre, d'octobre et de novembre 1792, tous les prêtres résidant dans le canton et, avec eux, un ancien religieux de l'Oratoire, nommé Jean-Jacques Pellissier, originaire du chef-lieu, prêtèrent le serment d'égalité dont j'ai donné plus haut la formule.
L'an premier de la République.
Après le 8 octobre, celui-ci disparaît, pour ne reparaître que le 27 janvier 1806.
Le décret du 5 octobre eut un effet rétroactif, en faisant compter les années à partir du 22 septembre 1792, époque de l'équinoxe d'automne et de la fondation de la République.
Le décret de Napoléon rétablissant le culte, est de 1802; mais le retour au calendrier grégorien n'eut lieu qu'à partir du 1er janvier 1806.
Note (12)
Chaque commune devait faire l'acquisition des fusils nécessaires à sa défense.
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(Procès-verbal du greffier de la municipalité.)
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"Je jure d'être fidèle à la nation, de maintenir la liberté et l'égalité ou de mourir en les défendant."
Le serment de fidélité à la République:
"Je jure haine à la royauté, à l'anarchie, attachement et fidélité à la République et à la nation."
Enfin le le serment général, que tous les ecclésiastiques devaient prêter sans restriction .
Les diverses assemblées imposaient successivement ces différents serments aux prêtres orthodoxes, avant d'en venir à la persécution ouverte qui n'était pas loin.
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La salle dans laquelle les femmes furent reçues est au couchant, du côté de la grande rue.
Au-dessous de cette salle, au rez de chaussée, était la salle de la mairie et le prétoire du juge de paix, dont il sera parlé plus loin.
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Le procèse-verbal de cette réunion est un document important, où on lit entre toutes les lignes que le pays repoussait André Garcin et que la municipalité était à la recherche d'un expédient pour ne pas se compromettre en le refusant.
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Les mois et les jours portaient des noms nouveaux :
pour l'automne,vendémiaire, brumaire, frimaire;
pour l'hiver, nivôse, pluviôse, ventôse;
pour le printemps, germinal, floréal, prairial;
pour l'été, messidor, thermidor, fructidor.
Le mois fut divisé en trois décades, ou périodes de dix jours, dont les noms ordinaux étaient :
primidi, duodi, tridi, quartidi, quintidi, sextidi, septidi, octidi, nonidi, décadi.
Les noms des saints et des fêtes furent remplacés par des noms de fruits, de légumes, d'animaux, de minéraux ou d'instruments agricoles :
raisin, safran, châtaigne, cheval, etc.
"Les boeufs eux-mêmes, dit Chateaubriand, protestaient, par leurs mugissements, contre la décade.".
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"La guerre était partout :
sur le Rhin, aux Alpes et aux Pyrénées, et les massacres de la Convention avaient soulevé plusieurs de nos provinces.
il ordonna la levée en masse de dix-huit ans jusqu'à soixante.
Note (1)
"Lorsque le chef de légion de ce district (Barcelonnette) requit, le 20 août 1793, une force armée de cent hommes, pour se rendre à Barcelonnette ou à Jausiers, il en fut anvoyé sur le champ vingt, depuis l'âge de seize ans jusqu'à trente cinq ans.
Note (2)
Note (3)
On se souvient encore aujourd'hui, à Allos, de ce moyen ingénieux employé pour suppléer au petit nombre des défenseurs de nos foyers.
C'est après une de ces incursions que la communauté témoigna sa reconnaissance aux cinquante-cinq hommes qui en faisaient partie en payant 82 livres pour "dépense cibaire ", le soir du retour de l'affaire d'Entraunes, le dernier jour d'octobre, attendu que ce détachement se trouvait (composé), en majeure partie, des citoyens des hameaux qui avaient essuyé la neige toute la journée, ne pouvant se retirer chez eux."
Nos pères, ayant répondu à un de ces appels par un envoi de 300 livres, demandèrent que cette offrande fut convertie en souliers.
Note (4)
"Le directoire nomme les citoyens Jean-Louis Cottoleng, enregistreur pour le canton de Barcelonnette, Jean-Jacques Aubert, administrateur pour celui de Méolans, Jacques-Honnorat André, pour celui de la Bréole, Joseph Guirand, médecin, pour celui d'Allos.
Ajoutons que les soldats étrangers au pays maltraitaient quelquefois les habitants qu'ils devaient défendre.
C'est ce qui eut lieu à Colmars, dans de révoltantes circonstances :
"Quatre muletiers d'Allos, Dominique Gariel, Joseph Pellissier, Marc Sicard et Jean Gariel, arrivés aux portes de cette ville, avec quatorze mulets, dont dix chargés de vin et quatre d'huile ou d'eau de vie..., se proposaient de faire leur route, sans entrer dans la place; mais la sentinelle les obligea d'entrer, d'après la consigne donnée par le commandant de place.
A peine entrés, tous les mulets furent arrêtés par la garde."
Le commandant Borthon fut intraitable, et ses soldats confisquèrent le chargement des quatorze mulets.
La force ne tenait aucun compte du droit.
La violence foulait aux pieds la justice.
Note (5)
Les habitants d'Allos, réunis en assemblée générale pour délibérer sur cette révoltante iniquité et considérant que plusieurs fois déjà ils avaient été victimes de semblables excès, adressèrent leurs plaintes à Derbez-Latour, représentant du peuple, qui rédigea, à Manosque, un arrêté en leur faveur, avec ordre de le présenter à la municipalité et au commandant de Colmars.
La France était alors la proie de l'anarchie :
c'était le règne de la terreur.
Note (6)
Cette lamentable période historique s'étend surtout depuis la proscription des Girondins (31 mai 1793) jusqu'à la chute de Robespierre (9 thermidor, c'est-à-dire le 27 juillet 1794).
Note (7)
appartiennent en propre " au Comité de salut public, crée par la Convention, le 6 avril 1793, et composé, successivement, de neuf, de douze et de seize membres.
Le meilleur d'entre eux, ajoute le même auteur, "avait réussi à décapiter en lui le sens commun et le sens moral."
Il choisit cinq ou six sans-culottes de l'endroit, les forme en comité révolutionnaire et les installe en permanence à côté de lui."
Nous en avons une preuve dans la délibération du conseil d'Allos du 20 fructidor an III (1794).
Le secrétaire donne lecture d'un arrêté d'Isnard, représentant du peuple, en mission dans les départements des Bouches-du-Rhône et des Basses-Alpes, conçu en ces termes :
Au nom de la République française une et indivisible, les fonctionnaires publics de la commune d'Allos cesseront sur le champ leurs fonctions; ils seront remplacés par les citoyens dont les noms suivent."
A Allos, comme ailleurs, les hommes les plus honorables étaient traités en suspects, dès que la municipalité ne leur accordait pas un certificat de civisme.
Le 23 thermidor an II (1793), " ce certificat fut refusé à Hyacinthe Gariel, fils d'Hyacinthe Gariel, homme de loi, par neuf voix contre quatre, sur treize votants."
Un de nos compatriotes, se trouvant dans ce dernier cas, ne pouvait sortir, même pour un instant, sans la permission du maire ou du juge de paix de l'endroit;
Note (8)
mais, heureusement, il n'y eut, chez nous, aucune condamnation à la peine capitale.
" et tout acte religieux interdit, sous peine de mort."
Il n'y eut plus d'autre culte public que celui de la déesse raison, sous les traits de femmes éhontées.
Durant près de trois ans, les églises et chapelles demeurèrent fermées ou livrées à toutes sortes de profanations."
Note (9)
J'ai pu leur emprunter cependant les faits suivants :
En 1793 et 1794, André Garcin sollicita et obtint un certificat de civisme.
Ce prêtre indigne ne put mériter ce certificat que par l'apostasie.
Ce n'est, en effet, qu'en renonçant au sacerdoce et à la religion que les curés constitutionnels, comme lui, pouvaient trouver grâce devant les tribunaux révolutionnaires.
le conseil leur céda les presbytères.
"Attendu,dit-il, que les ci-devant églises sont fermées...,
les ci-devant maisons curiales ou presbytères desdits lieux leur seront accordées jusqu'à ce qu'elles soient livrées pour l'institution publique."
Toutes les églises du canton d'Allos étaient donc fermées, le 16 thermidor an II (1793), mais la délibération portant cette date ne nous dit pas depuis combien de temps.
"La population, me disait-elle, était dans la consternation.
Elle se transporta sur la place du Portail-Bas et, de là, sous les jardins, en face de l'église fermée et du cimetière, pour voir passer le triste cortège.
Chacun, ajoutait-elle, revint ensuite silencieusement dans sa demeure, les larmes aux yeux et en se disant avec une angoisse inexprimable :
qu'allons-nous devenir !"
on pratiquait donc la religion en secret.
Quelques personnes osèrent même la pratiquer ouvertement, dans différentes circonstances.
C'est ce qui eut lieu le jour de la Toussaint 1792 :
quatre femmes, héritières de la foi et du courage héroïque de Tante Trésor, décidèrent d'ouvrir l'église paroissiale, tandis que d'autres, non moins intrépides, priaient ostensiblement dans le cimetière.
Un autre, non moins criminel, prêtait son concours aux brigands nommés sans-culottes qui poursuivaient les prêtres, pour les livrer au tribunal révolutionnaire.
Les moyens qu'on employa pour s'emparer de leurs personnes et les efforts constants que firent leurs parents et les membres de la famille Michel, leurs voisins, pour les préserver du danger, forment un des épisodes les plus touchants de notre histoire.
C'est là qu'ils prenaient leurs repas, et l'on a conservé longtemps la marmite et les autres modestes ustensiles dont ils se servaient.
C'était une excavation entre deux maisons, recouverte d'une grande pierre qui en faisait une sorte de tombeau.
On y a trouvé vers 1840, par conséquent après environ un demi-siècle, quatre toisons de bête à laine, de couleur marron, assez bien conservées, un chapeau de paille, etc.
Il fallait en sortir de temps en temps, et il n'était pas facile d'en dissimuler l'ouverture, en y revenant précipitamment.
Sans perdre un instant, ils se réfugièrent au grenier, et l'on eut à peine le temps de les couvrir d'une assez grande quantité de foin, après avoir placé des planches sur leurs corps.
La précaution était nécessaire, car les sans-culottes fouillèrent partout avec fureur, surtout dans la meule de foin, et se retirèrent avec la conviction qu'il n'y avait personne sous les planches atteintes par la pointe de leurs piques.
On était obligé de porter les petits enfants, et, pour empêcher la plus jeune de pleurer, on lui disait que, si les brigands l'entendaient, ils viendraient les tuer tous !
"Chaque soir, on les faisait partir pour aller monter la garde au Lauzon, entre les Tours, à Rochecline; tandis que ceux de Clignon allaient au col de Champ, comme nous l'avons déjà dit."
On avait construit une baraque et trois guérites à Champrichard,etc.
Note (10)
Les prêtres français qui avaient pris le chemin de l'exil, pour conserver la liberté de dire la messe et de porter le costume ecclésiastique, sans s'exposer au danger de perdre la vie, ne furent pas épargnés :
on les poursuivit dans leurs biens et dans la personne de leurs parents.
Alexandre Guieu, ex-curé, et Charles-François Dautane père et fils.
Ils n'étaient pas seuls, car, par un arrêté du district de Barcelonnette (29 vendémiaire an IV), Juste Guieu fils, juge de paix du canton d'Allos, et Jean Honnorat, un de ses assesseurs, devaient cesser de remplir les fonctions de juge et d'assesseur,
"attendu que l'oncle du premier et le frère du second ont été portés sur la liste des émigrés !"
L'avis ne se fit pas attendre :
l'administration départementale décida que l'allié d'un émigré même douteux ne devait pas être officier municipal.
Les cultivateurs n'étaient plus libres de disposer de leurs récoltes; les vendeurs et les acheteurs ne pouvaient fixer eux-mêmes le prix des marchandises, et un emprunt forcé pesait sur tous les contribuables.
Il fut établi, par leurs visites domiciliaires, que le canton possédait, le 5 vendémiaire an IV, dix mille sept cent quatre-vingt-quatre quintaux de foin et sept mille deux cent quatre-vingt-quatre quintaux de paille, dont les quatre cinquièmes étaient réquisitionnés et devaient être transportés dans les magasins militaires.
L'Etat était donc, dit Taine, l'unique dépositaire et distributeur des grains, qu'il achetait seul et qu'il vendait seul, au prix fixé.
L'administration des Basses-Alpes, disait-il, le 4 pluviôse, décide de transmettre, dans les vingt-quatre heures,
l'arrêté "portant classification des citoyens soumis à l'emprunt forcé, au percepteur de cette commune, lequel est tenu de procéder sur le champ au recouvrement".
Cependant, le régime de la Terreur diminuait d'intensité, après la disparition de ceux qui le personnifiaient.
"Robespierre, Saint-Just, Couthon, les Jacobins à principes sont guillotinés, le 28 juillet, dit Taine; désormais, l'édifice s'effondre par grandes lézardes...
La Convention l'abolit en droit; les cultivateurs vendent à leur volonté et à deux prix, selon qu'on les paie en assignats ou en argent; ils ont repris espoir, confiance et courage."
Note (11)
Nos pères, profitant de ce premier moment de détente, essayèrent de rendre leurs églises à l'exercice du culte.
On lit, à ce sujet, dans le registre des délibérations municipales :
"Le 9 ventôse an IV, à Allos, dans la maison commune, par-devant nous, Jean Guirand et Joseph Caire, officiers municipaux, se sont présentés les citoyens soussignés, habitant ce lieu d'Allos et aux hameaux voisins, composant la ci-devant paroisse; lesquels, d'après la connaissance qu'ils ont eue de la loi du 7 vendémiaire dernier, sur l'exercice et la police extérieure des cultes, qui vient d'être affichée et publiée, désirant se conformer à l'article 7 de la section 3 de ladite loi, ont déclaré faire choix de la chapelle placée au centre de ce lieu et qui servait ci-devant aux pénitents et appartenait aux mêmes particuliers, pour y exercer leur culte, en se conformant à tout ce qui est prescrit par ladite loi."
Note (12)
Elles désignèrent naturellement leurs églises paroissiales, heureusement conservées;
Chose singulière ! les habitants du Seignus, qui appartenaient comme le Villard à la paroisse d'Allos, agirent en cette circonstance comme s'ils composaient une paroisse et déclarèrent qu'ils se proposaient de rouvrir leurs chapelles de Saint-Jacques et de Saint-Laurent.
Mais l'on était loin encore de la véritable liberté religieuse !
Elle nous dit que les hommes d'Allos, en particulier ceux du Villard, montaient la garde à Rochecline, pour empêcher l'ennemi, qui arrivait par le col de Champ, de se diriger sur Clignon et Allos.
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La persécution continuait, en effet, de sévir chez nous.
"Tout administrateur qui ne fera pas exécuter ponctuellement les dispositions de la loi concernant les émigrés et les ministres du culte sera puni de deux ans de fers."
La municipalité accusa "les citoyens Pierre-Jacques Millou et Jean-Dominique Pellissier, ministres du culte de cette commune, d'avoir rétracté la déclaration par eux faite, le 3 brumaire an IV, aux registres de la commune",et ces deux prêtres furent traduits à la maison d'arrêt de Digne. (23 ventôse an VI.)
"l'arrestation des agents de l'Angleterre (!), des émigrés rentrés, des prêtres sujets à la déportation",
et, le 6 thermidor, elle ordonna à la garde nationale " de faire des visites dans toutes les maisons et des fouilles dans les bois et la campagne pour arrêter les individus désignés en la loi, s'il s'en trouvait quelqu'un".
C'était la fête de la haine et de l'assassinat.
Note (1) les défenseurs de la patrie, retirés dans le canton, pour cause de blessures ou d'infirmités, les pères, mères, frères et soeurs des soldats sous les drapeaux, etc...
Note (2) comme les autres municipalités, de faire coïncider les jours de repos avec le calendrier républicain, dont le décadi prenait la place du dimanche, et elle donna à cette entreprise anti-religieuse le nom aussi ridicule que prétentieux de
victoire de la philosophie sur le fanatisme.
Les mères usaient de pieux et habiles stratagèmes pour faire baptiser leurs enfants.
Les unes les portaient dans une caisse ou dans une corbeille, comme la mère de Moïse; les autres, dans un paquet de linge; d'autres, dans du foin ou de la paille.
On lit, dans une annexe de la délibération municipale du 7 germinal an V,
"qu'il n'existe plus de magasin militaire à fourrages et probablement qu'il n'en existera plus dans ce canton".
Les habitants d'Allos furent obligés de porter des grains et du foin à Barcelonnette, pour les troupes du général Compans, chargé d'organiser la défense de la vallée.
En effet, l'ennemi ayant fait un mouvement an avant, à Saint-Etienne et à Isola, pour l'empêcher de pénétrer sur notre territoire, on décida
"de faire observer l'avenue du lac par un piquet de dix hommes, commandés par un segent et deux caporaux de la garde nationale sédentaire de cette commune; lequel piquet devait se placer, pendant le jour, à la cabane du Laus, en envoyant quatre hommes, commandés par un caporal, sur le sommet des montagnes et se retirer, dans la nuit, à Champrichard".
Note (3)
"1° La garde nationale de la commune d'Allos tiendra ses armes prêtes, pour s'en servir au premier signal.
"2° Il sera détaché de chacune des trois compagnies six hommes valides, pris parmi les plus jeunes, de dix-huit à cinquante ans.
"3° Le détachement, composé de vingt-quatre hommes, commandés par un officier, se rendra à Entrevaux, en exécution de l'arrêté du préfet précité.
"4° Il partira d'ici lundi, 29 du courant.
Chacun aura soin de se pourvoir d'un fusil, de munition autant qu'il sera possible, et de subsistance pour cinq jours."
au milieu des montagnes escarpées, coupées par des vallons et des bois, présente de grands moyens de défense ",
arrêta de nouvelles dispositions :
Note (4)
" Il sera établi à Valgelaye un poste de quatre hommes et un caporal, pour entretenir la correspondance avec Barcelonnette, où, tous les jours, un ordonnance ira prendre les ordres du sous-préfet, et un autre les apportera ici.
Note (5)
Les populations soupiraient depuis de longues années après un autre état de choses;
elles trouvaient que la Révolution était longue et que l'on donnait trop de liberté à l'arbitraire.
Note (6)
Ces légitimes aspirations devinrent enfin des réalités.
Napoléon Bonaparte, en 1799, donna à la France la constitution de l'an VIII (22 frimaire 1799) et rétablit la liberté de la religion catholique par un concordat avec Pie VII, qui fut signé le 15 juillet 1801 (26 messidor an IX).
Vous verrez, comme moi, avec joie, citoyens, et avec la plus grande satisfaction que notre religion, celle que nous tenons de nos pères, va reprendre son ancien éclat; oui, ce beau jour, tant désiré, va luire, si nous nous rendons religieux de son culte et de sa morale sublime.
Notre-Dame de Valvert et Saint-Sébastien, qui a toujours servi d'église de secours pendant l'hiver; une église et un presbytère, dans chacune des trois succursales.
Note (7)
L'évêché de Senez fut supprimé et inclus dans celui de Digne, qui, désormais, eut les mêmes limites que celles du département des Basses-Alpes.
On lui donna annuellement 96 francs, à titre d'indemnité de loyer.
Il y avait à cette époque, dans l'armée française qui guerroyait en Italie, deux hommes qui ont leur place marquée dans le catalogue de nos hommes remarquables :
Hyacinthe Gariel et Jacques Arvel.
Le premier faisait partie de l'état-major du général Grouchy; le second était chef de bataillon, sous les ordres du même général, dans la subdivision des Alpes; ils étaient revenus l'un et l'autre dans leurs foyers, et j'emprunte, dès à présent, à la biographie de Hyacinthe Gariel ce qu'il fit pour aider son pays à réparer les désastres de la Révolution.
Après s'être rendu compte de la situation, il déclara à son conseil ce qu'il y avait à faire pour rétablir l'ordre et équilibrer les recettes et les dépenses.
Il appela en particulier l'attention sur la conservation et la reproduction des bois dévastés impunément depuis vingt-cinq ans.
Note (8) En même temps, il réclamait le rétablissement du receveur de l'enregistrement et du vicaire ou secondaire d'Allos,
"qui serait, disait-il, assimilé, comme auparavant, au desservant des succursales".
Cet accident, aussi terrible qu'imprévu, fut causé par la grande quantité de neige qui tomba, sans discontinuer, pendant un jour et une nuit.
Quatorze personnes, dont sept de la même famille y perdirent la vie.
L'une d'entre elles, projetée dans le foyer, fut brulée vivante.
Les dévoués et courageux habitants des hameaux voisins, qui portèrent les morts au cimetière d'Allos, ne suivirent pas le chemin ordinaire, mais celui du Haut-Villard, afin de ne pas s'exposer au danger des avalanches.
C'est de Hyacinthe Gariel lui-même que j'ai appris la plupart de ces douloureux détails, dans mon jeune âge.
Sur sa demande, le préfet des Basses-Alpes accorda un secours de 1300 francs aux parents des victimes.
Ce secours fut obtenu, et la répartition en fut faite en 1806.
Note (9)
mais elle protesta énergiquement contre le projet de la faire contribuer pour les chemins de Barcelonnette, du Villard, de Faucon et de Larche, tandis que rien n'était destiné pour ceux de son enclave.
au contraire, leurs parents sont obligés, à cause de la situation du pays, de se procurer des instituteurs particuliers, à leurs frais.
Note (10)
En 1813, les habitants d'Allos adressèrent une pétition au ministre des finances, pour obtenir le rétablissement du bureau de l'enregistrement à Allos, ou l'autorisation de faire enregistrer leurs actes à Colmars, sur des registres particuliers.
"l'auteur anonyme de cet écrit, qui, sous le masque du bien public, cherchait à porter une atteinte mortelle aux intérêts de ce canton".
Il ajouta que les intérêts du pays réclament impérieusement que nous fassions partie de l'arrondissement de Barcelonnette.
Il obtint que le projet d'annexion à Castellane ne fût pas pris en considération;
mais le bureau de l'enregistrement ne fut pas rétabli à Allos.
La chute Napoléon, en 1814, et la première restauration ne trouvèrent pas la population d'Allos indifférente.
Elle entourait la maison de ville,pendant que les membres du conseil prêtaient serment à Louis XVIII, dans la salle des délibérations, et elle manifestait son enthousiasme au nouveau souverain " par les cris répétés de :
Vive Louis le Désiré !
Vive le Père de la France !."
Note (11)
" de 889 litres d'eau de vie pour l'approvisionnement des places forte du département, mises en état de siège, à la date du 23 mai 1815."
" une fourniture de ce genre, qu'il était impossible de trouver dans le pays."
- toujours par ordre préfectoral - les septs hommes qui devaient en faire partie.
Note (12)
Note (13)
et au messager d'Allos à Barcelonnette, que l'on appelait piéton-messager.
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Le conseil municipal s'opposa à ce projet et ne voulut mettre en réserve que le plan de Montgros, qui n'avait pas besoin de clôture.
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Je le reproduis dans l'intérêt des familles originaires de Champrichard, qui n'ont pas disparu :
à Louis-André Gouin...........................283,10
à Sébastien Martin.............................50,00
à Jeanne-Laurent Brun.........................375,40
à Joseph Coste................................200,60
à Henriette Pascal,veuve de Jacques Bernard...390,90
Total ...................1300,00
Le hameau de Champrichard comptait donc alors huit ou dix feux.
Il n'y en a plus que deux aujourd'hui.
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Reynaud Dominique, de la Peyrière; Gravier Jean-Baptiste, du Brec; Pascal Jean-Baptiste, de la Foux; Pellat Joseph, du Collet; Lèbre Jean-Joseph, du Bruisset; Guirand François d'Allos; Guirand Gabriel, du Seignus-Bas.
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On établissait des ateliers de charité, chargés de réparer les routes et sentiers.
C'est par un de ces ateliers que fut amélioré le chemin d'Allos à Fours, par la montagne de Talon.
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Allos,si désastreusement éprouvé par les incendies du siècle dernier, fut de nouveau la proie des flammes, dans la nuit du 15 au 16 décembre 1833.
Chaque famille voulut recevoir sous son toît hospitalier une famille d'incendiés et pourvoir ainsi aux premiers besoins.
C'était une oeuvre laborieuse et de longue haleine.
C'étaient cependant des réparations d'une urgence manifeste,mais il fallait, avant de mettre la main à l'oeuvre, avoir recueilli les ressources nécessaires.
Note (1)
Le différend qui existait depuis longtemps entre les propriétaires de la montagne d'Autapie et la commune d'Allos était parvenu, en 1839, à sa période aiguë.
Le sous-préfet de Barcelonnette écrivit au conseil municipal de délibérer si le bois de cette montagne, appelé Bois de Hamel, appartenait ou non au sieur Vallon.
Le conseil déclara que le terrain seulement lui appartenait et que les arbres étaient une propriété communale.
"le bois de Hamel appartient à la commune d'Allos."
Les habitants d'Allos furent maintenus dans leurs droits et, aujourd'hui encore, ils sont en possession et jouissance du bois de Hamel d'Autapie.
Tous les neuf ans, le maire, autorisé par son conseil et par le préfet, cédait la ferme de ce pré ux enchères et au plus offrant, Félix Michel, de Chauvet, était presque toujours adjudicataire.
Il y a donc lieu de croire que le Pré du Saint-Esprit faisait partie du terroir de la Foux.
Dans la dernière partie de cette histoire, comme dans les siècles antérieurs, en m'attachant, plus que jamais, à reproduire la physionomie de la vie municipale de nos pères, je continue de faire remarquer comment ils savaient s'intéresser aux événements importants du département ou de la France et quelle influence ces événements exerçaient sur eux.
Dictionnaire Provençal-Français,
par notre savant compatriote le Docteur Honnorat.
On les fit réparer par un armurier de Colmars, nommé Pierre Piron.
la Politique tirée de l'Ecriture Sainte de Bossuet,
fit cependant une réflexion qu'on dirait empruntée à cet ouvrage :
"Si cette agitation des esprits,dit-il,n'a rien de contraire à la religion, nous pouvons être tranquilles; si elle lui est hostile, craignons !"
Pour bien comprendre l'importance de cette délibération, citons les principales dispositions de la loi sur les douanes, contenues dans le décret du 25 messidor an VI :
"Art.1er.-Les particuliers dont les habitations sont situées entre les bureaux des douanes et l'étranger, qui voudront y faire arriver de l'intérieur du territoire français des bestiaux, chevaux, mules et mulets, cires, soies et autres objets, dont la sortie est défendue ou soumise à des droits, n'obtiendront des passavants pour le transport qu'autant qu'ils seront porteurs de certificats de la municipalité du lieu, constatant que les bestiaux et marchandises sont pour leur usage et consommation."
"Art.2-Ceux qui voudront faire paître des bestiaux, mules, chevaux et genisses au-delà des bureaux de la douane, placés du côté de l'étranger, seront tenus de prendre dans les bureaux des acquits-à-caution portant permission de rassembler lesdits bestiaux au retour des pacages."
"Elle allait du bureau d'Allos à celui de Fours, en passant par le poste de Bouchiers."
"afin d'empêcher, disait-elle, les introductions frauduleuses qui se faisaient en logeant la crête des montagnes de Talon et du Cheval-de-Bois".
Note (2) repoussa ce projet et demanda le maintien de
"la ligne directe du bureau d'Allos à celui de Fours, avec des signes apparents placés de distance en distance, afin que les habitants, qui étaient déjà assez malheureux d'être près des frontières, pussent se munir d'une expédition des douanes, quand ils en auraient besoin."
Note (3)
Alors les douanes s'éloignèrent de notre région, pour se rapprocher des nouvelles frontières.
En 1861, Désiré Eyssautier, de Faucon, propriétaire d'Autapie, revendiqua le bois d'une oseraiedépendante de cette montagne, disant que la commune d'Allos avait empiété sur ses droits en faisant couper les osiers et les buissons de la Grande Iscle du Verdon.
En effet, " elle était autrefois elle-même propriétaire de cette montagne.
Elle fut obligée de la vendre avec d'autres montagnes, mais la vente fut faite sous réserve des bois."
Le jugement du tribunal de Barcelonnette (15 juillet 1840 ) , confirmé par un arrête de la Cour d'Aix du 28 mai 1841, avait fait justice des prétentions de Désiré Eyssautier et maintenu la commune d'Allos propriétaire des bois d'Autapie.
"les menaces d'incendie qui venaient si souvent effrayer la population".
Il faisait ainsi allusion, en termes discrets, aux prédictions qui troublèrent le pays et dont voci la cause :
Une visionnaire annonçait qu'Allos allait être ravagé par le feu.
Elle ne rencontra d'abord que l'indifférence et la pitié.
Mais bientôt les menaces se réalisèrent :
le feu se déclara en différents quartiers;
une maison, avec ses dépendances, devint la proie des flammes et faillit communiquer l'incendie à toutes les autres habitations.
Le sous-préfet de Barcelonnette se transporta sur les lieux, pour se rendre compte de la situation.
Sur son conseil, le maire, M. Boyer, ouvrit une souscription volontaire, et, peu de temps après, on fit l'acquisition d'une pompe à incendie.
A cette époque, un de nos compatriotes, l'abbé Augier, voulut doter son pays natal d'un hôpital, mais il mourut sans avoir pu accomplir son dessein.
Sa soeur, Célestine Augier, qui hérita de ses biens et de ses bonnes intentions, essaya de réaliser ce pieux et charitable projet.
Par un testament olographe du 5 décembre 1866, elle institua la commune d'Allos son héritière universelle et lui imposa l'obligation d'établir un hôpital pour les malades et les infirmes de la commune.
Note (4) Un décret du 15 mai 1873 autorisa la commune à accepter le legs Augier, qui déduction faite des frais et legs particuliers à payer, se trouva réduit à la somme de 4073 fr 98 c.
"Art.1.er- Est autorisée la création d'un bureau de bienfaisance à Allos (Basses-Alpes).
"Art.2.- Le maire d'Allos, au nom des pauvres de cette commune, et la commission administrative du bureau de bienfaisance, créé par l'article précédent, sont autorisés à accepter le legs fait aux pauvres de ladite commune par Michel Marie-Colette, suivant son testament du 30 septembre 1883, et consistant dans l'universalité de ses biens, pour être affectés à la création d'un bureau de bienfaisance."
Egalement en vue de cette création, M. Boyer, maire d'Allos, légua, la même année, la somme de 1000 francs à la commune.
Le village de la Foux fut en partie brûlé en 1878, et je trouve le récit de ce triste événement dans les délibérations du conseil municipal :
"Le 1er août 1878, un incendie a éclaté au hameau de la Foux et a dévoré six maisons et deux granges.
"L'incendie a été si rapide que les malheureux incendiés n'ont pu conserver qu'une faible partie de leur mobilier; tout le reste a été dévoré par les flammes.
Par suite de ce désastre, neuf ménages se trouvent en ce moment sans abri, et les propriétaires ne parviendront jamais à reconstruire leurs maisons, si on ne vient à;leur secours."
Note (5)
La commune leur accorda, à titre gratuit, une coupe de trois cents arbres de la forêt de Valsibière et une commission se constitua immédiatement pour solliciter et recevoir les souscriptions volontaires.
Le 25 avril 1866, une avalanche descendit de la forêt de la Valsibière, dans la vallée du Verdon, en amont d'Allos.
Cette masse énorme de neige, durcie par le froid de l'hiver, emportait tout sur son passage ; elle brisa ou déracina dix mille mélèzes.
Heureusement, aucune maison habitée ne se trouva sur son parcours.
On crut entendre un coup de canon, lorsqu'elle se détacha des flancs de la montagne, et on éprouva une secousse de tremblement de terre lorsqu'elle s'engloutit dans le Verdon.
Vers le milieu du XIX° siècle, la vie religieuse prit un nouvel essor à Allos.
Cette crainte nous éloignait surtout des sacrements."
Les prêtres qui se sont succédé à Allos, à partir de 1847,
Note (6) ont fini par arracher les âmes aux dures et mortelles étreintes du jansénisme.
Cette hérésie a été, chez nous, plus vivace qu'ailleurs, parce qu'elle y avait été implantée par Soannen lui-même, évêque de Senez, et cultivée par son défenseur au Concile d'Embrun, l'abbé Bourrillon, dont nous avons déjà parlé.
C'est ce qui a eu lieu, en particulier, à l'occasion de l'un des plus grands événements religieux de notre siècle :
la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception.
La population comprenait si bien la divine opportunité de cette fête qu'elle la célébra avec un enthousiasme qui témoignait de la vivacité de sa foi.
L'illumination si spontanée et si générale du soir de ce beau jour était un gracieux et consolant symbole des merveilles que Dieu opérait dans les âmes !
Enfin la paroisse de la Foux voyait s'élever un presbytère, à l'entrée du village, et un véritable clocher remplaçait, à côté de l'église, l'ancien et trop modeste campanile.
Leurs maisons devenaient de jour en jour plus spacieuses, plus hygiéniques et plus agréables, même dans les campagnes.
M. Pin, ancien directeur de l'Ecole normale de Barcelonnette, dont le père était d'Allos et qui a herborisé longtemps sur nos montagnes, me disait, il y a dix ans, combien il était heureux de cette situation, qu'il croyait exceptionnelle.
Ajoutons enfin que la deuxième partie du siècle qui va finir nous a apporté, dans la vie sociale, une série d'améliorations importantes :
La transformation de la route de Colmars, à la roche dite Chaudouriara, et depuis le Détroit jusqu'aux Plans ; la construction, plus récente, de la route stratégique d'Allos à Barcelonnette; l'établissement d'un bureau des postes et télégraphes à Allos et de trois facteurs attachés à ce bureau facilite les affaires commerciales, les rapports avec Barcelonnette, chef-lieu de notre arrondissement, avec Digne, chef-lieu du département, etc...
Pour l'emplacement de celle qui est sur la place, dite Placette, on a fait l'acquisition d'une cave, au-dessus de laquelle se trouvait le hangar dont j'ai parlé plus haut, en racontant la comparution de Tante Trésor devant le tribunal rvolutionnaire, en 1793.
La construction des trois nouvelles fontaines fit aussi disparaître un autre vestige des temps anciens :
le Pré du Saint-Esprit, qui était devenu propriété de la commune, mais dont le nom rappelle évidemment une fondation pieuse, fut vendu, avec une autre parcelle dite de Saint-Pierre, et le montant de ces aliénations employé à payer la construction desdites fontaines.
Tel est le dernier événement que j'ai à mentionner, en terminant la quatrième partie de cette histoire.
J'aurai à en prévoir les conséquences, dans la cinquième et dernière partie.
Les habitants fournirent des prestations
la commune avait déjà reçu pour ce travail 671 francs
le préfet des Basses-Alpes accorda un secours de 1200 francs,
et on prit 1000 francs sur les fonds accordés aux incendiés.
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Pour que la Foux, la Baume, la Beaumelle et Montgros continuassent d'être hors de la zone extérieure, la ligne projetée aurait dû passer par Saint-Pierre, le vallon de ce nom et aboutir à la fontaine de Bachasse, par conséquent, suivre l'ancien chemin d'Allos à Barcelonnette.
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"Au nom de la Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je soussignée, Célestine Augier, voulant suivre les intentions de mon bien-aimé frère, Benonin Augier, prêtre, j'institue la commune d'Allos pour mon héritière universelle.
Je lui impose l'obligation d'employer le montant des legs à elle faits à acheter ou construire, au plus tôt, une maison, servant d'hospice pour les malades et infirmes de la commune."
Célestine Augier chargea, en outre, sa légataire universelle de payer 200 francs, montant des honoraires de messes à acquitter à son intention, 500 francs pour faire donner une mission dans les cinq années après son décès; de faire placer le portrait de son frère à l'hôpital.
Enfin elle donnait à la paroisse d'Allos la bibliothèque de son frère, pour le premier prêtre du pays qui serait ordonné après son décès, et sa pendule à la chapelle de Saint-Sébastien.
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TOME II
Cours d'eau, lacs et glaciers.
Etude géologique des terrains. - Faune et Flore.
Hommes remarquables.- Eglises et chapelles.
Anciennes fortifications.
Routes, postes et télégraphes, instruction publique.
Dames de charité, bureau de bienfaisance.
Langue et religion.
Le territoire d'Allos forme, dans la vallée du Verdon, entre les sources du Var et la Bléone,
une sorte de carré de 11663 hectares de superficie, qui serait moins irrégulier si le vallon de Fours en faisait partie.
Note (1)
Leurs cimes les plus hautes, parmi lesquelles se fait remarquer celle du mont Pelat (3050 mètres) , ont la couleur cendrée des nuages.
Où le nuage fume, encens de cette terre;
Vieille abside où se chante en choeur le grand mystère,
Au bout d'un autre monde où le nôtre finit.
Note (2)
Jusqu'en ces derniers temps, les troupeaux de la Haute Provence venaient, chaque année, brouter l'herbe de ces montagnes, et le Laus seul nourrissait autrefois, six mille bêtes à laine.
La présence de ces troupeaux animait ces altitudes silencieuses; leur arrivée, comme leur départ, avait lieu sous l'escorte de gros chiens et de menons qui ouvraient la marche, portant fièrement de grosses sonnettes.
C'était presque un événement, au printemps et en automne.
Elle donne donc des espérances pour l'avenir, et déjà "elle a fait construire des maisons forestières (toutes entre 1900 et 2000 mètres d'altitude) , reliées ensemble par des sentiers muletiers, telles que celle du Laus (l'ancienne bergerie) , à une demi-heure du lac, celle de Preinier et celle de Valdemars.
Un sentier, également muletier, conduit d'Allos à chacune de ces maisons."
Note (3)
Ces forêts, utiles et agréables, sont à proximité de presque tous les quartiers.
La fraîche et puissante végétation de leurs plateaux et de leurs verdoyants coteaux fournit les meilleurs pâturages.
Si, pour empêcher les dégradations inévitables occasionnées par le séjour du gros bétail domestique, l'administration forestière voulait en faire l'acquisition, les habitants se verraient dans la nécessité d'abandonner le sol natal.
C'est pourquoi je me permets de dire à MM. les administrateurs municipaux, successeurs des anciens consuls, de prendre garde à ce danger :
Caveant consules !
Ajoutons que le séjour des moutons dans les écuries donne une grande quantité d'engrais et que cet engrais naturel est le meilleur pour l'agriculture.
Les vallées et les plateaux des montagnes d'Allos sont cultivés, et le sol en est généralement fertile, malgré la rigueur du climat.
Note (4)
Note (5) beaucoup de foin et des légumes.
avec l'autorité que lui donne sa science et l'étude qu'il a faite de la flore des montagnes des Alpes, il insiste sur la nécessité d'augmenter la culture fourragère et le périmètre des forêts particulières.
On émonde, à la fin de l'été, les saules, les peupliers, les ormes, les frênes, les chênes, pour en faire sécher les branches garnies de leurs feuilles.
L'arbre remplace le pré...
Mais, toujours émondé, l'arbre, couvert de cicatrices, affaibli par la perte périodique de ses feuilles, ne produit plus une graine; il finit même par succomber.
Le nombre des arbres diminue ainsi insensiblement...
Il n'y a pas d'autre remède aux maux qui pèsent sur les populations de nos montagnes.
Rendre à la forêt tout ce qui n'est pas susceptible d'être cultivé avec profit et cultiver utilement les terres capables de produire un revenu, tel doit être le programme de l'agriculture, dans nos montagnes."
Note (6)
Le territoire d'Allos est sillonné par plusieurs cours d'eau, dont les principaux sont le Verdon, Bouchiers et Chadoulin.
Il coule vers le sud avec une telle rapidité qu'à Allos son altitude n'est plus que de 1425 mètres et de 1200 à Colmars.
Depuis le pont de l'Abrau, en amont du village de la Foux, jusqu'à celui de la Beaumelle, il s'est creusé dans le roc un lit étroit et bordé de précipices.
C'est là qu'il reçoit les minuscules et pittoresques torrents de Valboyère, de Valdemars, etc.
Il traverse le terroir du village dont il porte le nom, et, avant d'entrer dans la gorge profonde qui se prolonge juqu'au-dessous de la chapelle de Saint-Pierre, il reçoit le torrent de Chancelaye, dont les eaux sont utilisées pour l'irrigation.
Il traversait Vacheresse, où il est devenu un sentier qui porte toujours le nom du canal.
et, depuis 1882, il alimente les nouvelles fontaines d'Allos.
C'est un cours d'eau bienfaisant; mais, afin qu'il ne devienne pas dévastateur, il importe quon l'endigue, en aval du pont de la route nationale, ou mieux encore que l'administration des forêts parvienne à en empêcher les crues désastreuses, en reboisant au plus tôt les montagnes du Cheval-de-Bois, de Preinier, etc..,
Après sa jonction, - au-dessous de ce village, presque abandonné - avec le torrent de Valplane, qui arrose le Villard, il côtoie la forêt de ce nom jusqu'au hameau du Brec-Bas, où il s'engage en bouillonnant dans les cluses étroites du bois de la Cluite.
Il fournit enfin l'eau nécessaire aux moulins à farine, aux moulins à huile et aux forges d'Allos.
Le moulin à foulons qui existait également sur ses rives a été abandonné, comme les moulins à farine de Bouchiers et de la Beaumelle.
Ce torrent rend donc à l'agriculture et à la modeste industrie d'Allos plus de services que les autres cours d'eau.
Les travaux de reboisement que l'on fait actuellement dans la montagne du Laus font espérer qu'il ne sera plus un danger pour l'église paroissiale, Notre-Dame de Valvert, comme il l'a été autrefois.
On n'a pas oublié, à Allos, que le Verdon fut arrêté pendant plusieurs heures par la quantité énorme de vase et de pierres qu'ils entrainèrent dans le lit de cette rivière, à l'occasion d'un orage de la fin du dernier siècle.
Le plus grand lac des Alpes, depuis Annecy jusqu'à Nice, est celui d'Allos.
Note (7)
Les principales de ces montagnes sont le mont Pelat (3053 mètres) , les Grandes-Tours ( 2745 et 2678 mètres ) et la Pointe de Monier (2547 mètres ).
Note (8)
Mais ces dimensions varient avec les années et les saisons, suivant la quantité d'eau que donne la fonte des neiges, etc.
Il y a des truites en grand nombre et de différentes qualités.
Note (9)
Les expériences faites par l'administration des ponts et chaussées et les observations réitérées des pêcheurs et des habitants du pays, constatant que lorsque les eaux du lac sont basses on les voit aller dans ce qu'ils appellent l'entonoir et s'infiltrer dans la direction de la source du Chadoulin, ne permettent aucun doute à ce sujet.
Un de ses successeurs fit commencer ces études en 1875.
Le cubage des eaux lacustres fut fait avec soin, mais sans résultat, et ce projet fut abandonné.
Les acheteurs de ces eaux promettaient de faire une route carrossable et d'établir une ligne télégraphique d'Allos au lac, de payer à la commune une indemnité de 30.000 francs seulement, tandis qu'ils payent 800.000 francs Fontaine-l'Evêque.
Note (10)
Ce deuxième projet est demeuré également sans résultat, jusqu'à aujourd'hui.
Note (11) sur les bords duquel les botanistes s'arrêtent volontiers, quand ils font, de ce côté, l'ascension du mont Pelat, parce qu'ils y trouvent plusieurs plantes rares, et celui du Lausson, c'est-à-dire minuscule, dont les eaux sont sans cesse agitées par le vent qui souffle avec violence sur cette hauteur.
Note (12) quoiqu'il appartienne à la commune de Colmars, parce qu'il est non loin des Tours du Lac d'Allos; il est de forme ronde, et sa superficie est d'environ 400 mètres.
Une batterie d'artillerie tirait le canon dans la matinée du 14 juillet.
Après chaque détonation, les vibrations sonores suivaient, en s'élevant, la chaîne circulaire des montagnes et dissipèrent promptement les nuages qui annonçaient un orage.
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1° Elle a la vertu de détruire les mauvaises herbes dans les champs où on la cultive pendant deux ou trois années consécutives;
2° Elle ne craint pas les intempéries de l'air lorsqu'elle sort de terre;
c'est ue plante des pays froids;
3° On la convertit en gruau , nommé avena, avec lequel on fait un potage que Franklin préférait à tout autre et une crème excellente pour les malades.
Plusieurs propriétaires cultivateurs d'Allos préparent du gruau d'avoine pour le commerce.
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Le lac est situé dans une dépression correspondant à un synclinal, c'est-à-dire à un pli concave.
Deux anticlinaux ( plis convexes ) la limitent au nord-ouest et au sud-est."
(Note sur la Structure géologique des environs du lac d'Allos, par M. Kilian, professeur de Géologie à Grenoble.).
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" L'anticlinal ( de l'ouest du lac ) est constitué uniquement par un bourrelet de conglomérats nummulitiques...
L'écoulement actuel du lac est souterrain...
L'eau traverse dans ce pli, nettement constaté, pour se rendre du lac à la source ( du Chadoulin ).".
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Cours d'eau, lacs et glaciers.
Etude géologique des terrains. -
Faune et Flore.
Hommes remarquables.- Eglises et chapelles.
Anciennes fortifications.
Routes, postes et télégraphes, instruction publique.
Dames de charité, bureau de bienfaisance.
Langue et religion.
Dépôts glaciaires à Poussendriou, au Fanguet, à la Rouine, au Bruisset et à Vacheresse. Moraines à Chaumie.
Les glaciers des vallées de la haute Durance, de l'Ubaye, de Seyne et du haut Verdon ont été l'objet d'études sérieuses et intéressantes, depuis quelques années.
C'est, en dehors de la haute Ubaye, le seul glacier qui se soit conservé dans le département des Basses-Alpes."
Note (1)
"Il y a eu là ( à la source et dans le vallon de Chadoulin ) , incontestablement, un glacier à une époque donnée, mais ces traces ne se voient que sur le dos d'âne de Vacheresse."
sur la rive gauche de cette rivière, au pied de la montagne de Poussendriou;
sur la rive droite, au Fanguet et à la Rouine,
et, plus loin, les moraines en amont de Colmars, au-dessous de la carrière de marbre de Chaumie.
Note (2)
Ils entraînaient avec eux des rochers, des débris de toute sorte; et ils ont déposé dans les vallées des limons fertiles, à une époque où l'homme, d'après les géologues, n'avait pas encore fait son apparition dans la création.
Mes compatriotes me reprocheraient une omission regrettable, s'ils ne trouvaient pas dans l'histoire d'Allos quelques notions géologiques sur la structure de nos montagnes et la nature des terrains de nos vallées.
Elle nous apprend, notamment, qu'un sol abondamment siliceux est généralement salubre; que les sols argileux, au contraire, sont suspects, parce que leur humidité facilite les fermentations malsaines; mais qu'ils sont très fertiles, et que les roches calcaires (craie, gypse, marbre, calcaires noirs, etc. ) , tenant le milieu entre la silice ( silex, sable, quartz ou cristal de roche ) et l'argile, sont plus ou moins saines, selon qu'elles sont plus ou moins compactes, etc.
Note (3) m'ont permis de terminer l'étude d'une région montagneuse peu connue des touristes et moins encore des géologues; il s'agit des massifs compris entre les sources de la Bléone et celles du Var ( bassin du Verdon ) ...
Cette portion des Basses-Alpes dont nous parlons ici présente une structure fort intéressante."
Note (4)
Il n'existe pas, dans la région, de formations éruptives.
Le plus ancien des terrains jurassiques de Bouchiers est l'Oxfordien marneux, de teinte foncée, à Ammonites (Perisphinctes rota ).
Le Crétacé supérieur y est réduit ou complètement enlevé par l'érosion, et les assises néocomiennes et même oxfordiennes, près de Bouchiers, s'y montrent ployées en dômes très surbaissés, à contours elliptiques, alors que les couches tertiaires qui les surmontent offrent la structure isoclinale la mieux caratérisée...
Note (5)
Note (6) fait remarquer que, dans les Basses-Alpes, les calcaires du jurassique supérieur forment les crêtes saillantes plus ou moins blanches, comme celles des Dourbes, qui ferme à l'est, l'horizon de Digne, et que, dans le massif de Seyne à Saint-Vincent, ils sont couverts par des éboulis.
Les assises de cet étage sont les plus profondes que l'on connaisse dans le territoire d'Allos.
Leur altitude, comme celle des crêtes jurassiques, entre Allos et Seyne, ne peut s'expliquer que par les bouleversements géologiques ( oscillations, soulèvements, dislocations, etc..).
appartiennent au crétacé inférieur aptien; la mer occupait alors nos contrées.
Le fond des vallées du Verdon, de Chadoulin, de Bouchiers et les versants inférieurs de ces vallées sont des roches calcaires..
Le Barrémien, l'Aptien et le Néocomien.
M. Kilian y a trouvé des fossiles caractéristiques.
Les roubines entre Allos et Montgros, appelées Barra Negra , sont des Schistes noirs de l'Aptien et du Gault, ou Argile pour les tuiles.
La limite extrême de ses affleurements , du côté du nord-est, se trouve, d'après les connaissances actuelles, aux environs du Lauzanier et d'Allos, où le Néocomien supérieur à Ammonites infundibulum, Crioceras hammatoptychum, Bélemnites grasianus et Criocères se présente sous forme de calcaires noirâtres à veines spathiques...
"Cette constatation, jointe à la découverte faite par M. Haug et par nous, en 1888, du même horizon , près de Colmars et d'Allos, recule notablement vers l'est la limite jadis attribuée à la mer du crétacé inférieur et fait voir qu'une grande partie des Alpes françaises, au sud et au sud-est du Pelvoux, était alors occupée par les eaux marines."
Note (7)
le Sénonien, le Turonien et le Cénomanien.
Note (8)
Au lac d'Allos, des assises sénoniennes entourent un noyau anticlinal (pli convexe) de calcaires blancs cristallins,
Note (9) probablement un peu plus ancien.
grès d'Annot au fond du lac; il forme deux îlots.
Les terrains tertiaires, composés principalement de grès, de sable, d'argile et de marnes plus ou moins calcaires
Note (10) et superposés aux terrains secondaires crétacés, comme ceux-ci le sont aux terrains secondaires jurassiques, sont représentés, dans notre territoire, par les systèmes éocène et oligocène.
au nord d'Allos, à Talon, au Cheval-de-Bois, au flanc de Rochegrand, jusqu'à Montgros; du côté de l'est, à la montagne de Monier; autour du lac, à la Cayolle, au mont Pelat et au Vallonnet.
Dans tous ces points, il est représenté par son facies nummulitique.
"On observe au lac d'Allos, dit encore M. Kilian, un conglomérat à galets de roches éruptives et petites Nummulites...
Au nord, on voit le Nummulitique se transformer peu à peu en puissante formation de calcaires marneux; les Nummulites y deviennent rares."
Note (11) où il s'occupe en particulier des plis de ces terrains formant un faisceau amigdaloïde au mont Pelat et, de là, se continuant :
au nord, dans les flancs de Siolane et de Morgon, dans la vallée de Barcelonnette, et, au sud, jusqu'à Annot.
A l'est, règne un sytème de plis isoclinaux et déversés vers la France, se pressant les uns contre les autres, dans la région orientale, et s'empilant parfois (mont Pelat) d'une façon remarquable, en s'infléchissant fortement vers le sud-est.
Ils forment là de véritables faisceaux, et quelques-uns d'entre eux seulement (mont Pelat) se continuent au nord et vont passer sous les masses de recouvrement des Siolanes et de Morgon dans l'Ubaye.
Les plus occidentaux d'entre eux se poursuivent, au sud, vers Allons et Annot...
Aux alentours de la cuvette du lac..., les grès siliceux dits Grès d'Annot, appartenant au terrain oligocène inférieur et contenant des intercalations de poudingues également siliceux, ont une teinte grisâtre sur les cassures fraîches, mais prennent par l'exposition à l'air une couleur rose ou brunâtre...
Parfois,comme dans l'emplacement du lac, au nord-est de celui-ci et près du col de l'Encombrette, l'élément argilo-schisteux vient à dominer dans la partie supérieure de cet étage, et les grès ne forment alors que de minces bancs à texture fine, au milieu de schistes d'un brun noirâtre (Flysch gréseux).
Plus au nord, cette transformation est complète,et il est probable qu'une notable partie du Flysch gréseux de l'Embrunais correspond à cette assise.
Note (12)
ils le bordent au nord, au nord-est et au sud-ouest, et forment une grande partie de son fond, ainsi que le montre la constitution de deux îlots visibles vers le milieu du lac.
Ces mêmes grès constituent les montagnes des Tours...et le Pas-du-Lausson.
On les retrouve à l'ouest (Tête-de-Monier) et au sud-ouest (Tête de Valplane)...
Ils forment une série de bandes, nord-est-sud-ouest, alternativement synclinales (plis concaves) et anticlinales (plis convexes), les assises les plus anciennes constituant les bandes anticlinales et les couches les plus récentes étant repliées dans les bandes synclinales (plis concaves)."
Pendant l'ère tertiaire, la terre continue à se séparer des eaux. (E. Cartailhac.)
La mer, qui couvrait encore les Alpes vers la fin de l'ère secondaire, tend à rentrer dans les limites qu'elle a aujourd'hui.
Note (13)
Ainsi, peu à peu, la terre se prépare pour recevoir l'homme qui doit régner en maître à sa surface (De Lapparent ) , après les multiples extensions glaciaires de l'ère quaternaire.
Je termine cette étude sommaire du sol et du sous-sol du territoire d'Allos comme je 'avais commencée, en faisant remarquer comment elle peut être utile aux cultivateurs et aux propriétaires observateurs.
Pour connaître une terre arable, il ne suffit pas d'étudier la couche superficielle; il faut aussi étudier le sous-sol.
L'étude géologique de ces roches est donc pour les agriculteurs intelligents un des meilleurs moyens pour connaître la nature de leurs terres et les amender, soit avec de la marne, soit par d'autres mélanges de terres et par des engrais.
Pour rendre lesdites terres plus fertiles et d'une culture plus facile, il faudrait en augmenter les parties marneuses et calcaires qu'elles contiennent, par exemple, en faisant brûler sur le sol les racines des plantes avec les mauvaise herbes et en y semant des débris de maçonnerie.
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J'ai déjà parlé de l'époque quaternaire, en disant qu'il y a eu des glaciers à Allos et que l'on trouve encore en différents endroits des vestiges de leurs moraines ou dépôts.
Cette époque, en effet, est caractérisée par un changement atmosphérique extraordinaire et par plusieurs phase successives d'extensions des glaciers.
De grandes nappes de glace couvrirent, à certains moments, une partie de l'Europe, et leur actio, réfrigérante modifia le climat de la France en particulier.
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Il y a également, chez nous, le Barrémien, l'Aptien, le Néocomien, le Valenginien, l'Hauterivien, etc..., dont les types sont :
Barrême, Apt, Neufchâtel (Neocomum), Vallingin en Suisse, etc...
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Des calcaires sénoniens (crétacé supérieur), d'un gris clair, en dalles irrégulières, avec parties massives, blanchâtres ou noirâtres, et (vers la Petite Cayolle) d'une teinte lie de vin.
Ils affleurent au nord du lac, à quelque distance, où ils constituent, en partie, le sommet du mammelon connu sous le nom de Tête-Ronde.
A l'est du lac, ils forment une bande anticlinale étirée, allant du Pas-de-Lausson vers le sud-ouest, en traversant l'extrémité sud du lac, où ils émergent en un petit îlot blanchâtre.
Au sud de ce point, existe un affleurement de calcaire blanc massif, dans lequel nous avons observé des traces de belemnitidés (Belemnitella ?)".
(Note sur la structure géologique des environs du lac d'Allos -1897-, par M. Kilian.).
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On rencontre aussi fréquemment dans d'autres régions, dans le terrain tertiaire, des calcaires très compacts pénétrés de silice (qu'on nomme calcaire siliceux), et de véritables roches de silice vacuolaire que l'on distingue sous le nom de silex meulière (meules de moulin). (Ad.F.).
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Constitution géologique des massifs de la Haute Bléone, du Haut Var.
Notice explicative sur la feuille de Digne de la Carte géologique de France.
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Nous avons, M. Haug et moi, adopté pour le bassin de l'Ubaye la même interprétation. (Kilian.).
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Cours d'eau, lacs et glaciers.
Etude géologique des terrains. -
FAUNE ET FLORE.
Hommes remarquables.- Eglises et chapelles.
Anciennes fortifications.
Routes, postes et télégraphes, instruction publique.
Dames de charité, bureau de bienfaisance.
Langue et religion.
Les animaux et les végétaux étant les principales ressources et la vie de nos montagnes, il convient que mes lecteurs trouvent ici quelques notions sur la Faune et la Flore d'Allos.
Les restes des animaux enfouis sous le sol, les inscrustations de leurs débris, leur empreinte, etc.,
"ne sauraient nous être indifférents, nous dit un de nos plus savants compatriotes.
Bien que, comme matière, ils ne nous disent plus rien, ils n'en doivent pas moins être considérés comme les dates, les inscriptions et les chartes des temps antérieurs...
Ils sont pour nous l'histoire matérielle des siècles qui ont précédé l'histoire écrite; ce sont ces restes qui servent aux géologues à fixer les époques, à caractériser les terrains et à distinguer les couches par la nature même de leur composition.
Note (1)
Note (2) et d'autres régions bas-alpines, mais elle n'en est cependant pas dépourvue.
Il y a, en effet, des Mollusques céphalopodes, des Ammonites, des Bélemnites et des Nummulites.
Ces Mollusques jouent un rôle important dans les études géologiques, selon l'expression d'un auteur contemporain, même quand on ne trouve pas dans les rochers les coquilles qui les enveloppaient, mais seulement leur moulage, c'est-à-dire la partie intérieure de ces coquilles remplie d'une matière minérale qui reproduit la forme de ces animaux.
J'ai déjà dit, d'après le même auteur, que la limite extrême des affleurements du même terrain est aux environs d'Allos et du Lauzanier (Larche) , où le Néocomien supérieur à Ammonites infundibulum, Belemnites grasianus et crioceras, se présente sous la forme de calcaires, etc.
On voit aussi des traces de Bélemnites au sud du lac d'Allos.
Note (3)
"Il faut noter, disent-ils, la présence, aux Séolanes, au Mourre-Haut, au Gerbier et près de la Cabane de Talon, de couches à grandes Nummulites (N. perforata) inconnues dans cette partie des Alpes et plus anciennes que les calcaires à Nummulites des Hautes-Alpes et des environs même du Lauzet.
Ces couches ne se retrouvent que sur le versant italien du côté de Demonte."
Note (4)
Quoique notre Faune actuelle n'offre rien de particulier, dit encore l'érudit docteur, elle ne doit pas être négligée; ce serait une lacune dans notre histoire."
On les divise en Truites saumonées et non saumonées.
Celles qui ressemblent au saumon, le roi des poissons d'eau douce, ont la tête plus petite, en forme de coin, et les côtés parsemés d'un plus grand nombre de taches.
Pendant l'hiver, les pêcheurs percent la couche de glace qui couvre le lac, et ils font passer les filets par cette ouverture.
Il y a aussi des Truites dans le Verdon, Chadoulin et Bouchiers; celles de ce dernier cours d'eau sont les plus recherchées.
Son poil, qui est estimé pour les fourrures, a la propriété de certains oiseaux aquatiques :
il ne s'imprègne pas d'eau, tant que l'animal est vivant.
le Chamois, le Renard,
Note (5) la Marmotte, le Blaireau, le Lièvre, l'Ecureuil, la Martre, la Fouine, la Belette, la Taupe, le Mulot, etc.
Il habite les hauteurs, et de préférence les lieux inaccessibles.
C'est là que les chasseurs tâchent de la surprendre.
"Les Chamois vivent en société sur les montagnes de Barcelonnette, d'Allos, de Prads, de Colmars, etc."
(Docteur Honnorat.)
Il se nourrit de Lièvres, de Lapins, de Taupes, de Mulots, d'oiseaux de toute espèce, et les poulaillers où il peut s'introduire sont bientôt dépeuplés.
Il est donc plus nuisible qu'utile, et c'est pourquoi on lui fait une guerre d'extermination.
Elle entre dans son terrier vers la fin du mois de septembre et y demeure pendant sept ou huit mois.
Elle se replie sur elle-même et demeure là, engourdie, vivant de sa propre graisse, qui se consume lentement, et ne faisant un peu de mouvement que lorsque la lune se renouvelle.
La chaleur du printemps la fait sortir de sa longue léthargie, et bientôt elle fait entendre ses sifflements aigus.
Il rend des services à l'agriculture en détruisant les Hannetons, les Guêpes et beaucoup d'insectes, mais il se nourrit aussi de fruits et il dévore les oeufs des oiseaux.
On se demande cependant si ces dégâts justifient la loi ou règlement du 1er germinal an XIII, qui traite le Blaireau comme un animal nuisible.
Ordinairement, il dort dans son gîte pendant le jour et il se promène pendant la nuit.
C'est à l'occasion de ses courses nocturnes qu'il peut faire quelques dégâts dans les campagnes; mais il n'est pas malfaisant et, si on le tue, c'est comme gibier recherché.
Il a le tort de manger les oeufs et même les petits des oiseaux.
Ce poil est blanc chez la Fouine, et jaune chez la Martre.
L'une et l'autre dévorent le menu gibier et dépeuplent les basses-cours.
Si elle contrarie les agriculteurs en creusant des galeries dans le sous-sol, comme les Mulots, elle fait, en même temps, un drainage utile et dont bénéficieront les futures récoltes.
Ces petits rongeurs ne sont donc pas toujours malfaisants.
Ajoutons quelques notions sommaires sur les oiseaux sauvages, qu'il faut diviser en deux classes :
ceux qui habitent constamment chez nous et ceux que nous ne voyons que pendant la belle saison.
(Docteur Honnorat.)
(Docteur Honnorat.)
Elle est criarde, querelleuse, et on l'accuse d'être voleuse.
Elle n'émigre jamais, et elle rend des services à l'agriculture en dévorant beaucoup de petits animaux nuisibles.
Il ne marche qu'en sautant, comme quelques autres oiseaux.
Comme la Pie et le Geai, le Corbeau n'émigre jamais.
Le nom de Perdrix blanche ne lui convient bien qu'en hiver, car, pendant l'été, son plumage est presque tout gris.
(Docteur Honnorat.)
Lorsque le Pivert a frappé d'un coup de bec un côté de l'arbre, il se transporte lestement sur le côté opposé pour ne pas laisser échapper les insectes qui vont en sortir.
Il est beaucoup plus gros que le pigeon ordinaire.
On remarque son nid au sommet des mélèzes, dans les forêts d'Allos.
Note (6) dans son excellent Livre de la ferme, n'est pas la partie la moins utile, ni la moins intéressante de notre faune, cum rerum natura nusquam magis quam in minimis, tota sit. (Pline, lib. XI, c. 2. )
Ces oiseaux prennent les insectes au vol....
Ce sont les Bergeronnettes, les Rouge-Queues, les Rouges-Gorges, les Rossignols, les Fauvettes, les Roitelets, etc.
Presque tous nous quittent pendant la mauvaise saison, lorsque le manque d'insectes les force à émigrer vers le sud; il ne nous reste que le Roitelet, le Rouge-Gorge, le Grimpereau, etc...
Note (7)
La disparition des insectes parfaits,pendant l'hiver, pousse les insectivores qui nous restent à la recherche des oeufs et des larves engourdies....
"Si on voit les Mésanges grignoter les bourgeons dans les vergers, que l'on ne s'effraye point :
le plus souvent, c'est que le bourgeon renferme de petites larves.
Note (8)
Elles détruisent une quantité de cécydomies (mouches de Hesse) et de larves d'élatérides (taupins), ces deux fléaux du blé.
Les Grives et les Merles sont de grandes Fauvettes; elles en ont le chant et la nourriture....
Le dernier a pour mission, ainsi que le rappelle le docteur Turrel, de se nourrir de grosses chenilles velues que peu d'autres oiseaux peuvent digérer, et l'on prétend qu'il en détruit cent soixante-dix par jour.
Paix donc aux Chardonnerets, Linottes, Pinsons, Becs-Croisés.....
On ne peut lui reprocher que son goût pour les cerises."
Il n'est peut-être pas, en France, de vallée dont le développement soit plus complexe et plus inattendu que celle du Verdon.
Note (9)
Le voyageur qui, de la ligne ferrée de Marseille à Grenoble par Veynes, voit, au voisinage de la gare de Corbières, les grèves de la Durance s'étendre vers l'Est, au pied du plateau monotone de Riez, ne se doute pas des surprises qui l'attendraient s'il songeait à remonter la vallée qui se perd dans la Durance au voisinage de Vinon.
Le régime étrange du Verdon s'accuse au delà de Gréoulx; il s'affirme à mesure qu'on en remonte le cours.
Pour être exact, il convient de le dire, on ne le remonte qu'avec des écarts importants, destinés à tourner des difficultés insurmontables.
Si, d'ordinaire, les vallées sont les voies de la civilisation, ce n'est sûrement pas en suivant l'affluent le plus important de la Durance que les maîtres de la Méditerrannée ont imposé leur domination aux habitants de la vallée supérieure du Verdon.
Le géographe qui en suit les méandres pour en connaître le régime va d'étonnement en surprise et se croirait souvent égaré sans les cartes qui le guident.
C'est un dédale hydrographique.
Note (10) il explique cette énorme nappe de déjections miocènes constituant le plateau de Riez, sillonné par les eaux de l'Asse et longé par le cours inférieur du Verdon.
Il montre par quels puissants efforts orogéniques les masses rigides des dépôts calcaires et dolomitiques jurassiques, les masses flexibles des marnes et calcaires marneux jurassiques et crétacés durent se prêter à la nécessité d'occuper une moindre étendue; il établit comment l'effort de striction ralenti, puis arrêté, recommença après le dépôt de nouvelles couches.
Les portions les plus rigides furent faiblement disloquées; elles forment aujourd'hui la zone des Causses.
Les bandes les plus souples, comprimées par les premières, subirent des plissements d'une puissance extrême; après des modifications profondes contemporaines de l'édification définitive du massif des Alpes ou postérieures, elles constituent la zone des Barres.
Le botaniste est, en sa présence, comme le géologue.
Il n'y voit pas une vallée naturelle, mais une série de bassins d'écoulement reliés les uns aux autres.
L'ensemble n'en saurait être étudié d'une manière synthétique par le botaniste, comme les vallées du Var ou de l'Ubaye.
Celle du Verdon est un sillon irrégulier dans les chaînes subalpines et les Préalpes de Provence, qui forment un ensemble tout à fait naturel au point de vue de la géographie botanique.
Jusqu'à Thorame-Haute encore, il présente une particularité.
Tout porte à croire qu'il suivait jadis la large dépression de Thorame-Haute à la Batie, pour suivre le thalweg de l'Issole et retrouver son lit actuel près de Saint-André; le défilé de Branchaï paraît avoir été creusé tardivement.
Elle a une direction générale Nord-Sud; elle subit le même éclairement; elle est exposée d'une manière uniforme aux rayons calorifiques.
Les contreforts qui épaulent les deux chaînes limites ont, au contraire, un versant à l'adrech et l'autre l'ubac; il en résulte de remarquables différences entre ces deux versants.
C'est la voie qu'avec raison les ingénieurs ont choisi pour établir la route d'Allos à Barcelonnette, profitant de la dépression du col de Valgelaye pour descendre au plus près dans le vallon du Bâchelard.
Les botanistes n'ont pas le même intérêt à remonter le Verdon jusqu'à ses sources.
Le cirque des montagnes qui les dominent, exposé au Sud, a fourni de temps immémorial un abri aux troupeaux, qui peuvent, à conditions égales, s'y élever plus haut et y demeurer plus longtemps qu'ailleurs.
Les arbres en ont à peu près disparu; la flore alpine s'y développe moins que sur d'autres versants, en raison de l'exposition chaude, et elle est appauvrie par le parcours des troupeaux.
Il en est de même de la crête qui se développe de la Sestrière au Cimet et de son versant méridional.
Le vallon du Bouchier, au contraire, et mieux encore le bassin du Chadoulin offrent aux botanistes les observations les plus intéressantes.
Le Cimet et le Pelat dépassent 3000 mètres d'altitude; la chaîne qui sépare le Chadoulin du Var, avec ses beaux lacs, ses crêtes abruptes et ses cimes décharnées, présente une variété de stations favorables à la diversité de la flore.
De plus, les vallées qui s'ouvrent directement sur la Méditerranée, comme celle du Var, ont un caractère floristique particulier, qui n'est pas sans influence sur les vallées les plus voisines.
A altitude égale, on trouve plus d'espèces propres aux vallées chaudes dans le bassin du Var que dans celui du Verdon.
Par contre, les éléments floristiques méditerranéens sont plus fréquents dans la vallée du Verdon que dans celle de la Bléone ou de l'Ubaye.
Les unes et les autres appartiennent au Secteur austro-occidental du Domaine floristique des Alpes.
La vallé supérieure du Verdon, avec les vallées supérieures des Alpes maritimes, constituent un district bien défini de ce secteur, le district floristique des Alpes méditerranéennes.
Il existe des peuplements satisfaisants de Chênes dans la vallée de l'Issole, sur les territoires de Lambruisse ( à l'adrech) et de Thorame-Basse, entre 1000 et 1400 mètres.
Nous avons observé un Chêne buissonnant à 1470 mètres, dans la forêt de Lambruisse.
En somme, les Chênes sont rares dans le fond de la vallée et au voisinage des agglomérations.
Dans le voisinage des exploitations, ils sont presque toujours tallés en têtards.
Ils fournissent le fourrage que les près ne donnent plus.
Le Buis, la Lavande (Lavandula vera) et le Genêt cendré sont les arbrisseaux dominants; mais depuis la limite ordinaire des cultures, vers 960 mètres, jusqu'à 1600 mètres, le Pin sylvestre a envahi la plus grande partie du territoire.
Il s'y comporte comme dans toutes les Alpes méridionales, tendant à envahir les terrains dépouillés de forêts.
Le besoin de bois et l'abus du pâturage finissent par en avoir raison, malgré sa résistance exceptionnelle; c'est ainsi que d'énormes surfaces demeurent improductives.
Les étrangers qui parcourent ce pays s'étonnent qu'il existe en France des contrées aussi abandonnées et que les représentants des Alpes dans les conseils de la nation n'agissent pas de tout leur pouvoir pour obtenir des lois une protection efficace contre la ruine des contrées qui leur confient leurs intérêts.
Dans les clairières et les points les plus ensoleillés, on trouve le Thym, la Sariette, la Lavande, le Lis pourpre, Silene Otites, S.italica, Helianthemum canum, H.italicum, H.polifolium, Dianthus longicaulis, Sedum nicoense,Echinops Ritro, Leuzea conifera, Melica ciliata, Aegilops ovata.
Plusieurs de ces espèces dépassent l'altitude de 1600 mètres; la Lavande atteint même 1700 mètres.
Ranunculus monspeliacus, Hypericum hyssopifolium, Ononis cenisia, O. fruticosa, Anthyllis montana, Astragalus, Vicia onobrychioides, Lonicera Xylosteum, Carlina acaulis, Inula montana, Hieracium staticefolium, Campanula rapunculoides, Cerinthe minor, Linaria supina, Nepeta lanceolata, Allium sphoerocephalum, Lasiagrostis Calamagrostis.
l'Ancolie commune, la Mercuriale vivace, le Sceau de Salomon, la Bourdaine des Alpes, le Groseillier des Alpes, l'Esparcette des rochers, la Coronille arbrisseau, avec Saponaria ocymoides, Molopospernum cicutarium, Chrysanthemum corymbosum, Teucrium Botrys et Euphorbia dulcis.
Un simple coup d'oeil jeté sur cette courte liste nous avertirait que nous sommes bien dans un pays de Chênes rouvres, alors qu'il n'existerait plus un seul individu de cette précieuse essence.
Le Framboisier, le Sorbier des oiseleurs, le Noisetier sont abondants; le Pin sylvestre, plus abondant que le Hêtre, révèle que des abus d'exploitation se sont produits pendant longtemps.
La flore herbacée est caractéristique.
Il suffit d'en signaler les espèces les plus notables.
L'anémone des Alpes et l'A. hépatique, la Valériane des montagnes; les Campanules à feuilles de pêcher, à feuilles rondes, à feuilles de lin, la Centaurée des montagnes, la Primevère officinale, le Lis pourpre, les Dianthus silvestris, Hypericum hyssopifolium, Linum suffruticosum, Alchemilla vulgaris, Saxifraga granulata, Homogyne alpina, Leucanthemum maximum, Monotropa hypopitys, Androsace Chaixi, Veronica fruticulosa, Phalangium Liliago, Allium paniculatum et Stipa pennata.
Des prairies de même nature, avec la même composition florale, occupent la faîte de la plupart des Préalpes provençales, dès qu'elles approchent de l'altitude de 1600 mètres ou la dépassent.
Dans quelques cas même, la prairie pseudo-alpine couvre des sommets de plus faible élévation, comme la Blache au Nord de Castellane (1313 mètres).
Une étude attentive permet de reconnaître que l'abaissement de la limite supérieure de la végétation arborescente est normal; il ne faut pas l'attribuer à la destruction de forêts par l'imprudence de l'homme; les vents qui balaient ces sommets sont d'autant plus violents que les cimes sont plus hautes et plus isolées; ils sont d'autant plus secs, les autres conditions étant égales, qu'ils appartiennent au revers méditerranéen des Alpes.
On sait que les arbres peuvent être tués par l'excès de la transpiration sur l'absorption par les racines; c'est en exagérant la transpiration par rapport à l'absorption, que les vents froids d'hiver comme les vents secsd'été brûlent les rameaux des arbres et les ramènent sans cesse à des formes rabougries.
Ce phénomène se produit partout où les vents sont en même temps secs et forts.
Nous l'avons observé sur les bords de la mer du Nord comme sur les rivages de la Méditerrannée, sur les sommets des Préalpes comme aux cols des Alpes élevées; dans leur voisinage, la végétation arborescente atteint un niveau inférieur à celui auquel elle arrive sur les versants abrités contre les vents.
L'administration forestière y a planté des Pins Cembros, entre 1700 et 1880 mètres; le Pin Cembro est de tous les arbres des montagnes d'Europe celui qui vient volontiers le plus haut.
Dans nos Alpes, la limite supérieure dépasse de 200 mètres celle de toute autre espèce arborescente, c'est-à-dire 2400 mètres au pic de Dourmiouze, par exemple.
Or, ces arbres meurent à Chamatte, brûlés par les vents du nord, à 700 mètres au-dessous de leur limite ordinaire.
Draba aizoides, Iberis saxatilis, Arenaria aggregata, Alsine Villarsii, Antennaria dioica, Saxifraga oppositifolia, Galium anisophyllum, Aster alpinus, Gregoria vitaliana, Pedicularis verticillata, Veronica Allionii, Plantago alpina.
A côté de ces espèces, signalons seulement, pour confirmer qu'il s'agit là d'une apparence de prairies alpines :
Astragalus Onobrychis, A. aristatus et Scabiosa graminifolia.
En réalité, on n'atteint la région alpine que vers les crêtes du Cheval-Blanc, du Courradour et du Grand-Goyer.
Dans la forêt, il y a quelques enclaves jadis cultivées, abandonnées maintenant; elles sont envahies par le Pin sylvestre, sous lequel se fait un peuplement abondant de Sapin; c'est une indication précieuse.
Pour s'assurer, dans l'avenir, un revenu supérieur, la commune de Lambruisse devrait repeupler les vides en Epicéas ou en Pins sylvestres, considérés comme essences temporaires; à leur abri, le Sapin se multiplierait, et des coupes d'éclaircies échelonnées compléteraient la forêt sous sa forme normale.
Le Sapin descend jusqu'à 1025 mètres dans les alluvions de l'Issole.
Signalons seulement, dans la forêt de Sapins de Lambruisse, le Tilleul (Tilia intermedia) , la Bourdaine des Alpes, la Pivoine (Poeonia peregrina) , le Cytise des Alpes, les Saxifraga Aizoon, Prenanthes purpurea, Campanula persicoefolia, Phyteuma spicatum, Pyrola secunda, Androsace Chaixi, Veronica urticoefolia, Calamintha grandiflora, Euphorbia dulcis, Neottia nidus-avis, Luzula maxima, Melica uniflora.
Le Noyer (Juglans regia) est toujours largement associé aux cultures, et, jusqu'à Beauvezer, les pentes de la rive droite sont occupées par le Chêne rouvre jusqu'à 1200 mètres environ; au delà de ce village, il disparaît; nous ne le retrouverons que sur les coteaux au Nord de Colmars, en amont du fort de Savoie.
Il y forme 20 pour cent du peuplement, associé au Pin sylvestre, au Peuplier tremble, au Buis.
Avec eux, nous avons vu l'Alisier blanc, le Cytise à feuilles sessiles, le Noisetier, la Bourdaine des Alpes, le Bouleau et le Prunier de Briançon aux fruits acerbes mûrissant en automne.
Le Buis cesse définitivement vers 1400 mètres; le Chêne à 1410 mètres; le Noyer est cultivé en amont d'Allos jusqu'à 1480 mètres.
La belle forêt communale de Monier s'étend entre 1350 et 2500 mètres; elle comprend du Pin sylvestre en bas, du Sapin et de l'Epicéa dans les parties moyennes et du Mélèze, qui forme 70 pour cent de l'ensemble et occupe les hauteurs, à l'exclusion des espèces précédentes, associé seulement à quelques Pins Cembros.
Sous la futaie, les espèces les plus répandues jusqu'à 1630 mètres sont le Buis, l'Amélanchier, les Cotonéasters commun et cotonneux, le Framboisier, le Myrtille, le Cytise à feuilles sessiles, le Serpolet, Veronica urticoefolia, Lonicera Xylosteum, Oxalis acetosella, Bupleurum gramineum, Teucrium lucidum, Rosa graveolens, Campanula rotundifolia, Calamintha grandiflora.
Avec ces espèces dominantes, d'autres méritent qu'on les signale :
le Sureau à grappes, le Chêvre-feuille des Alpes, la Myrrhe odorante, la Fritillaire du Dauphiné, l'Aconit paniculé et l'Aconit tue-loup, la Rose des Alpes, l'Astragale pourpré, Hypericum montanum, Lathyrus vernus, Trociscanthes nodiflorus, Molopospermum cicutarium, Galium loevigatum, Saxifraga lingulata, Senecio soeracenicus, Bellidiastum Michelii, Maianthemum biflorum; avec cela, quelques espèces alpines.
C'est à peu près exactement la flore de la forêt de Gache, dans la vallée du Bachelard.