Connaître les Enfants du Pays...

Le DOCTEUR S.-J. HONNORAT

NATURALISTE ET PHILOLOGUE

SA VIE ET SON OEUVRE



par L.A DESSALLE


CHAPITRE PREMIER

L'enfance d'Honnorat
Son mariage
Son départ pour GrenobleSon séjour à Paris
La précision mathématique de son esprit

Simon-Jude Honnorat naquit le 3 avril 1783 au Haut-Villard (altitude 1759m) , l'un des douze et le plus petit des hameaux de la commune d'Allos , dans la partie la plus reculée et la plus montagneuse du département des Basses-Alpes.
Il fut baptisé le lendemain de sa naissance , dans l'église paroissiale d'Allos , par l'abbé Guien ,
curé de la paroisse

Son père Jean Honnorat , était un cultivateur aisé d'une ancienne famille d'Allos qui confia de bonne heure l'éducation de son enfant aux soins dévoués de l'excellent prêtre qui dirigeait la paroisse.
D'une intelligence vive et d'une application soutenue, le jeune élève apprit très rapidement à lire et à écrire, et le digne ecclésiatique ne tarda pas à lui donner les premières notions du latin.
Un enfant aussi bien doué et aussi studieux devait faire de très rapides progrès, et l'élève n'aurait pas tardé à surpasser son maître sans le grand événement de notre histoire nationale, qui brusquement vint interrompre les études à peine commencées du jeune Honnorat.

La Révolution française de 1789 éclata; le prêtre qui s'occupait avec vigilance de son éducation fut obligé de chercher ailleurs un refuge contre la tourmente révolutionnaire, et le jeune Honnorat, qui était âgé de six ans, se trouva seul et sans guide.

A cette époque de crise, la petite ville d'Allos présentait un aspect tout particulièrement triste.
Sa position frontière en avait fait le rendez-vous des nobles et des prêtres qui fuyaient de toutes parts.
C'était là que les malheureux exilés disaient un dernier adieu à la France pour prendre ensuite le chemin de l'Italie

Dans ce pays où l'on était accoutumé de recevoir l'accueil le plus bienveillant, toutes les portes restaient closes par crainte d'une dénonciation et les proscrits étaient contraints de chercher un refuge dans les recoins les plus reculés des montagnes.
Durant cette période critique, Honnorat, quoique à peine âgé de dix ans, fut plus d'une fois d'un grand secours aux malheureux pourchassés en leur donnant les indications les plus utiles pour échapper aux ennemis qui les poursuivaient.
Il fit aussi preuve d'une fermeté de caractère au-dessus de son âge, alliée aux sentiments les plus généreux.

Lorsque les troubles révolutionnaires eurent pris fin, Honnorat songea à reprendre ses études interrompues.
Il était maintenant privé des lumières du maître qui avait guidé ses premières leçons et il ne savait plus traduire les thèmes qu'il avait faits à six ans.
Il travailla avec ardeur. Habitué à s'exprimer en provençal, sa langue naturelle, il éprouvait bien des difficultés pour rendre exactement en français les idées qu'il concevait.

Le provençal était alors une langue fort répandue et celle uniquement employée dans la haute société ; les prédicateurs s'en servaient dans leurs sermons.
Honnorat, en cherchant à rendre ses pensées de provençal en français, fut ainsi amené à rédiger des cahiers qui furent la première ébauche du Dictionnaire provençal-français, cet ouvrage si précieux dont il est l'auteur et auquel il consacra quarante années de sa vie.

En 1799, à peine âgé de seize ans, il demanda en mariage Mlle. Marie-Rose-Véronique Gariel, âgée de dix-huit ans, fille "du citoyen Jean-Hyacinthe Gariel, homme de loi"
Le mariage fut célébré le 20 prairial an VII de la République française une et indivisible (10 juin 1799) , dans la maison commune d'Allos, " lieu destiné à la réunion décadaire des citoyens "

Gariel, notaire à Allos, ancien avocat en la Cour de Draguignan, appartenait à l'une des familles les plus anciennes et les plus justement estimées de la Haute-Provence.
Les deux familles étaient unies par les liens d'une étroite amitié et on doit considérer comme certain que Jean-Hyacinthe Gariel décida le futur docteur Honnorat à embrasser la carrière médicale.
Gariel, en effet, ne voyait d'autre carrière à conseiller que celle de la médecine.
Son fils lui ayant demandé de lui assurer des occupations pouvant lui ouvrir une carrière , il l'avait invité à embrasser la carrière médicale. Celui-ci dit dans les mémoires qu'il a laissés :
"Mon père me répondit qu'il n'y avait plus d'autre art que l'art de guérir."
Gariel dut donc , malgré une invincible répugnance, commencer l'étude de la médecine à Grenoble.
Nous croyons donc être dans la vérité en disant que l'avocat Gariel conseilla de la même façon son gendre Honnorat et l'orienta vers les études médicales.

Deux ans après son mariage, Honnorat se rendit à Grenoble, accompagné de son beau-frère Hyacinthe Gariel, pour étudier la médecine.
La loyauté de son caractère lui conquit bientôt toutes les sympathies.
Lié d'amitié avec le célèbre botaniste Dominique Villars, professeur de botanique et de matière médicale à l'hôpital de grenoble , il se livra avec passion, sous la direction de ce maître, à l'étude de la botanique et de la chimie, et obtint les premiers prix à l'Ecole centrale .

A la fin de l'année 1802, "le 30 fructidor an XI de la République une et indivisible, le préfet de l'Isère décerna au citoyen Simon-Jude Honnorat d'Allos, pour récompense de ses succès et de son assiduité, le premier prix de chimie"
C'était le Traité des connaissances chimiques appliquées aux phénomènes de la nature, par Fourcroy, directeur général de l'Instruction publique, ouvrage en dix-huit volumes, édité à Paris en l'an IX.
La main de Villars n'avait pas été étrangère au choix de ce bel ouvrage; le célèbre professeur tenait ainsi à récompenser dignement l'élève qui lui avait été le plus cher.

Nous avons, sur le séjour d'Honnorat à Grenoble et à Paris, une relation inédite du Dr. Paul-Ant.-Basile Bonnardon.
Nous devons l'obligeante communication de ces pages au vénéré doyen de la Faculté des Sciences de Besançon, M. le professeur Antoine Magnin, auquel nous renouvelons ici l'expression de notre respectueuse reconnaissance.

Le Dr. Paul-Ant.-Basile Bonnardon expose que c'est au cours de l'année 1802 qu'il fit la connaissance de son "bon ami et protecteur Honnorat , mort médecin à Digne, et dont il parlera souvent au cours de ses Mémoires.   C'était, dit-il un savant d'un ordre des plus élevés et d'une modestie égale. C'était pour lui une peine très grande lorsqu'il était obligé d'accepter le titre de membre d'une Académie ou de se faire connaître comme auteur d'un de ces ouvarges dont la publication fait époque"

Le Dr. Bonnardon trace ensuite ce bel éloge du Dr. Honnorat :

C'était l'homme le plus laborieux et le plus vertueux que j'aie jamais connu. Je ne pouvais assez admirer son caractère si franc , si loyal et si désintéressé. Rien ne le préoccupait que la science... Je n'ai jamais connu un homme d'une conduite plus régulière et de moeurs plus sévères... Il a eu pour moi l'attachement d'un père ; aussi ai-je toujours conservé pour lui la plus vive reconnaissance , la plus grande admiration et la plus grande amitié.

Après avoir relaté que le Dr.Honnorat avait été élevé par un oncle curé , qui avait quitté son ministère pour se livrer à l'éducation de son neveu , le Dr. Bonnardon ajoute qu'Honnorat savait , outre sa langue, le grec, le latin , et l'italien , et on pouvait dire de lui qu'il avait fait ce que l'on appelait alors de fortes études.

L'Ecole de Médecine de Grenoble ayant été supprimée la même année, Honnorat et son ami Bonnardon quittèrent Grenoble dans les premiers jours de novembre 1802 et se rendirent ensemble à Paris pour y poursuivre leurs études médicales.

Au cours du long voyage qu'était , il y a plus d'un siècle, le trajet de Grenoble à Paris par la diligence et le "coche d'eau" de Lyon à Chalon-sur-Saône , Honnorat assumait la charge de régler les dépenses des deux jeunes gens.

Je reconnaissais en lui, dit Bonnardon , une si grande supériorité d'instruction et un si bon coeur joint à un grand attachement pour moi que je le laissais faire sans la plus légère observation . Son seul regard un peu sévère m'inspirait un respect indéfinissable pour lui ."

C'est encore dans les précieux mémoires du Dr.Bonnardon que nous trouvons d'intéressants détails sur la vie d'Honnorat dans la capitale.

A Paris, Honnorat et son ami Bonnardon prirent une chambre en commun , garnie de deux lits , dans un hôtel de la rue Monsieur-le-Prince , et commencèrent leurs travaux.

La vie d'étudiant en 1802, était tout autre que ce qu'elle est de nos jours, ainsi que l'on va pouvoir en juger. Présentés par un parent au Dr. Boyer, chirurgien en chef de l'hôpital de la Charité et professeur à l'Ecole de Médecine, le réputé praticien donna aux deux jeunes gens quelques conseils concernant les cours auxquels ils devaient assister et les engagea à suivre son cours de pathologie externe ainsi que sa clinique à six heures du matin.
Astreints, en outre, à suivre d'autres cours à la Faculté, les deux étudiants étaient obligés de se lever à cinq heures du matin pour être rendus à l'hospice de la Charité à six heures.
La journée était consacrée à un travail incessant. Si l'étude et la mise en ordre des notes prises dans les différents cours de la journée le permettaient, les deux amis allaient passer la soirée le plus souvent au Théâtre-Français qu'Honnorat, qui avait un goût très prononcé pour le théâtre, affectionnait particulièrement.

Le dimanche, si le temps était beau, la journée était consacrée à visiter, au Jardin des Plantes, les animaux vivants et les galeries du Muséum. Honnorat avait déjà à cette époque une grande passion pour l'histoire naturelle. Il fréquentait assidûment les cours consacrés à cette science, cherchant à étudier les moeurs des animaux. Il acquit ainsi, plus tard, une grande réputation parmi les professeurs de notre bel établissement national, particulièrement auprès de Latreille, professeur d'entomologie, et de De Jussieu, professeur de botanique.

Les deux studieux amis avaient aussi l'un et l'autre la passion d'aller sur les quais acheter de vieux livres pour les échanger ensuite chez les libraires contre des ouvrages utiles à leurs études. Honnorat, bibliophile éclairé, connaissait la valeur des éditions rares et des livres précieux. Nos deux avisés fureteurs profitèrent souvent d'excellentes occasions, car on mettait alors en vente les bibliothèques qui avaient été saccagées pendant la tourmente révolutionnaire et l'on trouvait peu d'acquéreurs connaissant les livres et désireux d'en acheter.

Pendant la période estivale, Bonnardon, Honnorat et plusieurs compatriotes grenoblois faisaient des promenades aux jardins du Luxembourg ou des Tuileries, mais le plus souvent allaient excursionner dans les environs de Paris pour y cueillir des plantes et capturer des papillons qui venaient enrichir les collections déjà fort importantes d'Honnorat.

On jugera, par les lignes qui précèdent, quelle était déjà, à l'époque de sa vie d'étudiant, la haute valeur morale d'Honnorat et l'ascendant qu'il exerçait sur ceux qui l'entouraient.

Après cinq ans de séjour dans la capitale, Honnorat fut, en 1807, reçu docteur de la Faculté de Paris après avoir soutenu sa thèse sur l'Histoire naturelle, chimique et médicale des Cantharides.

Il vint se fixer à Allos, son pays natal, où il ne demeura qu'un an. Il s'établit ensuite à Digne , où il a toujours résidé juqu'à sa mort.

La vie entière d'Honnorat fut consacrée à un labeur incessant, et nous ferons connaître, au cours de ce travail, les études auxquelles il consacra une activité sans bornes.

Son esprit était d'une précision mathématique. Les définitions inexactes, les faits scientifiques mal présentés lui étaient à tel point désagréables qu'il ne se lassait point de rectifier, parfois en termes un peu sévères, les articles qui le choquaient. Il ne se gênait pas pour traiter "de divagations, de contes, de verbiage" les écrits dans lesquels il relevait des erreurs scientifiques, alors même qu'il s'agissait d'écrits d'un caractère littéraire et n'ayant aucune prétention scientifique. Nous devons reconnaître que cette tournure d'esprit, peut-être excessive, qui ne lui permettait de supporter aucune énonciation inexacte, le poussa à diverses reprises à dépasser les bornes de la critique permise.

Cet impérieux besoin qu'il éprouvait de rectifier les erreurs qu'il relevait au cours de ses lectures, lui attira parfois des répliques assez vives. Une polémique qu'il engagea avec J.J Julien, inspecteur divisionnaire des douanes à Entrevaux , au sujet d'un article publié par ce dernier dans le Journal des Basses-Alpes, donna lieu à une réponse fort injurieuse de J.J. Jullien, intitulée : Un savant.

Jullien avait écrit un article dans lequel on pouvait lire :
"...cette vaste montagne dont le dôme hardi s'élève à l'horizon est le Grand-Couyer, le Géant des Basses-Alpes" ,

Honnorat répondit "que cet article était déplacé puisqu'il ne tendait qu'à consacrer des erreurs" et rectifiait ainsi :

A moins que la signification des mots ne soit tombée, comme beaucoup d'autres choses, dans le domaine de l'arbitraire, M. J.J.J , est le seul homme qui ait pu trouver que le Grand-Couyer avait la figure d'un dôme. Cette montagne élevée de 14 à 1500 toises offre la forme de ce qu'on appelle un dos d'âne, et elle n'est guère plus élevée à l'une de ses extrémités qu'à l'autre; il n'est d'ailleurs pas plus vrai qu'elle soit le géant des Basses-Alpes, puisque à son Nord-Est, se trouve Pelat, qui a près de 200 toises d'élévation de plus, et qui constitue une masse bien autrement imposante.
Honnorat critiquait également la nomenclature donnée par Jullien des plantes entrant dans la composition du thé suisse et s'exprimait ainsi :

Il parait que la botanique de M. J.J.J. n'est pas mieux orientée que sa géographie : nous ne lui demanderons pas les noms des plantes qui entrent assez arbitrairement dans le vulnéraire suisse ou faltrank, mais pour abréger nous les lui donnerons...
Ces erreurs, en apparence insignifiantes, ont de facheux résultats lorsqu'elles ont obtenu l'honneur de l'impression... Ne vaudrait-il pas mieux, je vous le demande, mes chers lecteurs, qu'au lieu d'écrire de si belles choses, l'auteur eût épargné son temps, son encre et son papier ? L'histoire y aurait gagné et vous aussi.

Jullien répondit lui-même et sous
sa signature une lettre fort injurieuse intitulée , nous l'avons dit , " Un savant " et qui débutait ainsi :
A une époque, peu éloignée de nous, où la science ne courait pas comme aujourd'hui les rues, se donnait qui voulait la réputation de savant; la recette était simple : il suffisait de s'entourer de quelques bouquins poudreux, d'acheter quelques collections dépareillées de minéraux , de coquillages, de papillons, de médailles, et si, avec cela, on pouvait, du fond d'un cabinet encombré de squelettes, d'instruments de physique, d'alambics et de cornues, débiter à tout venant une demi-douzaine de mots grecs ou latins, on passait décidément pour un antiquaire, un naturaliste, un historien, voire un philologue; et bientôt, grâce à d'adroites insinuations incessamment répandues par quelque niais confident, on devait doter la province d'une histoire merveilleuse, d'un dictionnaire, que sais-je moi ? de quelque chef-d'oeuvre, enfin, capable d'étonner la postérité.
Dix,vingt,trente années se passent, le savant n'a rien produit; peut-être après sa mort ne trouvera-t-on dans son portefeuille que quelques recettes insignifiantes. Cela s'est vu, c'est égal; en attendant, la prescription est acquise, il est savant dans les formes, il a vécu sa réputation, son nom est même allé grossir la liste des membres d'une académie de province, et rien ne manque plus désormais à sa gloire départementale...

L'article, que l'on trouvera in extenso dans le numéro cité du Journal des Basses-Alpes, se terminait en termes violemment injurieux.

Cette lettre est suivie d'une page des plus humoristiques et pleine de verve ironique contre J.J. Jullien ; elle est intitulée : " Un sot ".

La réponse d'Honnorat serait à citer en entier, nous en reproduisons seulement le début. Après avoir commencé par déclarer :

Nous répondrons à quelques observations, non en ce qui nous concerne personnellement (les personnes ne doivent jamais figurer dans une discussion scientifique ou littéraire)

Honnorat continue ainsi :

"Vous faites observer que nos reproches se réduisent presque à rien : nous avions nous-mêmes dit : ces erreurs, en apparence insignifiantes, mais nous avions exposé en même temps comment elles peuvent devenir graves, toutes légères qu'elles sont. Chacun comprendra aisément, en effet, qu'un ouvrage écrit sur les lieux mêmes et imprimé dans le département dont il est question, doit faire foi aux yeux de tous ceux qui ne sont pas à portée d'examiner si les faits qui y sont mentionnés sont exacts ou non, de sorte que s'il renferme des erreurs, des courriers sont là pour les propager avec une rapidité aujourd'hui inconcevable.
La raison que vous donnez pour excuser ces erreurs, pouvant s'appliquer à des faits plus graves aussi bien qu'à ceux-ci, mérite une réponse, car le principe en serait trop dangereux s'il pouvait être admis. Quoi ! parce que des articles seraient uniquement littéraires, fussent-ils jolis, on pourrait se permettre d'y substituer l'invention à l'histoire, le mensonge à la vérité ! Il n'est d'ailleurs pas vrai que ceux signés J.J.J soient uniquement littéraires, on n'y voit partout que des faits plus ou moins historiques.

Rien n'est beau que le vrai , le vrai seul est aimable;

Si les poésies légères et descriptives de Voltaire et de Delille ont laissé bien loin derrière elles celles des auteurs contemporains, ne le doivent-elles pas, en grande partie, à cette connaissance de la nature qui fait que leurs ouvrages charment autant par la précision et l'exactitude de leurs enseignements que par l'harmonie de leur style !...

Nous nous rangeons à l'avis de Firmin Guichard quand il qualifie de "critiques bien amères" les rectifications contenues dans la lettre d'Honnorat et qui sont la cause initiale de la polémique. Si l'on peut regretter de voir notre savant, poussé par un irrésistible besoin d'exactitude et de vérité, se laisser aller à critiquer trop amèrement des écrits de bonne foi et sans caractère scientifique, on ne saurait trop s'élever contre les termes injurieux de la lettre de Jullien. Un homme du monde, ainsi qu'il se qualifie lui-même, aurait dû être plus maître de lui et ne pas se laisser aller à des inconvenances indignes d'un homme de son rang à l'égard d'un savant respectable et respecté. On aura, du reste, remarqué le contraste frappant qui existe entre les violences de langage de Jullien et le ton mesuré de la réponse d'Honnorat.
Si nous nous sommes quelque peu étendu sur une polémique survenue "entre deux hommes également honorables et faits pour s'estimer mutuellement" , c'est que nous avons tenu à bien établir par un fait probant que la conscience de savant d'Honnorat lui faisait pousser le souci d'exactitude jusqu'à l'engager dans des polémiques regrettables à tous les points de vue.

 

18 Notes :

Note (1) Mémoire couronné par l'Académie de Marseille . 1er prix de la fondation du Maréchal de Villars.1913
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Note (2) pièce justificative n° 1.
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Note (3) Ch. Gueit. Le docteur Honnorat
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Note (4) pièce justificative n° 2.
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Note (5) pièce justificative n° 2.
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Note (6) Histoire d'Allos, par l'abbé Pellissier , t.II p.513.
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Note (7) Pajot de Marcheval, intendant de la province du Dauphiné, avait fondé une école de médecine dans l'hôpital confié aux Pères de la Charité de Grenoble et avait désigné Dominique Villars comme professeur de botanique et de matière médicale dans cet établissement.
(Voir l'intéressante Notice historique sur la vie et les travaux du docteur Villars, par Victor Bally , In-8°, 56 p.Grenoble, 1858. Extr. du Congrès scientif. de France.24° sess. tenue à Grenoble en 1857)
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Note (8) Dominique Villars était également professeur à l'Ecole centrale de l'Isère.
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Note (9) Charles Gueit, loc. cit.
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Note (10) Les documents que nous analysons font partie d'un travail très considérable que M. le professeur Antoine Magnin prépare sur la famille Bonnardon, originaire de Vinay (Isère) , les relations scientifiques, administratives, politiques, etc.., de ses membres.
C'est, en effet, une famille très intéressante ayant donné 6 générations et 8 membres de docteurs en médecine, dont le dernier est le fils de M.le professeur Antoine Magnin, le docteur Léonce Magnin, mort pour la France des blessures reçues à la tête de son ambulance, en arrière de Bouchavesnes, le 15 septembre 1916.
L'un des membres de cette famille , le docteur Paul-Ant.-Basile Bonnardon, chirurgien militaire (1786-1863), a laissé des mémoires encore inédits qui sont consignés dans un gros manuscrit qui est la propriété de la famille Antoine Magnin.
Le docteur Paul-Ant.-Basile Bonnardon était l'ami du botaniste Dominique Villars qu'il avait connu à Vizille et qui lui avait fait passer sa thèse de docteur à Strasbourg en 1811. L'éminent praticien avait reçu Napoléon lors de son passage à Vizille, à son retour de l'île d'Elbe en 1815; Lafayette lors du banquet qui lui avait été offert en 1829; Casimir Périer, etc.
Une rue de Vizille a reçu le nom de Bonnardon, en souvenir reconnaissant des services rendus par plusieurs membres de la famille
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Note (11) N'aurait-il pas pu, lui aussi prendre la belle devise dont le maréchal Castellane avait hérité des Adhémar : May d'Hounour que d'hounours
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Note (12) Mémoires déjà cités.
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Note (13) VI° arrondissement et allant du boulevard Saint-Michel au carrefour de l'Odéon.
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Note (14) 54 pages in-4°. Paris, 1807.
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Note (15) J.J Julien,ancien employé à l'administration des douanes de la maison d'Orléans,était en outre inspecteur des monuments historiques; correspondant pour les travaux historiques des ministères de l'Intérieur et de l'Instruction publique; conseiller municipal d'Entrevaux,etc...
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Note (16) Journ. des Basses-Alpes 1er octobre 1837
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Note (17) J.J. Jullien
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Note (18) Firmin Guichard, ami de Jullien et éditeur du Journal des Basses-Alpes à l'époque de la polémique,n'est pas l'auteur de cet article,ainsi que le dit par erreur Charles Gueit dans l'étude biographique que nous avons déjà citée.
L'article de Jullien critiqué par Honnorat avait paru sous les initiales J.J.J , mais Jullien prend lui-même la propre défense de J.J.J et , a signé sa réponse.
Firmin Guichard a simplement fait précéder l'article de J.J Jullien des considérations suivantes : "L'attaque dirigée par M. le docteur Honnorat contre M.J.J.J. nous impose l'obligation de publier la réponse suivante ...
Nous demandons pardon à nos lecteurs d'avoir accueilli les critiques, bien amères il faut le dire, de M.le docteur Honnorat et d'avoir été ainsi la cause d'une collision facheuse entre deux hommes également honorables et faits pour s'estimer mutuellement."

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