MONOGRAPHIE BAS-ALPINE Itte
terrarum mihi praeter omnesAngulus ridet. TABLE DES MATIERES
TOME I PREMIERE PARTIE.
CHAPITRE Ier.
CHAPITRE II.
CHAPITRE III.
CHAPITRE IV.
CHAPITRE V.
CHAPITRE VI.
CHAPITRE VII
DEUXIEME PARTIE
CHAPITRE Ier.
CHAPITRE II.
CHAPITRE III.
CHAPITRE IV.
CHAPITRE V.
CHAPITRE VI.
CHAPITRE VII.
TROISIÈME PARTIE.
CHAPITRE I.
CHAPITRE II.
CHAPITRE III.
CHAPITRE IV.
CHAPITRE V .
CHAPITRE VI .
CHAPITRE VII.
TOME II CHAPITRE Ier
CHAPITRE II
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
CHAPITRE VI
CHAPITRE VII
CINQUIEME PARTIE
DESCRIPTION PHYSIQUE, PRODUCTIONS. CHAPITRE II
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
CHAPITRE VI
CHAPITRE VII
HISTOIRE D'ALLOS
depuis
les temps les plus reculés jusqu'à nos jours
par
L'Abbé J.-E. PELLISSIER
Vicaire général de Mgr. l'Evêque de Digne
Plus que tout autre ce petit coin
de terre a pour moi des charmes.
(Horace.)
Et pius patriae facta referre labor.
Redire le passé de son pays est
une oeuvre de piété filiale.
(Ovide.)
DEPUIS L'AN 1100 AV. J.-C. A L'AN 1000 DE L'ERE CHRETIENNE.
1.-Nom et origine des premiers habitants
2.-Territoire qu'ils occupaient.
3.-Leurs moeurs et leurs coutumes.
4.-Leur religion.
5.-Leur langue.
(1100-600 avant Jésus-Christ.)
1.-Moyens de défense des Gallitae.
2.-Leur attitude pendant les guerres puniques.
3.-Combats sur les bords du Var; deux victoires remportées sur les Romains.
4.-Soulèvement des peuples des Alpes par le roi des Allobroges.
5.-Les Gallitae au siège de Marseille.
6.-Conquête partielle des Alpes par Jules César.
(600-49 avant Jésus-Christ)
1.Peuplades des Alpes subjuguées par Auguste.
2.Trophée de la Turbie ; sa célèbre inscription.
3.Place qu'y occupaient les Gallitae et leurs voisins.
4.Annexion à la province Narbonnaise.
5.La province des Alpes-Maritimes, avec Cimiez pour capitale.
6.La religion et les lois des Romains imposées à leurs sujets.
7.Origine des communes.
8.Impôts ; esclavage.
9.Embrun, métropole civile des Alpes-Maritimes.
(13 avant Jésus-Christ. - 480 après Jésus-Christ.)
1.Trois prédications évangéliques successives dans nos Alpes.
2.Celle de saint-Nazaire et de saint Celse, au Ier siècle.
3.Celle de saint Pons, au IIIe siècle.
4.Celle de saint Domnin,de saint Vincent, etc., au IVe siècle.
5.Allos a toujours fait partie du diocèse de Senez, qui relevait de la métropole d'Embrun.
(60- 350.)
1.La Gaule ravagée par les Barbares du Nord.
2.Irruption des Vandales en Provence.
3.Les Bourguignons dans les vallées de Barcelonnette, de la Bléone, du Verdon, etc.
4.Domination des Visigoths dans les mêmes régions.
5.Théodoric, roi des Ostrogoths, et les bergers des Alpes.
6.Domination des Francs.
7.Invasions des Lombards et des Saxons.
(406 - 578.)
1.Les invasions des Sarrasins en Provence, divisées en trois périodes.
2.Leurs conquêtes en Espagne et dans le Midi de la France.
3.Ils ravagent la vallée du Rhône avant la bataille de Poitiers.
4.Ils s'emparent de la Provence, en 737, par la trahison de Mauronte.
5.Première expédition de Charles Martel en Provence ;nouveaux massacres après son départ.
6.Charles Martel et Luitprand délivrent la Provence.
7.Les habitants d'Allos réfugiés à Saint-Pierre ;leur église paroissiale et leur cimetière en ce lieu.
(711-739.)
1.Les Sarrasins s'établissent au Fraxinet, d'où ils ravagent toute la Provence.
2.Ils se dirigent de préférence vers les montagnes, les uns par
le Var et le Verdon, les autres par la Durance et l'Ubaye.
3.Vestiges de leur séjour dans la haute Provence ; une tombe sarrasine à Allos.
4.Ils perdent et reprennent le Fraxinet, pendant le règne du roi Hugues.
5.Etat lamentable de Barcelonnette, d'Allos et de toute la Provence.
6.Sa délivrance par le comte Guillaume et ses lieutenants.
(885-1000.)
DEPUIS L'AN 1000 JUSQU'A L'ANNEXION A LA SAVOIE, EN 1388.
1.Le XIe siècle répare les désastres du Xe.
2.Ce que firent les religieux et le clergé séculier pour réorganiser l'état social si profondément troublé en Provence.
3.Donation de la dîme des fromages des montagnes de Colmars et d'Allos aux moines de Saint- Victor de Marseille.
4.Importance historique de cette donation
5.Etymologie du nom d'Allos.
6.Donation faite aux moines de Lérins par une famille originaire d'Allos.
(1000-1101.)
1.Fondation de Barcelonnette.
2.Obligation d'accompagner le comte dans les cavalcades jusqu'à Allos inclusivement.
3.Règlements établis en Provence pour les cavalcades.
4.Contingent à fournir par chaque communauté.
5.Valeur du terroir d'Allos, au XII° siècle, d'après le nombre de feux.
6.Impôt foncier payé par les habitants d'Allos.
(1231-1233.)
1.Nos souverains depuis la séparation de la Provence du reste de la France.
2.Charte de Raymond-Bérenger établissant le consulat à Allos.
3.Les seigneurs et les prud'hommes d'Allos.
4.Organisation du consulat et étendue de sa juridiction.
5.Les fonctions des consuls indirectement rétribuées.
6.Impôts que se réservait le comte.
7.Mort de Raymond-Bérenger.
(1233-1245.)
1.Les princes d'Anjou règnent en Provence.
2.Charles Ier et Charles II; visite de Charles II à Allos.
3.Robert et son fils Charles, duc de Calabre.
4.Les habitants de Colmars, d'Allos et de Beauvezer prêtent serment de fidélité à ces deux princes.
5.La reine Jeanne; son buste dans l'église paroissiale d'Allos.
6.Hommage et serment de fidélité de la communauté d'Allos à la reine Jeanne et à Louis de Tarente, son deuxième époux.
(1245-1314.)
1.Le droit d'albergue; en quoi il consistait.
2.Sa transformation en redevance fiscale.
3.Perception de cet impôt à Allos, au XIV° siècle.
4.Noms des chefs de famille de la communauté d'Allos, à cette époque.
5.La population d'alors beaucoup plus nombreuse que celle d'aujourd'hui.
6.Noms qui n'ont pas changé.
(1344)
1.La reine Jeanne, Charles de Duras et Louis, duc d'Anjou.
2.Mort violente de la reine Jeanne.
3.Louis d'Anjou meurt en Italie, en poursuivant son
compétiteur.
4.Triste état de la Provence pendant la minorite de Louis II.
5.Soumission de nos pays à Charles de Duras et à son fils.
6.Balthazard Spinola et le statut d'Allos.
7.Serment conditionnel.
8.Craintes de nos ancêtres ; deux amnisties.
(1363-1385.)
1.Juridiction des consuls d'Allos en matière criminelle et civile.
2.Le tribunal du juge établi à Allos par le comte.
3.Les consuls chargés d'administrer et de défendre le pays en temps de paix.
4.Les ouvrages de défense et les dégâts en temps de guerre exclusivement à la charge du trésor royal.
5.Les tours des remparts, la porte Boucheria, le port d'armes libre.
6.Suppression de quelques impôts; reddition des comptes du clavaire.
7.Des seigneurs d'Allos, de la délivrance des captifs.
8.Du transport des marchandises, des pâturages, des foires, des troupeaux, du sel, de l'irrigation des champs.
9.Syndicat et bailliage d'Allos.
Préliminaires de l'annexion à la Savoie.
(1385-1388.)
DEPUIS L'ANNEXION A LA SAVOIE, EN 1388,
JUSQU'AU TRAITE d'UTRECHT, en 1713.
1.Nice appelle à son secours le comte de Savoie.
2.Convention préliminaire entre ce prince et les députés de Nice.
3.Charte de donation signée à Nice.
4.Les députés de Barcelonnette et d'Allos se rendent dans cette ville.
5.Le comte de Savoie à Barcelonnette.
6.Fâcheux résultats de notre séparation de la Provence.
7.Raymond de Turenne ravage la vallée du Verdon.
8.Trêves de 1389 et de 1400.
9.Amédée VIII et la reine Yolande.
10.Terre-Neuve.
11.Les premiers princes de Savoie qui régnèrent sur nous.
(1388-1472.)
1.Philibert Ier, fils du bienheureux Amédée ; régence de sa mère Yolande.
2.Louis XI devient comte de Provence ; craintes de la cour de Savoie.
3.Charles Ier, Charles II, Philippe II, Philibert II, Charles III.
4.François Ier ; ses milices dans la vallée de Barcelonnette.
5.Charles-Quint envahit la Provence.
6.L'évêque de Senez réfugié à Allos.
7.La domination française rétablie à Barcelonnette.
(1472-1551.)
1.LeDauphiné convoite Barcelonnette et son district ; édit d'annexion en 1537.
2.Protestation contre cet édit et remontrance de 1713.
3.Documents sur Barcelonnette, Allos et Saint-Martin d'Entraunes depuis 1537 jusqu'en 1559.
4.Maintien des anciens privilèges, libertés, franchises, etc.
5.Edit de Villers-Cotterets.
6.Guerre en Piémont; traité de Crespy et convention de Cagnes ; exonération d'impôts.
7.Mort de Francois Ier et du duc de Savoie.
8.Traité de Cateau-Cambrésis; cession de Barcelonnette, d'Allos et de Saint-Martin d'Entraunes à la Savoie.
(1537-1559.)
1.Le protestantisme et les vestiges des Vaudois dans les Alpes.
2.Troubles et ravages à Castellane, à Senez, à Barrême, à Digne , dans la vallée du Verdon, etc..
3.Mort du duc de Savoie ; les guerres de religion ; la Ligue.
4.Dévastations à Annot à Thorame-Haute à Tartonne; siège de Colmars.
5.Le nouveau duc de Savoie défend la Ligue en Provence.
6.Tristes vicissitudes dans le district de Barcelonnette
; siège de cette ville par Lesdiguières
7.Siège d'Allos par un de ses lieutenants.
8.Vigoureuse défense du capitaine Sicard; capitulation
; calamités publiques ; le traité de Vervins
(1559 - 1598.)
1.Courte durée de la paix de Vervins ; traité
de Lyon ; l'armée de Lesdiguières à Barcelonnette.
2.Le duc de Savoie établit les insinuations dans ses États.
3.L'enseignement libre à Allos, en 1610.
4.Préfecture de Barcelonnette.
5.Le Sénat souverain de Nice approuve les contributions de guerre imposées à Allos.
6.Impôts, donatifs, dettes , emprunts , trésoriers communaux, etc..
7.Vente conditionnelle des montagnes du Laus, de Valplane , etc...
8.Disette générale.
(1598-1628.)
1.Le marquis d'Uxelles, général de l'armée
du duc de Nevers, ravage la vallée de Barcelonnette et les pays voisins.
2.Allos saccagé et brûlé.
3.Louis XIII marche contre le duc de Savoie et réunit Barcelonnette, Allos, etc., à la France.
4.La peste de 1630, à Barcelonnette, à Allos; chapelles de Saint-Roch, à la Beaumelle et à Allos.
5.Gouverneurs et garnison de l'église d'Allos.
6.Ordre de démolir les remparts; la Savoie reprend possession de nos pays.
7.Dissenssions à la cour de Savoie; réconciliation des princes.
8.Monopole de la boucherie à Allos; conditions de ce monopole.
9.Fondation du collège de Barcelonnette.
10.Les habitants de la vallée victimes des prêts usuraires des juifs.
11.Officialité d'Allos.
12.Commanderie de Saint-Pierre d'Allos.
13.Paix des Pyrénées; mort du duc de Savoie.
(1628-1675.)
1.Le duc de Savoie épouse une nièce de Louis XIV.
2.Fondation dite Pré-de-Dieu.
3.Erection des paroisses de la Beaumelle et de Bouchiers.
4.Chapelle de Saint-Antoine de Padoue à Chauvet et dans l'église paroissiale d'Allos.
5.Catinat s'empare de la Savoie et de Nice; les Autro-Sardes prennent Embrun et brûlent Gap.
6.Les Français envahissent la vallée de Barcelonnette; le marquis de Parelles la reprend.
7.Siège de Colmars; Villars-Colmars, Beauvezer et Allos, livrés aux flammes.
8.Combats à Barcelonnette; contributions de guerres à Allos.
9.Démolition du clocher d'Allos.
10.Les dragons de Berwik campent à Allos.
11.Magasins de foin à Allos et à la Foux; fin de la domination de la Savoie sur nous.
(1675-1713.)
QUATRIEME PARTIE
DEPUIS LE TRAITE D'UTRECHT,EN 1713,JUSQU'A NOS JOURS
1.-Notre réunion à la Provence et le duc de Berwick.
2.-Frontières naturelles rétablies, depuis les sources d'Ubaye jusqu'à celles du Var.
3.-Le chemin de Preinier et le passage des troupes.
4.-Déclarations royales de 1714 et de 1716; grenier à sel établi à Allos.
5.-Elections municipales de 1718 et de 1719.
6.-Inféodation d'Allos.
7.-Incendie de 1718.
8.-Peste de 1720; comment Allos en fut préservé.
9.-La dîme; différend entre l'évêque de Senez et la communauté d'Allos.
10.-Exemption du service militaire.
(1713-1730.)
1.-Réparation de la voûte de l'église d'Allos; revendication du chemin de ronde
2.-Vente définitive de la montagne de Preinier
3.-Entretien des chemins
4.-Contributions et exactions, pendant les guerres de la succession d'Autriche; les Austro-Sardes à Castellane; transport du foin d'Allos à Digne
5.-Incendie d'Allos et de Notre-Dame de Valvert
6.-Une tour des remparts transformée en clocher; acquisition d'une horloge
7.-Réouverture de la plâtrière du Laus
8.-Un nouvel impôt
9.-Période de paix; revendication de la Chalenche et du Laus
10.-Suspension des élections consulaires; nouvelle loi municipale; élection restreinte
11.-Location d'une maison de ville; encore le transport des fournitures militaires; reboisement des montagnes
(1730-1767.)
1.-Croix plantées sur les sommets de Valgelaye, pour guider les voyageurs; visite de Mgr d'Amat à Allos.
2.-Incendie d'un quartier d'Allos; nouveau projet d'annexion au Dauphiné.
3.-La pêche dans les eaux du lac d'Allos; construction d'une barque.
4.-Le Villard veut être érigé en paroisse; le chaperon des consuls d'Allos.
5.-Avènement de Louis XVI; messe de l'aurore; réfection des cadastres.
6.-La bravade; les pouvoirs du premier consul.
7.-Draps fabriqués à Allos; incendie du Seignus.
8.-Payement des fournitures de guerre; maintien des privilèges.
9.Fondation d'une mission; suppression du bailliage.
10.-Cahier des doléances; menace des brigands; confédération de la vallée du Verdon.
(1767-1789.)
1.-La révolution française; nouvelle organisation municipale; suppression du consulat.
2.-Projet de séparer le hameau de la Foux de la commune d'Allos.
3.-Les prêtres d'Allos prêtent serment à la constitution civile du clergé; rétractation et exil du curé d'Allos.
4.-Accueil fait aux prêtres constitutionnels par les femmes d'Allos;Tante Trésor..
5.-Nouvelle et éphémère division de notre territoire.
6.-La garde nationale; plantation de l'arbre de la liberté; millésime et calendrier républicain.
(1789-1793.)
1.-La circonscription militaire et le tirage au sort; les hommes d'Allos gardent les passages du Laus et de Rochecline; ceux de Clignon, le col de Champ.
2.-La garnison de Colmars arrête les muletiers d'Allos.
3.-Le régime de la terreur; les suspects aux arrêts; les églises fermées; les cloches et les vases sacrés brisés; tout acte religieux interdit.
4.-Prêtres réfugiés au Villard-Haut, à Baumes, aux Foulons.
5.-Les émigrés d'Allos.
6.-Les cultivateurs privés de leur liberté; saisie des pailles et foins; emprunt forcé.
7.-Mort de Robespierre; ouverture momentanée des églises.
(1789-1793.)
1.-Continuation de la persécution et des fêtes révolutionnaires; prêtres cachés au quartier du Foreston.
2.-Les habitants d'Allos obligés de porter du foin et de la paille à Barcelonnette et à Colmars.
3.-Un piquet de dix hommes à la cabane du Laus ; un poste de cinq hommes à Valgelaye ; appel aux armes contre les Barbets.
4.-Concordat de 1801 ; rétablissement du culte catholique ; joie des habitants d'Allos.
5.-Suppression de l'évêche de Senez ; Pierre Bès, curé d'Allos.
6.-Hyacinthe Gariel, maire ; son administration ; le hameau de Champrichard détruit par une avalanche ; entretien des routes et du collège de Barcelonnette.
7.-Allos veut un bureau d'enregistrement et repousse le projet d'annexion à Castellane.
8.-Un piéton-courrier d'Allos à Colmars ; un piéton-messager d'Allos à Barcelonnette.
(1796-1815.)
1.Incendie d'Allos en 1833.
2.La commune propriétaire du bois d'Autapie et du Pré du Saint-Esprit..
3.Allos depuis 1833 jusqu'en 1848; la zone des douanes.
4.L'Iscle du Verdon; menaces d'une visionnaire; achat d'une pompe à incendie.
5.Fondation d'un bureau de bienfaisance à Allos.
6.Incendie de la Foux en 1878.
7.Progrès de la vie chrétienne, après les derniers vestiges du jansénisme; progrès matériel.
8.Routes; bureau des postes; fontaines; reboisement des montagnes.
(1833-1899.)
COURS D'EAU, LACS ET GLACIERS.
ETUDE GEOLOGIQUE DES TERRAINS. - FAUNE ET FLORE.
HOMMES REMARQUABLES.- EGLISES ET CHAPELLES.
ANCIENNES FORTIFICATIONS.
ROUTES, POSTES ET TELEGRAPHES, INSTRUCTION PUBLIQUE.
DAMES DE CHARITE, BUREAU DE BIENFAISANCE.
LANGUE ET RELIGION.
CHAPITRE Ier
1.-Topographie d'Allos; cirque formé par les montagnes.
2.-Pâturages; anciens troupeaux transhumants; vente des montagnes; le reboisement.
3.-Culture et production des vallées; élevage des bêtes à laine.
4.-Cours d'eau; canaux d'irrigation.
5.-Le lac d'Allos; ses dimensions, son déversoir; projet d'en faire un étang; barque et cabane du pêcheur.
1.-Glaciers de la Durance, de l'Ubaye, de la vallée de Seyne et de la haute vallée du Verdon.
dépôts glaciaires à Poussendriou, au Fanguet, à la Rouine, au Bruisset et à Vacheresse;
moraines à Chaumie.
2.-Etude des terrains; le jurassique supérieur au hameau de Bouchiers, à Clignon, entre Allos et Seyne.
3.-La carrière de pierres à tailler, au pied de la Côte-Haute, Saint-Pierre, etc.., appartiennent au crétacé inférieur aptien; la mer occupait alors nos contrées.
Le fond des vallées du Verdon, de Chadoulin, de Bouchiers et les versants inférieurs de ces vallées sont des roches calcaires.
Rochegrand, Rochecline, etc.., des escarpements du crétacé supérieur.
4.-Roches de l'ère tertiaire à Montgros, au Cheval-de-Bois, à Talon, au Vallonnet, au mont Pelat, à Monier; grès d'Annot au fond du lac; il forme deux îlots.
5.-Soulèvement des Alpes; retrait de la mer.
.6.-Moyen de connaître les sous-sols des terres arables.
1.-Faune ancienne d'Allos : Ammonites, Bélemnites, Nummulites, etc.
2.-Faune actuelle : poissons, animaux domestiques.animaux sauvages mammifères.
3.-Oiseaux de proie.oiseaux qui émigrent et ceux qui n'émigrent pas.petits oiseaux; reptiles.
4.-Flore de la vallée du Verdon.Les forêts de Lambruisse, de Chamatte, de Monier.Les éléments floristiques méditerranéens plus fréquents dans la vallée du Verdon que dans celles de la Bléone et de l'Ubaye.
5.-Flore spéciale d'Allos.Les forêts de Vacheresse, du Villard, etc...On trouve toutes les espèces alpines dans le bassin de Chadoulin.Liste générale des espèces de la région du lac.Utilité du reboisement.
1.-Alexandre Piny, religieux dominicain, auteur de nombreux ouvrages.
2.-Pascalis, de la Sestrière, son frère et ses deux fils.
3.-Jacques Arvel, de la Foux, chef de bataillon.
4.-Hyacinthe Gariel, conseiller à la Cour de Grenoble.
5.-Simon-Jude Honnorat, savant naturaliste et lexicographe.
6.-Alphonse Guieu, avocat à la Cour d'appel d'Aix.
7.-Le général Pellissier, député de Saône-et-Loire à l'Assemblée nationale.
1.-Notre-Dame de Valvert, église paroissiale d'Allos.
Pourquoi a-t-elle été bâtie hors du bourg ?
2.-Elle est classée parmi les monuments historiques.
Elle remonte au XI° siècle.
Ecole d'architecture à laquelle elle appartient.
Ce qui la caractérise et la distingue des édifices religieux de la Provence.
3.-Sa toiture primitive et son ancien clocher.
4.-Sa restauration à la fin du XIX° siècle.
5.-Notre-Dame de Valvert était un prieuré-cure administré par un vicaire perpétuel.
6.-Eglises succursales de la Foux, de Bouchiers et de la Beaumelle.
7.-Chapelles et chapellenies.
1.-Les remparts d'Allos. Les tours du Portail-Bas, du Portail-Bouchiers, du Portail du Nord. La citadelle.
2.-Forts de la Côte-Haute et de Peyroni. Tours de la Colette et de Vacheresse.
3.-Anciens chemins établis et entretenus aux frais de la communauté.
Organisation de l'administration des ponts et chaussées. Suppression de l'impôts communal pour les chemins.
4.-Construction des routes du Détroit à Allos et d'Allos à Barcelonnette.
5.-Traîneux chasse-neige. Cables porteurs.
6.-Organisation tardive du service des postes.
7.-Une brigade de gendarmerie remplace celle des douanes.
1.-Il y avait autrefois des écoles temporaires jusque dans les petits hameaux.
2.-Allos a eu pendant longtemps une école de latin.
3.-Association de Dames de Charité établie par les évêques de Senez.
4.-Legs faits aux pauvres. Projet d'établir un hôpital. Etablissement d'un bureau de bienfaisance.
5.-Langue vulgaire. Spécimen du provençal tel qu'on le parlait à Allos. Particularités qui le distinguent.
6.-La foi chrétienne, prêchée dans la vallée du Verdon par trois missions successives, n'a jamais cessé d'y être vivante.
APPENDICE
DIGNE
IMPRIMERIE CHASPOUL ET Vve. BARBAROUX
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20, Place de l'Evêché, 20
1901
Depuis l'an 1100 avant Jésus-Christ jusqu'à l'an 1000 de l'ère chrétienne CHAPITRE Ier
1.-Nom et origine des premiers habitants
2.-Territoire qu'ils occupaient.
3.-Leurs moeurs et leurs coutumes.
(1100-600 avant Jésus-Christ.)
1.-Les premiers habitants connus d'Allos sont les Gallitae, petits Gaulois. Ils sont ainsi nommés, sans doute, parce qu'ils formaient une peuplade détachée de ce grand peuple qui a donné le nom de Gaule à notre patrie. Cette peuplade est non seulement gauloise, mais elle appartient aux Gaulois les plus anciens, à ceux qui envahirent l'Espagne (XVIe siècle avant Jésus-Christ) et plus particulièrement à ceux qui firent irruption en Italie, deux cents ans plus tard, et que les auteurs latins appellent " Vieux Galls " Veteres Galli. Pour arriver à sa première origine, il faudrait donc remonter à l'aurore des temps historiques, à cette époque primitive où les peuples d'origine indo-germanique s'établirent dans les contrées occidentales de l'Europe, occupées aujourd'hui par les Français, les Suisses, les Belges, etc. 2° Le trophée de la Turbie, La conclusion qui se détache du rapprochement de ces faits, est que l'origine gallo-ombrienne des Gallitae est établie par les titres les plus incontestables et que l'histoire d'Allos remonte à l'arrivée des Gaulois-Ombriens dans les Alpes et, par conséquent, à 1100 avant Jésus-Christ.
2- Le territoire qu'ils occupaient comprenait tout le canton actuel d'Allos et la plus grande partie de celui de Colmars, depuis le Riou dou traou,
Sous les Romains et au moyen âge, ces lieux ont reçu le nom de Castellum, Castrum. Le pic de Pra-Chastel, Pratum Castellum, au nord-est d'Allos, était-il un lieu fortifié, un refuge de cette nature ? Honoré Bouche a supposé que Colmars était le chef-lieu des Gallitae ; mais Papon donne la préférence à Allos, parce que Colmars est un nom romain et non gaulois. L'opinion de Papon a prévalu, et Henri, dans ses Recherches, affirme que la géographie ancienne donne le nom caractéristique de Gallita au chef lieu actuel du canton d'Allos 3.- Les Ligures, avec lesquels les Gaulois Ombriens habitaient nos montagnes, étaient originaires d'Espagne et ils avaient été obligés de s'expatrier par suite de l'invasion gauloise qui traversa les Pyrénées vers l'an 1600. Ils étaient plus civilisés que les Gaulois, puisque, chez eux, les femmes, au lieu d'être esclaves, étaient souvent appelées dans les délibérations les plus importantes, surtout lorsque ces délibérations avaient pour objet la paix ou la guerre. Le commerce florissant et si étendu des Phéniciens passa plus tard entre les mains des Rhodiens, et enfin les Phocéens se fixèrent à Marseille, vers l'an 600 avant Jésus-Christ. Pendant leur retour d'Italie, ils avaient repris pour un temps la vie nomade et aventureuse ; mais désormais ils sont fixés définitivement dans les Alpes. Malgré cela, nos pères étaient encore bien éloignés de la vraie civilisation. " Les habitants des Alpes, dit Papon,
Parmi ces peuplades, comme dans toute l'antiquité païenne, l'esclavage était, hélas ! communément établi. Les femmes et les enfants étaient esclaves, et le chef de famille avait sur eux droit de vie et de mort Le vêtement ordinaire des Gaulois de Provence était composé d'une sorte de pantalon ou braie et d'une veste ou saie qui, chez les pauvres, était une peau de bête. Ces vêtements étaient toujours les mêmes du temps des Romains, puisque Cicéron, défendant Fontéïus, 4.-Les Gaulois étaient religieux, - quoi qu'en disent quelques auteurs latins, - malgré les fanfaronnades qu'ils se permettaient, par exemple en lançant des flèches contre les nuages, pendant les tempêtes. Ils savaient reconnaître une intelligence suprême au milieu des éléments de la nature, et leur croyance à la vie future était telle qu'ils se prêtaient de l'argent payable dans l'autre vie, Les Gallitae ont-ils gardé ces grandes vérités dans leur pureté primitive ou bien les ont-ils souillées par des pratiques idolâtriques, en rendant un culte superstitieux aux arbres, aux vents, aux montagnes, aux pierres, aux lacs, au soleil, etc. ? César Cantu Mais, si nos pères n'ont pas été idolâtres, n'ont-ils pas pris part aux abominables sacrifices humains de la religion druidique ? Henri va plus loin : il affirme que " les nombreuses et épaisses forêts qui couvrent les Basses-Alpes durent souvent voir se renouveler, sous leurs silencieux ombrages, les mystérieuses pratiques du druidisme, et ces pierres énormes, par lesquelles la divinité était symboliquement représentée, durent s'y trouver en grand nombre "
L'opinion de cet archéologue paraît excessive et même erronée, surtout pour ce qui concerne Barcelonnette et Allos. En effet, d'après les historiens les plus autorisés, la religion druidique a été importée en Europe, selon l'expression d'Amédée Thierry, 700 ans environ avant Jésus-Christ, par l'invasion kimrique ou des Cimbres, qui porte le nom de deuxième rameau gaulois. Elle ne pouvait donc pas être connue des Gaulois-Ombriens, venus dans les Alpes 400 ans avant l'arrivée des Cimbres en Gaule. Il est vrai qu'il y eut plus tard des prêtres druides chez les Ligures, mais nous avons déjà fait remarquer avec quel zèle religieux et patriotique les gaulois alpins vivaient séparés de leurs voisins, sans se confondre jamais avec eux. Ils conservèrent donc la religion gauloise primitive telle qu'ils l'avaient reçue de leurs pères, et il y a lieu de croire qu'ils ne la modifièrent pas jusqu'à la domination romaine et peut-être jusqu'à la prédication de l'évangile. Les recherches archéologiques viennent, d'ailleurs, nous confirmer dans cette persuasion. M. Tisserand affirme que, dans la Provence, " on trouve moins que dans le Nord de ces pierres druidiques théâtres d'horribles sacrifices 5.- L'attachement des Gallitae à leur nationalité, à leurs coutumes et à leur religion nous dit avec quel soin ils durent garder leur idiome national, leur langue gauloise. Ils imitaient en cela les autres Gaulois et, en particulier, ceux qui, après avoir séjourné plus ou moins longtemps sur les bords du Danube, en Grèce, etc. ; s'établirent en Orient , 300 ans avant Jésus-Christ, dans une région appelée depuis de leur nom Galatie. Saint-Jérôme, qui avait été en Gaule, sur les bords du Rhin, et qui se trouvait en Asie Mineure, à la fin du IVe siècle et au commencement du Ve, nous apprend que ces Gaulois étaient les seuls, parmi les peuples asiatiques, qui ne parlassent pas le grec. Ils avaient conservé, dit-il , leur langue particulière, et cette langue était celle qu'il avait entendu parler à Trèves, sur les rives de la Moselle. Ainsi, depuis leur départ de la Gaule, vers l'an 400 avant Jésus-Christ, jusqu'à la fin du IVe siècle de l'ère chrétienne, ils avaient conservé, à travers l'Europe et l'Asie , leur langue maternelle
Les Gallitae et les autres peuplades alpines de la même origine ont été, comme les Galates, soumis à la domination romaine vers l'an 15 avant Jésus-Christ, et tout nous porte à croire que, pour elles aussi, la langue maternelle a survécu à leur indépendance. Il est donc très probable que les habitants d'Allos parlaient encore la langue gauloise lorsqu'ils ont entendu les premiers missionnaires qui ont prêché chez nous l'Evangile. Cette langue aurait donc été parlée par nos pères pendant les quinze siècles écoulés entre leur arrivée dans les Alpes et la fin de la domination romaine ! (1) Plut. In Mar.19; - Diod. Sic. XIV,113. (2) Histoire des Gaulois, par Amédée Thierry, t.I,pp.130-131. (3) Voir Henri, Recherches sur les antiquités des Basses-Alpes,p.22:- Papon.T.I,p.111;- les Notes historiques de la famille Guieu. (4) Etude archéologique, etc., sur la vallée de Barcelonnette à l'époque celtique. (5) L'étymologie de Galitae est évidente, celle d'Allos est difficile. Voir chapitre Ier de la deuxième partie de cet ouvrage. (6) Histoire de Provence, t. I, p. 493. (7) Viri in uxores sicut in liberos vitoe necisque potestatem habent.(Jules César) (8) Fontéïus Marcus, questeur romain en Provence (76-73 avant Jésus-Christ), poursuivi pour ses rapines, fut défendu par Cicéron en 69. (10) Histoire universelle, par Cantu, t.IV, p. 173. (11) Histoire de Barrême, in fol. manuscr. t. I,p.10. (12) Recherche sur la géographie ancienne et les antiquités des Basses-Alpes.p.25. (13) On ne peut donc pas admettre, même avec sa forme dubitative, la parole de l'historien Papon, parlant des Phocéens de Marseille : "Peut-être faut-il leur attribuer l'origine des sacrifices humains qui fit couler tant de sang dans les Gaules." Si les Phocéens avaient introduit ces abominables sacrifices chez les Gaulois, on trouverait beaucoup plus de pierres druidiques en Provence qu'ailleurs. Or, c'est le contraire que constate l'histoire. (14)Galatas excepto sermone groeco, quo omnis oriens loquitur, propriam linguam camdem penè habere quam Treviros. (Hieron. prol. comm. in Epist. ad Galatas, ci 3.)
Mais comment les Gallitae sont-ils venus s'établir dans les Alpes ?
A quelle époque ce petit rameau d'un si grand arbre a-t-il été transplanté sur les rives du Verdon ?
Deux faits constatés, empruntés, l'un à l'histoire des Gaulois, l'autre à l'histoire romaine et à l'histoire de Provence, répondent à ces deux questions:
1° Une invasion gauloise, organisée sous le nom collectif d'Ombres (Ambra ! les vaillants), traversa les Alpes, vers l'an 1400 avant Jésus-Christ, et alla se fixer dans l'Italie centrale, sur les terres occupées par des peuplades appelées Sicules. Ceux-ci opposèrent une résistance désespérée, et les combats dans lesquels ils se mesurèrent avec leurs envahisseurs furent, au dire des anciens historiens, les plus sanglants dont l'Italie eût encore été le théâtre. Les Sicules furent vaincus et ils se retirèrent dans la grande île nommée depuis, à cause de leur nom, la Sicile. Les Gaulois Ombriens jouirent de leur conquête pendant trois siècles, après lesquels ils furent dépossédés, à leur tour, par d'autres peuples appelés Rasènes et, plus tard, Etrusques. Ils reprirent, pour la plupart, le chemin de la Gaule et s'établirent, les uns en Suisse, les autres sur les bords de la Saône.
Mais, parmi eux, " plusieurs " , dit Amédée Thierry, citant des auteurs grecs et latins
Note (1), se réfugièrent dans les vallées des Alpes, parmi les nations liguriennes, qui commençaient à s'étendre sur le versant occidental de ces montagnes et vécurent au milieu d'elles, sans se confondre, sans jamais perdre ni le souvenir de leur nation, ni le nom de leurs pères. Bien des siècles après, le voyageur pouvait distinguer encore des autres populations alpines la race de ces exilés de l'Isombrie, Insubrium exules (Pline, III, 17 20)
Note (2)monument des victoires d'Auguste sur les peuples des Alpes, portait une inscription célèbre, qu'Honoré Bouche appelle la première lumière, le premier flambeau de la description ancienne de la Provence. Or, cette inscription donne le nom des peuplades vaincues, dans leur ordre géographique, et la place qu'y occupent les Gallitae prouve qu'ils habitaient Allos et Colmars. En effet, ils se trouvent placés, comme nous le dirons plus loin, en parlant de la domination romaine, entre les habitants des vallées de la Bléone, de Seyne, de l'Ubaye, d'un côté, et ceux du Haut-Var, d'Annot, de Vergons et d'Allons, de l'autre. On ne pouvait pas dire avec plus de précision que leur territoire était dans la vallée du Verdon. Il faut ajouter que leur nom est évidemment gaulois et le plus manifestement gaulois du trophée de la Turbie et de l'arc de Suse, comme il est facile de s'en convaincre, en lisant les deux inscriptions.
Note (3) en face du village d'Ondres, jusqu'à la principale source du Verdon, dans la montagne de la Sestrière, et même, d'après certains auteurs, sur le versant septentrional de cette montagne.
L'un de ces auteurs, M. Charles Chappuis ,
Note (4) après avoir rappelé l'opinion de ceux qui reconnaissent le nom de Gallitae dans le mot Allos, ajoute " Ne la reconnaît-on pas encore mieux aux Gays, dans la paroisse de Bouchiers, et aux Gays, dans la paroisse de la Foux ? Et même vers le haut du Laverq, après avoir passé les Routes et les Vies, qui indiquent d'anciens chemins aujourd'hui détruits, nous retrouvons encore les Gays. Les Gallitae auraient donc, à une certaine époque, empiété sur la vallée de l'Ubaye, c'est-à-dire sur le territoire des Nemolani ou des Esubiani. ". Les peuples celtiques habitaient, en général, non les vallées, mais les lieux élevés, et, pour s'y défendre plus facilement, ils tâchaient de posséder les villages des environs.
Note (5).
Annibal lui-même, en traversant le midi de la Gaule, se soumit à un tribunal composé de femmes liguriennes à demi-sauvages, et il n'eut qu'à s'en féliciter, selon le témoignage de Plutarque. L'exemple donné par les Ligures devait avoir tôt ou tard d'heureux effets sur nos ancêtres, en leur inspirant le respect pour les faibles et en les excitant à cultiver les germes de civilisation qu'ils avaient apportés de l'Italie. Les habitants de nos Alpes eurent aussi sans doute des rapports avec d'autres anciens peuples venus, comme eux, de bonne heure en Provence. Dès le XIe; siècle, les Phéniciens étaient établis sur les bords de la Méditerranée, et leurs colons, s'il faut en croire les auteurs anciens, exploitaient les mines d'or, d'argent et surtout de fer, dans les Alpes, les Cévennes, etc. Ils pénétraient jusque dans les endroits les plus isolés, pour échanger contre les produits des régions qu'ils parcouraient leurs articles de commerce, les tissus de laine, le verre, les métaux ouvrés, les instruments de travail et surtout les armes.
Ces derniers, "à peine établis, dit l'auteur de l'Histoire de Barrême, se mirent en rapport avec les peuples de l'intérieur et ne tardèrent pas à pénétrer jusqu'au fond de nos agrestes vallées. Les montagnards, de leur côté, suivant leur goût naturel pour la vie nomade ou bien simplement poussés, comme nos bergers des Alpes, par le besoin d'aller chercher, en hiver, un climat moins rigoureux pour leurs troupeaux, furent heureux de trouver des alliés, dans les nouveaux venus et, de là, naquirent entre eux des relations d'échange et de commerce. Les innombrables médailles ou monnaies marseillaises découvertes dans le terroir de Barrême en sont la preuve manifeste. "
En effet, ces monnaies d'argent en quantité inconcevable, selon l'expression d'Honoré Bouche, prouvent qu'avant les Romains il y avait entre les montagnards alpins et les Phocéens de Marseille des rapports plus fréquents que l'on n'aurait osé le supposer.
Un autre élément de civilisation pour les Gallitae était leur séjour permanent dans leur nouveau territoire.
Or, dit judicieusement un historien, "les peuples fixés dans un endroit contractent des habitudes de calme, de douceur, et vivent tranquilles ". Ne nous plaignons donc pas trop du silence qui les enveloppe comme dans un nuage, pendant des siècles, jusqu'à leurs premières guerres avec les Romains. L'histoire de ces peuples guerriers n'est que le récit de leurs combats.
Lorsqu'ils ne font pas parler d'eux, ils vivent en paix, s'occupent d'agriculture, etc., et c'est dans ce sens qu'il faut entendre l'adage : Heureux les peuples qui n'ont point d'histoire.
Note (6) en parlant des moeurs des Provençaux de cette époque, étaient grossiers et barbares.
L'habitude de vivre de chasse et d'être dans une espèce de guerre continuelle avec les animaux les plus féroces les rendait sauvages. "
Jules César dit à peu près la même chose des Albiciens, parmi lesquels se trouvaient des Gallitae, au siège de Marseille, et Papon paraît s'être inspiré du jugement sévère porté par l'historien conquérant.
Note (7)
Note (8) appelle dédaigneusement les Provençaux des hommes couverts de saies et de braies, sagatos bracatosque.
De là est venu le nom de Gallia bracata, c'est-à-dire dont les habitants portaient des braies.
negotiorum ratio et etiam exactio crediti differabatur ad inferos
Note (9)
Note (10) dit que, dans les Alpes, l'Etre suprême était adoré, du temps des Gaulois, sous le nom de Penninus, c'est-à-dire, en langue celtique, Dieu des montagnes. Ce nom, que nos pères donnaient au vrai Dieu, ne prouve pas qu'ils fussent idolâtres, car les montagnes, comme toutes choses, sont l'oeuvre du créateur et, par leur élévation et leur masse imposante, elles nous donnent quelque idée de sa grandeur,
et altitudines montium ipsius sunt.
Note (11) M.J.-M. Cruvellier croit que Soanem, évêque de Senez, visitant la paroisse de Barrême en 1703, y trouva un reste de monument druidique. C'était une grande pierre de la colline de Saint-Jean que le prélat fit briser et jeter dans la rivière, parce qu'elle paraissait
avoir été très longtemps l'objet d'un culte de superstition par des restes de paganisme.
Note (12)
Note (13)
"Il en signale cependant quelques vestiges, en particulier à Draguignan. M. Charles Chappuis, envoyé en mission scientifique dans les Alpes, en 1859 et en 1861, a trouvé, dans la vallée de Barcelonnette, beaucoup d'objets de l'âge celtique et, dans le canton d'Allos, des noms rappelant celui des Gallitae ; mais il n'a rencontré, ni à Barcelonnette, ni à Allos, la moindre trace de monuments druidiques.
Note (14)
Il n'y a vraiment pas lieu de s'étonner, après cela, que les philologues trouvent des mots d'origine gauloise dans le provençal que l'on parle à Allos, plus que dans celui que l'on parle ailleurs.
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1.-Moyens de défense des Gallitae.
2.-Leur attitude pendant les guerres puniques.
3.-Combats sur les bords du Var; deux victoires remportées sur les Romains.
4.-Soulèvement des peuples des Alpes par le roi des Allobroges.
5.-Les Gallitae au siège de Marseille.
6.-Conquête partielle des Alpes par Jules César.
(600-49 avant Jésus-Christ)
1.- Les Gallitae trouvèrent, avons-nous dit, un élément de civilisation dans leur fixation définitive sur les bords du Verdon. A partir de cette époque, ils ne reprirent les armes que pour protéger leurs foyers, pour aller au secours de leurs alliés ou pour se venger de leurs ennemis ; à leur vie nomade et guerrière, succéda donc une vie plus tranquille et plus douce. Comme moyen de défense du territoire dont les produits devenaient pour eux le principal et peut-être l’unique moyen d’existence, ils n’eurent d’abord que des forteresses improvisées, communes à tous les Gaulois qui s’établissaient dans les montagnes
3- Pendant l’intervalle entre la deuxième et la troisième guerre punique (201-149), les peuples d’une partie des Alpes se coalisèrent, sous le nom de Gallo-Ligures, pour la défense de leurs territoires, et se portèrent sur les bords du Var, d’où venait le danger. Les faits d’armes les plus remarquables de cette campagne eurent lieu de 180 à 185 avant Jésus-Christ, et ils ont été écrits par Tite-Live, Paul Orose et les historiens de Provence. 4.- En 61 avant l’ère chrétienne, par conséquent 150 ans environ après le massacre des légions de Laelius Baebius et la défaite de Quintus Marcius sur les bords du Var, Cotugnat ou Cottius, roi des Allobroges, appela aux armes tous les habitants des Alpes occidentales. Ce roi possédait douze tribus ou cantons depuis la Suisse jusqu’à Embrun, et il gémissait de voir ses sujets accablés d’impôts et de vexations par les questeurs romains. Cet appel fut entendu, et les Gallitae, comme les peuplades voisines, se préparèrent à la guerre parce qu’elles étaient menacées du joug sous lequel gémissaient les Allobroges. 5- Douze ans s’étaient à peine écoulés depuis l’appel aux armes du roi des Allobroges, lorsque les Gallitae furent de nouveau appelés à combattre contre les Romains, au siège de Marseille ; voici dans quelles circonstances. L’an 49, Jules César se rendait en Espagne pour y apaiser un soulèvement contre la domination romaine. En traversant la Provence, il voulut obliger les Marseillais à renoncer entièrement au parti de Pompée, son rival. Sur leur refus, il assiégea Marseille, et comme il prévoyait que le siège pouvait être long, il en confia les opérations à ses lieutenants et il continua sa marche vers l’Espagne. La peuplade des Gallitae a donc pris part au siège de Marseille, avec les autres peuplades de la confédération, et César lui-même a été forcé de faire ainsi l’éloge de leur bravoure :
6- Les Reienses reçurent le premier choc, soit parce que leur territoire se trouvait le premier sur le passage de la colonne romaine, soit parce que leur chef-lieu était la capitale des Albiciens. Ils se défendirent vaillamment, mais ils furent écrasés par le nombre , et les guerriers de la confédération qui combattaient avec eux se replièrent vers les montagnes, pour défendre leurs foyers. Les Romains voulaient soumettre non seulement les Reienses, mais toutes les tribus confédérées, par conséquent toute la région qui s’étend depuis Riez jusqu’à Allos et depuis Sisteron jusqu’à Castellane, et ils remontèrent la Durance et le Verdon, ayant, dit-on à leur tête le conquérant de la Gaule lui-même.
(1) Amédée Thierry, t. I, p. 436, de l' Histoire des Gaulois (2) M. l'abbé Féraud dit, dans cette Histoire, p.8 : " La tradition et deux monuments plus ou moins authentiques nous apprennent que le sol bas-alpin, fut foulé par l'armée carthaginoise conduite par Annibal... Le plateau de la montagne de Serpégier, dans la commune de Thorame-Haute, retient encore le nom de camp d'Annibal, et la montagne entre Fours et Saint-Dalmas conserve une large et belle pierre dite Table d'Annibal." (4) Le même, t I, p. 33. (5) Voir Histoire civile et religieuse de Nice et du département, par M. Tisserand, t. I, p. 21. (6) Loelius Boebius, in Hispaniam proficiscens, a Liguribus circumventus, cum universo exercitu occisus est; unde adeo ne unum quidem superfuisse constat, ut internecionem ipsam Romoe, Massilienses nuntiare curaverint. (Lib.IV, c. 20.) (7) Durante,Histoire de Nice, t. I, pp.34-37. (8) Histoire civile et religieuse de Nice et du département des Alpes-Maritimes,par M. Tisserand, t. I, p. 26. (9) Petit cours d'eau qui se jette dans la Durance, entre Sisteron et Volonne. D'après l'opinion de Papon, beaucoup plus probable que celle qui les place à Avançon, village voisin de Chorges, les Avantici possédaient les cantons actuels de Turriers, de la Motte, de Volonne et la partie de celui de Sisteron qui se trouve sur la rive gauche de la Durance. (10) Albicos, barbaros homines qui in eorum fide antiquitùs erant, montesque quoe suprà Massiliam incolebant, ad se vocaverunt. (11) Pugnatum est utrinque fortissimè atque acerrimè, neque multùm Albici nostris virtute cedebant, homines asperi et montani exercitati in armis. (Comment. Caesaris.) (12) Histoire de Barrême,t. I,p.15. CHAPITRE III.
1.Peuplades des Alpes subjuguées par Auguste.
(13 avant Jésus-Christ.
- 480 après Jésus-Christ.) 1 - Les habitants de nos Alpes ne furent soumis à la domination romaine qu'assez longtemps après les autres peuples gaulois. " Le Sénat romain, dit Papon, aima mieux leur laisser la
liberté que d'envoyer des troupes dans les défilés des Alpes, où elles auraient péri, tandis qu'elles pouvaient faire ailleurs des conquêtes plus faciles. " Les Romains ne traitaient donc pas les Gaulois alpins comme quantités négligeables, mais comme de courageux ennemis, capables de tenir en échec les légions romaines et même de les exterminer,
ainsi que cela eut lieu pour les légions de Laelius Baebius. Cependant Rome, pour avoir des communications directes et sûres avec ses possessions en Occident, devait posséder les Alpes et la
conquête de cette région s'imposait à sa politique. C'est pourquoi l'empereur Auguste " engagea, tant par lui que par ses généraux, une lutte opiniâtre avec les tribus montagnardes. Auguste dirigea donc en personne une partie de ces opérations militaires et, sans doute, celles qui eurent pour théâtre les Alpes provençales, puisque le principal trophée de ses victoires fut érigé sur le sol provençal. En effet, si cet empereur avait été à la tête de la légion qui vainquit et massacra les Salasses, dans la vallée d'Aoste, le Sénat romain aurait fait placer sa statue à Suse et non à la Turbie. Mais, s'il est certain que l'empereur Auguste a guerroyé dans les Alpes, comme son oncle Jules César, nous ne savons pas quelles
régions il a parcourues, car la tradition, qui a gardé le souvenir du passage de l'oncle, est muette sur celui de son neveu.
2- Quant au trophée de la Turbie, qui a une importance capitale pour notre histoire, faut-il l'appeler, avec un auteur de nos jours, une pierre milliaire, surmontée d'une statue impériale ? Non, certes, car les auteurs anciens et modernes affirment , au contraire, que c'était un superbe monument, digne du Sénat romain, qui en avait ordonné l'érection, et de l'empereur, en l'honneur duquel il fut érigé. " Ce colossal édifice, dit Durante, était quadrangulaire ; un circuit de colonnes, de cent pieds de périmètre, en soutenait l'entablement. Le ciseau romain avait représenté,
par autant de statues, les peuplades vaincues, dans l'attitude de la supplication, implorant la clémence du vainqueur. " Sur les côtés, on lisait les noms des peuplades soumises au joug romain, depuis le sommet des Alpes jusqu'à la Méditerranée. Cet édifice, en partie détruit par les barbares du Nord,
fut occupé, dans la suite des siècles, par les Sarrasins, les Guelfes, les Gibelins, etc. 3- Les Gallitae étaient représentés au trophée de la Turbie par une des quarante-cinq statues, et cette statue occupait le trente-sixième rang. D'après la chronologie de Papon, que j'ai suivie en général
dans cette histoire, l'an 13, la soumission des Alpes était un fait accompli, et cependant l'inauguration du trophée de la Turbie, qui devait immortaliser le souvenir de cet événement, n'eut lieu que l'an 7 avant Jésus-Christ. La domination romaine fut donc établie, chez nous, l'an 13 avant l'ère chrétienne, et nous dirons bientôt qu'elle durera, dans notre contrée, jusqu'à l'an 480. 4. -Après la conquête des Alpes, Auguste alla à Narbonne, où il s'occupa de l'administration romaine dans les Gaules, soit pour la compléter, soit pour la réorganiser. Cette annexion fut la première phase de notre situation, sous la domination romaine, mais elle ne fut pas de longue durée, puisqu'elle commença après l'an 13 avant Jésus-Christ et finit l'an 14 de l'ère chrétienne. 5. - Cependant, l'empereur Auguste allait bientôt arriver au terme de sa vie mortelle, et, l'an 14 après Jésus-Christ, l'année même de sa mort, il s'occupa de nouveau des régions alpines, pour les détacher de la Gaule Narbonnaise et en faire une nouvelle province, à laquelle il donna le nom d'Alpes-Maritimes. On donna pour capitale aux Alpes-Maritimes la ville de Cimiez 6. -"Afin d'assurer sa conquête, la politique romaine n'avait pas trouvé de moyen plus puissant que de substituer, de gré ou de force, sa langue et sa religion à celles des
peuples vaincus. Nos pays, les derniers subjugués, furent aussi les derniers à adopter les croyances et le culte des vainqueurs, et encore le changement n'eut lieu que par une sorte de compromis ou de
fusion entre les deux partis. Les Gaulois gardèrent leurs divinités ; celles-ci reçurent des noms grecs et romains, et la paix fut conclue. Grâce à ce changement fictif les habitants des Alpes purent garder leur religion gauloise jusqu'à la prédication de l'Evangile, qui allait bientôt avoir lieu. Mais ce combat à mort entre les partisans et les adversaires
des sacrifices humains ne dut pas avoir lieu chez nos ancêtres, puisque, fidèles à la religion de leurs pères, ils demeurèrent toujours étrangers au culte druidique.
Les Romains nous imposèrent leurs lois, soit en matière civile, soit en matière criminelle : lois fiscales, lois de police, etc., parce qu'ils étaient devenus nos maître et que l'exercice de la justice et l'établissement des lois sont des attributs de la souveraineté.
Pendant le règne de l'empereur Néron, qui dura de 54 à 68 après Jésus-Christ, le droit latin était reçu dans toute la contrée, depuis Embrun jusqu'à Nice. 7. - Vers l'an 212, tous les hommes libres de l'empire devinrent citoyens romains, et l'auteur de cette loi d'équité et d'égalité naturelle est Caracalla, empereur cruel et cupide, qui l'établit pour augmenter le produit de certains impôts qui n'étaient dus que par ceux qui avaient cette qualité. Voici d'après M. de Laplane, historien de Sisteron, quelle était la situation de nos pays, à cette époque, sous le rapport de l'administration locale, des différentes classes d'hommes libres, des esclaves, etc. : Il fallait, pour faire partie de la curie, être âgé de 25 ans, n'exercer aucun métier et posséder au moins vingt-cinq journaux de terres. Nous voilà à l'origine des communes et des conseils municipaux, sous le nom de curie, à moins qu'on ne fasse remonter cette origine plus haut et jusqu'à ces ébauches de conseil d'administration que les peuplades gauloises, nomades ou fixes, se donnaient en mettant à leur tête les guerriers les plus habiles pour régler les différends, diriger la peuplade, etc. Cependant, à ces éléments constitutifs de la commune, manquait quelque chose que ne pouvait donner l'antiquité payenne. Il y avait des esclaves chez les Barbares comme chez les Romains, et ces esclaves, qui n'étaient comptés pour rien dans la société, étaient souvent plus nombreux que les hommes libres. 8. - En fait de lois fiscales, les revenus de l'Etat étaient, du temps de la république : Il y avait deux sortes d'esclavages : Et cependant nos ancêtres furent relativement heureux sous la domination romaine. 9. - Cette ville fut la capitale de la province des Alpes-Maritimes, pendant le règne des empereurs payens, qui dura jusqu'en 312. Ajoutons cependant que le monde romain, qui par son étendue
et sa colossale puissance, avait servi, sous l'action de la Providence, pour préparer l'univers à la naissance de Jésus-Christ et à la prédication de son Evangile, venait d'achever sa
mission.
(1) Amédée Thierry, à qui j'emprunte ces paroles, ne veut pas dire, sans doute, dans son Histoire des Gaulois,que la fin justifie les moyens, mais que ces exterminations répondaient au but de la politique romaine. (2) J'ai suivi ici l'opinion de Papon, de Méry, de Garcin, etc.... D'après une autre opinion, suivie par Henry, le docteur Ollivier, etc...., ils habitaient Fours. H. Bouche les place
à Barrême, et M. Chappuis, aux Orres et à Mélezen, entre Barcelonnette et Embrun. (3) C'est le nom que leur donne Pline l'Historien. (4) Ville qui n'existe plus depuis longtemps. (5) Histoire de Barrême, par M. Cruvellier, t. I, p.18. (6) Histoire de Sisteron, par Ed. de Laplane, t. I, pp.16-17.
1.-Trois prédications évangéliques successives dans nos Alpes.
1.La prédication de l'évangile, dans la vallée du Verdon, a eu lieu certainement pendant la domination romaine, et le christianisme paraît avoir été établi chez les Gallitae, comme chez les peuples voisins, par trois missions successives : celle de saint Nazaire et de saint Celse, au siècle apostolique ; celle de saint Pons et de son ami Valère, au IIIe siècle, et celle de saint Domnin à Allons et des missionnaires qui préparèrent l'établissement de l'évêché de Senez, au IV siècle.
2. Saint Nazaire naquit à Rome, vers l'an 30 de l'ère chrétienne. Son père, nommé Africanus, était d'origine juive ; sa mère, Perpétue, fut baptisée par saint Pierre, de l'an 42 à l'an 47. Africanus, ne voulant pas que son fils fût chrétien, celui-ci ne reçut le baptême que vers l'an 48, par saint Lin, coadjuteur de saint Pierre, avant d'être son successeur. Saint Lin le prépara à l'apostolat et le chargea de prêcher dans différentes villes et bourgades d'Italie. Cette mission dura dix ans, après lesquels il dirigea ses pas vers la Gaule. Au moment du départ, sa mère, qui était déjà au ciel, lui apparut et lui recommanda d'aller évangéliser les Alpes-Maritimes. Après avoir prêché la religion dans la vallée du Verdon, nos deux apôtres ont-ils dirigé leurs pas vers Digne ou vers la vallée de l'Ubaye ? L'auteur que je viens de citer suppose qu'ils sont allés à Digne, et cela ne manque pas de vraisemblance ; mais on peut supposer aussi qu'un des motifs qui les dirigeait vers les montagnes d'Embrun les a fait passer par le col d'Allos et par Barcelonnette, et cette supposition ne paraît pas en désaccord avec les historiens du diocèse de Gap et d'Embrun
Quoi qu'il en soit, un fait paraît acquis, c'est que ces deux saints missionnaires ont les premiers prêché l'Evangile dans les vallées de nos montagnes et que nous pouvons dire de la vallée du Verdon ce qu'Albert a dit d'Embrun et des pays environnants, en parlant des erreurs du paganisme :"Dès le premier siècle, ces horreurs et ces ténèbres du paganisme furent dissipées dans l'étendue du diocèse d'Embrun par les lumières de la foi et de l'Evangile, car tout concourt à nous persuader que les peuples de ces contrées reçurent ce précieux dépôt, du temps des apôtres, puisque saint Nazaire, fils de sainte Perpétue, et saint Celse, qui souffrirent le martyre sous Néron, y prêchèrent les premiers la religion chrétienne et que l'Eglise d'Embrun les reconnaît pour ses deux premiers apôtres ". Le diocèse de Digne, dans lequel sont inclus l'ancien diocèse de Senez et une partie de celui d'Embrun et de Glandèves, reconnaît au même titre saint Nazaire et saint Celse, puisqu'il a désormais leur office et leur messe propres approuvés, en 1893, par la congrégation des Rites.
3.Comme saint Nazaire, saint Pons était romain ; son père, sénateur et préfet de Rome, s'appelait Marc, et sa mère Julie. Ils étaient païens et si zélés pour le culte des idoles que Julie voulait mettre à mort son fils naissant parce qu'on lui avait prédit qu'il renverserait un jour le temple de Jupiter à Rome. Elevé par des maîtres habiles, le jeune Pons était déjà très instruit, lorsqu'il voulut être chrétien, après avoir entendu chanter les psaumes, en passant devant une église. Il fut baptisé, avec son ami Valère, par le pape saint Pontien.
Son père étant mort, après avoir embrassé le christianisme, il le remplaça comme sénateur et comme préfet. Cette double dignité le mettait souvent en rapport avec les empereurs Philippe père et fils, qu'il convertit à la religion chrétienne . Il arriva à Cimiez, après l'avènement de l'empereur Dèce, qui décréta la septième persécution générale, en 249, la première année de son règne. A Cimiez, comme à Rome, il prêcha la religion chrétienne, et le nombre de païens qu'il convertit fut bientôt si considérable qu'il devint leur évêque. Mais le saint fugitif de Rome, comme l'appelle un de nos historiens, portait un nom trop connu, il avait occupé dans cette ville une trop grande situation pour être longtemps à l'abri de la persécution, dans la capitale d'une province romaine, sur les rivages de la Méditerranée. Il ne tarda donc pas de se diriger vers les régions les plus montagneuses de cette province, où son âme d'apôtre prévoyait d'ailleurs d'utiles travaux et une abondante moisson à recueillir. Citons encore ici l'auteur de l'Histoire de Barrême : Voici le nom des paroisses du diocèse de Digne où ce saint est l'objet d'un culte particulier : Entrevaux, Aurent, Sausses, Annot, le Fugeret, le Touyet, Eoulx, Peyroules, Castellane, Blieux, Barrême, Digne, Mallemoisson, Entrages, la Robine, Draix, Saint-Pons de Seyne, Saint Pons de Barcelonnette, Sainte-Croix-du-Verdon, Chateauneuf-de-Moustiers, Ganagobie, Lurs, Valbelle, Saint-Etienne, etc.
Parmi ces paroisses, Castellane et Saint-Pons de Barcelonnette méritent une mention spéciale. A Castellane, on honorait saint Pons comme apôtre de la région ; on lui rendait même autrefois un culte solennel qui a duré jusqu'à la révolution de 1793, d'après l'histoire Laurensy. Sa fête était célébrée sous le rite de deuxième classe, comme le constate une ordonnance de Mgr de Bauvais datée, de l'an 1782. Après une interruption de cent ans, la fête de ce saint apôtre a été rétablie, non seulement à Castellane, mais dans le diocèse de Digne, en vertu d'un décret de la Sacrée Congrégation des Rites de l'année 1893. Quant à la paroisse de Saint-Pons de Barcelonnette, " on croit, dit l'auteur de la Géographie des Basses-Alpes, qu'elle remonte, sous ce nom, aux Bénédictins qui s'établirent dans cette contrée vers la fin du VIe siècle. " " Mais pourquoi, se demande le chanoine Cruvellier, une telle fondation, dès cette époque et sous un pareil titre, sinon pour consacrer le souvenir de la prédication de saint Pons, au IIIe siècle, dans nos vallées alpestres ? Bien d'autres saints plus illustres dans l'Eglise, tels que saint Jean-Baptiste, saint Pierre, saint Paul, ont, il est vrai, des chapelles des églises ou des autels, en divers lieux; mais en est-il un seul, à part la Très Sainte Vierge, à la mémoire duquel on puisse compter autant de monuments érigés sur cette lisière des Alpes ? Saint-Pons était sans doute accompagné, dans nos montagnes, par Valère, son ami, baptisé avec lui à Rome, et son collègue inséparable dans l'apostolat et jusqu'au martyre.
4.La troisième prédication de l'Evangile eut lieu vers l'an 350, c'est-à-dire lorsque furent érigés les évêchés de Senez, de Digne et d'Embrun. D'après une tradition qui a quinze siècles d'existence et qui est encore aujourd'hui vivante, saint Domnin a évangélisé Allons, et c'est pour cela que les habitants de cette vallée lui ont toujours témoigné et lui témoignent encore une confiance extraordinaire. Les mères apprennent à leurs enfants, dès qu'ils ont l'usage de la parole, une prière locale en son honneur ; cette paroisse est heureuse et fière du nom de territoire de saint Domnin, qu'elle a reçu des anciens du pays ; on y est persuadé que ce saint les a préservés de la rage et que, lorsqu'un chien enragé met les pieds sur ce territoire, ou il est frappé de mort, ou il est immédiatement guéri
Quant aurait eu lieu sa prédication, dans ces deux vallées ? D'après les meilleures données de l'histoire, saint Marcellin, saint Vincent et saint Domnin arrivèrent à Rome avec les évêques d'Afrique qui venaient, en 313, au concile assemblé pour juger les Donatistes. Après avoir reçu leur mission du pape saint Melchiade, ils se dirigèrent vers Nice, où ils ne débarquèrent, dit-on, qu'après avoir pris conseil des évêques réunis en Concile à Arles, en 314. Ils prêchèrent l'Evangile aux habitants du versant italien des Alpes, depuis les rivages de la mer jusqu'à Verceil, où saint Eusèbe fut choisi comme évêque et où ils se séparèrent. Saint Marcellin et ses deux disciples se dirigèrent vers les Alpes et ils arrivèrent à Embrun. Mais les habitants de cette ville et des environs ne furent pas seuls l'objet de leur apostolat, et c'est ici que se placerait naturellement la mission de saint Domnin dans les vallées de Barcelonnette et du Verdon . Cependant la vallée du Verdon a dû entendre à la même époque d'autres prédicateurs de l'Evangile. Dans les premiers temps du christianisme, les principaux missionnaires des régions qu'ils évangélisaient en devenaient les premiers évêques. Saint Marcellin devint le premier évêque d'Embrun ; saint Domnin et saint Vincent, évêques de Digne ; saint Démètre, de Gap ; saint Pons, de Cimiez ; saint Bassus, de Nice ; saint Maximin, d'Aix ; saint Lazare, de Marseille ; saint Trophime, d'Arles, etc. Il est donc plus que probable que le premier évêque de Senez, dont le nom nous est inconnu, mais qui paraît avoir été sacré vers l'an 350, avait prêché Jésus-Christ aux habitants des rives du Verdon, qui formaient les deux tiers et même les trois quarts de ce diocèse.
5. Ce qu'on ne peut révoquer en doute, c'est que vers le milieu du IV° siècle, sous le règne de l'empereur Constantin, qui donna la liberté et la paix à l'Eglise catholique, le christianisme était définitivement établi chez nous et que son organisation était un fait accompli.
Depuis cette époque, les Gallitae et leurs voisins n'ont jamais cessé d'être chrétiens et ils ont toujours appartenu au diocèse de Senez.
(1) J'emprunte ces détails et ces dates à M. l'abbé Dufaut. D'après cet auteur, saint Nazaire n'a pas pu arriver à Cimiez avant l'année 58. (2) L'Eglise de Nice, ses saints et ses oeuvres, par M. l'abbé Dufaut, p.50. (3) Histoire hagiologique du Diocèse de Gap, par Mgr Dépéry, p.21. (4) Histoire du Diocèse d'Embrun, par Albert, t. I, p.53.- On ne peut pas préciser la date du martyre de saint Nazaire et de saint Celse. Ce qui est certain, c'est qu'ils furent martyrisés, à Milan, le 28 juillet, pendant la persécution de Néron, qui mourut en 68. (5) Le témoignage des auteurs contemporains, dit l'abbé Darras, ne laisse aucun doute sur le christianisme privé de l'empereur Philippe. J'ai adopté cette opinion parce qu'elle est appuyée aussi sur le témoignage de saint Jean Chrysostome, de saint Jérôme, Paul Orose, etc. (6) J'ai pu constater moi-même l'existence de cette tradition, pendant le jubilé que j'ai prêché à Allons en 1882, et je puis affirmer qu'elle est consignée dans les archives de cette paroisse, ainsi que dans l'histoire d'Argens, écrite par M. l'Abbé Cruvellier, ancien curé de cette paroisse. (7) Saint Domnin est-il parti d'Embrun ou de Digne pour évangéliser les deux vallées de Barcelonnette et du Verdon et séjourner à Allons ? Dans l'un et l'autre cas, il est passé par Allos.
1.La Gaule ravagée par les Barbares du Nord.
1.-Les Pères de l'Eglise et les historiens du Ve. et du VIe. siècle se déclarent impuissants à décrire les ravages des barbares en Gaules, à partir de l'an 406. Saint Jérôme, qui appelle notre patrie la plus belle des provinces, fait entendre, sur son triste état, ce cri de douleur : " Des Alpes et des Pyrénées, jusqu'au Rhin et à l'Océan, tout est dévasté... Toute la barbarie s'est donné rendez-vous aux funérailles de la plus belle de nos provinces "
La Provence eut sa large part dans ces calamités publiques, qui n'épargnèrent pas même les pays les plus reculés des Alpes.
2.Les Vandales arrivèrent de bonne heure dans le bassin du Rhône et promenèrent l'incendie, le massacre et le pillage non seulement sur les rives de ce fleuve, mais jusqu'à Embrun, qu'ils assiégèrent, en 433. Saint Albin, archevêque, et son peuple prièrent avec tant de confiance devant les reliques de saint Marcellin que le ciel vint à leur secours ; une croix flamboyante apparut dans les airs ; elle effraya les assiégeants, qui se retirèrent, et la ville fut sauvée. Pour se venger de cet échec et afin de trouver les subsistances dont ils avaient besoin, ils tournèrent alors leur fureur vers les vallées des environs, et il paraît certain que celles de Barcelonnette, d'Allos et de Colmars, de Seyne, de Digne, etc., n'échappèrent pas à leurs dévastations.
3.Après les Vandales, arrivèrent les Bourguignons. Ils avaient des moeurs moins barbares, surtout depuis leur arrivée dans la Gaule, où ils furent instruits de la religion chrétienne, qu'ils acceptèrent dans toute sa pureté. Il y eut ensuite scission parmi eux. Les uns donnèrent leur adhésion à l'hérésie d'Arius ; les autres demeurèrent véritables chrétiens. C'est au nombre de ces derniers que se trouvait sainte Clotilde, nièce de Gondebaud, un de leurs rois, et qui, ayant épousé Clovis, le convertit à sa religion. Il est bien difficile de déterminer le temps pendant lequel nos ancêtres furent les sujets des rois bourguignons, parce que les historiens ne sont pas d'accord sur la date de leur arrivée en Provence. Les uns la reculent jusqu'en 434 ; les autres la retardent jusqu'en 474 et même jusqu'en 475 Les Bourguignons s'établirent d'abord dans le pays des Allobroges, dont les principaux centres étaient Genève, Vienne et Grenoble. Le général romain Aétius leur abandonna cette contrée, à condition qu'ils se contenteraient de la moitié des terres et qu'ils laisseraient l'autre moitié aux habitants. Ils s'avancèrent ensuite jusqu'à la Durance et jusqu'à ses affluents : l'Ubaye, la Bléone et le Verdon, et là encore ils partagèrent les terres de ces pays avec les habitants. Mais, parce qu'ils étaient les plus forts, ils s'emparèrent d'un tiers des serfs et des deux tiers des terres . 4.-En l'année 480, les Visigoths devinrent nos maîtres. Ce prince, remarquable par sa bravoure et ses talents, avait le projet de détruire l'empire romain et d'élever un empire visigoth sur ses ruines ; mais il y renonça, parce que ses sujets étaient trop barbares et qu'il ne pourrait pas les plier au joug des lois. Euric, un de ses successeurs, s'empara d'Arles, en 480, et cette victoire entraîna la soumission de tout le pays compris entre la Durance, la mer et les Alpes-Maritimes. La persécution sévissait partout avec une violence inouïe. " Les Visigoths, dit un témoin victime de l'arianisme, enlevaient même les toitures et les portes des églises ; les ronces et les épines croissaient sur le seuil des maisons de Dieu. Dans ces tristes conjonctures, la foi catholique de nos pauvres montagnards, si violemment attaquée, reçut un secours providentiel dans la personne d'un pieux pèlerin, nommé saint Ours. Ce nouvel apôtre venait à son heure, car l'arianisme avait déjà fait beaucoup de mal. A la vue des âmes qui perdaient la foi, il cessa ses pérégrinations et il évangélisa plusieurs contrées des deux côtés des Alpes. La vallée de Barcelonnette garde fidèlement son souvenir, que quatorze siècles n'ont pu effacer. Euric aimait la Provence et il y demeura jusqu'en 484, qui fut l'année de sa mort. Alaric, qui lui succéda, régna pendant vingt-trois ans. Il exila pour quelques temps saint Césaire d'Arles, à Bordeaux. Amalric, son fils, étant encore très jeune, ne put recueillir sa succession, et la domination des Visigoths, en Provence, cessa en 508, après une durée de vingt-huit ans.
5.Les Ostrogoths furent appelés dans la Gaule dans des circonstances particulières. Amalric était âgé de 5 ans lorsqu'il devint roi des Visigoths. Il n'était donc pas capable de conserver ce que lui laissait son père, encore moins de reconquérir ce qu'il avait perdu depuis la bataille de Vouillé. C'est pourquoi Théodoric, roi des Ostrogoths, qui était son grand-père, vint à son secours avec une puissante armée, pour chasser de la Provence et du Languedoc les armées de Clovis. En récompense du service qu'il avait rendu avec le consentement des principaux chefs visigoths, il garda en propriété souveraine les terres de Provence appartenant aux Visigoths et il gouverna le Languedoc, au nom de son petit-fils, avec promesse de le lui rendre lorsqu'il serait en âge de gouverner lui-même. Voilà comment Théodoric devint roi de la partie de la Provence que nous habitons. Cassiodore, qui fut successivement secrétaire et ministre de Théodoric, raconte, de la sollicitude de ce prince pour assurer le bonheur de ses sujets, un trait remarquable
Théodoric mourut à Ravenne, en 526, laissant ses états à Athalaric, son petit-fils, âgé de 8 ans. Ce jeune prince prit les rênes du gouvernement, sous la régence de sa mère Amalasonte, princesse vertueuse et d'une intelligence cultivée. Athalaric étant mort, après huit ans de règne, Amalasonte épousa son cousin Théodat, fils d'une soeur de Théodoric. Ce fut un malheur pour elle et pour ses Etats ; Théodat, vicieux et cruel, la fit étrangler en 536. La punition suivit de près le crime ; pendant qu'il négociait avec les rois de France, Théodebert, Childebert et Clotaire, leur offrant la cession de la Provence et 20.000 écus d'or, pour obtenir leur intervention armée contre Bélisaire, général de Justinien, empereur d'Orient, il fut détrôné par les chefs goths et mis à mort en 536, avant d'avoir reçu la réponse définitive des rois francs. Vitigès, qui lui succéda, renouvela ses propositions, et la Provence, en cette même année, passa sous la domination française. L'Empereur Justinien, faisant également cession de ses droits sur la Provence, approuva le traité pour s'attacher les rois francs et les détourner d'une diversion qu'ils pouvaient faire en Italie en faveur des Ostrogoths. On avait alors chez nous des monnaies frappées au coin de l'empereur, mais il y avait en même temps des sous d'or des Goths, appelés sols d'or alaricains. Avec le départ des Ostrogoths, finit la première période des invasions des barbares du nord en Provence. La deuxième période comprend la domination des Francs et les invasions des Lombards et des Saxons. 6.Aux termes du traité conclu entre les Ostrogoths et les rois francs, ces derniers avaient à partager la somme d'argent donnée et les terres de Provence, comme bon leur semblerait. Il paraît que Théodebert eut la plus grande partie de la Provence, soit par ce traité, soit par ce qu'il possédait déjà ; que Childebert eut au moins la ville d'Arles et les environs, et que Clotaire fut dédommagé en recevant une plus grande somme d'argent. D'ailleurs, ce roi, comme nous le dirons bientôt, allait devenir maître de toute la Provence et de tout le royaume des Francs. Bien que toutes ces affaires eussent été réglées en 536, en fait, les Francs ne prirent possession de nos pays qu'en 537, et c'est ce qui nous fait comprendre pourquoi les historiens ne sont pas d'accord sur ces dates. " Les Goths (Ostrogoths), qui étaient aux garnisons de Provence, dit Honoré Bouche, sortirent en 537, pour faire place aux soldats des rois de France. " La domination française, qui commençait en cette année, dura jusqu'au couronnement du comte Bozon, en 879, par conséquent pendant 342 ans. Elle se divise aussi en deux périodes : la période mérovingienne ou barbare, et la période carlovingienne ou civilisée. Nous n'avons à nous occuper que de la première, dans ce chapitre, en donnant les noms des principaux rois mérovingiens qui furent nos rois, depuis 537 jusqu'en 752, c'est-à-dire pendant 215 ans. Théodebert (537-550), Théodebal (550-555) et Clotaire Ier (555-561) possédèrent la Provence orientale, c'est-à-dire la partie de la haute Provence que nous habitons Gontran eut en partage la Bourgogne, Orléans et la partie orientale de la Provence (561-593). Pendant son règne, comme nous le verrons bientôt, les Lombards et les Saxons envahirent la Provence. Mommol, son général, infligea une sanglante défaite aux Lombards, dans le diocèse d'Embrun, et il battit les Saxons à Estoublon, dans le diocèse de Riez. Converti par un prêtre dont les vertus et les miracles édifiaient toute la Bourgogne, Gontran fut l'objet d'une telle transformation morale, dans les dernières années de sa vie, que le martyrologe romain le place au nombre des Saints et fixe sa fête au 28 mars, jour de sa mort. Childebert II, son neveu, fils de Sigebert et de Brunehaut, lui succéda, en vertu du traité d'Andelot, comme roi de Bourgogne, de la haute Provence, etc . (593-596). Thierry II (596-613), Clotaire II (613-628) et Dagobert, ami de saint Eloi (628-638), furent ensuite rois de Bourgogne et de toute la Provence. Après Dagobert commence la série des rois fainéants, ainsi nommés parce qu'ils abandonnèrent le gouvernement de leurs Etats entre les mains des Maires du Palais. Quoiqu'ils aient été nos rois, je ne citerai pas même leurs noms, celui de Childebert III excepté, parce qu'il fut le dernier de la race des Mérovingiens et le dernier barbare parmi nos rois. Il fut déposé en 752 et remplacé par Pépin le Bref, qui fut sacré, à Soissons, par saint Boniface, archevêque de Mayence.
7. Un célèbre solitaire du VIe siècle, saint Hospice, pour s'approcher du ciel et s'isoler des iniquités de la terre, avait fixé son séjour au sommet d'une vieille tour, en face de la mer, non loin de Nice. Du haut de ce donjon, il fit entendre un jour ces paroles prophétiques aux populations qui venaient en foule écouter ses enseignements évangéliques : Et, en effet, les Lombards arrivèrent. Ils étaient peut-être plus cruels encore que les barbares qui les avaient précédés. Leurs multiples incursions en Provence eurent lieu sous le règne de nos rois Gontran et Sigebert. En 568, ils passèrent pour la première fois les Alpes et ravagèrent la basse Provence. En 570, ils se précipitèrent comme un ouragan du haut du mont Genèvre sur l'Embrunais, le Gapençais et les autres pays de la haute Provence, vainquirent en bataille rangée l'armée de Gontran, tuèrent le patrice Amat, qui la commandait, et emportèrent, au delà des monts, un immense butin. Enhardis par ce succès et par l'amour du pillage, ils ne tardèrent pas de revenir pour la troisième fois ; mais Ennius Mommol, le fameux comte d'Auxerre, avait succédé au patrice Amat ; il les enveloppa, leur coupa la retraite, les tua en grand nombre et envoya les prisonniers au roi Gontran. Saint Grégoire de Tours (liv.IV, 42) et Wenefride, diacre d'Aquilée, mieux connu sous le nom de Paul Diacre (liv.III,c.4), appellent l'endroit où fut remportée cette victoire Muscias Calmes.
Les auteurs ne sont pas d'accord pour désigner cet endroit : quelques-uns placent ce fait d'armes à Chamousse, à l'est d'Embrun ; MM. Charonnet et Longnon, au plan de Berbeno, aujourd'hui plan de Fazy ; d'autres enfin, avec M. Roman, de Gap, et M. Feraud, historien des Basses-Alpes, prétendent que Mommol a battu les Lombards près de Gleysoles, dans la vallée de Barcelonnette, appelée autrefois vallée de Mucio, Mucii ou Muncii.
La quatrième et dernière irruption des Lombards en Provence eut lieu vers l'an 576, sous la conduite de trois chefs : Amon, Zaban et Rhodan. " L'armée d'Amon, dit Papon (t.II, P.61), ayant traversé le mont Genèvre, se répandit comme un torrent dans toute la haute Provence. " Elle ravagea, par conséquent, les diocèses d'Embrun, de Gap, de Sisteron, de Digne, de Senez, etc. Les Alpes devinrent un désert , dit Albert (Histoire du diocèse d'Embrun, p.41). Les habitants qui n'avaient pas pris la fuite furent massacrés. Ceux qui, pour éviter la fureur des barbares, s'étaient retirés sur les montagnes périrent de faim et de misère, dans les bois et parmi les rochers où ils s'étaient cachés. " Telle fut l'invasion des Lombards, qui coïncida pour ainsi dire avec celles des Saxons, dont nous allons parler. Ces barbares, qui étaient venus en Italie aux secours des Lombards, voulurent avoir part au riche butin que ceux-ci apportaient de leurs incursions au-delà des Alpes. Ils entrèrent en Provence, d'après Honoré Bouche, " par le mont Genèvre, Embrun, Seyne et Digne, ou bien peut-être par le marquisat de Saluces, par Barcelone (Barcelonnette) et Colmars, long (suivant) les rivières du Verdon et celle de l'Asse..., puisque les deux historiens Grégoire de Tours et Paul Diacre assurent qu'ils vinrent à Estoublon ". L'auteur de l'Histoire de Barrême va plus loin et il affirme sans hésiter que les Saxons, arrivés par Saluces, Barcelonnette, Allos et Colmars, s'établirent à Estoublon, d'où ils infestaient les contrées voisines. On pourrait peut-être concilier les deux opinions, en disant que l'invasion saxonne, prévoyant qu'elle pourrait manquer de vivres dans des pays dépourvus de ressources, se divisa en deux parties, dont l'une passa par Seyne et Digne, et l'autre suivit les vallées du Verdon et de l'Asse. Quoi qu'il en soit, les Saxons étaient tous réunis à Estoublon, lorsqu'ils rencontrèrent l'armée du roi Gontran. Le choc fut terrible, et le général Mommol fit un horrible carnage de ses ennemis. A peine étaient-ils arrivés chez eux, qu'ils décidèrent de se soustraire définitivement à la domination des Lombards. Ils partirent donc avec leurs femmes, leurs enfants et leurs bagages, pour se rendre dans leur pays d'origine, mais en passant malheureusement par la Provence, parce qu'elle leur était bien connue. Comme ils étaient très nombreux, ils traversèrent les Alpes, les uns du côté de Nice, les autres vers Embrun. Leur rendez-vous était à Avignon, et ils avaient choisi cet endroit parce qu'étant sujets du roi Sigebert, en ses terres d'Allemagne, ils croyaient avoir meilleur accueil et plus assuré passage en ce terroir d'Avignon, qui appartenait à ce roi. " Mais, avant d'y arriver, ils firent d'incroyables dégâts par toute la Provence.Gens illa dit Grégoire de Tours (lib.VI,cap.6) vastat cuncta quoe reperit . Honoré Bouche croit que ces barbares brûlèrent et rasèrent Cimiez, ancienne capitale des Alpes-Maritimes. Mais Sigone, dans son Histoire du royaume d'Italie (liv.I), M. l'abbé Dufaut, auteur de l'Eglise de Nice, etc., attribuent avec plus de raison la destruction de cette ville aux Lombards (576-577), car elle est une des principales cités que ces barbares devaient ruiner, d'après la prophétie de saint Hospice. Un autre fléau vint ajouter ses désastres à ceux de la guerre.
(1) Saint Jérôme, lettre 123e. (2) Papon dit, en parlant des diocèses d'Embrun, de Sisteron, de Gap, de Digne, de Senez, etc., "qu'ils étaient déjà sous la puissance des Bourguignons depuis l'an 474". Il partage donc l'opinion de ces historiens. (3) C'est Papon qui parle ainsi et il ajoute:"Cela prouve que la servitude de la glèbe était déjà établie dans cette partie de la Gaule avant l'arrivée des Bourguignons." (Histoire de Provence,t.II,p.42) (4) M. Longnon, la Gaule au VIe siècle,p.46. (5) Epitre VI,liv.II (Patrologie latine,t.LVIII,col.571.) (6) Lettres de Cassiodore sur l'histoire des Goths,livre IV,lettre 49.-Cassiodore fut ministre de Théodoric, d'Amalasonte, de Théodat,etc. (7) Allos possède,en effet,de belles montagnes pastorales, dont une seule,le Laus,nourrissait autrefois un troupeau de six mille bêtes à laine.Cette montagne,ainsi que celles du Vallonnet,de Talon et de Preinier ont été vendues, en 1894, à l'administration du reboisement. (8) Clotaire Ier devint roi de toute la Provence et même de toute la France, en 558. (9) Venient in Galliam Longobardi et vastabunt civitates septem.- Voir Paul Diacre,In Hist. Longobardorum,lib.II,cap.28.D'après plusieurs auteurs, Embrun,Gap,Avignon,Arles,Fréjus,Cimiez et Glandèves sont les sept villes désignées par saint Hospice. (10)Mummulus...multos ex eis interfecit ac, donec nox finem faceret, coedere non cessavit (Paul Diacre) (11) Histoire de Provence, par Honoré Bouche,t.Ier,pp. 667-668.Retour
1.Les invasions des Sarrasins en Provence, divisées en trois périodes.
(711- 739.) 1. Les Arabes, qui depuis leurs conquêtes en Afrique, sont appelés Maures ou Sarrasins, envahirent la France au VIIIe siècle, pour y établir leur domination, comme ils l'avaient établie en Espagne.
Leurs invasions en Provence durèrent ou se renouvelèrent pendant trois longs siècles, et on les divise en trois périodes distinctes 1° Appelés par le traître Mauronte, ils passèrent le Rhône et essayèrent d'ajouter la Provence à leurs possessions du midi de la France. Il fallut que Charles Martel vint deux fois des frontières de la Saxe pour nous délivrer du joug musulman. C'est, a-t-on dit avec raison, l'époque des grandes armées et des grandes batailles. 2°. Sous les premiers rois carlovingiens, les Maures, voyant qu'ils ne pouvaient détacher la Provence du royaume de Pépin et de Charlemagne, entreprennent de la ruiner par des courses rapides. Ils débarquent à l'improviste dans la Camargue, à Marseille, à Nice, etc., pillent les villes et les campagnes et disparaissent, après avoir rempli leurs vaisseaux légers d'esclaves et de butin.
3°. Enfin, à l'origine du royaume de Provence, dès les premières années de Louis l'Aveugle, peut-être même du vivant de Bozon (879-888), les Sarrasins s'emparent des montagnes des Maures (Fraxinet), s'y fortifient, appellent des renforts d'Espagne et, profitant des divisions et des discordes civiles qui déchiraient le pays, s'y établissent pour un siècle. Cette dernière période est celle des plus grands malheurs de la Provence. De la mer aux montagnes de la Suisse, elle fut ravagée et devint un véritable désert, que les bandes incendiaires parcouraient librement. Les événements de la deuxième période, ayant eu lieu surtout sur le littoral, sont en général étrangers à nos montagnes et, par conséquent, à l'histoire d'Allos. Je n'ai donc à m'occuper que des deux grandes invasions sarrasines du VIII° et du X° siècle, dont la première fait l'objet du présent chapitre et la deuxième celui du chapitre suivant.
2. En 711, les Maures passèrent le détroit de Gibraltar et, en huit mois, dit un historien, ils s'emparèrent de l'Espagne, qui ne put s'affranchir de leur domination qu'après huit siècles de résistance et de combats. En 718, ils parcouraient la Septimanie, c'est-à-dire le midi de la France, depuis les Pyrénées jusqu'au Rhône. De 729 à 732, ils traversaient le Rhône et ravageaient une partie de la Provence, mais en se dirigeant vers le nord et sans s'écarter de la vallée de ce fleuve.
3. Ainsi une armée sarrasine remontait le Rhône, tandis que le gros de l'invasion barbare arrivait, par l'ouest, dans les plaines de Tours, où ces deux armées devaient n'en faire qu'une. De leur côté, Eudes, duc d'Aquitaine, et Charles Martel se réunirent non loin de Poitiers, et c'est là qu'allait se décider le sort de notre patrie. La bataille eut lieu en octobre 732 ; les Sarrasins furent complètement vaincus, et Abdéramane, leur chef, fut trouvé parmi les morts. La Victoire de Poitiers sauva la France, l'Europe et la civilisation.
4. Cependant les Sarrasins possédaient encore la Septimanie, leur première conquête en France, et ils marchèrent de nouveau vers la Provence, qui leur fut livrée par l'infâme Mauronte, préfet de Marseille. Les villes d'Arles, de Saint-Remy, de Tarascon, d'Avignon, de Cavaillon, d'Apt, etc., tombent en leur pouvoir. Ils ravagent toutes les contrées environnantes, profanant les lieux saints, souillant les monastères, livrant aux flammes le butin qu'ils ne pouvaient pas emporter, prenant comme esclaves les hommes, les femmes, les enfants, et les transportant en Espagne. Les villes et autres lieux qui eurent particulièrement à souffrir de leur cruauté et de leur brutalité sont : Avignon, où ils commirent mille dégâts ; Arles, où ils égorgèrent les habitants ; Aix, qu'ils dépeuplèrent par le fer et le feu ; Cimiez, qui fut ensevelie sous ses ruines ; l'île de Lérins, où cinq cents religieux furent massacrés, avec saint Porcaire, leur supérieur ; le monastère de Marseille, où sainte Eusébie et ses quarante religieuses se coupèrent le nez et se firent de profondes blessures au visage, afin de ne pas subir les plus humiliants outrages. 5 Charles Martel était dans le Nord, où il guerroyait contre les Frisons, les Saxons, etc., lorsqu'il apprit ces nouveaux brigandages, et il prépara aussitôt son départ pour le midi. Childebrand, son frère, le précéda et vint mettre le siège devant Avignon, dont les barbares avaient fait leur place d'armes. Charles arriva bientôt et emporta la ville d'assaut. Il s'empara ensuite des autres villes de la Provence, tombées au pouvoir de l'ennemi, fit main basse sur tous les Sarrasins qu'il y trouva et obligea les autres et le traître Mauronte lui-même à fuir vers les montagnes, où ils continuèrent leurs barbares dévastations. Afin d'infliger le même châtiment aux Sarrasins du Languedoc, l'armée française se dirigea vers cette région, comme un torrent impétueux qui renverse tout sur son passage. Ces événements avaient lieu en 737, d'après le continuateur de Frédégaire, qui a écrit sous l'inspiration de Childebrand lui-même, et selon la chronique de Fontenelle, dont l'auteur vivait à peu près à la même époque. Cette date est très importante pour l'histoire d'Allos et de tous les pays qui se trouvent à gauche de la Durance, parce qu'elle nous fait connaître le commencement des ravages de Mauronte et de ses partisans, dans cette région. En effet, les Sarrasins qui n'étaient pas tombés sous la main des soldats de Charles Martel cherchèrent un refuge dans les montagnes, de telle sorte que Mauronte, selon la remarque de M. de Rey, était "maître du pays entre la Durance et la mer", même avant le départ de l'armée française pour le Languedoc. Il posséda donc les vallées de l'Ubaye, de la Bléone, du Verdon, etc., et là surtout les féroces envahisseurs, qui le suivaient, pouvaient se livrer impunément au meurtre et au pillage, aucune résistance sérieuse ne pouvant être organisée contre eux, dans des localités attaquées à l'improviste et possédant peu d'habitants. Honoré Bouche ne fait pas même la restriction de M. de Rey et il affirme que, deçà et delà la Durance, tout fut au pillage et à la merci de ces barbares, qui brûlaient les temples et les documents anciens des églises, détruisaient les villages, etc. "Le catalogue des évêques du Diocèse de Senez se trouve interrompu, dit Fisquet Allos subit le malheureux sort de Barcelonnette, de Senez, etc., et nous dirons bientôt ce que firent nos pères pour prévenir le retour des bandes de Mauronte. Cependant ces barbares, voyant qu'ils avaient épuisé par leurs rapines les ressources des malheureux habitants de nos montagnes et sachant, d'ailleurs, que l'armée française du duc d'Austrasie était de nouveau occupée dans le nord contre les Saxons, se dirigèrent vers le midi de la Provence. Ils mirent à feu et à sang tout le pays, jusqu'à Arles. 6.Charles Martel se dirigea de nouveau vers la Provence, précédé comme la première fois, par son frère Childebrand. Pour que cette deuxième expédition eût un résultat plus complet et plus durable que la première, il demanda le concours de Luitprand, roi des Lombards, dont les Etats comprenaient tout le Piémont. Ce prince, qui commandait aussi son armée en personne, se mit aussitôt en marche vers les Alpes. Les deux armées, opérant simultanément, l'une sur le versant oriental de ces montagnes, l'autre sur le versant occidental, et descendant ainsi jusqu'aux rivages de la Méditerranée, chassèrent les Sarrasins de nos montagnes, les poursuivirent jusqu'aux bords de la mer, où ces infidèles furent exterminés ou faits prisonniers. Ceux d'entre eux qui purent échapper au fer des vainqueurs allèrent rejoindre les Sarrasins du Languedoc. Dans cette guerre, l'armée de Luitprand a-t-elle opéré exclusivement sur le versant italien, ou bien a-t-elle étendu ses opérations dans la partie montagneuse des Alpes françaises et provençales ? L'infâme Mauronte se retira avec quelques bandes sarrasines dans les forêts impénétrables situées entre Hyères et la rivière d'Argens et qui portèrent, depuis cette époque, le nom de Maures. D'autres infidèles avaient sans doute également échappé à la poursuite des armées libératrices et trouvé un refuge dans nos montagnes plus facilement que dans les collines du bord de la mer, car il est impossible qu'une armée visite tous les étroits défilés, tous les sommets escarpés, toutes les anfractuosités des Alpes. De là, comme des montagnes des Maures, ils descendaient dans les villages isolés et ils continuaient ainsi leur vie de brigandage. Cependant la Provence était délivrée, l'autorité française rétablie, et Charles Martel, emportant la reconnaissance et l'admiration de tous ceux qui lui devaient leurs biens, la paix et la liberté, reprit le chemin de l'Austrasie, où il mourut deux ans après (741). La première invasion des Sarrasins dura deux ans, dans la vallée du Rhône, à Aix, à Marseille, etc. Elle fut de plus courte durée chez nous, car ces barbares n'envahirent les montagnes qu'après avoir été refoulés par la première armée française, et, pour la plupart, ils descendirent vers Arles, dès qu'ils surent que cette armée était retournée dans le nord, au-delà du Rhin. Dans ce peu de temps, ils ruinèrent entièrement nos pays, comme nous l'avons déjà dit, et ils le dépeuplèrent. Un de nos principaux historiens résume en ces termes, d'un navrant laconisme, leurs ravages dans les villes et dans les villages, dans les plaines et dans les montagnes :
"Nous regrettons encore aujourd'hui, dit-il, les actes publics et les monuments littéraires qu'ils livrèrent aux flammes, avec les églises et les monastères où ils étaient déposés. De là, vient que l'histoire de ces siècles est enveloppée d'épaisses ténèbres ; elle ressemble à la campagne de la province, qui n'offrait aux yeux du spectateur que l'horreur d'un vaste désert. Si, du sein de ce chaos, il s'échappe quelques rayons de lumière, ce n'est que pour nous montrer le triste spectacle de l'humanité outragée. " " Il faut encore attribuer à ces brigandages l'ignorance où nous sommes sur la position des anciens lieux, qui répondait à la description que les auteurs romains avaient faite de la Provence, et, en particulier, ce que nous lisons dans l'itinéraire d'Antonin : La plupart des bourgs furent détruits, et les habitants périrent par le fer, ou par le feu, ou par la maladie, ou par la faim. La dépopulation fut si grande qu'on ne pensa plus à les rétablir, et quand des temps plus heureux commencèrent, le souvenir des désastres passés fit abandonner les lieux qui en avaient été le théâtre. On se dit que les hauteurs et les endroits escarpés seraient une retraite plus sûre contre les attaques des ennemis, ou contre la surprise des brigands. " Tel était, d'après Papon , 7. C'est ici que trouve naturellement sa place le récit de ce que firent les habitants d'Allos, pour échapper au danger. Il est certain qu'une fois au moins ils se sont retirés sur la colline de Saint-Pierre, un des contreforts du pic appelé Rochegrand, afin d'y trouver la sécurité qui n'existait plus pour eux ailleurs. En effet, dans un procès-verbal de l'an 1699 , Mgr Soanen, évêque de Senez, dit qu'après avoir fait la visite épiscopale de l'église paroissiale et des chapelles du chef-lieu, il visita les chapelles foraines ou rurales, en commençant par Saint-Pierre, ancienne paroisse. La tradition dit également qu'il y avait un cimetière à côté de cette chapelle, et la tradition est ici appuyée sur l'usage immémorial de chanter, chaque année, le jour de la fête de saint-Pierre, à l'issue de la messe, un Libera pour les morts qui reposent dans ce cimetière. Ces morts sont très nombreux, puisque l'action du temps , en corrodant peu à peu le petit plateau, surtout du côté du levant, met sans cesse à découvert des ossements humains.. Il y a donc eu en cet endroit une agglomération d'habitations, à l'occasion d'une ou de plusieurs calamités publiques. Or, après avoir étudié avec soin les traditions locales et ce que disent les historiens provençaux de la première invasion musulmane, j'estime que nos pères ont cherché, pour la première fois, un refuge à saint-Pierre, pendant cette invasion. Le quartier est aujourd'hui tellement dénudé par les orages qu'il ne conserve plus que quelques rares vestiges des murailles qui l'entouraient autrefois. Longtemps après les Sarrasins, deux tours le défendaient : l'une, au levant, près du bois de Vacheresse ; l'autre, au couchant, sur la rive gauche du torrent de Bouchiers, et dont on voit encore les premières assises dans un champ nommé la Tourré, qui fait partie de la campagne de la Basse-Collète. Ces tours ont été construites probablement lorsque le vicomte de Turenne ravageait la Provence, ou à l'époque des guerres de religion, car la distance qui les sépare des anciennes murailles, qu'elles devaient défendre, nous prouve qu'elles n'existaient pas avant l'invention de la poudre à canon Au pied de la colline de Saint-Pierre, à côté du chemin d'Allos à Bouchiers, il y a un champ qui porte un nom de souffrance et d'effroi ! Pourouns, lous Pourouns ! Ce nom doit, vraisemblablement, son origine aux angoisses de nos ancêtres, exposés à mourir de privations, derrière leurs murailles de défense, ou à tomber entre les mains de leurs ennemis, en allant à la recherche d'un peu de nourriture. Plus loin, en aval et sur la rive gauche de Bouchiers, il y avait, dit-on, une agglomération d'habitations. Si, comme l'affirme la tradition, un village a existé en cet endroit, appelé encore aujourd'hui les Charrières, il a dû être bâti à cette époque. En descendant du plateau de Saint-Pierre, nos pères n'auront pas voulu s'en éloigner, soit parce qu'ils y laissaient leurs morts et leur église paroissiale, soit pour y retourner plus facilement, au premier signal du danger, soit enfin à cause de la répugnance qu'ils avaient pour habiter de nouveau leur ancien chef-lieu, qui leur rappelait probablement de si tristes souvenirs. Ce chef-lieu était probablement là où est actuellement Allos, car cet endroit est d'un accès facile, au centre de la vallée et susceptible d'être fortifié. (1) Ce sommaire appartient à M. de Rey,dont l'ouvrage sur les "invasions des Sarrasins en Provence", pendant les VIIIe, le IXe et le Xe siècle, est très estimé. (2) Joanne,Géographie des Basses-Alpes,P.24. (3) Histoire et Géographie des Basses-Alpes, p.16 (4) Auteur de la France pontificale, Histoire des Archevêques et Evêques de France; Diocèse de Senez, (5) Histoire de Sisteron, par M. de Laplane. (6) On reproche cependant à ce grand capitaine d'avoir récompensé ses troupes en leur donnant des terres et des revenus appartenant aux églises et aux monastères, et d'avoir fait sacrer évêques plusieurs de ses guerriers. Ce qui l'excuse, jusqu'à un certain point, c'est la nécessité où il se trouvait de s'attacher son armée, qui le suivait avec tant de fidélité du nord au midi pour le bon combat. Ce procédé fut cependant une faute grave, dit Amédée Gabour (Histoire de France,t.I,p.203.) (7)Histoire de Provence.t.II,pp.80-81 (8) Contrairement à l'ordre chronologique que je me suis imposé, je parle ici de ces deux tours, pour donner une idée plus complète de ce que fut Saint-Pierre comme refuge fortifié et pour ne pas être obligé de revenir sur cette question.
1.Les Sarrasins s'établissent au Fraxinet, d'où ils ravagent toute la Provence. (885-1000.)
De 885 à 889, un événement, peu important en apparence, fut le commencement d'une occupation sarrasine, qui dura presque un siècle et s'étendit non seulement jusqu'au sommet des Alpes, mais jusqu'en Bourgogne, en Italie et en Allemagne.
Vingt pirates jetés par la tempête sur les rochers du golfe de Sambracie, aujourd'hui golfe de Grimaud, s'établirent sur les hauteurs escarpées du bord de la mer, s'y fortifièrent et en firent une position inexpugnable, connue sous le nom de Fraxinet.
Grâce à leur situation, au bord de la mer, ils reçurent, dans peu de temps, de nombreux renforts d'Espagne, et il en fut ainsi, dans la suite, pendant tout le temps de cette terrible invasion ou de cette série d'invasions. " Toutes les invasions suivantes, dit M. de Rey, prirent pied d'abord au golfe de Grimaud, et nous ne voyons trace nulle part que les Maures soient entrés en Provence, pendant ce siècle, par un autre point." " Enfin, nous les verrons plus tard, quand les populations se soulevèrent contre leur domination, se retirer vers le Fraxinet, qui fut le dernier siège de leur puissance, comme il avait été le premier." Les villages du golfe de Grimaud eurent les premiers à souffrir de leur voisinage. La ville de Fréjus fut détruite, et ses ruines demeurèrent sans habitants aussi longtemps que Fraxinet appartint aux Maures. Antibes et Nice subirent le même sort ; l'abbaye de Saint-Pons fut brûlée, et la Turbie transformée en forteresse musulmane. Toulon, Pontevès, Vence, etc., furent saccagés.
2.- Avant d'aller plus loin, j'emprunte encore à M. de Rey quelques détails utiles sur la marche des ravageurs de nos campagnes et de nos villes : " Maîtres du pays qui forme aujourd'hui le département du Var " Les défilés et les bois favorisaient la guerre de surprises; leurs bandes peu nombreuses tombaient, à l'improviste, sur des villages sans défense, et peut-être aussi les rivalités de communes, comme le raconte Luitprand " La chute des évêchés de Glandèves et de Senez dut suivre de près celle de Vence. La vacance de ces trois sièges, pendant le X° siècle, ou du moins l'ignorance où nous sommes du nom de leurs évêques, est une preuve de la présence des Sarrasins."
3. - La présence de ces barbares dans le diocèse de Senez, c'est le pillage, c'est le meurtre dans la vallée de l'Asse et dans celle du Verdon Pendant ce temps, d'autres Sarrasins remontaient la Durance et se dirigeaient également vers les montagnes des Alpes. Ils se signalèrent par la destruction de Riez, de Manosque et d'Apt, etc., et leur présence, dans cette dernière ville, en 896, nous donne une date importante pour l'histoire de leurs invasions dans la haute Provence. Peu à peu, ils ravagèrent les diocèses de Sisteron, de Digne, de Gap et d'Embrun. En 916 La simultanéité de cette invasion hongroise et de celle des Sarrasins portent M. Guillaume, archiviste de Gap, à croire que ces peuples barbares ont fait ensemble le siège d'Embrun. La cruauté des Hongrois était telle que le même auteur se demande si elle "n'a pas donné lieu, dans nos pays, à la légende des Ogres", monstres imaginaires que l'on suppose se nourrir de chair humaine. Par la prise d'Embrun, les Maures étaient maîtres de l'Embrunais, du Gapençais, de la vallée de Barcelonnette et de toute la Provence. Leur domination ne ressemblait pas à celle qu'ils exerçaient en Espagne, où ils avaient voulu établir un gouvernement régulier.Chez nous, ces féroces sectateurs de Mahomet étaient campés et, de préférence, sur les frontières, soit pour garder avec soin les défilés des Alpes, soit pour, arrêter et dévaliser les voyageurs. "La très cruelle race des Sarrasins; dit un auteur de la Vie de saint Mayeul, arriva aux confins de l'Italie et de la Provence; et elle se livra à un affreux carnage sur les personnes de tout rang, de tout sexe et de tout âge, utriusque ordinis, sexûs et oetatis strages dedit". Allos était, comme Barcelonnette, à la merci de la barbarie musulmane, quoique pour d'autres motifs. Comme ce pays tient la tête de la vallée du Verdon et confine avec celle de l'Ubaye, il était exposé, à la fois, aux incursions des Sarrasins fixés dans cette vallée et aux attaques de ceux qui remontaient le Var et le Verdon. Il n'est donc pas étonnant qu'ils aient laissé dans notre territoire des vestiges de leur passage. La Semaine religieuse de Digne a donné, le 4 septembre1881, d'intéressants détails sur cette découverte. Le corps avait les bras étendus et les jambes repliées On se demande, en lisant ces tristes pages, de notre histoire ce qu'était devenue l'épée de Charles Martel. Pourquoi le gouvernement de cette époque ne faisait-il pas marcher, contre ces barbares envahisseurs, une force armée suffisante pour les jeter, dans les flots de la Méditerrannée, qui nous les avaient apportés ? Mais Pépin et Charlemagne n'étaient plus ! Les Maures du Fraxinet dirigeaient de préférence; avons-nous dit, leurs attaques contre les villages et les campagnes, mais il ne tardèrent pas de modifier leur tactique. 4. - Vers 922, mourut Louis l'Aveugle, ainsi appelé parce qu'il avait eu les yeux crevés,en Italie, à l'âge de 25 ans. Il porta, comme son père, Boson, et son successeur, Hugues, le surnom de roi de Vienne, car cette ville était alors le séjour des rois de Provence.Leur autorité n'était réelle qu'à Arles, à Avignon et dans la vallée du Rhône ; ailleurs, ils ne régnaient que sur des ruines, sans cesse fouillées et renouvelées par de nouveaux barbares, qui ne cessaient de débarquer au golfe de Grimaud. Le comte Hugues inaugura heureusement son règne par une victoire sur les Hongrois, qui descendirent la Durance et suivirent la voie romaine, passant à Alumniun (Notre-Dame des Anges), Céreste, etc., Comme ses prédécesseurs, il alla guerroyer en Italie, où il trouva aussi les Sarrasins; il comprit enfin qu'il fallait en finir avec eux et délivrer,à la fois, l'Italie et la Provence de ces barbares. Il décida donc de les attaquer avec toutes ses forces et avec le secours de l'empereur de Constantinople, pour les déloger de leur forteresse réputée imprenable. En attendant l'arrivée de la flotte grecque et le retour de l'armée provençale, qui était en Italie, les villes et les villages de ses Etats envoyaient leurs contingents. Pour la région montagneuse, le rendez-vous était à Castellane; pour le centre, à Draguignan, et pour le sud, à Fréjus. Dès que la flotte de l'empereur de Constantinople fut arrivée, elle incendia les navires musulmans, en jetant sur eux du feu grégeois ; l'armée de terre s'ébranla, et le Fraxinet fut emporté d'assaut. Malheureuseiuent, le roi Hugues, qui avait su vaincre, ne sut pas profiter de la victoire. Au lieu de poursuivre ses ennemis, il traita avec eux, les chargea de garder les défilés des Alpes, et il retourna en Italie avec son armée. Sa nouvelle expédition fut malheureuse; il revint en Provence et il alla mourir à Vienne, dans un monastère qu'il avait fondé Les Sarrasins reprirent la forteresse du Fraxinet, et leurs nouveaux ravages, depuis Fréjus jusqu'à Embrun, furent tels qu'il faut renoncer à les décrire, status lugendus non describendus ! comme on dit des nations infidèles, assises à l'ombre de la mort. Ils saccagèrent surtout Fréjus, Grasse, Annot, Castellane, Taulanne et tout le diocèse de Senez. 5. - D'après Achard et M. de Rey, les Sarrasins "ont exploité les mines de fer de la Ferrière, près de Barcelonnette; ils y fabriquaient des armes, et l'on y retrouve encore le mâchefer de leurs forges Il y avait également des mines de fer à Maurin Rappelons enfin que la Maure, section d'Uvernet, rappelle d'une façon non douteuse, le souvenir de ces barbares Qu'étaient devenus, de leur côté, les survivants de la population d'Allos, qui partagea toujours la bonne et la mauvaise fortune de Barcelonnette ? Ils avaient, sans doute, demandé un abri à l'anfractuosité des rochers de leurs montagnes, car comment auraient-ils pu recourir à d'autres moyens de défense; étant dépouillés de toutes ressources et réduits à un petit nombre ? Les mots Castellum et Castrum indiquent, en effet, un lieu fortifié. Il est vrai qu'en parlant ainsi je pose le pied sur le terrain mouvant des conjectures ; mais mes lecteurs conviendront avec moi, je l'espère, que ces conjectures trouvent un solide point d'appui dans l'effrayante description que les historiens les plus autorisés nous font de l'état de la Provence, pendant la dernière période de l'invasion musulmane. " Des villes importantes avaient été rasées les villages étaient détruits et les champs en friche. Les habitants qui avaient échappé au fer des envahisseurs erraient misérablement dans les forêts. Les bêtes fauves descendaient des montagnes dans les plaines ; des bandes énormes de loups attirés par les cadavres laissés sans sépulture, parcouraient librement les campagnes saccagées, dont ces monstres étaient les vrais maîtres après le passage des Sarrasins. 6.- La situation était depuis longtemps intolérable. Le pape Jean XII prêchait une sorte de croisade et engageait l'empereur 0thon Ier à marcher en personne contre les Sarrasins, lorsqu'un événementt, qui eut un douloureux retentissement en Europe, produisit un soulèvement général des opprimés contre leurs barbares oppresseurs. Saint Mayeul, célébre abbé de Cluny, natif de Valensole, tomba entre les mains de ces infidèles, en traversant les Alpes. Il fut maltraité et les religieux de Cluny n'obtinrent sa liberté qu'en payant une énorme rançon Le comte Guillaume prit courageusement la direction du mouvement. Il parcourut lui-même à cheval les villes et les bourgades de ses Etats, appelant le peuple aux armes et excitant la valeur de ses vassaux, dont les plus connus étaient le baron de Castellane, qui bravait la fureur des sectateurs de Mahomet du haut de sa ville fortifiée, et Saint-Bevons, seigneur de Noyers, qui fit des prodiges de valeur à Pierre-Inipie et emporta d'assaut, plus tard le petit Fraxinet ou Fraxinet de Villefranche. Tous répondirent à l'appel qui leur était fait. Les Maures du Fraxinet, attaqués de toutes parts, furent vaincus et exterminés ou réduits en esclavage. La Provence, définitivement délivrée, salua d'un long cri d'admiration le comte Guillaume et ses lieutenants et leur voua une éternelle reconnaissance. Les populations des rivages de la Méditerranée,des bords du Rhône et de nos Alpes, unies dans un même enthousiasme, proclamèrent Guillaume Ce grand homme fut à la tête de l'armée et du gouvernement pendant près d'un quart de siècle. Il mourut à Avignon, en 992, assisté, selon son désir, de la présence et des prières de saint Mayeul. La victoire et la mort du pieux et vaillant guerrier marquent la fin de la première partie de notre histoire, vers l'an mille, qui trouve nos pays pour ainsi dire ensevelis sous leurs ruines, mais les laisse libres et préparés par de terribles épreuves à une vie nouvelle, dont nous allons parler. (1)Invasions des Sarrasins en Provence,pp.107-108. (2) Prélat italien (920-972), évêque de Crémone, ambassadeur de l'empereur Othon et historien contemporain des invasions sarrasines. (3) L'auteur de l'Histoire hagiologique du diocèse de Gap prétend que les Sarrasins étaient fortement établis à Colmars, dans la vallée du Verdon, et que cette petite ville, appelée par eux Montmaur, était leur principal boulevard de la haute Provence. (4) "Les historiens alpins, dit M. Guillaume, sont unanimes à attribuer la prise d'Embrun aux Sarrasins. Tous en fixent invariablement la date en l'année 916." (5) Les anciens peuples considéraientraient la terre comme la mère universelle du genre humain, et, en lui confiant les corps des morts,ils leur donnaient l'attitude des petits enfants dans le sein de leur mère. Ce rite funéraire, que l'on trouve établi dans des régions et à des époques bien différentes, doit son origine aux croyances religieuses. "C'est plus que la foi à une autre vie, a dit un philosophe,M. Troyon . C'est bien l'idée de la résurrection du corps." (6) Les Invasions des Sarrasins en Provence, par M.de Rey, p. 117. (7) Ces mines, appelées fusines, dans le langage du pays, c'est-à-dire fonderies, sont sur la rive gauche de l'Ubaye, en face de l'église paroissiale, à peu de distance de l'importante carrière de marbre vert. (8) Ces noms, témoins muets, mais irrécusables, des invasions sarrasines, on les trouve ailleurs, dans les Basses-Alpes, par exemple : àMaure, près de Seyne ; à la Maurelière, de Senez ; à Barrême, dont les vieux Cadastres parlent cent fois de la Fontaine du Maure, au quartier de Valbonnette; à Serre du Maure, de Norante ; à Corbières, où il y a le Camp des Sarrasins; à Ganagobie, dont le plateau rappelle les Maures, etc., etc. Disons enfin que le nom d'un grand nombre de personnes, entre autres celui de Maurel, rappelle aussi la domination sarrasine. (9) Signalons ici une cause locale de cette lamentable situation :"En ces temps de guerre permanente, un seul régime est bon, celui d'une compagnie devant l'ennemi, et tel est le régime féodal.Voici dans chaque canton des bras armés, une troupe sédentaire, capable de résister à l'invasion; on ne sera plus en proie à l'étranger. Le paysan est à l'abri; on ne le tuera plus, on ne l'emmènera plus captif, avec sa famille, par troupeaux, la fourche au cou. Il ose labourer, semer, espérer en sa récolte; en cas de danger, il sait qu'il trouvera un asile pour lui, pour ses grains et pour ses bestiaux, dans l'enclos de palissades de la forteresse de son seigneur. " (Taine.) Malgré ses abus, le régime féodal fut donc un bienfait, une nécessité sociale du temps et qui donnait au peuple la sécurité. (Segond.) Or, la féodalité, qui s'établissait et se développait partout, du Xe au XIIe et au XIIIe siècles, n'existait pas ou était devenue impuissante dans les diocèses de Digne, de Senez, etc., et en particulier à Allos, puisque ce pays, comme nous le dirons bientôt, portait, à cause de cela, le nom de pays des alleux, c'est-a-dire dont les terres étaient libres de toute redevance. (10) M.de Roy, Invasions des Sarrasins en Provence. (11) La rançon de saint Mayeul fut de mille livres d'argent,c'est-à-dire d'environ 80,000 francs de notre monnaie actuelle, somme qui en vaudrait aujourd'hui 700,000, dit Reinaud,auteur des Invasions des Sarrasins en France. p.201. (12) D'après M. de Berluc.Perussis, ce nom est celui de Guilhem Ier, comte de Forcalquier (968-992), fils de Boson, seigneur de Manosque. 1 - Le Xe siècle avait été, pour nos contrées, un siècle de destruction et d'extermination. Mais tout était à refaire; on ne savait plus à qui attribuer les biens dont les propriétaires avaient disparu sans laisser de titres, et cette incertitude était une source de procès et de querelles. Des villes entières et un très grand nombre de villages avaient été détruits; la plupart des habitants étaient morts, ou ils avaient été emmenés comme esclaves, en Espagne ou en Afrique, et les survivants se trouvaient sans feu, ni lieu. L'habitude de guerroyer contre les barbares ou contre d'autres ennemis avait introduit, dans les moeurs de ce siècle, des guerres permanentes entre concitoyens, et ces guerres intestines étaient une calamité publique contre laquelle l'autorité gouvernementale elle-même se déclarait impuissante.
2.- Quelle puissance morale la Providence tenait-elle en réserve, pour porter un remède à de si grands maux ? A cet éloge général de tous les religieux du XIe siècle, nos auteurs régionaux n'ont pas oublié d'ajouter l'éloge particulier des religieux et du clergé de la Provence : Les moines surtout furent ingénieux et intrépides dans leur admirable dévouement. Ils se dirigeaient par petit groupes sur tous les points du territoire, y bâtissaient des hospices et des églises, " qui devenaient, dit Papon, un point de ralliement pour les habitants, dispersés dans les campagnes. En même temps, d'autres moines délivraient les esclaves, sous la direction d'un bénédictin, saint Isarne, abbé de Saint-Victor de Marseille. Enfin l'Eglise, seule autorité respectée à cette époque, s'opposa constamment aux guerres civiles, en établissant successivement la paix et la trêve de Dieu. Cet exposé m'a paru nécessaire pour l'intelligence des donations faites, pendant le cours du XIe siècle, aux moines de Saint-Victor de Marseille et à ceux de Lérins par les habitants de Colmars et d'Allos.
3. - Charte dite de Colmars, écrite vers l'an 1056.
"Voici quels sont les confins et les limites de ces montagnes: "(La chaîne qu'elles composent) part du torrent qui porte le nom de Cimet, s'élève sur la montagne de Coyer (Grand Coyer), s'abaisse sur le quartier de Ligny, pour arriver à Pélens, traverser et redescendre au Col de Champ. De là, elle arrive a la Caillole, puis a Talon, au Col de Chancelaïe et à Siolane. Elle passe ensuite par le pic appelé Sardon, pour arriver à Resta ou Enresta et enfin a Chamate, où prend la source le petit torrent de Ganon, qui va se jeter dans le Verdon".
4 -Cette charte a pour nous une importance historique dont la portée n'échappera pas à mes lecteurs, surtout a ceux qui habitent la vallée du Verdon. Elle fait,dans un ordre qui ne laisse rien a désirer, l'énumération des montagnes de l'ancienne peuplade des Gallitae, dont le territoire s'étendait depuis Thorame-Haute jusqu'aux pieds de Siolane, dans le vallon du Laverq, et elle nous donne leurs noms tels que nous les connaissons encore aujourd'hui.
Partons avec elle de Peyresc, où se trouve le Grand Cohier; passons a côté du lac de Ligny, des aiguilles de Pelens
Nous entrons ensuite dans le canton actuel d'Allos, en faisant l'ascension de Roche-Cline, pour arriver au Laus, où se trouve la Caillole, a côté du lac. Nous parcourons Talon, Chancelaïe ou col d'Allos. Nous passons sous Siolane et vers le Sardon, pic dont l'ancien nom a disparu, mais qui est sans doute dans la région de Mourre-Gros. Ainsi, ce que j'ai dit, plus haut, des possessions des Gallitae se trouve confirmé indirectement par un document précieux qui remonte au XIe siècle et que chacun peut lire dans le Cartulaire de SaintVictor de Marseille.
5.- La charte de 1056 est également importante au point de vue philologique, car elle nous indique, si je ne me trompe, la véritable étymologie du nom d'Allos.
D'après la géographie ancienne, le chef-lieu des Gallitae s'appelait Galita, comme je l'ai déjà fait remarquer, et il est probable que ce nom, qui était peut-être aussi celui de tout le territoire occupé par cette peuplade, a survécu à toutes les vicissitudes de la première époque de notre histoire, c'est-à-dire depuis le XIe siècle avant Jésus-Christ, jusqu'au Xe de l'ère chrétienne. Il est absolument certain qu'il n'existait p1us vers 1056, puisque la charte dont nous parlons n'en parle pas, tandis qu'elle cite, avec la plus grande exactitude, un nombre considérable de noms beaucoup moins importants.
A cette époque, en effet, les fondateurs de la dîme des fromages de nos montagnes disent, dans l'acte de donation, que ces montagnes appartiennent à Colmars et à un autre pays qu'ils appellent les Alleux, Collo Martio et ad Alodes. Tels sont,d'après eux, les noms qui désignent, dès lors, la haute vallée du Verdon. Le premier date probablement de la domination romaine; le deuxième est celui de notre pays et ne peut convenir à aucun autre. On aurait beau examiner et torturer le texte et le contexte, on ne pourrait jamais y voir la désignation d'une autre localité. Les montagnes elles-mêmes qui nous entourent sont là comme des témoins incorruptibles, et nul ne pourra leur faire dire autre chose que ce que leurs noms disent.
Mais ce nom, nouveau-né, est encore enveloppé de ses langes. Je tâche de l'en débarrasser avec le gracieux concours d'un philologue distingué dont la bienveillance égale le savoir
Alodes, de la langue féodale, Alodium, de la basse latinité, Alodi, de la langue romane, n'ont presque aucune transformation a subir pour devenir Aloz, Alosium, car, en bonne philologie, le d et l's s'équivalent pleinement. Il n'est pas nécessaire de savoir si le mot roman Alodi et les mots français Alode et Alleu viennent de l'allemand All od, comme l'affirme Mistral, ou du celte breton, Al lod (le lot), comme le veulent Noël et Carpentier, dans leur dictionnaire étymologique; mais il est utile de faire remarquer deux vieilles formes françaises de ce mot, dont les nuances rappellent d'assez près la prononciation du nom d'Allos dans nos propres dialectes. L'histoire générale elle-même nous fournit des preuves en faveur de cette étymologie Les habitants d'Allos étaient donc libres, à cette époque, en ce sens qu'ils n'avaient aucune redevance a payer, aucun hommage à rendre aux seigneurs. 6. - Un autre ordre religieux fut aussi l'objet de la reconnaissance et de la générosité de nos pères, dans la seconde moitié du XIe siècle.
Les moines de Lérins,si célèbres par leur noble phalange de cinq cents martyrs immolés par les Sarrasins, ainsi que par le nombre considérable de saints et de savants qu'ils donnèrent à l'Eglise de France et en particulier à plusieurs diocèses de Provence, travaillèrent, comme les Bénédictins, au relèvement matériel et moral des villes et des villages de nos contrées. Une famille originaire de la haute vallée du Verdon, fixée à Callian, commune du canton de Fayence, près de Draguignan, voulant les remercier du bien qu'ils
avaient fait en maints endroits et peut-être a Allos, leur donna une ou plusieurs propriétés qu'elle possédait à Callian et tout ce qui lui appartenait encore, dans notre pays, et in alio loco quem nominant Alos, totam integre nostram partem, quoe infra hos terminos, donamus.
D'après l'acte de donation, conservé dans le Cartulaire de Lerins , Le nom de notre pays était donc définitivement formé vers la fin du XIe siècle, et la charte de Callian, où nous le trouvons écrit comme nous l'écrivons aujourd'hui, avec une légère différence d'orthographe, ne peut être antérieure à la première de ces dernières dates, ni postérieure à la deuxième (1056-1101).
La donation des fromages de nos montagnes, des poissons de nos lacs et de certaines terres prouve la rareté de l'argent à cette époque.
En effet, après l'invasion des Sarrasins, on ne trouvait plus ni or ni argent, " de sorte que, dit Papon, les siècles suivants, rien n'était plus rare que ces métaux. On contractait par échange, comme dans les premiers âges du monde.... Ne pouvant donner de l'argent, nos ancêtres donnaient ce qu'ils avaient; mais ces singulières donations prouvent autre chose que la rareté de ce métal : elles sont un témoignage touchant de leur sincère et naïve reconnaissance pour des bienfaits inestimables. Leurs insignes bienfaiteurs avaient-ils rebâti les églises de la région, rétabli le culte aboli par les barbares, ou racheté les habitants d'Allos qui gémissaient dans les fers en Espagne ou en Afrique ? (2) Tisserand, Histoire de Nice. (3) Paulin Méry, Histoire de Provence. (4) M.de Rey, Invasions des Sarrasins en Provence. (5)Carta de Collomartio circa 1056. (6)Ce nom est évidemment la traduction de celui de Pelento ou Pe!entum. (7) M. de Berluc-Perussis. - Je dois à son obligeance des documents importants et je me fais un devoir de lui exprimer ici ma vive reconnaissance. (8) Honoré Bouche, en parlant d'Allos, ecrivait Allouez. (9) Je ne parle pas de l'étymolcgie du nom d'Allos, indiquée par le blason conservé dans l'église paroissiale et où l'on voit nue aile et un os.Ce blason est l'oeuvre, sans doute, d'un plaisant armoriste qui a voulu faire un jeu de mots. (10) Cette étude porte le nom trop modeste de Dates de l'Histoire de Forcalquier. (11)Charte de Callian, de 1066 à 1101. (12)Histoire de Provence, t. II, pp. 537-538. 1. Fondation de Barcelonnette.
1. - La vallée de Barcelonnette, dit l'auteur de l'Histoire d'Embrun
La fondation de la ville qui a donné son nom à cette vallée n'est donc pas un événement étranger à notre histoire, soit parce qu'Allos est une des communes de Barcelonnette, soit parce qu'il est nommé dans l'acte de cette fondation dont je cite la partie la plus importante. Au nom de Notre Seigneur Jésus. Ainsi soit-il. "A savoir qu'ils batiraient et construiraient une ville du nom de Barcelonnette, située contre ledit lieu de Faucon et celui de Drolhe. "D'abord ledit comte convient et promet, par lui-même et par les siens, aux syndics susnommés, qui acceptent, tant en leur nom qu'au nom de ladite communauté, de leur donner, en dehors de toute contradiction, un lieu et emplacement où ils puissent se transporter, y bâtir et avoir leur domicile a perpétuité; de telle sorte que, si quelqu'un leur suscite un procès ou une contestation quelconque, au sujet desdits lieux et emplacements, ledit seigneur comte doit se porter partie pour les sauvegarder et les défendre et rendre lesdits lieux et emplacements francs et quittes, a ses frais et dépens............ "Quant aux syndics, ils ont promis et concédé, en leur nom et au nom de ladite communauté, audit seigneur comte et aux siens, pour chaque canne de terrain et emplacement où ladite ville sera construite, assigné à chacun des habitants et accepté par eux, un denier viennois, qui sera payé chaque année, en la fête de la Nativité de Notre Seigneur.
"Les habitants ont, en outre, promis et convenu de donner, tous les ans, audit seigneur comte et aux siens, mille sols viennois pour les cavalcades.
2. "De plus, ils ont promis de suivre le seigneur partout, pour les cavalcades, toutes les fois que cela sera nécessaire audit seigneur comte et aux siens, jusqu'à Beaujeu, jusque dans la vallée de Turriers et a Brésiers; et, de là, en remontant en deça de la Durance, jusqu'à l'extrémité supérieure du Comté, et du côté de Saint-Paul et de Meyronnes, aussi loin que s'étend le Comté; et, d'un autre côté, dans les vallées de Saint-Etienne, de Guillaumes, de Colmars et d'Allos, ainsi que sur tous les points compris entre ces limites, mais non au delà, et ils doivent être présents dans la chevauchée ou cavalcade, à la disposition du seigneur comte."
L'acte de fondation de Barcelonnette, faisant mertion d'Allos, à propos des cavalcade , me donne l'occasion de parler ici de l'organisation de ces milices et d'autres choses relatives a la situation faite a nos pères, au XIIe siècle. Trop longtemps, dans la première partie de cette histoire, il a fallu raconter des expéditions militaires, des batailles, des massacres et d'autres calamités publiques; il est temps d'écrire autre chose que ce que l'on a appelé, par une heureuse syncope, dit M. Lecoy de la Marche, l'histoire-bataille " 3. - Les cavalcades étaient, en temps de paix, des courses militaires plus ou moins pompeuses, pour faire un cortège d'honneur au comte; en temps de guerre, de véritables milices qui le suivaient au. combat. Elles se composaient non seulement de cavaliers, comme leur nom l'indique, mais de fantassins et de soldats de toutes armes. Les articles, A. -"Les barons, nobles et simples habitants feront au seigneur comte le service de cavalcade, dans la forme ci-après exprimée. Tous les nobles ou simples hommes possédant biens ou les ayant possédés dans les comtés de Provence et de Forcalquier et leurs héritiers seront tenus de servir la cavalcade, pendant quarante jours, à leurs frais, en marchant contre tous ceux qui attaqueraient ledit seigneur comte, lors même que les ennemis seraient étrangers auxdits comtés. Dans ces quarante jours, seront compris les jours d'aller et de retour, calculés à raison d'un jour par six lieues."
B. -"Lorsque ledit seigneur comte fera le siège d'un lieu, d'un château, d'une ville, C. -" Les barons et nobles qui auraient déjà servi une cavalcade devront, si, dans la même année, une armée ennemie venait a envahir lesdits comtés et faisait le siège de quelque ville ou châtean, servir une nouvelle cavalcade de quarante jours."
"Ce qui est dit d'un soldat avec un. cheval armé, doit s'entendre du chevalier revêtu d'un haubert (cuirasse) et de chausses, . d'un haubergeon, d'un bouclier et d'un casque de fer."
D. -"Les chevaliers non requis par le seigneur comte, outre les quarante jours susdits ou quarante a autres jours, sont tenus de demeurer aux cavalcades si la guerre se prolonge, moyennant indemnité, à la charge dudit seigneur comte; indemnité de dix livres viennoises pour quarante jours, ou de cent sols viennois, suivant que le soldat est armé ou non."
E. - " Si un chevalier, durant la cavalcade, perd son cheval et ses armes ou s'ils lui sont enlevés, le prix lui en sera remboursé par les gens du château ou de la ville d'où il est parti, savoir: dix livres viennoises ou cent sols viennois, suivant qu'il aura perdu cheval et armes ou cheval seul, et cela dans l'intervalle de trois mois.
4. - Les règlemçnts fixaient, en outre, le contingent imposé à chaque localité. Ce contingent variait, avec le temps et selon les circonstances. Ainsi Sisteron fournissait cinq cavaliets et cent fantassins, en 1245-1285, sous le roi Charles d'Anjou. En 1257, ce nombre s'éleva; d'un trait de plume, selon l'expression de M. de Laplane, à deux cents hommes, par conséquent à à un homme par feu. Il descendit à cinquante hommes, en 1359, la population ayant été décimée.par la peste et éprouvée par le passage des bàndes de Cervole, surnomimé l'Archiprêtre;.Thorame-Haute et Thorame-Basse devaient fournir un soldat et un cheval armé. Or, nous verrons .bientôt que le terroir de Thorame-Haute était estimé dix feux, celui de Thorame-Basse sept, et celui d'Allos neuf.
D'après cette statistique, qui ne peut pas nous tromper, le .contingent imposé à notre pays pour les milices dites cavalcades était au moins d'un cavalier armé. aux frais de ses. concitoyens et qui, au retour, rendait ses armes à la commune. Camille Arnaud, de Forcalquier, Les cavalcades étaient générales ou particulières, est-il dit dans une concession faite à Ansouïs, par une ordonnance de 1319. Même lorsqu'elles étaient générales, elles ne devaient pas dépasser certaines limites. Les communes de la vallée de Barcelonnette n'étaient pas tenues, selon l'acte de fondation de cette ville, de suivre le comte au delà de Saint-Paul, de Saint-Etienne, de Guillaumes, d'Allos et de Colmars, etc. Les habitants de Sisteron s'arrêtaient au Verdon, et ceux de Grasse au Rhône. Les militaires étaient ordinairement armés, équipés et montés aux frais des seigneurs, des prélats ou des communes. 5.. - Après avoir constaté quelle était la situation de nos ancêtres relativement au service militaire, demandons à l'administration chargée de la perception des impôts les renseignements qu'elle peut nous donner sur la valeur du territoire d'Allos et les impositions que l'on payait à cette époque. Honoré Bouche, dans les Additions à la Chorographie et à l'Histoire de Provence ,
Ainsi signé:
D'après ce document officiel et textuellement reproduit, Allos occupait le deuxième rang parmi les communes de la vallée et avait l'honneur de porter le nom de ville, comme Barcelonnette.
Mais qu'entendait-on par feu au moyen âge et, en particulier dans cet important document? Le mot affouagement, d'après le chanoine Cruvellier, " désigne une opération par laquelle chaque localité était estimée, à quotité de feux, proportionnellement à la valeur foncière de ses propriétés roturières".
Le cadastre capistratum était une autre opération par laquelle on déterminait la cote foncière à payer par chaque propriétaire. Le feu était donc à l'affouagement ce que le cadastre était au feu. Le feu, avons-nous dit, exprimait une valeur foncière de 50,000 à 55,000 francs. Ainsi, d'un côté, feu, employé comme terme fiscal, désignait une valeur de 55,000 francs, d'après plusieurs auteurs, et, d'un autre côté, nous savons que notre pays était affouagé à raison de neuf feux. La valeur totale du terroir d'Allos s'élevait donc à la somme de 495,000 livres, en chiffres ronds, à 500,000 francs; somme considérable, surtout si l'on tient compte de la valeur élevée de l'argent a cette époque. La raison de cette différence, nous l'avons donnée en disant que le nom d'Allos vient d'alleux alodes, le pays des terres libres, en ce sens qu'elles ne payaient aucune redevance aux seigneurs, au IXe siècle. Et il en était encore ainsi au XIIIe siècle ; il n'y avait donc pas ou presque pas de terres seigneuriales, tandis qu'il y en avait beaucoup à Manosque et plusieurs à Barrême. 6. En 1551, un trésorier général, nommé Jean Vitalis, fut envoyé, dit Honoré Bouche, pour exiger la cote de six florins par feu par toute la Provence et par cette vallée. On payait donc alors, chez nous, un impôt de 180 francs par feu et 1,090 francs pour tout le territoire. Cet impôt était modéré, puisque chaque étendue de terrain de 55,000 francs, qui vaudrait aujourd'hui plus de 100,000 francs, ne payait que 180 francs. Mais il y avait d'autres impôts. Nous avons déjà parlé des cavalcades, devenues des redevances fiscales; nous parlerons bientôt des quistes, du cens, de la prestation, du droit d'albergue, etc., perçus à Allos. Contentons-nous de mentionner ici la rève, qui touchait à tout, selon l'expression de M. Damase Arbaud. (1) L'abbé Albert, curé de Seyne. (2)Drole (Drolhia) était un village situé dans un quartier où est actuellement Saint-Pons, puisque Uvernet, qui fait face à cet endroit, porte le nom d' Ubac de Saint-Pons, dans les anciens cadastres. (3)Les habitants s'engageaient donc à suivre le comte en ses marches guerrières dites cavalcades, " quando necesse erit usque ad Bellum Jocum (Beaujeu), et usque in valle de Turiis et usque ad Brezes; et aliunde superiùs citrà Druentiam, usque ad caput comitatûs; et a partibus Sancti-Pauli de Meyronne, quantum protenditur comitatus, et ab alia parte, usque ad vallem Sancti Stephani et in valle de Guillelmo et in valle de Collismartio et de Alloz, et infra dictos terminos per totum, ulterius non tenetur ". (4) La Société au XIIIe. siècle,p. 24. (5) Ces articles sont extraits des règlements pour le service des cavalcades en Provence. (6) Ce mot signifiait, au moyen âge, non une cité, mais un bourg, une agglomération quelconqne d'habitants, In castro,vel villa,vel civitate. (7) Histoire de la Viguerie de Forcalquier (8) Histoire de Provence, t. I, p. 927. (9)Etudes historiques sur la commune de Manosque au moyen âge, p. 209. (10)Essai sur l'Histoire de Provence, t. I, p. 45. (11)Cette acception du mot feu n'était pas inconnue au XIIIe siècle, puisque Raymond.Bérenger, dans un acte de 1237, déclare que quiconque a une habitation particulière a un feu: Ille autem intelligetur focum habere qui habet proprium domicilium, in castro, vel villa, vel civitate. (12)Voir Dictionnaire provençal-français, t. II, 295. (13)Le chanoine Cruvellier, après avoir dit que Barrême était affouagé à raison de six feux et demi et que la valeur du territoire était, par conséquent, de 325,000 livres, ajoute que, par suite de la dépréciation de l'argent, cela représenterait aujourd'hui plus d'un million. Allos valait donc, au XIIIe siècle, plus d'un million de notre monnaie. (14)Etudes historiques sur la commune de Manosque au moyen âge, p.229.
1.Nos souverains depuis la séparation de la Provence du reste de la France.
1.Avant de parler du consulat dont Allos est redevable à Raymond-Bérenger, jetons un regard vers le passé, afin de ne pas perdre de vue, dans le cours de notre récit, le fil de l'histoire de Provence.
A.- Boson, beau-frère de Charles-le-Chauve, fut proclamé roi à Mantaille, en 879. B.- Les comtes de la maison de Provence qui leur succédèrent sont les suivants : Les historiens font remarquer avec raison que les femmes ont été la cause de l'établissement d'une royauté particulière en Provence et de la plupart des changements de dynastie qui y ont eu lieu.
"Une femme nommée Ermengarde, fille de France, dit Honoré Bouche nous avait transmis a Bozon."
Une autre femme, Douce, fille de Gilbert, nous donna, en 1112, aux princes espagnols, par son mariage avec Raymond-Bérenger Ier. Enfin Béatrix fille et héritière de Raymond-Bérenger IV, nous donna aux princes ,d'Anjou, dont nous parlerons plus loin.
Le règne des souverains bosoniens dura quarante- sept ans; celui des comtes de la maison de Provence, cent quatre-vingt-six ans, et celui des princes de Barcelonne et d'Aragon, cent trente-trois ans.
"Depuis que la Provence avait été séparée du reste de la France, en 879, dit M. de Laplane, elle forma toujours, jusqu'à la fin du XVe siécle, un Etat à part, qui eut ses souverains particuliers. Mais remarquons qu'ils gouvernaient déjà de fait, comme de véritables souverains, avant qu'ils eussent abandonné la vaine formalité de l'hommage envers les rois de la Bourgogne Transjurane, alors qu'ils dataient encore leurs chartes et les actes de leur administration des années du règne de ces souverains sans autorité"
Cet exposé, quoique très sommaire, pourra aider mes compatriotes à bien fixer dans l'esprit les dates de cette période de notre histoire, par exemple celle de l'établissement du consulat d'Allos, qui correspond à la vingt-quatrième année du règne de Raymond-Bérenger, le fondateur de Barcelonnette et le dernier des comtes espagnols qui furent comtes de Provence.
2. - Au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ
"Le mode d'organisation est que l'un des consuls soit choisi parmi les membres de la noblesse, les trois autres parmi les prud'hommes et que le cinquième soit notre bailli. "Nous leur accordons le pouvoir et la juridiction nécessaires pour examiner et juger les contestations et les délits concernant les contrats, les quasi-contrats, les dernières volontés et toutes les autres affaires ordinaires; mais nous nous réservons le jugement des crimes pouvant entraîner l'effusion du sang, la peine de mort, la confiscation des biens et le bannissement. "Nous nous réservons aussi, en ces lieux d'Allos et de Colmars, tant pour nous que pour les nôtres, douze deniers par feu et mille sous pour les cavalcades, outre les sous de l'impôt du cens. Ces redevances seront payées chaque année, en monnaie ordinaire, ayant cours dans nos possessions. Lorsque , dans les jugements qui nous sont réservés,on aura imposé des amendes ou confisqué les biens des accusés, nous donnons la troisième partie de ces amendes, etc.., à nos officiers chargés de rendre la justice en ces lieux. Il en sera de même relativement aux jugements rendus par les consuls desdites localités, pour tous les cas qui relèvent ou relèveront de leur juridiction; la troisième partie des confiscations et des amendes leur appartiendra, moyennant le consentement des prud'hommes. "Si à l'avenir, ce qu'à Dieu ne plaise, des difficultés s'élevaient entre nos juges et les consuls et qu'ils eussent à se plaindre les uns des autres, à l'occasion du consulat, ils doivent, d'après ce qui a été convenu, s'adresser à nous, et nous jugerons leurs différends selon les règles de la justice et de l'équité. "Dans le cas où nos officiers exigeraient de vous,prud'hommes, sans motif légitime ou d'une manière excessive, la quiste ou une prestation, par notre bailli et notre tribunal, nous vous, donnons franchise et immunité et nous défendons toute exaction à votre égard. On payera les cavalcades et les prestations tous les ans, au mois d'août, le jour de l'Assomption de la bienheureuse Vierge Marie, et vous, prud'hommes et seigneurs d'Allos, de Colmars, ainsi que des localités qui leur appartiennent, vous serez tenus de solder, à nous ou aux nôtres, chaque année, le jour de Saint-Michel, les cinq cents sous produit de l'impôt du cens et les douze deniers dus par chaque feu, selon ce qui a été stipulé ci-dessus, "Enfin lesdits consuls et prud'hommes, en reconnaissance de la concession du consulat, ont, pour eux et pour tous les habitants, fait serment de perpétuelle fidélité à nous et aux nôtres, et nous leur avons promis de venir à leur secours et de les protéger toutes les fois qu'ils en auraient besoin. "Fait à Barcelonnette, dans la maison de Gastinel. "Ont été témoins : Reinet, seigneur de Verci, W. Raymond de Arcis, juge du seigneur comte de Provence, maître Galter, etc., etc.
"Et moi Raymond, notaire public, institué par ledit comte de Provence et agissant par son ordre, j'ai écrit cette charte, j'y ai apposé son sceau et je l'ai signée."
Telle est la teneur de la charte de 1233, dont nos ancêtres furent heureux et fiers et qui témoigne de la générosité de Raymond-Bérenger. "Il est à remarquer, dit à ce sujet M. Camille Arnaud, qu'une grande partie des privilèges accordés aux communes datent du règne de ce prince qui se plut à amélioret le sort de ses sujets, en leur accordant des. franchises municipales. Allos fut du nombre de ces communes favorisées ".
3.-Le notaire, rédacteur de la charte, en vertu du mandat qu'il avait reçu de Raymond-Bérenger, s'adresse d'abord aux seigneurs chevaliers d'Allos: Il y avait donc encore des nobles chez nous, malgré la rupture du lien féodal dont nons avons parlé à l'occasion de l'élection de Boson, au concile de Mantaille, en 879, et l'un de ces nobles portait en 1233, le nom d'une terre appelée Baumes, R. de Balmis.
Nous ne devons pas nous étonner de trouver des nobles partout au moyen âge. Les chevaliers d'Allos reçurent la charte du consulat comme ils l'avaient demandée, c'est-à-dire en leur nom et au nom de leurs concitoyens. Il en fut de même des prud'hommes, nommés immédiatement après la noblesse, et vobis,probis hominibus. Mais, comme il n'était pas facile de trouver partout tant de qualités réunies, le bon roi ajouta qu'on pouvait choisir les prud'hommes dans toutes les classes de la société, tam nobiles, burgenses et artistas quam laboratores.
Ils avaient, dans le pays, une situation considérable, car leurs fonctions étaient multiples et importantes. "Ils avaient ensuite la faculté de nommer, chaque année, un ou plusieurs défenseurs qui devaient prendre en main les causes intéressant la commune, les veuves et les pupilles. "Le statut leur donnait le soin de veiller à l'entretien des portes de la ville, de réparer les tours, etc. Enfin les prud'hommes devaient être présents à l'annotation des biens, c'est-à-dire à la saisie immobilière, etc...
M. Camille Arnaud, que je viens de citer, ajoute que sous le nom de cités, les prud'hommes prenaient part à l'élection du conseil municipal d'alors, et il dit enfin que probablement le conseil nommait de son côté les prud'hommes. A Manosque, il y en avait soixante; à Sisteron, quarante, et, dans les. petites localités, on en comptait au moins six. 4. - Aux termes de la charte de Raymond-Bérenger, le consulat d'Allos devait être composé de cinq membres, dont quatre nommés par leurs concitoyens et le cinquième, le bailli, par le comte. Leur élection se faisait donc par degrés. En effet, ils devaient être choisis, pour la plupart, parmi les prud'hommes. Or, les prud'hommes, nous venons de le dire; étaient probablement désignés eux-mêmes par le conseil et peut-être par le conseil extraordinaire ou général, composé de tous les chefs de famille de la commune.
Les consuls étaient, par conséquent, les administrateurs et les juges des communes qui avaient obtenu le privilège de s'administrer elles-mêmes. En d'antres termes, le consulat ou cour consulaire d'Allos était non seulement le résultat de l'affranchissement du régime féodal, mais une véritable décentralisation, telle que nous sommes loin de l'avoir aujourd'hui. A côté de la cour consulaire, il y avait, il est vrai, la cour du comte, et des difficultés s'élevaient sans doute entre ces deux tribunaux; mais nous dirons plus loin, en parlant du fonctionnement du tribunal consulaire, comment sa juridiction fut maintenue et même augmentée. Contentons-nous ici de faire remarquer comment les fonctions judiciaires étaient rétribuées au XIIIe siècle.
5. - Les consuls d'Allos, comme les ministres de la justice comtale en ce lieu, imposaient des amendes, ordonnaient des saisies, et le comte leur accordait le tiers, tertiam partem, de ces saisies ou amendes. Cette concession avait lieu également ailleurs, notamment à Colmars et à Guillaumes, où les consuls percevaient non seulement le tiers mais les quatre cinquièmes de ces confiscations ; à Barcelonnette, où ils ne percevaient qu'un cinquième; à Seyne, où ils avaient droit. aux trois quarts. Par ce moyen, les juges recevaient une compensation pécuniaire pour l'exercice de leurs fonctions, qui n'étaient rétribuées ni par l'Etat ni par, la commune. Ce mode de rétribution n'exposait-il pas ces fonctionnaires à la tentation de multiplier les amendes, afin d'augmenter leur traitement?
Ce danger. trop réel avait été prévu par Raymond-Bérenger, et, pour l'atténuer autant qu'il pouvait le faire, il déclara, dans la charte du consulat d'Allos, que la concession en question ne pouvait avoir lieu qu'avec le consentement des prud'hommes, voluntate proborum hominum.
6.-" Dans les premiers temps du comté de Provence, le souverain n'avait que les revenus de son domaine; hors des cas impériaux, il ne pouvait lever d'impôts sur ses sujets. La charte de 1233 est un de ces statuts et elle est, en effet, indiquée, dans l'Histoire de Provence, sous le nom de statut d'Allos. A.-Douze deniers par feu. - Mais, ici, le mot feu, d'après Raymond-Bérenger lui-même, doit être pris dans le sens de foyer et de famille, et non comme une étendue de terrain de 50,000 à 55,000 francs.
B.-Mille sous pour les cavalcades. - Le service militaire était, en effet, devenu, en temps de paix, à Allos comme ailleurs, une simple redevance fiscale. Plus tard, lorsque les comtes de Savoie furent nos souverains, cette redevance était perçue, non en sous, mais en florins, et cela est relaté en ces termes dans un état
C.- L'impôt appelé cens, qui était une redevance foncière, produisant, à Allos, cinq cents sous, par conséquent la moitié moins que les cavalcades. D.- La quiste E.-Enfin un impôt appelé prestation, ademprum, ressemblait à la quiste ou à un emprunt forcé, perçu le jour de la fête de tous les Saints,quista deprecatoria omnium sanctorum 7.- Raymond-Bérenger IV mourut le 19 août 1245.
(1) Fabre, Histoire de Provence, t. I, p. 6. (2) Roi de la Bourgogne Transjurane (937-993). (3) Guillaume Ier est probablement Guilhem, comte de Forcalquier, fils aîne de Bozon II, seigneur de Manosque. - Voir plus haut la note 12 du chapitre sept de la première partie. (4)Histoire de Sisteron, t. I, p. 393. (5)In nomine Domini Nostri Jeshu (sic) Christi, Anno ejusdem secundum carnem, millesimo ducentesimo trigesimo tertio, quinto calendas decembris, Nos, Raymundus Berengarii, Dei gratia illustris comes et marchio Provinciae et comes Forcalquerii, donamus, concedimus et laudamus (sic) par nos et nostros, in perpetuum ad fidelitatem nostri et nostrorum : vobis dominis militibus de Alos et de Colmars, scilicet : P. de Serveria, F. Guis, P de Laya, W. de Podio, R. de Balmis, G. V. Raymondi, potentibus et exhigentibus (sic) et recipientibus pro vobis et aliis consortibus vestris ; et vobis probis hominibus de Allos et de Colmars, videlicet : P. Paschal, P. Benedicto Alos (sic), B. Ricardo, P. Gibelino, W. Elzeario, P. Alphanto, P. Enguilreo, Garcius, Rogerio, Meiffredo, P. Boyer, W. Giraudo, P. de Sancto Martino, Girardo, R. Licia, exhigentibus (sic), petentibus et recipientibus pro vobis et pro universis habitatoribus de Alos et de Colmars, presentibus et futuris et locis pertinentibus ad Alos et ad Colmars; consulatum et licentiam creandi et habendi consules qui pro tempore, in dictis locis, necessarii fuerint; sub hac videlicet forma quod unus de Dominis, et tres de probis hominibus in consules eligantur et quintus noster baiulus debet esse; et eis cohercionem et jurisdictionem ex parte nostra concedimus super causis audiendis et definiendis in contractibus vel quasi et ultimis voluntatibus et omnibus aliis negociis (sic); retento nobis et nostris majori dominio seu mero imperio vel gladii potestate animadvertendi in facinorosos et super omnibus criminibus que penam sanguinis irrogant vel bonorum omnium publicationem, vel deportationem infligunt; et retento nobis et nostris in dictis locis, pro singulis focis, singulos duodecim denarios monete communis et per terram currentis, annuatim, et retentis nobis et nostris in predictis locis, pro cavalcatis, singulis annis, M de solidis et ultra de solidos censuales monete communis et per terram currentis; et est sciendum quod in predictis nostris judiciis retentis in quibus fiet bonorum adempcio, donamus in donis et concedimus tertiam partem predictorum locorum Dominis pretaxatis; et in eis justiciis que pertinent ad consules vel deinceps pertinebunt a de solidis (sic) superius tertiam partem et voluntate proborum hominum prefatis Dominis similiter concedimus et donamus; et est sciendum quod si Domini de consulibus vel consuIes de eis in futurum, quod absit, super aliquo conquerantur occasione consulatus vel super his dubitatio aliqua oriretur, ex pacto debent ad nos recurrere et nos secundum quod justum fuerit diffinire; si vero Domini sine causa legitima in vobis probis hominibus predictis quistam seu ademprum facerent et in eo modum excedent immoderate videlicet exhigendo, per cognitionem nostrae curiae vel nostri bai uli de causa et modo definiri...(?) Donantes vobis predictis probis hominibus ab omnibus indebitis exactionibus franquesiam ut Domini supradicti nullas a vobis exactiones faciant prohibentes; cavalcatas autem et ademprum, in Assumptione Beatae Mariae medietatis augusti et quingentes solidos annuatim censuales et duodecim denarios de focis singulis annuatim sicut superius est expressum, vos probi homines de. Allos et de Colmars et locis aliis ad supradicta loca pertinentibus vel locorum dominos ex pacto in festo sancti Michaelis singulis annis tenemini vel nostris dare ; pro presenti autem concessione dicti consolatus predicti Domini nobis vel nostris, pro se et aliis omnibus, nobis et nostris perpetuo fideles existere juraverunt et nos eisdem bono et legali modo contra omnes eos inquietantes auxilium prestare et juvamen. Actum Barcilonie in domo Gastinelli. Testes fuerunt: Rainetus, Dominus Vercie, W. Raymundus de Arcis, judex Domini comitis Provinciae supradicti, Magister Galterius, cantor regum et notarii predicti domini comitis, W. Arindus, Perrisole, Domigo de Mouzen, S. Gran, Giraudus, Eichautier, W. Mingius, W. Dool et plures alii Et ego Raymundus, publicus notarius a Domino Raymundo Berengario illustri comite Provinciae institutus, qui mandato ipsius hanc cartam scripsi et sigillo suo sigillavi et hoc signum meum apposui. (6) Cet auteur ajoute, toujours en parlant d'Allos : (7) Deux quartiers d'Allos portent ce nom : la Baume, hameau de la Beaumelle, et Baumes, campagne du Brec. Je donne la préférence à cette campagne, parce qu'elle n'est pas loin de quelques propriétés appelées les Eichards. En effet, le chevalier R. de Baumes et Pons Blanc des Eichards étaient voisins, d'après le catalogue des habitants d'Allos au XIVe siècle. (8)A Manosque, deux prud'hommes, désignés par le Commandeur,
devaient assister le juge siègeant correctionnellement, pour le renseigner, etc. (9) Damase Arbaud, Etudes Historiques sur la commune de Manosque, etc. (10) Cet état est conservé dans les archives des Bouches-du-Rhône, série B. Il porte la date de 1542. (11) Ce mot est synonyme de quête, et, dans le provençal tel qu'on le parle à Allos, quista, ana quista signifie faire la quête, c'est-à-dire faire appel à la générosité des fidèles pour l'exercice du culte, etc. (12)Voir ces statuts dans l'Essai sur le Cominalat de Digne, par F.Guichard, t. I, p. 442. On les trouve en latin dans l'Histoire de Sisteron, par M de Laplane, t I, p. 454.
1.Les princes d'Anjou règnent en Provence. (1245-1314.)
1 - Béatrix, fille et héritière de Raymond-Bérenger IV, nous donna, avons-nous dit, aux princes d'Anjou, par son mariage avec Charles Ier, frère de saint Louis, roi de France, et neuf princes angevins régnèrent en Provence. 2. - Charles Ier avait des qualités vraiment royales: 3.-Son fils, Robert, dit le Sage, lui succéda, et il fut couronné à Avignon, le 3 août 1309, par le pape Clément V. Il devint le plus puissant des princes de la maison dAnjou, plutôt par sa prudence, son habileté et les ressources de son esprit pour traiter les grandes affaires que par la force des armes. C'est ce qui a fait dire à un historien que, s'il fut un grand roi, ce n'est pas sur son épée que l'histoire a gravé ses titres et que sa mémoire peut s'en consoler puisqu'il mérita le surnom de sage
4.-D'ailleurs, nous avons à ce sujet, un autre document important qui intéresse particulièrement notre histoire : En effet, Charles, duc de Calabre, était, je l'ai déjà dit, le fils unique de Robert et, en mourant, il ne laissait que deux jeunes filles, frêles roseaux, dit un historien, sur lesquels allait s'appuyer le trône de Provence et celui des deux Siciles ! 5. - Malgré les graves accusations portées contre elle, la Cour pontificale la déclara innocente et elle conserva en Provence une telle popularité que les villes de Nice, de Marseille, d'Avignon, etc., la reçurent en triomphe après la mort de son mari et que le souvenir de ses royales libéralités n'a pas disparu, même aujourd'hui, dans nos montagnes. 6. - A l'occasion de ce couronnement, qui eut lieu à Naples, avec la plus grande pompe, les habitants d'Allos, comme tous les Provençaux, firent hommage et serment de fidélité à la reine, ainsi qu'au nouveau roi, et les archives de la préfecture de Marseille nous fournissent à ce sujet, dans un ancien et précieux document, des détails qui ont ici leur place.
(1)Tisserand, Histoire de Nice, pp. 217-220. (2) Après avoir donné ces comparaisons entre les monnaies du moyen âge et les monnaies de nos jours, l'excellent historien de Sisteron renvoie ses lecteurs à une note insérée plus loin et que je reproduis ici textuellement: (3) Voir Histoire de Sisteron, t. I, p. 117. (4) Histoire de Nice, par Tisserand, t I p. 228. (5) Ils n'oublièrent pas de faire insérer dans cet acte une clause relative au maintien de leurs libertés. (6)Honoré Bouche retarde également cette date. (7) A Naples l'année commençait alors à Noël, a Nativitate, et en Provence le 25 mars, ab Incarnatione. (8) Cet ouvrage a été publié on 1890. (9) Voici le texte du parchemin : (10)" Flexis genibus et junctis manibus, capite discooperto...., fecit homagium ligium; et prestitit fidelitatis debite (sic) tactis sacrosanctis evengeliis, ambabus manibus, juramentum;juribus , privilegiis et libertatibus dicto castro concessis semper salvis."
1.Le droit d'albergue;en quoi il consistait. 1.Le mot albergue vient de la basse latinité, alberga, albergarium, demeure, logement, auberge, ou de l'italien albergare, loger, héberger.
2. - Chacun pouvait, avec le consentement du comte, se libérer du droit d'albergue en payant chaque année six sous au fisc
3. - En 1344, Domicelli Demonte, bailli et clavaire 4. - Le clavaire de Colmars et d'Allos nous apprend non seulement que nos pères payaient douze deniers par feu ou famille pour le droit d'albergue, mais que le nombre de feux était alors de trois cent soixante-un.
Note (1)
C’étaient des enclos entourés d’abatis d’arbres, croisés en tous sens et dissimulés dans les forêts. C’est là qu’au premier signal du danger la peuplade, désertant ses chétives cabanes, allait s’enfermer avec ses meubles et ses troupeaux. La sécurité que trouvaient en cet endroit les femmes, les enfants et les vieillards permettait aux hommes valides de poursuivre les ennemis. A ces primitifs moyens de défense, on substitua, dès qu’on le put, des ouvrages en maçonnerie, derrière lesquels la résistance était plus facile et plus efficace.
2 - Les Romains ne pardonnèrent jamais aux Gaulois d’avoir fondé en Italie, sous le nom de Gaule Cisalpine, une puissance rivale de Rome, et ils leur jurèrent une haine implacable parce qu’ils s’étaient montrés sympathiques à Annibal, lorsqu’il traversa la Gaule.
Les Gaulois leur rendirent haine, pour haine et cet antagonisme, qui éclata sur tous les champs de bataille de l’Europe, de l’Afrique et de l’Asie, eut son contre-coup jusque dans les montagnes des Alpes. C’est ce qui explique pourquoi les expéditions guerrières auxquelles les Gallitae prirent part avec plusieurs autres peuples alpins, depuis l’an 600 jusqu’à 49 avant Jésus-Christ, et dont l’histoire a gardé le souvenir, furent toutes dirigées contre les Romains. On sait que les guerres puniques commencèrent en 264 et finirent en 146 et que l’armée carthaginoise traversa les Alpes pendant la deuxième de ces guerres (218-201).
Or, d’après l’auteur de l’Histoire et Géographie des Basses-Alpes
Note (2) une partie de l’armée d’Annibal aurait campé sur une hauteur près de Thorame-Haute et laissé un souvenir de son passage dans les montagnes de Fours. L’aile droite de son armée aurait donc remonté le Verdon jusqu’à Allos ; le centre aurait suivi l’Ubaye, tandis que l’aile gauche arrivait dans le pays des Allobroges par la Durance ou l’Isère. Quoi qu’il en soit et sans vouloir attribuer à cette opinion une valeur historique qu’elle n’a probablement pas, il est certain que le passage d’une puissante armée , marchant vers Rome pour s’en emparer et commandée par un chef, ennemi juré du nom romain, n’a pas pu trouver indifférents les Gaulois alpins. En effet, ces peuples saisirent avec empressement cette occasion pour se déclarer les amis des ennemis des Romains, et, s’il faut en croire un historien de Nice
Note (3) l’enthousiasme fut tel que toutes les peuplades des Alpes répondirent par un formidable cri de guerre à l’appel du grand capitaine africain.
On le voit, qu’Annibal ait passé près ou loin de chez nous, qu’il ait foulé ou non notre territoire, il a fait bouillonner dans les veines le sang gaulois, et comment avec leur tempérament belliqueux, nos ancêtres auraient-ils pu résister à l’entraînement général ?
Faut-il ajouter, avec l'auteur dont je viens d’invoquer le témoignage, que nos pères, malgré quelques ébauches de civilisation, étaient encore barbares, à cette époque, et qu’à leur ardeur guerrière venait, hélas ! s’ajouter la soif du pillage et de la dévastation. «
Ces barbares, dit-il, rentrèrent presque tous dans leurs foyers chargés de butin, et ils renouvelèrent les mêmes rapines douze ans après, au passage d’Astrubal, qui conduisait des renforts au secours de son frère
Note (4)
Le prêteur Laelius Baebius, qui se dirigeait vers l’Espagne à la tête de quelques légions, s’arrêta dans les Alpes-Maritimes, par ordre du Sénat, pour châtier et soumettre les habitants de cette région. Il s’empara de la ville de Cimiez et la saccagea ; il entra dans Nice, qui ne fit aucune résistance, et après avoir passé le Var, il campa à droite de ce fleuve, pour laisser reposer ses troupes avant de les engager dans les gorges des montagnes où se tenaient en observation les Oxibiens, les Décéates, les Ligaunes, les Bérites, les Nérusiens, les Gallitae, les Triullati, les Eguitures, etc. Tous ces peuples, que le danger commun avait réunis, depuis les sources de la Vaïre, du Verdon, du Var et de la Tinée, jusqu’aux rivages de la Méditerranée, surveillaient, des hauteurs de l’Estérel, les mouvements de l’armée romaine, lorsque tout à coup, pendant une nuit obscure, elles se précipitèrent comme un torrent dans le camp du général romain, qui pris à l’improviste, fut égorgé avec tous ses soldats
Note (5)
Quelques auteurs prétendent que ce combat eut lieu en Italie, c’est-à-dire dans la Gaule Cisalpine, comme on disait alors ; mais ils sont dans l’erreur, car Tite-Live (lib.IV) dit avec une remarquable précision qu’il eut lieu près du Var et de Nice, circa Vari et Nicae confinia actum, et Paul Orose le raconte en ces termes : « Laelius Baebius, partant pour l’Espagne, fut enveloppé par les Ligures et tué avec ses soldats dont pas un ne survécut, de sorte que la nouvelle de ce désastre fut envoyée à Rome par les habitants de Marseille, alliés des Romains.
Note (6)
Des Italiens et non des Marseillais auraient annoncé ce désastre à Rome, s’il avait eu lieu en Italie.
Orose raconte ensuite que les mêmes peuplades gallo-liguriennes livrèrent encore bataille, quelque temps après avec le même succès, au consul Quintus Marcius, envoyé pour venger la mort de Baebius. Elles lui tuèrent, dit-il, quatre mille hommes et elles l’auraient tué lui-même, avec tous ses soldats, s’il ne s’était hâté prudemment de battre en retraite et de s’enfermer dans son camp :
Q. Marcius, consul adversus Liguras profectus superatusque, quatuor millia militum amisit et, nisi victus celeritate refugisset in castra, eamdem internecionis cladem quam Baebius ab eisdem hostibus acceperat pertulisset.
Orose fait remarquer que Baebius et Marcius furent vaincus par les mêmes ennemis, c’est-à-dire par les mêmes peuplades gallo-liguriennes.
Les Gallitae, les Triullati, les Eguituri, les Esubiani, qui avaient pris part au premier combat, prirent donc également part au deuxième.
M. Tisserand prétend, il est vrai, que l’on ne doit pas entendre ici Gallitae ceux qui étaient fixés à Allos et à Colmars, mais les habitants de Gillètes, aujourd’hui commune du canton de Roquestéron, dans les Alpes-Maritimes, soit à cause de la similitude du nom, soit parce que Gillètes est un pays voisin des lieux où Baebius et Marcius furent vaincus, tandis que Colmars et Allos sont dans les montagnes des Alpes.br>Mais l’opinion de cet historien est inadmissible, car la tradition, les historiens de Provence et surtout la teneur de l’inscription de la Turbie ne permettent pas, comme nous le verrons bientôt, en parlant de la conquête des Alpes par l’empereur Auguste, qu’on place les Gallitae hors de la vallée du Verdon. La situation géographique n’offre pas une difficulté plus sérieuse, puisque, d’après M. Tisserand lui-même, les habitants de la Tinée, les Eguituri, les Triullati, etc. . , voisins d’Allos et de Colmars, combattaient à côté des Gallitae. Les uns et les autres, par une tactique habile, étaient donc allés, loin de leurs foyers, combattre les ennemis implacables du nom gaulois.
C’est en réunissant ainsi leurs forces qu’ils purent, selon la remarque d’un autre historien de Nice
Note (7) résister aux légions romaines et conserver encore leur indépendance pendant de longues années.
Lorsque les Romains eurent connaissance de ce mouvement, qui se produisait en même temps chez les peuplades qui leur étaient déjà soumises, comme les Allobroges, et parmi celles qui étaient encore indépendantes, comme la confédération des Albiciens, le prêteur Promptinus dirigea aussitôt contre elles son lieutenant Manlius Lentius.
Celui-ci, après avoir établi des garnisons à Nice et à Antibes, marcha vers Vence et il s’empara de cette ville. Mais, attaqué par les tribus de cette région et des pays voisins, il fut obligé de s’éloigner et il se vengea en ravageant les campagnes.
Cependant Cotugnat, sachant par des émissaires que les peuples alpins avaient répondu à son appel et étaient sur le pied de guerre, essaya d’opérer sa jonction avec eux.
Note (8)
Il remontait la Durance et le Verdon, lorsqu’il fut arrêté dans sa marche par Promptinus, qui venait de recevoir de nouvelles troupes de Rome, et il revint dans ses Etats.
Les assiégés résistèrent longtemps, grâce au secours de leurs alliés, les audacieux et intrépides montagnards connus sous le nom d’Albiques ou Albiciens. Ils formaient une confédération composée de huit peuplades, savoir : les Blodontii ou Bledontii, chef-lieu Digne ; les Avantici, sur le Vançon ;
Note (9) les Gallitae, chef-lieu Allos ; les Veamini, chef-lieu Thorame ; les Verguni, chef-lieu Vergons ; les Suetri ou Salinae Suetriorum, aujourd’hui Castellane ; les Sentii, chef-lieu Senez, et les Reienses, chef-lieu Riez, capitale de la confédération.
« Cette manière d’envisager les Albiciens comme un peuple collectif, dit Henri, s’accorde avec Strabon, qui n’a placé que deux peuples au nord des Salyens, et avec le récit de Jules César, qui, dans ses Commentaires, fait des Albiciens les habitants des montagnes situées au delà de Marseille…....
Comment supposer, en effet, que les habitants de cette ville eussent appelé à leur secours quelques villageois qui auraient suffi à peine pour remplir un vaisseau.
Le recrutement fait parmi les Albiciens fut très considérable, puisqu’on put embarquer un grand nombre de soldats sur toutes les galères de la flotte marseillaise dont ils faisaient la principale force, et que sans doute il devait en rester encore des cohortes dans la ville.
Note (10)
Note (11)
"On combattit de part et d’autre, tant sur terre que sur mer, avec un courage et une ardeur incroyables. Les Albiciens, montagnards endurcis et exercés au métier des armes, ne le cédaient pas de beaucoup aux nôtres en intrépidité. »
Toutes les fois qu’il fallait combattre de près ou faire des sorties, c’était à leur valeur qu’avaient recours les assiégés.
A la fin pourtant, la tactique romaine l’emporta, et Jules César, de retour d’Espagne, paraissait sous les murs de Marseille pour recevoir la soumission des habitants, les désarmer et leur imposer une garnison romaine. Non content de la soumission de la ville assiégée, le conquérant, irrité contre les âpres montagnards dont la bravoure avait si longtemps prolongé le siège, détacha une partie de ses légions pour venir attaquer ces tribus chez elles.
En effet, d’après l’historien de Barrême, " c’est une tradition constante, dans nos pays, que César les aurait visités en personne. Digne, par exemple, l’aurait vu et reçu en ennemi, et celui-ci l’aurait caractérisée en termes plus que sévères. Le village de Champtercier devrait son nom à un champ de bataille où César aurait vaincu, pour la troisième fois, les peuples des Alpes (campus tertius), ou bien à une station militaire établie pour en garder les passages. Plus loin, le pont Julien, sur le Verdon, entre Saint-André-de-Méouilles et Castellane, porterait encore le prénom (Julius ) du grand capitaine qui l’aurait jadis fait construire pour donner passage à la voie prétorienne que suivaient ses légions
Note (12)
Ce pont, reconstruit plus d’une fois, garde toujours son nom, et le voisinage de Vergons, où passait la voie prétorienne, nous porte à croire qu’il est un témoin de la conquête partielle de nos Alpes par Jules César.
Mais cette conquête ne fut définitive que pour Riez et les environs de cette ville ; la soumission des autres peuplades albiciennes et de toutes les Alpes était réservée à l’empereur Auguste, neveu de Jules César.
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2.Trophée de la Turbie ; sa célèbre inscription.
3.Place qu'y occupaient les Gallitae et leurs voisins.
4.Annexion à la province Narbonnaise.
5.La province des Alpes-Maritimes, avec Cimiez pour capitale.
6.La religion et les lois des Romains imposées à leurs sujets.
7.Origine des communes.
8.Impôts ; esclavage.
9.Embrun, métropole civile des Alpes-Maritimes.
Grâce aux vallées profondes et aux montagnes élevées dont ils surent se faire de redoutables moyens de défense, ils étaient
encore en possession de leur indépendance lorsque le nord et le centre de la Gaule avaient été réduits en provinces romaines depuis cinquante ans, et la Provence, avec presque tout le midi, depuis plus de cent ans.
Toutes celles qui s'étaient, jusque là, maintenues indépendantes furent soumises et le plus souvent exterminées par des mesures cruelles, mais nécessaires au but que Rome se proposait ".
Note (1)
Le monument était couronné par la statue de l'empereur, en marbre blanc.
On arrivait aux pieds de la statue par un escalier intérieur, et, de cette hauteur, la vue planait sur la mer jusque vers les rivages d'Afrique, sur la Ligurie italienne et vers la Gaule.
Au XVII° siècle, un général français, le maréchal de Villars, essaya de le raser, mais les mines ne purent renverser le pan colossal de muraille qui restait encore.
Leur nom est précédé de ceux des Bledontii, riverains de la Bléone, des Edenates,
des Nemolani, des Esubiani, habitants, comme les noms l'indiquent, de Seyne, de Méolans et de la haute vallée de l'Ubaye, des Veamini, habitants de la vallée de Thorame-Basse et de Thorame-Haute.
Note (2)
Il est suivi des Triullati, des Verguni, des Ectini, etc.peuplades qui habitaient Vergons, Allons, Annot et le Haut-Var.
Le lecteur constatera facilement lui-même que toutes ces peuplades étaient voisines de celle dont j'écris l'histoire.
En effet, le territoire
des Gallitae qui, avons-nous dit, s'étendait dans la vallée du Verdon, depuis la source de cette rivière jusqu'à Thorame, confine avec la Bléone par les montagnes de Prads et du Cheval-Blanc; avec Seyne, par celle de la Blanche ; avec Méolans, par le Laverc et Siolane ; avec la vallée de l'Ubaye, par le col de Chancelaïe, dit col d'Allos ; avec Vergons et Annot, par Allons, Sarpégier, la montagne du Grand-Cohier, et enfin avec la vallée du Var, par
le col du Champ et la montagne du Laus.
On voit par-là qu'ils sont complètement dans l'erreur ceux qui ont placé les Gallitae à Gillètes, dans le canton actuel de Roquestéron,
sur les bords du Var, ou à Guillestre, dans les Hautes-Alpes, ou ailleurs.
Non seulement ils sont en opposition avec les historiens les plus autorisés, mais ils font violence à l'inscription de la Turbie, qui énumère les peuplades dont nous venons de parler selon leur situation géographique et qui deviendrait inintelligible si on plaçait les Gallitae hors de la haute vallée du Verdon.
On travailla, par conséquent, pendant six ans à la préparation ou à la construction de ce monument.
Que devinrent nos pères en perdant cette indépendance qui leur était si chère, pour disparaître dans cet immense empire romain, comme une goutte d'eau dans la mer ?
Quelle action a été exercée sur eux, pendant cinq cent ans, par la législation,
par l'administration, par les événements heureux ou malheureuxde cette époque ?
Voici, sur cette partie de notre histoire, le peu qu'il a été possible de recueillir, j'allais dire de
glaner, à travers les annales des peuples voisins et des traditions locales.
Il régla, en particulier, ce qui concernait sa nouvelle conquête, en annexant cette région à la province dire Narbonnaise, qui comprenait une grande partie du midi de la Gaule.
C'est vers le milieu de ce quart de siècle qu'eut lieu la naissance de Jésus-Christ, cet événement incomparable
qui allait faire converger vers lui toutes les dates de l'histoire, tous les autres événements du monde.
Il fut précédé par le dénombrement de tous les habitants de l'empire romain, auquel nos pères durent prendre part, inconsciemment sans doute, comme tant d'autres. Mais la domination romaine, qui commençait à peine pour eux, ne devait pas finir sans qu'ils eussent une véritable connaissance de la rédemption du monde par la prédication de l'Evangile.
Cette petite province s'étendait, de notre côté, depuis Nice jusqu'à Digne et de Digne jusqu'à Embrun ; du côté
de l'Italie, depuis Gênes jusqu'au Mont-Viso.
On appelait Liguriens Chevelus, Ligures Capillati ,
Note (3) dit Pline l'Historien, les habitants des montagnes où sont les diocèses de Nice, de Glandèves et de Senez. Il me semble que, si nos ancêtres méritaient le nom de Chevelus parce qu'ils portaient les cheveux longs, ils étaient improprement appelés Ligures, puisque ce mot signifie Hommes de mer.
Sans doute, ils devaient cette appellation aux habitants des côtes méditerranéennes dont ils partageaient le sort.
Note (4) qui devint, comme par enchantement, une grande et florissante cité par sa population, ses établissements et le séjour du président
ou commandant de la province, dont l'autorité s'exerçait, nous dit Papon, d'un côté, depuis Gênes jusqu'à Digne et, de l'autre côté, depuis Vence jusqu'au sommet des
Alpes..
D'après le même historien, on avait établi dans la capitale des Alpes-Maritimes trois centres de direction, qu'il appelle collèges de la religion, de la police et de la justice.
Note (5)
Cependant sur un point, les Romains ne voulurent ni paix ni trêve avec la religion des Gaulois : ils se déclarèrent les adversaires implacables du culte druidique, dont les sacrifices humains outrageaient l'humanité, et les empereurs Tibère, Claude, Néron, Vespasien, etc.,
le noyèrent dans le sang.
L'existence et l'application de ce droit, en vertu duquel les nouveaux
sujets de l'empire romain étaient exempts des tributs imposés pour le payement des troupes et pouvaient devenir citoyens romains, après avoir passé par les premières charges dans leur patrie, prouvent que déjà les autres lois romaines étaient en vigueur parmi eux.
"Chaque cité avait sa curie ou petit Sénat et ses magistrats....
A côté des duumvirs, dont les fonctions répondaient à celles de consuls, était le défenseur, chargé comme le tribun, des intérêts du peuple, qui, à ce titre, prenait part à son élection.
Par une conséquence naturelle..., le défenseur ne devait pas être tiré du sein de la curie.
A ce corps étaient exclusivement réservées les autres magistratures (fonctions judiciaires, administratives, de police, etc.) ; ce qui lui donnait une grande importance dans la cité, dont il était, suivant les termes même de la loi, comme les nerfs et les entrailles...
Les membres de la curie constituaient la deuxième classe des citoyens.
Les artisans (opifices), divisés, depuis Alexandre Sévère, en collèges ou corporations, formaient la troisième et dernière classe.
Tout le reste était esclave et attaché à la culture des terres
Note (6)
Mais, déjà, la religion chrétienne, par son esprit de vérité et de justice, combattait l'esclavage et rétablissait peu à peu l'égalité naturelle parmi les hommes devenus chrétiens.
Ajoutons que les réunionsdans les églises durent singulièrement favoriser les réunions communales ou séances des conseils municipaux, qui souvent avaient lieu le dimanche et devant la porte de l'église. La commune est donc un composé de moeurs gauloises, d'institutions romaines et d'égalité chrétienne. Elle acheva son organisation au XIe siècle, se développa pendant le XIIe et parvint à son apogée dans le cours du XIIIe, sous la protection et avec l'appui des rois de France et de Provence.
la capitation, l'impôt foncier des provinces, le produit du domaine public, les amendes, les confiscations, les douanes, le vingtième des affranchissements et l'héritage, par l'Etat, des citoyens morts sans héritiers.
L'empereur Auguste ajouta, en outre :
1° l'impôt du centième sur les marchandises vendues aux enchères ;
2° celui du vingtième sur les héritages ;
3° celui du cinquantième sur le prix des esclaves.
Le lecteur remarquera que l'on percevait un impôt considérable lorsque les esclaves recevaient la liberté et une taxe énorme lorsqu'on les vendait.
Cette double taxe était un obstacle de plus à l'affranchissement, parce que l'administration du fisc ne se privait pas facilement de ce revenu.
celui qu'on appelait la servitude réelle et qui attachait pour toujours l'esclave à la terre qu'il cultivait, et l'esclavage
personnel, semblable à celui des nègres d'Amérique.
Les premiers devaient à leur maître une certaine quantité de bétail, de blé ou d'argent ; le produit du travail des seconds appartenait tout entier au maître.
La perte de l'indépendance politique eut
donc pour eux des compensations, soit sous le rapport de la tranquillité publique, soit à cause des communications, des rapports commerciaux qu'ils purent établir avec leurs voisins et même avec les habitants des villes maritimes de la province. En effet, par leur situation géographique, ils n'étaient pas exposés à ces guerres périodiques et presque continuelles qui désolaient les frontières de l'empire.
Les routes établies par Auguste permettaient aux habitants d'Allos, éloignés de 130 kilomètres environ de la Méditerranée, en suivant le Var, d'aller assez facilement, grâce à la voie prétorienne, à Cimiez, centre des études, des arts, de l'industrie, etc., pour toute la région.
En cette année, justement célèbre par
la conversion de l'empereur Constantin le Grand, elle perdit son titre et ses prérogatives, qui furent transférées à Embrun.
Cette ville devint donc, presque en même temps, métropole civile et métropole ecclésiastique. Mais n'anticipons pas en parlant ici de la prédication de l'Evangile, de l'établissement et de l'organisation de la religion chrétienne, etc. Ces événements de notre histoire religieuse, contemporains des faits que nous venons de raconter, sont d'une importance telle qu'ils doivent avoir une place à
part, dans le chapitre suivant.
Il fléchissait sous le poids de sa propre grandeur, de ses divisions intestines et de ses iniquités, car il avait cruellement persécuté les chrétiens, pendant trois cents ans.
En Gaule et ailleurs, la chute de l'empire d'Occident eut lieu l'an 476, sous l'empereur Augustule ; chez nous, dans la région comprise entre la Durance et le Var, dont la vallée du Verdon fait partie, la domination romaine ne cessa définitivement que quatre ans plus tard, par conséquent
l'an 480, après une durée de 493 ans.
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Choix de Lecture
2.-Celle de saint-Nazaire et de saint Celse, au Ier siècle.
3.-Celle de saint Pons, au IIIe siècle.
4.-Celle de saint Domnin,de saint Vincent, etc., au IVe siècle.
5.-Allos a toujours fait partie du diocèse de Senez, qui relevait de la métropole d'Embrun.
(60 - 350.)
Note (1)
Il parcourut le littoral de cette région et séjourna surtout à Nice et à Cimiez, où il opéra de très nombreuses conversions, en particulier celle d'une femme nommée Marianilla. Cette illustre matrone, à peine convertie, prêta le plus généreux concours au saint apôtre, lui donna son fils Celse, qui ne devait jamais le quitter, pas même à la mort.
Cependant Néron faisait couler des torrents de sang chrétien à Rome, et Dinovat, son préfet dans les Alpes-Maritimes, avait reçu le décret de persécution porté contre tous les adorateurs du Christ. A la vue des rapides progrès de la religion nouvelle, il craignit de perdre sa place, fit comparaître saint Nazaire et son disciple à son tribunal et les condamna à la prison. Sa femme l'ayant empêché de les condamner à mort, il les délivra, après trois jours, en leur défendant sévèrement de prêcher désormais l'Evangile dans la cité. Cette défense les condamnait à l'exil, et ils partirent, non pour Vintimille, dit avec raison M. Dufaut
Note (2)
, ni pour Narbonne, où ils allèrent, dit-on, un peu plus tard, mais vraisemblablement pour Embrun. Pour plusieurs motifs, ils devaient se diriger de ce côté ; Embrun était la deuxième ville de la province, en attendant qu'elle devint la première, en prenant la place de Cimiez ; elle se trouvait dans une région montagneuse, d'un très difficile accès, et on pouvait espérer, en ces lieux, assez de liberté pour évangéliser, tandis que la persécution sévissait en Italie, à Cimiez et dans les autres cités gauloises. C'est ce qui a fait dire au chanoine Cruvellier, dans son Histoire de Barrême :" Ici, selon toute apparence, il faut placer la venue de saint Nazaire et sa prédication dans nos régions alpines. Suivant la voie prétorienne, qui longeait les rives du Var, il serait donc parvenu d'abord à Glanateva (Glandèves), et de là, toujours accompagné du jeune Celse, il aurait pénétré, par Annot, dans la vallée de la Vaïre, puis, en passant par le chef-lieu des Verguni (Vergons), dans celle du Verdon."
Note (3).
" C'est ainsi, dit Mgr Dépéry, qu'après avoir quitté les riches bords de la Méditerranée ils gravissent les rudes sentiers qui mènent aux sommets des Alpes. Nos montagnes étaient alors couvertes d'immenses et solitaires forêts, et dans les vallées (vivaient) des hommes grossiers et idolâtres. Ce triste aspect ne rebute point Nazaire et Celse ; ils franchissent tous les obstacles et arrivent jusqu'à Embrun."
Note (4)
Note (5)
Après la mort de ces deux empereurs , il fut persécuté comme chrétien et il s'éloigna de Rome pour aller prêcher l'évangile dans la Gaule.
" Ces contrées, on l'a déjà dit, évangélisées, dès le Ier siècle, par saint Nazaire et saint Celse, étaient loin sans contredit d'avoir, en totalité, renoncé au paganisme pour embrasser la foi de Jésus-Christ, et, d'autre part, la fureur des persécutions suscitées en Gaule, durant le IIe siècle et les guerres civiles du IIIe, avaient dû arracher, de bien des âmes, les germes de la grâce et ramener à l'état inculte et sauvage plus d'un champ spirituel à peine défriché. Aussi l'arrivée de saint Pons dans les Alpes fut elle tout à fait providentielle. Il les parcourut, en remontant du midi au nord, depuis l'embouchure du Var jusqu'aux environs d'Embrun. "
Il y a plus, qu'on ajoute à cette liste l'interminable série de personnages de toutes conditions et de tous rangs qui, en Provence et dans nos Alpes en particulier, tenaient si fort jadis à joindre le prénom de Pons à leur nom patronymique. D'où vient cela et comment expliquer une dévotion si constante et si universelle, en ces contrées, si ce n'est par la conviction profonde, établie sur une tradition fidèle et non interrompue, que la mission du héros chrétien eut, de fait, pour objet et pour fruit l'établissement de la foi dans la province des Alpes-Maritimes ? C'est là, croyons-nous, une conclusion qui s'impose et à laquelle nul ne saurait refuser son assentiment, à moins de résister à une certitude morale équivalente à l'évidence même. "
Note (6)
Mais, si le zèle apostolique de saint Domnin l'a porté à évangéliser Allons, il ne lui a sans doute pas permis de négliger les autres localités de la vallée du Verdon plus rapprochées des voies de communication, et son apostolat chez les Veamini (Thorame), les Gallitae, les Verguni, pourrait bien se rattacher à l'évangélisation des Esubiani, habitants de la vallée de Barcelonnette.
Note (7)
On ne peut supposer, en effet, qu'elle ait eu lieu avant l'arrivée de nos saints apôtres à Embrun, et il serait bien difficile, pour ne pas dire impossible, de la retarder jusqu'à l'élévation de saint Domnin à l'épiscopat.
" Une chose digne de remarque, dit M. l'abbé Féraud, c'est que les diocèses ecclésiastiques furent calqués sur les anciens diocèses civils ou districts romains. Jusqu'au VIe ou au VIIe siècle, tous ces diocèses ( Embrun, Digne, Gap, Senez, Glandèves, Sisteron et Riez) relevèrent de l'église primatiale d'Arles. Quand les églises d'Aix et d'Embrun furent devenues des métropoles ecclésiastiques, nos sièges épiscopaux furent rangés sous leur dépendance.
" C'est pourquoi les diocèses de Digne, de Senez, de Glandèves, etc., faisaient partie de la métropole d'Embrun, qui était déjà, depuis Constantin le Grand, notre métropole civile.
Par le concordat de 1801, les archevêchés d'Arles et d'Embrun, les évêchés de Senez, de Glandèves, de Riez, etc., ont été supprimés.
Nous appartenons au diocèse de Digne, et l'archevêque d'Aix est métropolitain de toute la Provence.
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2.Irruption des Vandales en Provence.
3.Les Bourguignons dans les vallées de Barcelonnette, de la Bléone, du Verdon, etc.
4.Domination des Visigoths dans les mêmes régions.
5.Théodoric, roi des Ostrogoths, et les bergers des Alpes.
6.Domination des Francs.
7.Invasions des Lombards et des Saxons.
( 406 - 578 )
Note (1)
Saint Prosper d'Aquitaine, plus laconique encore, se contente de dire que, " si toutes les vagues de l'Océan avaient inondé la Gaule, elles n'auraient pas fait tant de mal ".
Note (2)
Avec la première opinion, ces barbares ont été nos maîtres pendant plus de quarante ans ; avec la deuxième, pendant cinq ou six ans seulement. Encore faudrait-il défalquer de ces quelques années le retour offensif et victorieux des Romains, qui, un moment, rétablirent leur autorité chez nous, en refoulant les Bourguignons sur la rive droite de la Durance. On divisait alors la haute Provence en Provence occidentale et en Provence orientale. Nous faisions partie de cette dernière, où la domination bourguignonne a duré beaucoup moins que du côté du Rhône.
Note (3)
Ils n'enlevèrent donc pas aux anciens habitants tout ce qu'ils possédaient et ils ne les réduisirent pas en esclavage. Une de leurs lois, en effet, distinguait les sujets de leurs rois en Gaulois et en Bourguignons. Tels étaient les premiers barbares qui s'établirent dans nos montagnes, car les Vandales avaient passé comme un torrent débordé, dont le lit est sans eau, le lendemain de l'orage.
Après avoir ravagé l'Italie, ils arrivèrent dans la Gaule, sous la conduite de leur roi, Ataulphe.
Ces conquêtes furent approuvées par Odoacre, qui, en Italie, avait substitué son autorité à celle des empereurs.
Note (4)
Euric était chrétien, mais il appartenait à l'hérésie d'Arius, ainsi que ses sujets, et il persécutait les évêques catholiques.
En 481, il exila saint Fauste de Riez, sans doute parce que cet évêque avait publié un ouvrage contre les Ariens.
Les boeufs venaient se coucher au milieu des vestibules entr'ouverts, ou pénétraient dans l'intérieur, pour brouter l'herbe qui croissait entre les pavés des temples.
"C'est Sidoine Apollinaire qui nous a laissé ce sombre tableau .
Note (5)
La foi que nos pères avaient reçue de saint Nazaire, Celse, Pons, Domnin, Vincent, Marcellin, etc., passa donc par une douloureuse et dangereuse épreuve, à la fin du V° siècle, surtout sous le règne d'Euric, dont la puissance égalait le fanatisme pour l'hérésie arienne.
Il était maître de toute l'Italie, d'une partie de l'Espagne, de la Gaule, etc., et il s'allia aux Francs, en épousant une soeur de Clovis.
Pendant son règne, qui dura trente-trois ans en Italie et dix-huit ans en Provence, il ne négligea rien pour rendre ses peuples heureux et, quoique arien comme ses sujets, il fit généralement respecter la liberté des catholiques.
La cruauté du barbare ne reparut en lui que vers la fin de sa vie, lorsque, sur de simples soupçons, il fit mourir Boèce et Symmaque dans les tourments, mais il paraît qu'il en mourut de douleur.
Note (6)
qui ne peut être passé sous silence dans l'histoire d'Allos.
Note (7)
Alors, comme aujourd'hui, des troupeaux nombreux passaient la saison d'été dans nos montagnes des Alpes et l'hiver dans les environs d'Arles ou dans d'autres endroits de la basse Provence. Or, dans ces temps troublés, il n'y avait de sécurité ni pour ces troupeaux, ni pour les hommes qui les conduisaient. On volait souvent les bêtes à laine et on tuait les bergers. Le puissant roi des Ostrogoths, devenu notre roi, fut donc prié d'empêcher ces désordres, et il ne fut pas sourd à la prière de ses nouveaux sujets. Par ses ordres, un nommé Frédebond, Fridibundus, reçut des pouvoirs très étendus, soit pour prévenir le mal, soit pour le punir. Il concentrait en sa personne l'autorité des juges, des commissaires de police et des gendarmes d'aujourd'hui.
Note (8)
" Les Lombards viendront dans la Gaule et ils dévasteront sept villes, parce que le peuple s'est fortifié dans le mal, parce qu'il n'y a plus personne qui pense au bien et le fasse
Note (9)
Allos, qui n'avait peut-être pas subi les autres incursions de ces barbares, ne put échapper à la dernière. Cette armée guerroya ensuite sur les bords du Rhône et dans la partie basse de la Provence, tandis que le terrible général Mommol battait Rhodan et Zabon, sur les bords de l'Isère et ailleurs. Amon, qui avait porté la terreur et la dévastation jusqu'à Nice, craignant d'être poursuivi et enveloppé par Mommol, voulut reprendre le chemin de l'Italie, faisant marcher devant lui les hommes et les bestiaux qu'il avait enlevés ; mais la quantité de neige qui couvrait les montagnes des Alpes l'obligea à abandonner son butin et lui permit à peine de passer avec ses troupes.
Note (10)
Le combat ne cessa que par suite de l'obscurité de la nuit, et il allait recommencer le lendemain, lorsque les barbares, affaiblis par les pertes qu'ils avaient faites, consentirent à rendre tout ce qu'ils avaient pris, à délivrer tous les captifs, s'il leur était permis de retourner librement en Italie. Mommol accepta cette condition, et ce fut la fin de cette campagne.
Note (11)
Ils se dirig&egravNote e;rent ensuite vers l'Auvergne, lorsque Mommol leur fit payer, au passage du Rhône, plusieurs milliers d'écus pour les dégâts qu'ils avaient faits en Provence.
La peste ravagea quatre fois la Provence pendant le VI siècle et mit le comble à la désolation, en dépeuplant un grand nombre de villes et de villages.
C'est ce qui explique la rareté des documents historiques de cette époque.
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M. l'abbé Guillaume,archiviste à Gap,Notes,t.I,p.475 de l'Histoire des Alpes-Maritimes, par Fournier.
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Choix de Lecture
2.Leurs conquêtes en Espagne et dans le Midi de la France.
3.Ils ravagent la vallée du Rhône avant la bataille de Poitiers.
4.Ils s'emparent de la Provence, en 737, par la trahison de Mauronte.
5.Première expédition de Charles Martel en Provence ;
nouveaux massacres après son départ.
6.Charles Martel et Luitprand délivrent la Provence.
7.Les habitants d'Allos réfugiés à Saint-Pierre ;
leur église paroissiale et leur cimetière en ce lieu.
Note (1) dont la première et la troisième sont les époques les plus lugubres de notre histoire.
Ces courageuses vierges furent massacrées, comme les moines de Lérins, et remportèrent la palme de la virginité et celle du martyre. Mais détournons nos regards de toutes ces horreurs, pour les tourner vers le libérateur qui vint au secours de l'humanité outragée.
Les fortifications des principales villes du midi furent rasées, pour que les infidèles n'eussent plus la facilité de se cacher derrière leurs remparts.
L'archéologie moderne reproche à Charles d'avoir pris ce parti extrême ; mais, s'il ne l'avait pas pris, dit un historien, il n'y aurait plus en France d'autres archéologues que des musulmans. Narbonne ne fut pas démantelée.
Cette ville, boulevard des Sarrasins dans le Midi de la France, était assiégée par Childebrand, pendant que son frère taillait en pièces une armée qui venait à son secours ; mais, comme le siège traînait en longueur, les Français, quittèrent la Septimanie, pour se diriger vers le nord, où les Saxons s'étaient révoltés.
Albert, dans son Histoire du diocèse d'Embrun, parle comme Honoré Bouche.
Barcelonnette et le diocèse de Senez eurent beaucoup à souffrir, pendant cette première invasion des barbares africains.
"Il fallut le vainqueur de Poitiers pour les chasser des Alpes, dit un auteur de nos jours, mais la vallée de Barcelonnette n'en avait pas moins été dépeuplée
Note (2) .
M. Feraud ajoute qu'à cause de cette dépopulation cette vallée fut appelée Vallée Noire
Note (3).
L'auteur de l'Histoire du diocèse d'Embrun lui avait déjà donné ce nom.
Note (4); c'est l'époque de l'invasion des Sarrasins.
Ces fanatiques sectateurs du Coran brûlaient les villes, les églises, les monuments historiques écrits avec la pierre ou sur les parchemins.
Les habitants de Senez auront été dispersés, la ville dépeuplée et la série des évêques interrompue...
C'est ici qu'il faut prendre la contrepartie du vieil adage :
"Heureux les peuples qui n'ont point d'histoire !".
Note 5
Plusieurs auteurs sont favorables à cette dernière opinion. Papon dit nettement que, tandis que les Français chassaient les ennemis de la basse Provence, c'est-à-dire de la vallée du Rhône, de Marseille et d'ailleurs, les Lombards poursuivaient les troupes de Mauronte dans les montagnes, et Fournier, auteur de l'Histoire des Alpes-Maritimes, certifie que Luitprand passa à Embrun, qu'il y logea, rendit cette ville à la liberté et, de là, alla se joindre à Charles Martel. Dans ce cas, les Lombards, qui, deux siècles auparavant, avaient parcouru les Alpes en dévastateurs et en barbares, les auraient visitées en soldats civilisés et en libérateurs, et ils auraient été reçus comme tels par nos pères, dans les vallées de Barcelonnette, de Seyne, de Digne, du Verdon du Var, etc.
Plus tard, ils s'établirent sur les terres dont ils s'étaient emparés et contractèrent même des alliances avec les légitimes possesseurs.
Note (6)
Note 7 l'état de tous les pays de la Provence, à la fin de la première invasion des Sarrasins.
Note (8)
Ces avantages durent y attirer de bonne heure les Gallitae, qui habitaient le pays depuis dix huit siècles, au moment où eut lieu la première invasion sarrasine.
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pp.199-200
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Ajoutons qu'il fut une des causes du triste état des diocèses de France et, en particulier, de notre diocèse de Senez, où l'interruption dans le catalogue des évêques est une des plus longues que l'on connaisse.
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2.Ils se dirigent de préférence vers les montagnes, les uns par le Var et le Verdon, les autres par la Durance et l'Ubaye.
3.Vestiges de leur séjour dans la haute Provence ; une tombe sarrasine à Allos.
4.Ils perdent et reprennent le Fraxinet, pendant le règne du roi Hugues.
5.Etat lamentable de Barcelonnette, d'Allos et de toute la Provence.
6.Sa délivrance par le comte Guillaume et ses lieutenants.
Note(1),
Note(2), leur permettaient de s'immiscer dans les querelles intestines. Dans le plat pays, au contraire, ils devaient opérer à découvert et ils rencontraient des villes importantes, comme Aix et Marseille, capables de résister à des troupes de pillards. Telles furent , sans doute, les raisons qui portèrent les Sarrasins à entreprendre la conquête des Alpes, avant d'occuper toute la région au sud de la Durance.
Note(3), jusqu'à Allos, car leurs bandes allaient partout,n'épargnant aucune ville, aucun village; bientôt tout le pays, au sud du Verdon, fut en leur pouvoir.
Note(4) , cette dernière ville fut prise par trahison et la porte par laquelle y entrèrent les assiégeants a porté, depuis cette époque, le nom de porte sarrasine. L'archevêque saint Benoît fut massacré, avec les habitants de sa ville épiscopale. Saint Odilard, évêque de Saint-Jean de Maurienne, qui s'était réfugié chez saint Benoît, fut également massacré. Cet évêque et une partie de son peuple fuyaient devant d'autres barbares, les Hongrois, qui, à leur tour, traversèrent les Alpes, commettant partout des cruautés inouïes !
C'est pourquoi la vallée de Barcelonnette a été occupée par eux pendant si longtemps et par des forces considérables.
En effet, on a découvert, en 1878 une tombe sarrasine au Seignus-Bas, hameau d'Allos, dans la campagne des Guinans.
Note(5). La tombe était couverte de briques rouges à crochet, mesurait 50 centimètres de côté.
La première de ces briques couvrait la tête ; la deuxième, la partie inférieure du corps ; la troisième et la quatrième, les bras, et la cinquième, le milieu du corps.
Cette dernière, par ses crochets, en sens inverse des autres, les retenait et, par elles, jetait l'eau hors de la tombe. Il y avait à côté du corps un vase de terre qui a été brisé et dont on n'a pas même conservé les débris.
Leurs successeurs n'avaient hérité ni de leur génie, ni de leur courage.
Grâce à leurs divisions et à leur faiblesse, Boson, beau-frère de Charles le Chauve, détacha la Provence de la couronne de France et il en fut proclamé roi.
Ce royaume, qui devait être le salut de cette province, en fut le fléau parce que les successeurs de Boson, au lieu d'employer, leurs armées contre les Sarrasins, qui la ruinaient et la noyaient dans le sang, les engagèrent en Italie, dans des expéditions finalement aussi désastreuses pour eux que pour leurs sujets.
Ils attaquèrent les villes, même les plus importantes, comme Aix et Marseille, et ils les réduisirent à un tel état de détresse que l'évêque de cette dernière cité alla, en pleurant, demander à l'archevêque d'Arles du pain et des vêtements pour ses chanoines et pour son peuple.
Ce n'est qu'à la lueur de l'incendie, au bruit des armes ou aux cris des mourants, dit M. Guillaume, de Gap, dans ses Etudes sur les invasions sarrasines, que, pendant cette longue période, on peut suivre l'histoire de nos contrées,
Note(6).
Les propriétaires actuels des terres de ce quartier, toujours nomméla Ferrière, savent par leurs ancêtres qu'on a, autrefois, extrait du fer de ces propriétés, qui se trouvent non loin de Saint-Pons, sur le bord d'un petit torrent appelé la Valette.
La tradition confirme donc parfaitement ici l'affirmation des historiens, et les malheureux habitants de la vallée de l'Ubaye, qui avaient pu échapper jusque là au glaive de leurs oppresseurs, les voyaient forger les armes dont ils allaient les frapper impitoyablement à la première occasion !
Note(7), L'histoire ne dit pas, il est vrai, si les Maures les ont aussi exploitées ; mais, quoi qu'il en soit, ils ont séjourné dans ce pays, puisqu'ils lui ont donné le nom qu'il porte encore aujourd'hui.
Note(8).
C'est probablement alors que le pic de Prachastel, Pratum Castellum, a été habité.
Or, à quelle époque de leur histoire les habitants d'Allos ont-ils eu un besoin aussi urgent de se réfugier sur une hauteur à peu près inaccessible ?
Note(9).
Note(10).
Note(11).Sa délivrance fut le signal de celle de la Provence.
Note(12) leur libérateur.
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Cet auteur ajoute,en conséquence,que,lorsque l'heure de la délivrance de la Provence eut sonné, le comte Guillaume, après avoir emporté d'assaut le Fraxinet, marcha vers Colmars, à la tête de son armée; qu'il défit complètement vingt mille hommes envoyés contre lui pour arrêter sa marche; qu'il revint, au printemps prochain, pour s'emparer enfin de cette place réputée à peu près imprenable et qu'il passa tous les Musulmans qui s'y trouvaient au fil de l'épée.
Tels sont les faits d'armes extraordinaires qui auraient eu lieu dans la haute vallée du Verdon, pendant l'occupation des Sarrasins. Je me contente de les indiquer, dans cette note, parce que le silence des historiens m'empêche de les considérer comme appartenant au domaine de l'histoire. Une fausse étymologie de Colmars, que Fournier, auteur de l'Histoire des Alpes-Maritimes, fait venir de ces deux mots :"Col-Maure", a pu seule faire croire à leur réalité.
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Malgré cette unanimité,M.Guillaume, d'après des documents authentiques établissant que saint Odilard était encore évêque de Saint-Jean-de-Maurienne en 926, estime que la prise d'Embrun a eu lieu un peu plus tard et qu'elle se trouve limitée entre 926 et 930.
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Un savant hongrois M. l'abbé Wosinsky, curé d'Apar,a présenté au congrés scientifique international des catholiques, tenu à Paris en 1891, une savante étude sur cette question. La découverte, à Allos, d'une tombe sarrasine,dans laquelle se trouvait un corps replié, est donc un fait important à plus d'un titre, pour l'histoire de cette localité.
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Il y avait même à Maurin une mine d'or, puisqu'on a recueilli, pendant plusieurs années,des paillettes de ce métal entrainées par les eaux d'une petite fontaine. Tout cela ne doit pas trop nous étonner. Les auteurs anciens: Posidonius, Strabon, Aristote ne disent-il pas que les commmerçants de l'Orient, par exemple les Phéniciens, visitaient les Alpes, les Cévennes, etc., où ils trouvaient, à fleur de terre, de l'or, de l'argent et d'abondantes mines de fer.
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La liberté dont jouissaient nos pays leur fut donc funeste en ces temps malheureux, et ils ne purent organiser aucune résistance sérieuse contre leurs implacables ennemis, tandis que les populations de la vallée du Jabron, de Castellane, etc., protégées par leurs seigneurs, résistèrent avec succés. L'historien Laurensi, parlant de cette dernière ville, nous apprend que sa baronnie (Histoire de Castellane, ch, XI) dura de 836 à 1262, par conséquent pendant 426 ans. Grâce à la féodalité, les habitants de Castellane furent donc préservés des horreurs de la dernière et de la plus longue invasion musulmane.
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Conrad le Pacifique, roi de Bourgogne, les aurait désignés comme comtes de Provence, pour ramener dans le giron provençal les diocèses de Sisteron, de Digne et de Senez, qui étaient devenus indépendants. Cette opinion a pour elle, ajoute M. de Berluc, les anciens auteurs et une charte de 1037, d'après laquelle la château de Manosque (aujourd'hui le Mont.d'Or) portait le nom de Puy de Bozon.
Choix de Lecture
Depuis l'an 1000 jusqu'à l'annexion à la Savoie en 1388
CHAPITRE Ier.
1.Le XIe siècle répare les désastres du Xe.
2.Ce que firent les religieux et le clergé séculier pour réorganiser l'état social si profondément troublé en Provence.
3.Donation de la dîme des fromages des montagnes de Colmars et d'Allos aux moines de Saint- Victor de Marseille.
4.Importance historique de cette donation
5.Etymologie du nom d'Allos.
6.Donation faite aux moines de Lérins par une famille originaire d'Allos.
(1000-1101.)
Le XIe fut un siècle de réédification et de retour à la vie; il édifia une société nouvelle; sur les ruines amoncelées par les Sarrasins. La crainte de voir arriver la fin du monde, après la période de mille ans accomplie depuis la venue de Jésus-Christ, n'avait donc enlevé aux populations provençales, cependant si impressionnables, ni l'espérrance, ni le courage, et cela prouve que certains historiens ont singulièrement exagéré les terreurs de l'an 1000.
Un savant allemand nous l'indique en ces termes :
" Les ordres religieux prenaient une part considérable à l'amélioration de l'état social...
Ils offraient les plus beaux modèles de vertus et répondaient aux besoins multiples de la société
Note(1).
"La société était à reconstituer et elle le fut par les moines et le clergé ."
Note(2).
"Une seule force sociale existait. alors, celle du clergé, appuyée sur l'instinct divin du christianisme "
Note(3).
"Le comte Guillaume trouva de généreux auxiliaires dans la personne des évêques",
Note(4). pour la distribution impartiale des biens qui n'avaient plus de légitimes possesseurs.
De là, vint cette quantité d'églises et de villages dont l'origine ne remonte pas au delà du XIe siècle."
Ce saint homme, devançant saint Jean de Matha, s'arma d'un courage héroïque pour aller délivrer les chrétiens et les religieux détenus par les Sarrasins.
Il envoya partout ses Frères quêter pour la rançon des captifs, et lui-même, se rendant auprès du calife de Cordoue, obtint la délivrance des prisonniers.
Ce dévouement admirable abrégea ses jours, car il mourut bientôt après, par suite des fatigues et des privations endurées pendant son long et périlleux voyage.
La paix de Dieu était une renonciation par serment à toute guerre entre seigneurs, etc.
La trêve de Dieu, comme chacun le sait, défendait de prendre les armes depuis le mercredi jusqu'au lundi matin, etc. La paix de Dieu n'ayant pas réussi, les évêques et les conciles furent obligés de lui substituer la trêve de Dieu.
Note(5). "Moi Adelbert et ma femme Ermengarde et nos héritiers: Roustan et ses fils; Guillaume et ses frères; Pons Engelfred et ses fils ; Guigues et Theurade, ainsi que son fils Arnaud et son neveu; Fouque Leutride, ses filles et ses gendres; Boniface et Alienus et leurs neveux; Villelme et ses frères et Pons Révolta; donnons a Dieu, a Saint-Victor de Marseille et aux moines qui servent Dieu, dans ce monastère. la dîme des fromages des montagnes de Colmars et du pays des Alleux et des poissons du lac appelé Levidone.
Note(6). traversons Pellonières et arrivons au Col de Champ.
En arrivant par Autapie à la montagne d'Enresta, au nord de Colmars, nous entrons de nouveau dans ce canton et nous achevons notre excursion à Chamate, entre Beauvezer et Thorame, en face du Grand Cohier, notre point de départ.
Note(7).
C'est ainsi que,sans aller chercher bien loin, Seyne se dit indifféremment Sedena et Sesena.
Ce sont Alloy, que l'on trouve dans Rabelais, et Allues, que cite le dictionnaire roman de Bouillon.
Ne croirait-on pas entendre Alouas ou Allouez
Note(8). dans la bouche des habitants actuels de Thorame, de Saint-André ou de Barrême
Note(9).
Boson,beau-frère de Charles le Chauve, fut élu roi de Provence au concile de Mantaille, en 879.
Or, les évêques de Sisteron, de Digne, de Senez, etc., n'assistaient pas a ce concile, et notre région fut indépendante du royaume de Provence pendant près de trois quarts de siècle.
C'est ce que M. de Berluc-Perussis a appelé, dans une étude sur l'histoire de Forcalquier
Note(10)., la période d'indépendance des AIpes provençales.
L'effet de cette scission, dit-il, fut de rompre tout lien féodal entre les seigneurs et habitants de ces pays et les souverains provençaux, en d'autres termes, de transformer les fiefs en alleux."
Mais ils payèrent fort cher cette liberté, comme nous l'avons dit en parlant des Sarrasins, car les rois de Provence ne pouvant pas ou ne sachant pas les défendre, ils étaient à la merci de leurs ennemis, depuis la disparition desdits seigneurs, qui, primitivement, n'avaient reçu le pouvoir féodal que pour la défense de ceux qui étaient hors d'état de se défendre eux-mêmes ou comme récompense des services qu'ils avaient déjà rendus.
Les paroisses de Saint-Honnorat, a Clumanc, d'Angles, dams le canton de Saint-André, etc., ont possédé jusqu'a la Révolution française de 1789 des bénéfices dépendant de ces religieux, et plusieurs autres paroisses leur firent des donations.
Note(11). les donateurs sont :
Aldebert et sa femme, P. Aimard ou Audemard, deux noms que nous lirons plus loin, dans le catalogue d'un clavaire ou percepteur du XIVe siècle.
Mais ce qu'il y a de plus important pour nous dans cet, c'est le nom d'Allos.
En effet, nous venons de constater que ce nom était en formation lorsque eut lieu la charte de Colmars en faveur des religieux de Saint-Victor. Or, cette charte a été écrite vers l'an 1056, et la donation d'Aldebert et Audemard est placée par les moines de Lérins parmi les événements qui s'accomplirent de l'an 1066 à 1101.
Dans une charte de 1034, il est dit que les clercs de l'église du bourg de Saint-Zacharie avaient acheté,moyennant un cheval la troisième partie d'un moulin dont ils possédaient déjà le tiers. Ils avaient aussi acheté une condamine, c'est-à-dire un champ franc de toute redevance, qui leur avait coûté un cheval, un boeuf et deux cochons ".
Note(12).
L'histoire et la tradition ne nous apprenent rien à ce sujet, et, malgré notre désir de pénétrer ces secrets des temps passés, nous devons avouer notre impuissance à écarter le voile qui les cache à nos yeux.
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Ego Aldebertus et uxor mea Ermengarda et haeredes nostri :
Rostagnus et filii sui, et Guillelmus et fratres sui, et Pontius Inguilfredus et filii sui, et Guigo et Theureda et filius suus Arnaldus et nepus (sic) suus, et Fulco Lautridis et filias suas (sic) et generi sui (sic), Bonifacius et Âlienus et nepotes sui, Willelmus et fratres sui, Pontius Revolta;donamus decimum de fermaticos (sic) de Alpibus quae pertinent ad Collo Martio (sic) et ad Alodes et decimum de piscibus de stagno que nommant Levidone. Hec (sic) decimun supra scriptum donamus Domino Deo et Sancto victori martiri (sic) mdonasterio massiliensi et ad monachis (sic) ibidem Deo servientibus.
Habet consortes et terminatur terminos tales; (sic) de rivo quem vocant Alcimum usque in montem Codarlo et descendit in terminum de Lignino, et ascendit in montem Pelento et descendit in colla que (sic) vocant Campi; et ascendit in colla Caïlola, et ascendit in monte Tharone, et descendit in colla Cancellata, et ducit in rocha de Siolana et alio monte que vocant Sardonis, et fert in monte (sic) que dicitur Resta et descendit in colla quoe vocant camata et descendit per Vallone (sic) que est juxta Ganone usque in flumine (sic) Verdonis.
Aldebertus de Costa et uxor sua Ermengarda et filius suus firmavit.
Garaco firmavit. Pontius Abellonius firmavit. Guillelmus nepos ejus firmavit. Rostagnus Rainardus firmavit. Pontius Inguilfredus et Guigo firmaverunt. Lautrudis et generi sui firmaverunt. Fulgo firmavit. Theurada firmavit et filii sui firmaverunt. Pontius Revolta firmavit. Petrus Arnaldus firmavit.
(Cartulaire de Saint- Victor, t. Il, 1re. Série, p. 110.)
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Les aiguilles de Pelens appartiennent actuellement au département des Alpes-Maritimes mais, à l'époque de la donation qui nous occupe, elles appartenaient certainement aux habitants des rives du verdon.
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Antiqua traditio refert ut, si quis piam ex suo honore honorem quarumlibet sanctorum patrocinia augeri velit, hoc per testamenti seriem lucidius fieri demonstretur. Quam prosequentes, ego Aldebertus et mea conjux Ameriis, ob nostrorum piaculorum obolendam gravitudinem, de honore nostro, sacrosanctis insule Lirinensis ecclesiis, sancte videlicet Marie et sancti Honorati,(et) abbati Aldeberto (et) monachis presentibus et futuris, in territorio calidianensi, ad incrementum contulimus aliquid hereditatis nostre,campus secus Camisolae torrente............
Et in alio loco quem nominant Alos, totam integre nostram partem, que infra hos terminos continetur, donamus.
(Cartulaire de l'abbaye de Lerins, t. I, p. - 34.)
Afin qu'on ne puisse avoir le moindre doute sur le pays désigne ici par le mot Alos , on a ajouté dans le dictionnaire géographique, publié à la fin du Cartulaure, " Alos, Allos, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Barcelonnette, département des Basses-Alpes."
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Choix de Lecture
Depuis l'an 1000 jusqu'à l'annexion à la Savoie en 1388
CHAPITRE II.
2.Obligation d'accompagner le comte dans les cavalcades jusqu'à Allos inclusivement.
3.Règlements établis en Provence pour les cavalcades.
4.Contingent à fournir par chaque communauté.
5.Valeur du terroir d'Allos, au XII° siècle, d'après le nombre de feux.
6.Impôt foncier payé par les habitants d'Allos.
(1231-1233.)
Note(1). comprend les communautés du Lauzet, de Méolans, de Revel, de Barcelonnette, de Jausiers, du Châtelard, de Saint-Paul, de Meyronnes, de Larche et d'Allos.
"L'an de la Nativité 1231 et le 9 des calendes de mars, faisons connaître a tous, autant présents que futurs, que le seigneur Raymond-Bérenger, par la grâce de Dieu illustre comte et marquis de Provence et comte de Forcalquier, d'une part ; et Etienne Grand, Rostang de Faucon. syndics de la communauté des lieux fortifiés de Faucon et de Drolhe, syndici ab universitate de Falcone et de Drolha
Note(2)., à ce spécialement constitués, d'autre part; en leur nom et au nom de la communauté, sont convenus entre eux de ce qui suit:
Note(3).
Note(4)..
Note(5). et les détails suivants vont nous les faire connaître suffisamment.
Note(6). ou d'une cité quelconque et qu'il aura fait appel d'une cavalcade, tous ceux qui y seront tenus devront se rendre, sous la conduite dudit seigneur comte ou de son bailli, ce qui s'applique à tous ceux qui sont à six lieues a la ronde de la place assiégée."
Note(7). dit que certaines communes obligeaient les soldats libérés à rendre aussi leurs habits militaires ou bien les en laissaient possesseurs, avec ordre, de ne les porter que les jours de fêtes. Ce détail a son prix, car il peint les moeurs simples d'alors.
Debet facere. cavalcatas, generaliter et specialiter, Dominus Elzianius de Anssoyssio pro terra sua.
Le chef de l'Etat n'avait donc qu'à ordonner, et les hommes arrivaient armés, équipés et montés.
Ces levées avaient lieu selon la volonté du prince, c'est-à dire quand il en avait besoin, retentis cavalcatis ad nostrant voluntatem, disait Raymond Bérenger, dans une concession faite aux habitants de Verdaches, en 1237.
Note(8). nous fait connaître le nombre de feux de toutes les communes de la vallée de Barcelonnette :
" La ville de Barcelonnette, vingt-un feux.
" Jausiers, cinq feux et demi.
" Castellet et Tournoux, deux feux et demi.
"Saint-Paul, six feux.
"Larche, trois feux.
" Méolans et Revel, quatre feux, trois quarts.
"Lauzet,un feu un quart.
" La ville d'Allouez, neuf feux.
" Touttour, consul d'Aix et procureur du pays.
" De Pontevès, consul d'Aix et procureur du pays.
Antoine Albert, consul d'Aix et procureur du pays. "
C'était un mot de convention qui exprimait, en matière fiscale, une valeur en biens fonds de 50,000 a 55,000 francs. Pour en comprendre parfaitement la signification, il faut le comparer à l'affouagement et au cadastre.
"De même que l'affouagement des biens de la Provence servait a répartir les charges entre les communautés, dit M. Damase Arbaud, de même le cadastre fut le moyen employé pour faire supporter également les tailles entre les possesseurs des biens.
Note(9).
Charles Bouche et le docteur Honnorat donnent leur préférence à ce dernier chiffre.
" En Provence, dit le premier, on donne le nom de feu à une certaine étendue de terrain.
On l'estime 55,000 livres, 27,500 livres font la moitié du feu ; 13,750 en font le quart."
Note(10).
Notre savant compatriote dit aussi que le feu indiquait une valeur supérieure à 50,000 francs. Il ajoute que, en économie politique et domestique, ce mot ne désigne plus aujourd'hui qu'un ménage, une maison, un foyer (focus) ,
Note(11). et que ce fut sous Charles VII qu'on substitua les cadastres au payement des impôts par feu".
Note(12).
Note(13)
En effet, le territoire de Barrême n'était estimé que 325,000 francs et celui de Manosque 2,262,000 francs, tandis que les terres d'Allos valaient un demi-million
Or, ces terres n'étaient pas affouagées; en d'autres termes. elles étaient exemptes de l'impôt par feux.
Ce chiffre nous fait connaître la quotité de l'impôt foncier payé par nos ancêtres au moyen âge.
Les florins qu'ils devaient pour leurs terres sont estimés vingt francs par M. de Laplane, qui n'est pas contredit, dans cette estimation, par M. Damase Arbaud.
Note(14).
Elle saisissait les marchandises, à leur entrée comme à leur sortie de la ville. Elle prenait sa part du salaire de l'ouvrier.
Elle intervenait dans les contrats, pour prélever sa portion dans le prix des ventes; etc.
Les notaires et les procureurs lui devaient une portion de leurs bénèfices.
La rève n'était donc pas ce qu'elle est aujourd'hui.
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Choix de Lecture
Depuis l'an 1000 jusqu'à l'annexion à la Savoie en 1388
CHAPITRE III.
2.Charte de Raymond-Bérenger établissant le consulat à Allos.
3.Les seigneurs et les prud'hommes d'Allos.
4.Organisation du consulat et étendue de sa juridiction.
5.Les fonctions des consuls indirectement rétribuées.
6.Impôts que se réservait le comte.
7.Mort de Raymond-Bérenger.
(1233-1245.)
Louis, son fils, lui succéda. Ayant été privé de la vue par ses ennemis, il fit gouverner ses Etats par Hugues, qui régna après lui. Le règne de ces trois souverains a été appelé la dynastie des Bozons
Note(1).
Boson Ier, bénéficiaire de l'empire,sous Conrad-le-Pacifique
Note(2). (926-947);
Boson II, fils de Bothbold (948-968)
Guillaume. Ier ,libérateur de la Provence (938-992);
Note(3).
note 12 du chapitre sept( première partie )
Bothtald, son frère (992-1008);
Guillaume Il, premier comte, propriétaire (1008-1018);
Guillaume III,
Bertrand Ier et Jeoffroi (1018-1054);
Jeoffroi seul (1054-1063);
Bertrand II, comte héréditaire (1063-1093);
Etiennette (1093-1100);
Gerberge et Gilbert (1100-1112).
C.- Douce, fille de Gilbert, s'étant mariée avec Raymond-Bérenger de Barcelone, la Provence passa sous la domination des princes espagnols, dont voici les noms :
Raymond-Bérenger Ier et Douce Iere (1112-1130);
Bérenger-Raymond (1130-1144);
Raymond-Bérenger II, dit le Vieux (1144);
Raymond-Bérenger III,dit le Jeune (1144-1166);
Alphonse Ier (branche d'Aragon) et Douce II(1166-1196);
Alphonse II (d'Aragon) (1196-1209);
Raymond-Bérenger IV (1209-1245)
Note(4).
Note(5).
"L'an de son Incarnation mille deux cent trente trois et le cinq des calendes de décembre, Nous Raymond-Bérenger, par la grâce de Dieu, illustre comte et marquis de Provence, comte de Forcalquier, voulant témoigner notre dévouement à nos sujet ,donnons et concédons pour toujours, tant par nous ,que par les nôtres, le consulat et, par conséquent le pouvoir d'élire et d'établir les consuls qui seront jugés nécessaires, suivant le temps et les circonstances: à vous, chevaliers et seigneurs d'Allos et Colmars:
P. de Serveria, F. Guis, P. de Laya,W. de Podio, R. de Baumes, G. V. de Raymond, qui avez demandé et accepté cette faveur tant pour vous que pour vos concitoyens, et à vous, prud'hommes d'Allos et de Colmars :
P. Pascal, P. Benoît ,(Alos) B. Richard, P. Gibelin, W. Elzéard, P. Alphant, P.Angelré, Garcin, Roger, Meifred, P. Boyer, W. Giraud, P. de Saint-Martin, Girard, R. Licia, qui avez également demandé et accepté ladite faveur,en votre nom et pour tous les habitants d'Allos et de Colmars, présents et futurs, ainsi que pour les localités appartenant à Allos et à Colmars.
Note(6).
vobis, doininis et militibus.
Note(7).
Nous verrons dans la suite que, le 25 juin 1475 Pierre Piny et Jaumone, sa femme, furent anoblis par le roi René, " pour oeuvres vertueuses et services rendus audit en maintes manières dignes de grande recommandation ".
La famille de Pierre Piny était originaire du quartier d'Allos appelé Seignus-Bas, campagne des Guinans, sur le Verdon; c'est pourquoi, à cet endroit, la rive droite de ce cours d'eau porte encore aujourd'hui le nom de Ribas de Piny.
Non seulement les souverains donnaient alors des titres de noblesse, mais, d'après Fabre, historien de Provence (t. II, p. 60),il n'y avait point d'évêque, point de seigneur distingué, en Provence qui ne fût en possession d'anoblir les bourgeois en les armant chevaliers, et ces nouveaux nobles jouissaient des mêmes prérogatives que ceux qui étaient créés par l'autorité du prince".
C'étaient dit le roi René, des hommes probes, prudents, consciencieux, jouissant d'une bonne réputation, capables et habiles, homines utique probos, prudentes, bonoeque conscientioe ac boni nominis et famoe.
D'après la charte du 12 août 1385, dont nous parlerons plus loin et qui confirma celle qui nous occupe aujourd'hui, " ils nommaient les consuls, ainsi que le notaire du tribunal consulaire, et, comme les fonctions judiciaires de ces officiers étaient fort étendues, il s'ensuit que ceux qui les nommaient devaient avoir dans leur commune une très grande prépondérance.
Note(8).
Cependant, lorsqu'il fut engagé dans ces guerres sans fin qui remplissent l'Histoire de Provence, il eut besoin de ressources extraordinaires.
Il s'adressa alors aux Etats, toujours disposés à fournir des subsides, pourvu qu'on ne touchât pas à la constitution du pays.
Ces dons, qui, dans l'origine, furent une grâce du peuple à son seigneur devinrent bientôt un impôt permanent et des statuts réglèrent et son assiette et le mode de recouvrement".
Note(9).
En vertu des stipulations qu'elle contient, le comte percevait régulièrement,chaque année, les impôts suivants:
Note(10). des droits, profits et émoluments que le roi prend et a coutume de prendre en la ville de Barcelonne et son ressort, en Terre Neuve; tant depuis la réduction de ladite ville qu'auparavant :
" Sébastien Vaudran et Honorat Pellissier, consuls dudit lieu d'Allos, ont dit et révélé, moyennant serment, que, pour les droits de chevauchées, ledit seigneur comte prend, chaque année, audit lieu d'Allos, trente-cinq florins et trois gros, monnaie courante en Provence, payables à la fête de tous les Saints.
Cet impôt exista de bonne heure chez les Romains, qui faisaient procéder à l'estimation des biens en même temps qu'au dénombrement du peuple et donnaient le nom, de censeurs aux fonctionnaires chargés d'établir et de déterminer ledit impôt. De là, est venu le mot recensement encore usité aujourd'hui.
Note (11). autre redevance qui était exigée dans certaines circonstances, dont voici les principales:
lorsque le comte était obligé de se rendre avec ou sans armes auprès de l'empereur;
lorsqu'il devait s'embarquer comme croisé, surtout s'il partait avec une armée, pour la Terre Sainte;
quand il mariait son fils ou sa fille;
quand il armait ses fils chevaliers, etc.
La quiste était de cinq sols viennois par feu ou davantage, selon les circonstances ; mais, d'après les statuts,
Note(12). elle ne pouvait jamais avoir lieu pour une cause non spécifiée.
D'après la charte, cet impôt devait être payé le jour de l'Assomption ; mais plus tard, comme nous l'avons dit pour les cavalcades, il a pu être perçu à la Toussaint, et peut-être sous forme de prière.
Il fut le dernier de nos souverains d'origine espagnole.
Ces princes, issus des plus intrépides défenseurs de la foi en Espagne, de ces vaillants guerriers qui méritèrent l'estime de toute la chrétienté, en combattant les Sarrasins, conservèrent en Provence la foi de leurs ancêtres, et l'historien Fabre fait remarquer qu'ils y apportèrent aussi l'esprit de liberté.
Il est certain que le plus illustre d'entre eux, Raymond-Bérenger, combattit rigoureusement les Vaudois, qu'il accorda un très grand nombre de chartes d'affranchissement aux communes et qu'il fut leur libérateur.
Il fut en outre, un administrateur habile, un vaillant guerrier et un prince invincible dans les épreuves.
C'est donc à juste titre que les regrets et la reconnaissance de ses sujets l'accompagnèrent dans la tombe.
Il fut père d'un fils qui mourut jeune et de quatre filles :
Marguerite, Eléonore, Sanche et Béatrix.
Marguerite devint reine de France et épouse de saint Louis;
Eléonore, reine d'Angleterre;
Sanche épousa Richard, duc de Cornouailles, plus tard roi des Romains,
et Béatrix Charles d'Anjou, qui devint comte de Provence et roi de Naples.
Ces quatre reines ont habité le château comtal de Saint-Maime, près de Forcalquier.
Raymond-Bérenger visita presque tous nos pays, pour y organiser la nouvelle administration communale et régulariser la perception des impôts. Nous dirons, avant la fin de cette histoire, les vestiges manifestes que notre langage a conservé de la domination espagnole, dans la haute Provence et, en particulier, à Allos.
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"Ce bourg, qui est au bout du monde, perdu dans une vallée des Alpes, eut aussi son consulat."
Par cette saillie, M. Arnaud nous dit à sa façon combien notre pays fut honoré en recevant de son souverain le privilège du consulat.
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Choix de Lecture
2.Charles Ier et Charles II; visite de Charles II à Allos.
3.Robert et son fils Charles, duc de Calabre.
4.Les habitants de Colmars, d'Allos et de Beauvezer prêtent serment de fidélité à ces deux princes.
5.La reine Jeanne; son buste dans l'église paroissiale d'Allos.
6.Hommage et serment de fidélité de la communauté d'Allos à la reine Jeanne et à Louis de Tarente, son deuxième époux.
Les quatre premiers sont :
Charles Ier d'Anjou et Béatrix (1245-1285);
Charles Il (1285-1309);
Robert (1309-1343);
Jeanne Ire (1343-1382).
Ils n'étaient que comtes, et ils régnèrent sur nous pendant cent trente-sept ans.
Leurs successeurs :
Louis Ier, fils de Jean II, roi de France (1382-1384) ;
Louis II, avec Marie de Blois, nommée régente (1384-1417);
Jeanne II, avec Charles de Duras, concurremment avec Louis III(1417-1434);
René, dit le Bon Roi (1434-1480);
Charles III, comte du Maine (1480-1481).
Ils étaient ducs d'Anjou et ils furent comtes de la Provence pendant quatre-vingt-dix-neuf ans.
Les Angevins, comtes ou ducs, ont donc été nos souverains durant l'espace de deux cent trente-six ans.
Nous verrons bientôt que les habitants d'Allos, avec tout le comté de Nice, cessèrent d'être les sujets des princes d'Anjou, sous Louis II , pour se donner d'abord a Charles de Duras et ensuite aux comtes de Savole, en 1388.
il était vaillant guerrier et homme irréprochable dans sa vie privée, mais il se laissa aller à des actes de violence et de cruauté, qui lui attirèrent, en Italie, de terribles représailles, dans le massacre qui porte le nom de Vêpres Siciliennes.
Il accompagna son frère saint Louis, roi de France, dans deux croisades célèbres; mais son amour pour la guerre ne lui laissa pas, selon l'expression de Papon, le temps de se livrer aux soins pacifiques du gouvernement
Nos pères lui reprochèrent d'avoir augmenté les impôts, pour conquérir et défendre son royaume de Naples.
Il perdit la reine Béatrix, son épouse, en 1267, et il mourut lui-même en 1285.
Charles II, son fils, prince de Salerne, qui lui succéda, était alors prisonnier du roi d'Aragon. Un concile tenu à Riez, en 1285, ordonna des prières publiques, dans toutes les églises du comté, pour obtenir sa délivrance.
Il fut enfin mis en liberté, quatre ans après la mort de son père, et, en cette année, la quatrième de son règne, il visita Allos et d'autres pays montagneux des Alpes.
Voici comment un historien de Nice fait l'éloge de ce prince et parle de cette visite :
"Charles II, d'un grand talent administratif, plus doux et plus réfléchi que son père, captivait tous les coeurs provençaux.
"
Ce prince, étant à Allos, en 1289, reçut les députés de Grasse, auxquels il confirma leurs privilèges le 14 septembre, il accorda des lettres patentes de liberté à la ville du Puget.
"En 1303, par le mariage de sa dernière fille avec Mainfroy, marquis de Suse, il recevait l'hommage de ce seigneur pour les fiefs de Cintal, Val de Sture, Fossan et Coni, et il prenait le titre de comte de Piémont, pour lequel il établissait un sénéchal de plus.
" L'amour que l'on portait à Charles II et à Robert, son fils, était si grand que chaque commune aurait voulu vivre sous sa juridiction immédiate ".
Note(1).
Il avait eu de sa femme Marie, fille du roi de Hongrie, cinq filles et neuf garçons, parmi lesquels il y a lieu de remarquer:
Robert, qui lui succéda;
Louis, évêque de Toulouse, mort en odeur de sainteté, à Brignoles, le 19 août 1297, et canonisé en 1317;
Jean de Duras, chef de la branche de Duras ou Durazzo, ville d'Albanie, qui appartenait à la maison d'Anjou.
"Il était fait, dit Papon, pour servir de modèle à ceux qui veulent régner sur le coeur de leurs sujets."
Son amour pour eux et pour la justice lui inspira un règlement qui fixait les honoraires des notaires. Dans ce tarif, dit M. de Laplane, " il taxait leurs écritures à raison de six deniers (42 centimes) par feuille, contenant vingt-six lignes et chaque ligne treize mots, et de douze sols (15 francs) pour l'acte le plus long
Note(2).
"Imposé sous la foi du serment, ce règlement, qui est à la date du 6 mai 1306, obligeait, en cas de violation, le notaire à payer le double des sommes indûment exigées et le privait de son office. Rien de plus sage et sans doute de plus urgent que cette mesure.
Toutefois les notaires parvinrent, on ne sait comment, à éluder l'effet d'un règlement qui taxait leurs écritures, et, lorsqu'un de leurs confrères, Pons Arpilhe de Sisteron, archiviste de la reine Jeanne, proposa, en 1359, de remettre ce statut en vigueur, il prétendit l'avoir trouvé dans la poussière des archives d'Aix, où il était comme enseveli,depuis cinquante ans,quod quidem statutum, inter alia statuta diversa jacebat, et fuit inventum; lectum et publicatum extitit.
(Livre vert de la communauté, f. 24, vo.)
Charles Il mourut le 5 mai 1309, regretté de tous ses sujets.
Note(3).
Comme son père, il s'intéressa aux habitants de nos Alpes.
Vers 1312, à l'occasion d'un séjour de quelques semaines qu'il fit à Nice, il se dirigea vers les montagnes, renouvela les privilèges accordés par ses prédécesseurs à Sospel et à Saint-Martin de Lantosque, s'arrêta à Limon, où il reçut les députés de Barcelonnette, à qui il donna une nouvelle charte de liberté, et il continua ensuite son voyage jusqu'en Piémont, dont il était comte, comme Charles II .
Note(4).
Robert assurait d'une main ferme et paternelle le fonctionnement des libertés publiques accordées à nos pays par les chartes de Raymond-Bérenger. Mais, malheureusement, son armée d'Italie était un gouffre où allaient s'engloutir les ressources militaires et financières de la Provence. Les historiens se demandent comment cette province pouvait fournir tant de soldats, et ils affirment que l'on peut compter le nombre des expéditions de nos comtes, en Italie, par les dépenses extraordinaires inscrites dans les registres de comptabilité des communes provençales. Le silence des archives d'Allos à ce sujet a pour cause, non le peu d'importance du pays, mais les incendies qui ont fait disparaître la partie la plus ancienne de ces archives.
Robert avait un fils unique, le duc de Calabre, qu'il associa de bonne heure au gouvernement de ses Etats.
L'acte par lequel ce jeune prince fut appelé à partager avec son père l'autorité royale eut lieu sans doute en 1320, car nous savons que les trois députés envoyés par la ville de Sisteron, pour rendre hommage en cette circonstance au roi et à son fils, s'acquittèrent de leur mission par un acte passé à Avignon le 1er mars de la même année .
Note(5).
c'est un parchemin des archives des Bouches-du-Rhône qui nous a conservé l'hommage de tous les habitants des lieux fortifiés de Colmars, d'Allos et de Beauvezer,
universitatum hominum castrorum Collismarcii, Allosii et Bellovidere.
Cet hommage à Robert et à son fils,qu'il venait d'associer à son autorité, était, de la part de nos pères, un véritable serment de fidélité.
Il était demandé par le seigneur Boniface de Fara, haut dignitaire, juge de la cour du prince, et il devait être formulé devant les ambassadeurs ou procureurs chargés de le recevoir, au nom de Charles, prince royal, duc de Calabre,
coram Dominis embaysatoribus (sic), sive procuratoribus illustris principis domini ducis Calabrioe.
Le tout devait être constaté par un acte notarié, et cet acte fut fait, à la réquisition du bailli, au nom de la cour du prince, sur la place publique de Beauvezer, le 11 du mois de mai 1320, par un notaire comtal nommé Gilloux.
Les envoyés des communautés d'Allos et de Colmars qui devaient prêter serment de fidélité, comme celle de Beauvezer, se rendirent dans cette dernière localité, qui eut l'honneur de recevoir dans ses murs les représentants du roi et de son fils.
Honoré Bouche dit que cet hommage eut lieu en 1321, et il en parle comme s'il n'y avait aucun rapport entre ce serment et l'acte d'autorité souveraine par lequel ce roi avait associé son fils au gouvernement de ses Etats. Mais cet estimable historien se trompe en cela, parce qu'il n'a eu connaissance ni du parchemin des archives des Bouches-du-Rhône que je viens de résumer, ni des archives de Sisteron, dont parle M. de Laplane, documents prouvant avec une entière certitude que les communes de Provence prêtèrent serment on 1320, lorsque leur roi venait d'appeler le duc de Calabre à partager avec lui le pouvoir royal.
Ce prince, fils unique de Robert, avait épousé Catherine d'Autriche, qui mourut sans enfants, en 1321
Note(6).
L'année suivante, selon le désir de son père, il demanda en mariage une princesse française, Marie, fille du comte de Valois, et saint Elzéard, comte d'Arian et baron d'Ansouis, fut envoyé à Paris, avec un autre ambassadeur, pour préparer cette union.
L'ambassade eut un plein succès et le mariage fut célébré en 1323.
Mais saint Elzéard mourut à Paris en cette même année. Des miracles éclatants eurent lieu, pendant la translation de son corps à Apt. Le Pape Urbain V l'inscrivit solennellement au catalogue des saints, et chaque année, le 27 septembre, nous célébrons la fête de ce saint ambassadeur d'un de nos rois de Provence.
En 1328, Robert perdit son fils, l'espérance de sa famille et de ses sujets.
En présence du cadavre de ce prince, emporté à la fleur de l'âge, il s'écria, comme s'il entrevoyait dans l'avenir les malheurs que cette mort prématurée faisait craindre :La couronne est tombée de ma tête.
Malheur à moi !
Malheur à vous !
L'aînée de ces deux enfants devait devenir la reine Jeanne, si populaire et si tristement célèbre.
Dans le but d'affermir un jour la couronne sur la tête de cette enfant, son grand-père la fiança avec André, fils de son neveu, roi de Hongrie. Mais, si ce projet d'union fut un acte d'habile politique, il créa une situation intolérable, qui se termina plus tard par la mort tragique d'André.
Robert mourut en Italie, le 19 janvier 1343
Note(7).
après un règne de trente-trois ans, et Jeanne, qui lui succéda fut couronnée à Naples et saluée par les acclamations du peuple enthousiaste de cette cité.
A Allos on avait placé son buste dans l'église paroissiale, Notre-Dame de Valvert, et on l'y a conservé pendant longtemps, peut-être depuis sa mort. Le poète Mistral parle de ce buste, dans la préface historique de son drame :
"la Reine Jeanne "
Note(8).
et dit que l'édification de l'église d'Allos, comme celle de bien d'autres églises, est attribuée à cette souveraine, pour un voeu fait à la suite d'une chute de cheval.
Après la mort de son premier mari, la reine Jeanne épousa son cousin, Louis de Tarente, en 1346. Mais de nouvelles guerres et les événements politiques qui se produisirent alors feront retarder le couronnement jusqu'au 22 mai 1351.
Cet hommage n'est pas collectif, comme celui de 1320, qui réunissait, par l'intermédiaire de leurs députés ou représentants, les trois communautés d'Allos, de Colmars et de Beauvezer.
Raymond d'Agoult, sénéchal de Provence et de Forcalquier, en fut le promoteur et il le reçut au nom du roi Louis et de la reine Jeanne.
Il n'envoya pour cela ni procureur, ni ambassadeur, dans la vallée du Verdon.
C'est la communauté d'Allos qui envoya à Aix son député et procureur,Etienne Pascalis, chargé de prêter serment au nom de tous ses concitoyens
Note(9).
Etienne Pascalis fut introduit dans une grande salle du palais royal,
infra palatium regium videlicet, in aulâ magnâ,
où il fit hommage, tête nue, les genoux en terre et les mains jointes dans celles du sénéchal.
Il jura fidélité au roi et à la reine, en mettant les mains sur les saints évangiles et à condition que les droits, les libertés et les privilèges d'Allos demeureraient intacts.
Dans la première partie de ce cérémonial, on voit tout l'appareil de ce que l'on a appelé, en style féodal, l'hommage lige, comme celui qui eut lieu à Beauvezer, en présence des ambassadeurs du roi Robert et du duc de Calabre; dans la deuxième, au contraire, il y a tout ce qui constituait l'hommage franc ou simple.
Note(10).
Nos ancêtres savaient donc allier le respect et la soumission qu'ils promettaient à leurs rois avec les libertés dont ils étaient en possession.
Un acte authentique établit l'accomplissement de ces formalités, qui se renouvelaient à chaque changement de souverain, et cet acte fut rédigé, séance tenante, par un notaire nommé Roustan Bérard, à la date du 25 juin 1351.
Nous savons, d'ailleurs, qu'Etienne Pascalis avait reçu son mandat à Allos, le 12 du même mois, et que le sacre et le couronnement de la reine Jeanne et du roi Louis, son époux, avaient eu lieu à Naples, le 22 mai de la même année. Les dates de l'histoire locale concordent donc ici parfaitement avec celles de l'Histoire de Provence.
Les autres événements du règne de la reine Jeanne qui ne sont pas étrangers à l'histoire d'Allos seront mentionnés plus loin, parce qu'ils ont, hélas ! leur place marquée parmi les occasions et les préludes de la séparation de nos pays de la Provence et de notre annexion à la Savoie.
En attendant, étudions un document historique de l'année 1344, emprunté aux comptes d'un percepteur des impôts, dont nous n'avons pas pu parler encore, mais qu'il ne pas renvoyer à la fin du règne tourmenté de Jeanne.
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"Le gros...... 1 fr. 66 c. 8/100.
"Le sol.........1 fr. 25 c.
"Le denier ...0 fr. 7 c. 13/1000.
D'ailleurs, la valeur des monnaies anciennes variait suivant les lieux et les époques.
D'après Mélin, le denier valait 0 fr. 36 c., et le sou 9 fr. 28 c.. (Histoire de l'Europe, 395-1272, p. 366.)
Il y avait, en effet, des sous d'or, et le sol d'Othon et le sol melgorien étaient très répandus en Provence.
Or, selon l'évaluation de M. Guérard, 120 sous de cette monnaie vaudraient, aujourd'hui, 2,629 fr. 20 c.
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J'indique dans une note de la page suivante, une des principales causes de ces erreurs sur les dates, à cette époque.
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Voilà pourquoi, parmi les historiens, les uns disent que Robert est mort en 1342 et les autres affirment que cet événement a eu lieu en 1343.
M. de Laplane est de cet avis et il parait avoir raison.
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J'ai encore vu à Notre-Dame de Valvert la statue de la reine Jeanne.
En 1856, M. Barbaroux, curé d'Allos, la fit placer à la sacristie.
Je dirai plus loin ce qu'il faut penser de la tradition qui attribue à cette reine la construction de notre église paroissiale.
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Providus vir, Stephanus Pascalis, de Alosio, procurator nomine hominum universitate de Alosio, etc.
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(Registre en parchemin, p. 28.)
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Depuis l'an 1000 jusqu'à l'annexion à la Savoie en 1388
CHAPITRE V.
2.Sa transformation en redevance fiscale.
3.Perception de cet impôt à Allos, au XIV° siècle.
4.Noms des chefs de famille de la communauté d'Allos, à cette époque.
5.La population d'alors beaucoup plus nombreuse que celle d'aujourd'hui.
6.Noms qui n'ont pas changé.
(1344)
On donna ce nom au droit de gîte ou logement qu'avait le comte, dans son comté, non seulement pour lui, mais pour les hommes d'armes qui l'accompagnaient, pour ses baillis et les officiers qu'il envoyait pour rendre la justice.
Ce droit était exigible une fois par an; mais, si on laissait passer la fête de la Toussaint sans l'exiger, il y avait prescription pour l'année écoulée.
Note(1).
Le logement du comte, des hommes de sa suite et de ses officiers étant tombé en désuétude, il en fut de l'albergue comme des calvacades; elle devint une redevance fiscale.
Note(2). de la vallée du Verdon. nommé par Hugues de Baux, avait sous ses ordres, à Allos, un collecteur des impôts, nous dirions aujourd'hui un percepteur, nommé Jean Arnaud, auquel nous devons la conservation des noms de nos ancêtres.
Le registre de ce comptable existe encore aux archives des Bouches-du-Rhône, et il contient, en outre, de précieux renseignements sur l'état de notre pays au XIVe.siècle.
" Les chiffres ont leur valeur historique, dit judicieusement l'historien de Sisteron, et avec eux il n'y a rien à répliquer."
Voici ce précieux catalogue, dans lequel la plupart des habitants actuels d'Allos seront heureux de lire les noms qu'ils portent encore aujourd'hui:
Pierre Bolfard. Les enfants de Pierre Audemard. Moneia Catherine. Les héritiers de G. Raphel.
La femme de Pierre Benagas. Durand Bernard.
Les enfants d'Etienne Pascalis, dit Pisan. Pons Arvel.
Pierre Pelat, dit Paris. Jean Richard.
La femme de Jacques Pascalis. Michel Andibert.
Pons Gireud. Michel Arvel.
Pons Audemard, dit médecin. Pons Elzéard.
Bertrand Bligon. Astragne Baucone ou Bessane.
Brun Bolfard.
Reymond Reynaud. Hugues Bonona.
La femme de Simon André. Pons Gay.
Guillaume Engerand. Laurent Goutade.
Hugues Richard. Les enfants de Bertrand Fulconis.
Les héritiers de R. Pélat.
Pons Honorat, marchand. Pierre Esmenjaud, forgeron.
Antoine Guirand. Durand Audemard.
Laurent Alfan. Louis Motet.
Giraud Honorat. Pierre Raphel.
Antoine Arnaud. Hugues Alphand.
Pierre Pellat, du Serret Raymond Gaufred ou Jaufred.
La femme de Thomé Martin.
Pons Honorat. G. Abrand.
Jacques Benagas Reyne Pascal (Cambrerii).
Guillaume Raphel. Pierre Anselme.
R. Pin. La femme G. Gay, ancien maître d'école.
Hugone Magirolande. P. Gay.
Pierre Gibelin. R.Gay de Nova.
Jacques Pelat. P. Chassand.
Pierre Rodolphe. G. Pouzon.
Reine Pascal. R. Raybaud.
Guillaume Chassand. Jacques Gay, fils du Sauveur.
Guillaume Chauvin. Bertrand Gibert.
R. Barata ou Barrette. Isnard Milou.
Garcin Gay, barbier. Audibert Roux.
Etienne Bolfard. Antoine Bolfard.
P.Bolfard, peintre. Arnaud Michel.
La femme de Michel Magnaudi. Guillaume Michelema.
Hugues Gibelin. G. Fulconis.
Durand Pélat. Pons Guigues ou Guieu (causit).
G. Blignon. Reybaud Pellissier.
La femme de Jean Engerand. Fulco Fulconis.