André Honnorat ( 1868- 1950 )

Biographie extraite du journal "Toute la Vallée-La Vie en Ubaye"
(N° 1.hiver 1998-1999 )

Bien qu'il soit né à Paris, André Honnorat est un bas-alpin de pure souche.
Sa famille paternelle était originaire de la vallée du Verdon au Villard-Haut d'Allos ,
du côté maternel , la famille était de la vallée de l'Ubaye à la Conche de Barcelonnette.
En 1898, il fonde l'Alliance Nationale pour l'accroissement de la population.
De 1899 à 1902, il intègre le Ministère de la Marine.
1901, il crée la Caisse de secours du personnel subalterne.
1907 , il est élu conseiller général du canton du Lauzet, il le restera pendant 43 ans, jusqu'à sa mort.
En 1910, il est élu député des Basses-Alpes.
Il siègera jusqu'en 1921, date à laquelle il entre au Sénat jusqu'en 1940.
En 1920, il est choisi comme Ministre de l'Instruction Publique et des Beaux-Arts.
Il fonde en 1920 le Comité National de Défense contre la tuberculose.
Il réalisa et anima la Cité Universitaire de Paris.
Le 24 février 1947, il est élu à l'Académie des Sciences Morales et Politiques.
André Honnorat,Ministre de l'Instruction Publique,inaugure à Digne,le 24 mai 1920, le monument aux instituteurs morts pour la France.
( "Annales de Hte.Provence" BSSL.AHP.N°309.1989.)

Pour économiser les deniers publics, en 1916, alors que la France est en pleine guerre mondiale,André Honnorat, conseiller général des Basses-Alpes, décide d'instaurer le système de changement d'heure.

Ce républicain modéré foisonnait d'idées, et Paul Reynaud, ubayen d'origine, disait volontiers de lui :

" qu'il avait au moins trois idées par jour"...!

Soucieux d'économiser les deniers publics, et pensant " que la victoire ne dépendait pas uniquement de l'héroïsme de nos soldats mais qu'elle était également tributaire des moyens de production de nos belligérants", il proposa le vote d'une loi consistant à avancer d'une heure l'heure légale de manière à diminuer d'autant les consommations publiques en gaz, en électricité et en pétrole.
Il énoncera : " la prolongation de la guerre nous fait un devoir impérieux de ne négliger aucune source d'économie."

Cette nouvelle heure fut appelée " heure d'été".
Une telle mesure avait déjà fait ses preuves en Australie sous le nom de "Day light saving bill" (la lumière du soleil limite la facture"), et ses résultats concluants confortèrent André Honnorat dans son application en France.
Si le changement d'heure suscite toujours aux mêmes périodes de longues discussions, son adoption fut tout aussi longue et discutée
Car en touchant aux aiguilles des horloges, André Honnorat allait piquer aux vives réactions de ses adversaires.
En effet, il eut bien du mal à faire accepter sa proposition de loi et sa discussion devant la Chambre des députés eut un accueil plus que modéré.

On entendait dire par les députés:
"Monsieur Honnorat veut nous vieillir, pourtant tous les hommes désirent rajeunir, j'envie votre jeunesse mais je ne souscris pas à votre juvénile proposition."
Un autre député s'écriait:
" On nous demande de nous substituer au soleil et détraquer le mécanisme de la nature".
On entendait même:
" En votant cette loi vous allez vous couvrir de ridicule".
Même les chansonniers le prirent à partie:
" Il a économisé des heures de lune artificielle, prolongé la vie à la lumière naturelle avec sa loi devançant l'heure."
Lettres d'insultes et même menace de mort lui furent envoyées en nombre.
Toutes ces oppositions n'eurent pas raison de l'acceptation de son projet de loi.
C'est ainsi que finalement , le Parlement vota cette loi le 19 mars 1917 par 291 voix contre 177.
Très vite, ce principa ne tarda pas à faire des émules dans de nombreux autres pays.
Dans l'esprit d'André Honnorat, ce changement d'heure devait s'appliquer pour un temps limité, afin de réduire la crise et assainir l'économie française durement touchée par la guerre.
Cette pratique fut en effet abandonnée, pour être de nouveau reprise en 1976 (lors de la crise pétrolière) sous le gouvernement de Valéry Giscard d'Estaing.

C'est ainsi que dans les mémoires, l'heure d'été, est souvent associée aux années 1970, alors que son origine remonte à 1916, et que son vrai père en France n'est autre que ce grand humaniste et bâtisseur, et au surplus bas-alpin de pure souche qu'est André Honnorat.


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